Si vous aimez les chats vous ronronnerez de plaisir en feuilletant Sous le signe du chat. C’est un petit livre qu’on peut glisser dans sa poche pour accompagner les trajets qui reprennent dans les transports en commun. Il faut prendre le temps de le déguster. Chaque extrait mérite réflexion. Voilà sans doute pourquoi il est classé par les Presses du Châtelet comme un outil de développement personnel.
Il est organisé en sept chapitres, après une préface de Macha Méril, connue pour ses talents de comédienne, comme de cuisinière, et pour son amour des chats. Les citations, extraits, proverbes, aphorismes se suivent, j’allais ajouter "sans queue ni tête" parce que, de mon point de vue, leur position est interchangeable.
Cet ouvrage n’est pas une dissertation sur la gente féline autour d’un axe thèse/antithèse. On y remarque même une citation du Petit prince de Saint-Exupéry qui concerne un renard (p. 16). Mais tout y est positif, ou à tout le moins neutre.
Les morceaux choisis sont brefs, ou longs, parfois entiers, comme le conte de Grimm (p. 208) venant de partout, de personnes célèbres contemporaines, d’auteurs historiques parfois oubliés, voire d'inconnus. Certains noms surgissent à plusieurs reprises comme Guy de Maupassant, Colette, René de Chateaubriand, Annie Duperey … dont on savait leur affection pour leurs animaux. Il y a aussi Georges Brassens, Anne Wiazemsky, Émile Zola, Tennesse Williams, Pablo Neruda, Amélie Nothomb (dans quelques lignes où il est aussi inévitablement question de champagne).
Françoise Giroud nous alerte avec humour : On ne possède pas un chat, c'est lui qui vous possède (p. 32). Il est amusant de retenir les noms de ces fidèles compagnons : Biscuit (A. Nothomb), Siki (Louis Nucera), Orange (M. Carême), Barre-de-Rouille (Joris-Karl Huysmans), Micetto (de Chateaubriand) ou neige (S. Mallarmé) …
Vous constaterez que l’auteur n’a pas oublié les classiques incontournables. Comme les Peines de coeur d’une chatte anglaise. Et le Journal d’un chat assassin d’Anne Fine (p. 181) dont j’aime tant le second degré. Les reproches du boulanger à Pomponette s’adressant en réalité à sa femme Aurélie, dans un dialogue superbement écrit par Marcel Pagnol, figurent p. 205. J’ignorais que Charles Baudelaire avait intitulé un des poèmes des Fleurs du mal Le chat (p. 156). En tout cas, preuve en image (ci-contre) que les chats sont aussi des lecteurs. Aldous Huxley doit avoir raison de préconiser d'en avoir si on veut écrire (p. 28). Mais attention, nous prévient Maupassant, les chats, c'est comme le papier, ça se froisse vite (p. 31).
Chacun glissera un marque-page pour repérer son morceau préféré. J’ai retrouvé avec bonheur le court poème de Maurice Carême, que j’avais appris à l’école maternelle (p. 85) :
Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Voilà pourquoi, le soir,
Quand le chat se réveille,
J’aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.
Plusieurs extraits m’ont surprise. J’ignorais l’épisode du chat dans l’œuvre de Jules Verne (p. 185). De fait, ce petit livre donne envie de lire les ouvrages cités. Je regrette qu’il n’y ait pas de bibliographie récapitulative à la fin, ni d’index des noms cités.
Curieusement, les illustrations qui sont souvent charmantes, ne sont pas créditées. Il y aurait eu pourtant de quoi faire, entre les esquisses de chat de Léonard de Vinci, le Chat Botté de Gustave Doré, mademoiselle Mitoufle de Béatrix Potter, des sculptures égyptiennes, et bien sûr les tableaux des grands maîtres que sont Fragonard (le chat angora), Van Dongen, Goya, Renoir, qui en a fait plusieurs, comme également Matisse, surtout son Chat aux poissons rouges, subversif et humoristique, épatant de couleurs. Ceux de Carl Larsson (1879-1940) si différents des félins de Picasso évidemment.
J'aurais aimé trouver aussi la Mona Lisa à tête de chat, un montage inspiré du tableau de Vinci en 2016 par Susan Herbert, le Salon de coiffure avec singes et chats (Barbierstube mit Affen und Katzen) du peintre flamand Abraham Teniers (1629-1670), Le chat et l’oiseau de Paul Klee.
L'éditeur aurait sans doute reculé face aux problèmes de droits de reproduction mais c'est dommage. Surtout quand je vois à coté d'une citation de Tomi Ungerer un croquis qui n'a rien à voir avec ce qu'il a fait, notamment dans Les chats (au Cherche-Midi en 1998). Ses mots sans son trait de crayon c'est comme du pain sans sel. Son graphisme est d'une efficacité diabolique.
Il y a tout de même des absents notoires comme Philippe Geluck dont je me promets d’aller admirer les œuvres exposés en ce moment sur les Champs-Elysées. Bref le sujet n’est pas clos. J'ai envie de recommander Eloge du chat de Stéphanie Hochet (souvent citée dans ce livre), le Chat du rabbin de Joann Sfar et aussi le dernier d'Evelyne Dress, Mes chats.
Luciano Melis est l’auteur de biographies de Lino Ventura (La Martinière, 2019), Jean Orizet et Garibaldi (Melis édition, 2002 et 2008). Aux Presses du Châtelet a paru L’Arbre philosophe (2017), anthologie des plus beaux textes de la langue française consacrés aux arbres, préfacée par Pierre Rabhi.
Sous le signe du chat de Luciano Melis, préface de Macha Méril, Presses du Châtelet, en librairie depuis le 18 février 2021
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