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vendredi 7 juin 2019

Petite Valse Viennoise d'après Federico Garcia Lorca

Cette Petite Valse Viennoise a été jouée en avant-première du Festival d'Avignon où elle sera au programme du Théâtre l’Ambigu.

De la même façon que je ne lis pas les quatrièmes de couverture avant d'ouvrir un livre j'évite de prendre connaissance du dossier de presse avant que commence le spectacle. Evidemment j'aurais une autre attitude si je choisissais pleinement ce que je vais voir. Je veux surtout conserver ma liberté de pensée et ne pas être influencée. Je pars du principe qu'un spectacle doit être immédiatement compréhensible. Ce n'est pas le cas de cette Petite valse.

Il est très important de savoir que tous les textes sont du poète Federico García Lorca, y compris cette "fameuse" Petite valse viennoise dont j'avais bien entendu en mémoire la voix rauque de Léonard Cohen la chantant, en anglais, sous le titre Take this walz puisque je l'avais encore écouté ... le matin même. Je venais d'achever la lecture de Comme elle l'imagine, de Stéphanie Dupays qui la cite dans son roman.

J'ai cru à une erreur et je reconnais après coup que c'est une excellente idée de chanter ce texte dans sa version originale en espagnol, à ceci près qu'elle est beaucoup moins connue que celle de Léonard Cohen. Cela mériterait une mise au point en introduction.

Car le spectacle est pour le moins atypique. Non seulement il est totalement et uniquement dédié à Lorca (1898-1936) mais en plus il nous donne à entendre des berceuses que ce folkloriste a recueillies alors qu'on connait surtout de lui ses poèmes. Cela mériterait quelques phrases d'introduction pour s'assurer que le spectateur soit "en condition".

La comédienne, qui est aussi chanteuse, a une voix exceptionnelle. C'est un grand bonheur d'entendre Sophie Millon sur des registres très différents, autant à l'aise en espagnol qu'en russe.
J'ignorais que Lorca -jusqu'à la mort de son professeur de piano- se destinait à être musicien. Voilà sans doute pourquoi ses poèmes sonnent si justes. Il a vingt ans quand il sillonne l'Espagne, de la Galice à l'Andalousie, pour collecter des chansons populaires destinées aux enfants. Il en harmonisera plus de 300, offrant largement matière à faire un spectacle.

Il est probable que la passion de sa mère pour la musique a été déterminante. On dit que Federico chanta avant de savoir parler. Les berceuses ont sans nul doute imprégné sa sensibilité d'enfant.

Sophie Millon a une admiration sans borne pour Lorca dont elle connait par coeur la vie, le répertoire, les voyages, les pièces de théâtre et les conférences. C'est celle qu'il a écrite sur les Berceuses qui lui a donné envie de bâtir ce spectacle ... précisément en adoptant la posture d'une conférencière. Qui chante divinement mais qui reste une conférencière.

C'est sans doute le bémol que j'y mettrais.  Ça ne lui retire pas son talent mais il me semble que ce texte intitulé La Conférence sur les Berceuses, aurait pu être traité de manière moins conventionnelle. Le pupitre nuit à la liberté de mouvement. C'est dommage parce que lorsqu'elle s'en éloigne elle rêvèle une autre facette, très intéressante, proche de la danse.

Il n'empêche que l'analyse que nous offre Lorca de la spécificité des berceuses espagnoles qui ont recours à des mélodies tristes pour conduire les enfants vers le sommeil est assez originale et particulièrement intéressante puisqu'il estime que le but caché est de donner aux enfants une leçon de vie.

On y entend que les mamans meurent en couches, que les papa partent à la guerre, et que les enfant sont miséreux ... c'était ce que chantaient les femmes du peuple à la progéniture des familles riches qui les employaient.

Le spectacle s'était déjà joué (et chanté !) l'an dernier au festival mais des modifications ont été apportées. Initialement accompagnée par un accordéoniste l'an dernier le spectacle se joue désormais avec Fabrice Miny qui est guitariste, ce qui renforce le coté hispanisant de ce moment.

Des videos projection rappellent à la toute fin les conditions tragiques de l'assassinat du poète dont le corps n'a jamais été retrouvé.
C'est Günther Leschnik qui signe la mise en scène. On devine son parcours de Grotowski au Kabutki, expliquant l'emploi de la marionnette.

Le spectacle se jouera en Avignon au Théâtre L’Ambigu. C'est le seul lieu artistique avignonnais est le seul théâtre géré par une compagnie arlésienne, la Compagnie Le Corbeau Blanc, soutenue par le Service de la Culture de la Ville d’Arles.

Petite Valse Viennoise
D'après Federico García Lorca
Mise en scène de Günther Leschnik.
Avec Sophie Millon (jeu et chant) et Fabrice Miny à la guitare.
Au Théâtre l’Ambigu
7 rue de la Bourse, 84000 Avignon, à 15h25

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Bruno Manno 

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