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dimanche 16 juin 2019

La Tosca mise en scène par Agnès Jaoui pour Opéra en plein air

J'avais hier après-midi assisté à la version "junior" de la Tosca pour un jeune public. 

J'avais quitté le Parc de Sceaux sur cette très belle image où je trouvais astucieux d'avoir placé une toile en fond de décor complètement "raccord" avec la façade (en travaux) du château.

Puccini s’est battu pour avoir les droits de Sardou et composé son opéra qui fonctionne comme une pièce de théâtre.

Ce drame a quelque chose de Victorien. Napoléon va bientôt entrer dans la ville, se proclamer roi de Rome. L’action se déroule sur trois jours, dans des lieux parfaitement reconnaissable, de la capitale italienne. Par exemple à l’acte II nous serons au palais Farnèse qui est aujourd’hui l’ambassade de France à Rome et qui existe toujours.

Je n'imaginais pas un instant que des video projections allaient amplifier et littéralement faire décoller la mise en scène. Le public sera subjugué tout au long de la représentation. Aucun effet n'est superflu. Le travail d'Agnès Jaoui, la metteuse en scène est tout simplement magique.
L’action commence en plein jour. Il est 20h45 et le soleil brille sur le manteau doré de la madone.
Le portrait que Cavaradossi est en train de réaliser se matérialise sur un second écran à jardin, alors qu'au centre on voit la Tosca remonter en courant l'allée des Clochetons qui mène au château.
Les paroles du peintre sont totalement illustrées par les images : tous ces jupons / toutes ces pensées qui veulent rivaliser avec la Madone ...

On pense à ce stade qu'une caméra la filme en direct et on est stupéfait de la voir à la fois sur l'écran et sur la scène ... dans une autre posture.

Tosca est un opéra montrant comment les colères d'une femme obéissent à des pulsions d'amour. 

Cette emploi permet des jeux de gros-plans, montrant si nécessaire la femme à la fois de dos et de face comme dans cette scène de prière.
Les images illustrent ou contrastent. Peut-être convient-il de rappeler l’histoire de Tosca, dont l’action se déroule à Rome en 1800. Le peintre Cavaradossi, amant de la cantatrice Tosca, cache chez lui un bandit récemment évadé. Scarpia, le chef de la police secrète, va rencontrer Tosca, et jouer sur la jalousie de celle-ci pour découvrir la planque. Finalement, Cavaradossi est découvert, emprisonné, et condamné à mort (le bandit qu’il cachait sera retrouvé plus tard, et se suicidera). Devant les pleurs de Tosca, Scarpia lui propose un marché : elle se donne à lui pour une nuit, et son amant subit un simulacre d’exécution à coup de balles à blanc. Elle accepte, en demandant en plus un sauf-conduit pour elle et son amant… Une fois celui-ci en main, elle tue Scarpia. Juste avant l’exécution, elle avertit son amant, et lui dit de jouer la comédie devant le peloton d’exécution. Le peintre tombe si bien que Tosca admire son jeu d’acteur… Mais quand les soldats se retirent, elle se rend compte de la félonie de Scarpia, qui n’avait jamais donné la consigne de tirer à blanc… Désespérée, elle se précipite dans le Tibre du haut du Château Saint Ange.
Les diverses images permettent des déclinaisons de décor.
Plus tard le public découvrira presque en même temps que cette amoureuse les initiales de sa rivale sur l'éventail oublié par Angelotti, un homme en fuite que le peintre accepte de cacher et que Scapia a pris soin de placer en évidence. (photo ci--dessous). J'ai touché juste dira le perfide Scapia.
Parfois les images se répètent entre les deux écrans. parfois elles se répondent.
Nous voici rendu à l'acte II, qui se déroule au Palais Farnèse, qui est encore l'ambassade de France à Rome. 
La nuit est déjà bien avancée. C'est vrai et ce sont aussi les exactes paroles du livret alors que le clarinettiste apparait en gros plan, rappelant le rôle des musiciens dans la soirée.
Vous savez qu'aujourd'hui un prisonnier s'est enfui du château Saint-Ange ?
Je n'ai aucune crainte, répond Tosca. Elle chante ici l’air Vissi d’Arte (j’ai vécu d’Art), qui intervient juste après que Scarpia lui a proposé son triste marché. Cet air fut le grand succès de Maria Callas, mais Deniz Yetim  l'interprète à la perfection.
Scapia rusera : dites moi où est Angelotti, parlez !
Le décor évolue et parfois les images se superposent pour illustrer une jalousie qui frôle la folie. Il faut également souligner la pureté des voix. L'Acte III est nimbé de rouge. La tragédie est à son paroxysme jusqu'à l'issue fatale.
J'espère vous avoir convaincu du plaisir qu'il y a à aller voir en plein air cette Tosca.

Tosca mise en scène par Agnès Jaoui pour Opéra en plein air
Mise en scène par Agnès Jaoui
Direction musicale Yannis Pouspourikas
Scénographie : Philippe Miesch
Création costumes : Pierre-Jean Larroque
Vidéo : Marilor
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Collaboratrice artistique : Stéphanie Froeliger
Premier violon / Music Booking Orchestra : Anne Gravoin
Maîtrise des Hauts-de-Seine : Gaël Darchen
Tosca, en alternance :
Deniz Yetim du 14 au 28 juin, Ewa Vesin du 29 juin au 6 juillet puis le 5 et 7 septembre
Karine Babajanyan le 4, 6 et 8 septembre
Cavaradossi en alternance : Paolo Scariano du 15 juin au 6 juillet puis le 4, 6 et 8 septembre
Christophe Berry le 5 et 7 septembre
Scarpia : Jean-Luc Ballestra
Angelotti : Javid Samadov
Sacristain : Yuri Kissin
Spoletta : Romain Pascal
Scarrione : Piotr Kumon
Tosca est programmé à Sceaux les 14 et 15 juin 2019
A Vincennes les 27-28 et 29 juin
Carcassonne le 2 juillet
Saint-Germain-en-laye les 5 et 6 juillet
Aux Invalides du 4 au 9 septembre.

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