Publications prochaines :

La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

samedi 27 juin 2009

Cuisine et Cinéma

Le jeu est prolongé jusqu'au 31 juillet.
J'ai récrit la marche à suivre parce que "d'aucuns" semblaient avoir du mal à suivre ...
Alors lisez et touillez-vous un peu les méninges !!!!!

Pour concourir cherchez un titre de film qui existe et qui vous inspire. Ensuite, imaginez un plat qui a un rapport avec ce titre. Enfin, prenez une photo de la mise en scène.

Il vous restera à déposer un commentaire sur le blog Bernie's crumble sous l'article annonçant le concours en indiquant le titre de la recette et l'adresse de l'article et du blog où on peut la trouver et voir la photo.
Sur le blog Bernie's crumble car ce concours, ce n'est pas moi qui l'ai imaginé. Je ne suis que jury aux côtés de Bernie. C'est cool, comme dirait la jeunesse actuelle. Parce que c'est tout de même moins fatiguant d'ordonner des résultats que de devoir les inventer. Après la somme de films et de spectacles que j'ai vus ces temps derniers et avant d'attaquer la pile de livres que je dois avaler (dans le cadre du prix des lectrices de ELLE) un peu de recul me fera le plus grand bien et j'apprécie cette position. Je suis donc dans l'attente des associations cinématoculinaires que vous allez concocter.
Mais attention, je prendrai les choses très au sérieux et je suis bien capable de tester les recettes qui me paraitront devoir être départagées. Ne versez pas dans l'à peu près, le très fantaisiste ou le trop classique.

Si vous n'avez pas de blog et que cela vous semble "trop" difficile de laisser le message sur celui de Bernie, je peux (voyez comme nous sommes de bonne volonté) recevoir la recette, accompagnée de sa photo à l'adresse abrideabattue@orange.fr et je transmettrai. Le compte à rebours est lancé : vous avez jusqu'au 31 juillet pour séduire notre palais et gagner l'un des trois prix que Bernie a prévu pour vous !

vendredi 26 juin 2009

Appris par corps, par la Compagnie un Loup pour l'homme

Mon père disait : jeux de mains, jeux de vilains. Mais ici l'expression Appris par corps laisse entendre qu'on va s'amuser avec les gestes comme d'autres avec les mots. C'est le dernier spectacle du festival Solstice et nous retrouvons l'espace Cirque d'Antony (92).

L'entrée en scène est plutôt banale. Çà commence comme s'il s'agissait d'un échauffement alors que les lumières ne sont pas encore éteintes. Les semelles des baskets couinent sur le tapis de sol. Les jambes battent l'air comme des ailes d'oiseaux déployées. Et puis un geste en entraine un autre. De l'ordre du défi.

Ma grand-mère aurait dit que ces deux là s'entendent comme marrons en foire. Ils réussissent à faire surgir des images fortes : du skate humain, un traineau sur la glace, l'ascension d'un piton rocheux ... Ils jouent surtout à la bagarre comme des mômes à l'école. Sauf que ce niveau là est plus "universitaire" que "maternelle". Même qu'ils pourraient se faire engager illico pour doubler les cascades d'un remake de Mattrix.
Mon père disait : jeux de mains, jeux de vilains. Pas si sûr ici parce que la brutalité est exclue des affrontements. La lenteur de leurs évolutions rend la violence tout à fait supportable, voire même paradoxalement poétique. On se surprend alors à apprécier le ballet de ces frères siamois, à suivre leurs contorsions acrobatiques en se laissant prendre à leur jeu singulier.

Ils sont fous, certes, et il ne faudrait pas chercher à les imiter même si cela parait simple. Le sweat devient camisole de force sans parvenir à freiner leur délire. Ils s'interpellent en criant le diminutif de leurs prénoms respectifs comme s'il s'agissait d'un jeu. Comme ces gamins qui cherchent à sauter de plus en plus haut les marches d'un escalier, ils repoussent sans cesse les limites.

Et comme ils sont de force équivalentes, ils font appel au hasard pour se départager. Avec une partie de "pierre-feuille-ciseaux" qui les renvoie définitivement dans l'univers de l'enfance alors qu'on sort du chapiteau avec une nouvelle vision de ce qu'on pensait être de la brutalité.

Pour regarder un extrait, aller voir le billet d'annonce du 2 juin ici.

Pour tout savoir des spectacles nécessitant l'achat d'un billet et sur l'ensemble du festival : 01 46 66 02 74
• Au Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Au Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
• À la cordonnerie du centre commercial Pajeaud à Antony : du mardi au samedi de 9h à 19h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute

jeudi 25 juin 2009

Rigoletto

La représentation devrait démarrer à 21 heures 15 et les gradins sont encore clairsemés. Des orages sont annoncés pour la fin de soirée mais le public arrive in extremis et nombreux. Une bruissante agitation investit le parterre. Le président du Conseil général des Hauts-de-Seine est en pleine discussion avec ses voisins du carré VIP. C'est que la vallée de la culture de ses rêves se concrétise : il y a quelques jours c'était le parc de la maison de Chateaubriand qui accueillait le film d'ouverture du festival Paysages de Cinéastes, ces jours-ci ce sont les quartiers de Châtenay et d'Antony qui reçoivent des artistes de cirque, et voilà que trois soirs consécutifs le château de Sceaux sera le fond de scène d'un opéra. Décidément le plein air est partout.

Cette année la mise en scène a été confiée à Francis Perrin qui a choisi Rigoletto de Verdi, une des grandes œuvres du répertoire. Celle-ci est présentée dans le cadre des Opéras en Plein Air au sein des plus beaux sites historiques de France avec pour objectif de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes artistes lyriques, de promouvoir l'opéra auprès d'un nouveau public et notamment des enfants.

Une lumière bleutée irise la façade du château. Les musiciens ont fini d'accorder leurs instruments. La température est clémente. Le spectacle peut commencer.
Je ne vais pas raconter l'histoire, très classique en somme puisqu'elle se nourrit des ingrédients de base de l'opéra : fête, passion, secret, trahison, quiproquo, meurtre. C'est chanté en italien mais surtitré en français, si bien qu'on suit facilement la progression de l'intrigue. On reconnait de multiples airs, si souvent empruntés par la publicité. Comme par cette marque de pâtes qui commence par un B ... ou encore par le jambon de la vallée d'A ... Également par des musiques de films comme Wall Street (air de la donna e mobile) ou Fitzcarraldo (air de Quest' o quella)

Le décor n'est pas très original. Il se veut sans doute discret pour ne pas rivaliser avec le cadre architectural grandiose qui sert d'écrin aux représentations. Les costumes (signés Agnès Letestu), par contre, sont d'une beauté remarquable. La luminosité de la soie et du velours étaient perceptibles même loin de la scène, restituant une atmosphère Renaissance avec juste ce qu'il faut de modernité.
La direction musicale de Mélanie Thiebaut était excellente. Les voix étaient parfaites et l'interprétation extrêmement juste. C'est probablement ce qui a fait que le public a totalement été enchanté. Il faut dire que contrairement à ce dont quelques spectateurs se sont plaints au Sénat, la configuration des gradins, tournant le dos à l'avenue, permettait une acoustique idéale. On n'entendait pas un toussotement troubler l'audition. Par contre des plongeons d'insectes bedonnants et bourdonnants harcelaient l'attention au hasard ... jusqu'à ce qu'un frappé de programme vengeur parvienne à les occire dans un bruit mat.

La force de cet opéra, sur le plan lyrique, c'est de faire la part belle aux duos. Qu'il s'agisse de l'amour du père pour sa fille, ou de l'amant pour sa belle : deux êtres qui s'aiment sont tout un monde à eux seuls ... par la pensée mon désir volera toujours jusqu'à mon dernier soupir ... la femme est légère comme une plume dans le vent ...

Les éclairages soulignent les tensions de la narration. Le ciel, très noir, laisse poindre un filet de lune. Un petit reportage s'impose pour vous faire une idée plus précise du spectacle :


Découvrez Les airs de "Rigoletto" résonnent dans les jardins du Luxembourg sur Culturebox !
Après Sceaux ce sera Carcassonne, le samedi 4 juillet, le cloître de l'évêché de Luçon (Vendée) les mercredi 15 et jeudi 16 juillet, le chateau d'Haroué (Lorraine) les vendredi 4 et samedi 5 septembre, le chateau de Vaux-le-vicomte les jeudi 10, vendredi 11 et samedi 12 septembre pour terminer la saison 2009 à Chambord le samedi 19 septembre dans un chateau où cet opéra prendra tout son sens puisque initialement le personnage principal était François 1er et non le duc de Mantoue.
Pour en savoir plus ou réserver sa place, consulter le site d'Akouna
Et pour ceux qui ont déjà vu le spectacle, rendez-vous l'an prochain ... avec Carmen de Georges Bizet !

mercredi 24 juin 2009

PERLAS y PLUMAS avec Los Gingers

Après le Sort du dedans, merveilleux spectacle où nous avons pu admirer le fabuleux travail de Blaï Mateu Trias (et ses acolytes du Baro d'Evel) le festival Solstice poursuit sa lancée acrobatique avec quatre autres artistes, eux aussi catalans, dans un registre radicalement différent.

Le compte à rebours s'égrène de façon désordonnée. Le spectacle annoncé pour démarrer dans 4 minutes, est retardé de 8 minutes, qui deviennent 80 minutes avant d'être converties en secondes. On comprend que rien ne va se passer comme prévu par le public.

C'est furieusement alerte, franchement kitsch, mais jamais vulgaire. Jonglage, barre fixe, équilibre, bascule et danse, les numéros s'enchainent allègrement et acrobatiquement, même pour danser le rock. Et quand le spectacle dérape c'est toujours avec humour, intelligence et un sourire que rien ne parvient à figer ou à contrarier véritablement.

Les costumes sont magnifiques, colorés et élégants. La musique a emprunté des morceaux de comédie musicale en alternance avec quelques tangos et des airs de samba. Cela créé l'ambiance joyeuse, forcément.
Cinq représentations sont programmées sur des places publiques, en accès libre, pour offrir à tous ceux qui n'ont pas l'habitude d'investir les salles de théâtre de goûter un vrai moment de spectacle. Ce soir c'était place François Simiand, à Châtenay-Malabry. Les habitants du quartier se sont installés tranquillement devant la scène improvisée. D'autres se penchaient aux balcons. Le soleil se faisait caressant. Pour un peu on se serait déjà cru en vacances.
Pour tout savoir des spectacles nécessitant l'achat d'un billet et sur l'ensemble du festival : 01 46 66 02 74
• Au Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Au Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
• À la cordonnerie du centre commercial Pajeaud à Antony : du mardi au samedi de 9h à 19h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
06 33 29 85 30 Le jour des représentations, pour tout renseignement de dernière minute

mardi 23 juin 2009

JAFFA, film de Keren Yedaya

C'est le dernier film dont je parlerai dans le cadre du festival Paysages de Cinéastes qui s'est déroulé à Châtenay-Malabry (92).

Je vais laisser la parole à une interprète, qui est aussi une cinéaste (l'an dernier au festival son film Sept jours était présenté en avant-première à ce même festival) et dont l'actualité française est la Fille du RER.

En Israël, la cohabitation entre Juifs et Arabes est une leçon de courage. Partout. Surtout si les sentiments s'en mêlent. Un garage de Jaffa, au sud de Tel-Aviv, est le théâtre d'une liaison secrète entre la fille du propriétaire, juif, Mali, et un mécanicien, arabe musulman, Toufik. Le fils du garagiste, alcoolique et fainéant est détesté de tous. Il entre en rivalité avec Toufik qui a le statut d'employé modèle. Une bagarre stupide dégénère. Toufik est condamné pour meurtre. Mali doit renoncer à ses projets de mariage avec lui, mais ne peut se résoudre à avorter. Elle ment à son fiancé secret et rompt avec lui. Elle ment à sa famille, cachant qui est le père de son futur enfant. La famille se soude contre l'étranger ...

Présenté hors compétition à Cannes, Jaffa a tous les ingrédients d'un « Roméo et Juliette » oriental : amour, haine, mort (violente), naissance. C'est aussi, loin des stéréotypes, une description fine de la réalité quotidienne des Juifs et des Arabes en Israël.

La réalisatrice, Keren Yedaya, est l'une des étoiles montantes du jeune cinéma israélien. Elle avait remporté la caméra d'or à Cannes en 2004, une récompense qui couronne le meilleur premier film, toutes sélections confondues. Elle signe un excellent second film.

Pour suivre la programmation du cinéma Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

lundi 22 juin 2009

PIANO FOREST

L'histoire est tirée d'un manga sur la musique (le lecteur ne pouvait alors rien entendre) et elle prend toute sa dimension au cinéma. Il était présenté en avant-première jeune public au festival de cinéma Paysages de Cinéastes dont la programmation se poursuit encore jusqu'à mercredi.
Plus d'infos sur ce film
Kei ignore le solfège. Il joue du piano à l'instinct en s'appuyant sur sa sensibilité.
Shûhei, à l'inverse, a une technique exemplaire. Fils d'un pianiste renommé son challenge est de réussir encore mieux que son père.
Takako est une jeune fille douée mais sujette au trac.
Ils vont tous les trois s'affronter le jour d'un concours. Ce film d'animation parle à la fois aux enfants et aux adultes. Il pose des questions fort intéressantes entre l'acquis et l'inné, entre le don et le travail. Entre le plaisir et la souffrance d'apprendre quel est le poids du mérite ,

Il permet aussi de réfléchir sur le sens du dépassement de soi, sur les sacrifices à consentir pour être au sommet de son art, ce qui ne signifie pas forcément être le premier. Car la reconnaissance correspond à certains critères.

Au-delà de l'anecdote on comprend comment lutter contre les ravages du stress (s'imaginer alors qu'on se trouve dans l'endroit que l'on préfère plus que tout et y rester mentalement suffisamment longtemps pour retrouver son calme), ce qui peut être utile ces jours-ci pour les milliers de bacheliers qui se trouveront en situation d'examen. On y apprend que nous sommes notre pire adversaire, que la compétition n'empêche pas l'amitié, et que l'on progresse toujours à écouter les autres. Également qu'il faut accepter sa destinée.

Un film au ton philosophique (être pauvre n'empêche pas d'avoir des choses qui ne s'achètent pas) plutôt sérieux qui cache bien son jeu car la salle, occupée à 90% par des adultes, a beaucoup ri pendant la projection.

Pour en savoir plus sur le film consulter le site dédié ici. Il est magnifique et se regarde comme un DVD.

Pour suivre la programmation du cinéma Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

dimanche 21 juin 2009

Et les lauréats sont ...

Avant d'annoncer le palmarès du festival Paysages de Cinéastes je dirai quelques mots du Prix du Roman d'Antony (92). Aurais-je eu une prémonition en publiant les couvertures de Best Love Rosie (Sabine Wespieser éditeur) et de la Route de Cormac McCarthy (éditions de l'Olivier) le jeudi 11 juin en cherchant à définir les critères de choix d'un "bon" livre ? J'avais fait une critique comparée de la Route au livre de A à X le 6 avril. C'est lui qui a remporté le prix hier, juste devant la Reconstruction, d'Eugène Green (Actes Sud). Et c'est Best love Rosie de Nuala O’Faolain qui arrive après.

La Route retrace l'épopée poignante d'un père guidant son fils sur une planète ravagée, dans un monde de cannibalisme. Impossible de lire cet ouvrage qui fait penser au théâtre d'Edward Bond sans éprouver de puissantes sensations physiques. Son précédent livre, No country for a man, a déjà été adapté au cinéma aux USA et on dit que la Route devrait bientôt l'être.

Littérature et cinéma ne sont pas si éloignés que cela puisqu'Eugène Green est avant tout un cinéaste. Né en 1947, il a été lauréat Louis Delluc pour un film d'art et d'essai. C'est aussi un spécialiste du théâtre baroque. Son premier roman est le récit d'une recherche identitaire et une riche interrogation sur les valeurs humaines fondatrices de l'Europe après la deuxième guerre mondiale. La perspective de le rencontrer à la rentrée à l'invitation des bibliothécaires d'Antony a été saluée par le public présent lors du comptage des bulletins de vote. Rappelons que ce prix est décerné uniquement par des lecteurs et non par des professionnels de la littérature. Ce type de récompense est important pour les auteurs. Parce que la reconnaissance de leur lectorat est essentielle.

Le festival Paysages de Cinéastes décernait ses prix aujourd'hui après avoir dressé un bilan en demi-teinte. Si les objectifs quantitatifs étaient en deçà des espérances (pour la seconde semaine) les objectifs qualitatifs ont été maintenus à la hauteur des années précédentes. La Déléguée générale Marianne Piquet, a réussi cette année encore à faire partager ses coups de coeur et à nous surprendre pour mieux nous faire réfléchir. Et c'est précieux.

Yuki et Nina a reçu le prix fort mérité de la photo, signée Josée Deshaies. Je ne saurais pas redire tout le bien que je pense de cette superbe narration (voir billet du 16 juin).

J'ai suivi les films en compétition dans la mesure de mes disponibilités et je n'avais pas pu voir la Camara oscura de Maria Victoria Menis dont j'avais deviné que c'était un film majeur. Elle est doublement primé Grand Prix et Prix du public. Le film sera donc reprogrammé et je me promets de ne pas le manquer. En attendant en voici la bande-annonce.

Patrik, Age 1,5 a été classé second par le public. Il est primé par le jury des jeunes et je suis très contente que cette comédie alerte ait été remarquée si positivement. Elle bat en brèche de vilaines idées reçues et offre un rire de qualité. C'est suffisamment rare pour le souligner. Et je m'y employais mercredi dernier.

Pour suivre la programmation du cinéma Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

Site de la médiathèque d'Antony : http://www.bm.ville-antony.fr/

samedi 20 juin 2009

Crescendo de Croxel à Kitoslev puis au Sort du dedans

Je ne voulais pas manquer l'Instant Croxel (18 h 30) annoncé comme drôle et fou et je voulais aussi écouter sur scène Kitoslev (19 h). Les horaires se chevauchaient mais le bar était à quelques enjambées de la place Firmin Gémier. J'avais décidé d'enchaîner. Ensuite c'était décidé : la soirée s'achèverait avec le Sort du dedans.
L'Instant Croxel s'éternisait au café des Sports d'Antony... pourtant j'adore le théâtre qui perturbe les repères du spectateur. Qui ne sait plus si c'est pour de vrai ou pour de rire. Je l'annonçais le 8 juin dernier : il s'agissait de partager une tranche de vie au café du coin, assis parmi les clients qui étaient déjà en place et qui seraient probablement les premiers surpris ...

C'est le moins qu'on puisse dire qu'ils ont été "cueillis". Je ne suis pas pilier de bar mais j'aurais eu envie de prendre leur parti ce soir parce que la bascule dans le mauvais goût me met toujours mal à l'aise. Cette cliente réplique au comédien sans baisser les yeux, créant une belle animation. Elle réclame une nouvelle bière en levant son verre vide mais la fausse serveuse ne veut pas (ne peut pas) remettre çà. La femme, dépitée, ira voir ailleurs. Derrière la porte les habitués s'impatientent de voir leur bistrot bouclé.

A-t-on le droit de se moquer des gens qui sont "ensemble tout seul devant leur petit verre personnel" et la jouer "perso" en force ? Il s'en est fallu de peu qu'on passe un vrai bon moment. M. Walker, incarnez votre personnage avec un soupsçon de plus de souplesse, écoutez le public, incorporez le davantage à votre jeu et vous tiendrez un spectacle formidable. S'il n'est pas venu pour vous, faites en sorte qu'il ait envie de rester. Sinon la mayonnaise ne prendra pas et la sauce coulera ... J'ai profité de la confusion de la bagarre sur fond de chevauchée fantastique pour réussir une échappée.

La soirée appartient à ceux qui se lèvent tôt !

Retenez ce nom : KITOSLEV ! Un nom composé à partir de morceaux des patronymes d'autres formations et qui signifie à peu près la même chose que mon intertitre. Le groupe animait l'apéro-concert offert par le festiva là tous ceux qui sont prêts à sortir de chez eux pour découvrir de nouvelles musiques. Ce groupe est certes professionnel depuis quelques années mais a célébrité -on la leur souhaite- est encore pour demain. Pourtant les KiTOSLEV étaient venus en voisins (ce sont des chatenaisiens) avant de partir demain donner un concert à Brive.

Le sujet était décidémment d'actualité : les musiciens entonnaient Pirouette cacahuète, que vous pourrez écouter sur le blog. Aurais-je eu du flair en le mettant en ligne le 5 juin ? Ils ont enchainé les titres avec gentillesse, joie de vivre et une générosité assez étonnante. Qui sait qu'ils organisent chaque année en mars un festival humanitaire dont la recette (tous les groupes se produisent gratis) va au profit du Burkina Faso ? Rendez-vous donc est pris avec eux en fin de concert !

Tournée générale sur le manège du Baro d'Evel
C'est un coup de coeur absolu et puisqu'ils se produisent encore ce soir je ne vais pas risquer de laisser passer l'occasion de vous dire tout le talent qu'ils ont. Du cirque, de l'opéra, du dressage, des percussions corporelles, des acrobaties complexes et élégantes sans aucun trucage. Des éclats de rire. Des applaudissements énormes tout au long de la représentation. Que dire de plus ? Que si vous les ratez il ne vous restera qu'à supplier Marc Jeancourt de les reprogrammer l'an prochain. On plaidera votre cause qui sera aussi la nôtre. Ma plume sèche fasse à tant de talent. Mon appareil photo est pâle. Mais grâce au concours de Marc Chambon, membre du Club photo d'Antony qui a mitraillé toute la soirée et qui a accepté de glisser deux clichés sur le blog vous pouvez avoir une idée plus exacte de la soirée. (je communiquerai les renseignements concernant l'expo photo du Club à propos de l'ensemble des spectacles Solstice le moment venu)
Maintenant, éteignez votre ordi et courrez à l'Espace Cirque d'Antony !
Pour tout savoir des spectacles nécessitant l'achat d'un billet et sur l'ensemble du festival : 01 46 66 02 74
• Au Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Au Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
• À la cordonnerie du centre commercial Pajeaud à Antony : du mardi au samedi de 9h à 19h
Sur www.theatrefirmingemier-lapiscine.fr
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vendredi 19 juin 2009

Le Grand C, de la Compagnie XY

J'annonçais ce spectacle le 2 juin dernier et j'écrivais que les photos publiées sur leur site étaient bluffantes. Aucun spectateur ne me contredira : ils nous ont offert en ouverture du festival Solstice une prestation à la hauteur de leurs promesses, dans le cadre verdoyant du CREPS de Châtenay-Malabry .

Vous pouvez aussi relire le texte de présentation du dépliant du festival, également très fidèle au travail que nous venons d'applaudir. On nous promettait des grappes, des mêlées humaines, de l'audace, de la grâce et de la voltige, et de l'émotion. Il faut le voir pour approcher cette mécanique magique et mystique synchronisée par 16 acrobates, réglée au quart de seconde près. Et la descente ne réclame pas moins de technique que la montée, dont quelques étapes sont détaillées ci-dessous :



Ils sautent, rebondissent depuis un trampoline humain. Ils courent. Ils dansent le quadrille. Ils chorégraphient un tango vertical. Leur travail est esthétiquement choral. Ne manquant jamais de souffle, ils sont capables de chanter comme des randonneurs. Avec eux c'est quand ils se taisent qu'alors nous retenons le notre.

La lettre C exprime pudiquement le courage qu'ils ont à repousser les limites ... toujours plus haut, évidemment. Eux, les XY, hommes et femmes, partagent les rôles sans jamais se départir de leur sourire. Les tenues de scène, rouge, turquoise et noire, tracent des figures en décor naturel sur le ciel et les arbres évoquant la féérie des toiles de Kandinsky.
Seconde représentation demain, même endroit, même heure.

Pour tout savoir des spectacles nécessitant l'achat d'un billet et sur l'ensemble du festival : 01 46 66 02 74
• Au Théâtre La Piscine – 254 av. de la Division Leclerc à Châtenay-Malabry : Mardi de 14h à 19h /Mercredi au vendredi de 11h à 19h / Samedi de 11h à 17h
• Au Théâtre Firmin Gémier – Place Firmin Gémier à Antony : aux mêmes horaires mais fermé de 13h à 14h
• À la cordonnerie du centre commercial Pajeaud à Antony : du mardi au samedi de 9h à 19h
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jeudi 18 juin 2009

Tonnerres lointains de Satyajit Ray

Le film sera projeté samedi dans le cadre d'une journée spéciale consacrée à l'Inde, qui est le pays "invité" cette année aux Paysages de cinéastes avec 3 autres des 6 films annoncés dans le billet du jeudi 4 juin.

Les cinéphiles pourront se concocter une journée non-stop au Rex puisqu'à l'heure du déjeuner le chef du restaurant voisin, le Chateaubriand, livrera ses secrets de fabrication et les fera déguster. La gastronomie indienne est une féérie de saveurs qui occupe une place d'honneur au panthéon de mes souvenirs gustatifs. C'était très loin, il y a très longtemps, un moment imprévu, dans le district de Ghirardelli, au cœur du quartier Fisherman's Wharf. J'avais découvert dans une ancienne chocolaterie reconvertie en galerie marchande un restaurant, probablement le Gaylord India restaurant, qui semble toujours exister. Jamais depuis je n'ai éprouvé pareille émotion culinaire ... L'idée de relier la cuisine et le cinéma est un temps fort du festival. C'est un principe que je salue car j'apprécie tous les ponts qui sont jetés entre nourriture intellectuelle et nourriture physique. La ligne éditoriale du blog en témoigne (même si cette quinzaine est résolument plus cérébrale que morphale)

Né au Bengale, dans une famille aisée, d’un père écrivain et poète, Satyajit Ray (1921-1992) reçoit une bonne éducation, et étudie à l’université. D’abord maquettiste publicitaire, il fonde en 1942 un ciné-club à Bombay, puis la Calcutta Film Society en 1947. La rencontre du cinéaste français Jean Renoir, lors du tournage en Inde du film Le Fleuve (1950) et le visionnage du film italien néo-réaliste Le Voleur de bicyclette, lors d’un voyage à Londres le décident à se lancer dans la réalisation cinématographique.

Sorti en 1973, ours d'or au festival de Berlin, Tonnerres lointains n'est pas une avant-première mais il peut encore être une découverte. Résumons l'histoire : un brahmane vit avec sa femme dans un village du Bengale, en 1942, profitant tranquillement de la crédulité des villageois et de leur ignorance pour maintenir son pouvoir sur les esprits, comme sa caste l'autorise à le faire. Sa subsistance et celle de son épouse est assurée contre consultations, remèdes et enseignement magistral. Mais la guerre gronde au loin. La Birmanie, grenier de l'Inde, a été prise par les Japonais. Le riz devient rare. Les forces se renversent. L'épicier du village devient un homme puissant. Chacun lutte pour assurer une maigre ration quotidienne … Survivre devient une obsession.

Le sujet est dur : comment rester humain dans un monde dont les valeurs s'effondrent pour une raison exogène au système ... C'est un cinéma réaliste , emprunt de compassion et d’émotion, avec une conscience politique remarquable. Il offre plusieurs niveaux de lecture. Macroéconomiquement parlant on déplore que l'Inde soit dépendant de la Birmanie pour son alimentation. Micoréconomiquement parlant les forces du village sont équilibrées.Chacun y a sa place même si on peut critiquer le fait que le brahmane perçoive un salaire sous forme de dons. Il n'empêche qu'il remplit le rôle social que tous attendent de lui.

Notre point de vue d'occidental est conditionné par nos différences culturelles et religieuses. Sans remettre en cause le système des castes Satyajit Ray pointe ce qu'il a de pervers et célèbre aussi la condition féminine. Les hommes se battent, font la guerre. Censés représenter la force et les institutions ce sont les femmes qui pourtant assurent la survie. Quitte à devoir braver les interdits quand la nourriture est une question de survie, qu'il faille pénétrer dans la forêt des tigres pour déterrer une racine d'igname, travailler malgré l'interdit social, et même se prostituer pour un sac de riz. Tout cela en conservant sa dignité quand les hommes frappent par derrière, violent et saccagent.

Satyajit Ray ne dénonce pas l'appartenance du brahmane au monde des notables. Mais il suggère que sa dépendance économique n'est pas une bonne chose. On le salue bien bas d'un Monsieur le Pandit (que j'entends comme Monsieur le bandit ...). La situation des femmes est encore plus catastrophique. Socialement inférieurs, les paysans ont par contre "la chance" de pouvoir vivre grâce à leurs terres.

Le titre, Tonnerres lointains, est une allusion au bruit des armes qui résonne dans le pays voisin. le ciel est régulièrement traversé par une escadrille d'avions, comparable au début du film à une nuée de grues. Véritables oiseaux de mauvaise augure, ils surgissent à des moments dramatiques et leur vrombissement couvre d'autres bruits (scènes de la tentative de viol, et de prostitution).

Le film aurait pu s'intituler la main. Premier plan sur une main de femme se baignant dans la rivière. Dernier plan sur celle d'une intouchable, mourante au pied d'un énorme banian, frôlant une feuille de bananier gonflée de riz. On aura entre temps suivi la main qui prépare la nourriture, qui lave le linge, qui ramène le voile, qui travaille aussi, quand cela devient permis. Comment faire autrement ? Avec le pied bien sur ...

Tonnerres lointains est un beau voyage mais il n'est pas certain que le thème ne vous dissuade d'avoir envie de manger.

Le Musée Albert-Kahn présente d'ailleurs actuellement sa collection unique d'autochromes dans le cadre de l'exposition Infinitivement Indes.

Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

mercredi 17 juin 2009

PATRIK , Age 1,5 ... à la virgule près

Le 7ème film de la réalisatrice suédoise Ella Lemhagen était présenté ce soir en compétition du festival Paysages de cinéastes de Châtenay (92).

L'exotisme sera nordique. Les habitations sont alignées comme des maisons de poupée et les jardins gonflés aux hormones végétales. Un couple emménage dans un joli pavillon avec l'idée de fonder une famille. On entend en fond sonore la chanson B.A.B.Y. pour animer la fête de ce quartier BCBG.

Les masques se cachent derrière les sourires de convenance et les déconvenues vont faire rebondir un scénario allègre. Voilà une joyeuse comédie dramatique, excellemment interprétée malgré un sujet risqué (l'adoption d'un enfant par un couple d'homosexuels). C'est très drôle sans jamais être vulgaire. Touchant sans verser dans le mélo. Kitsch mais sans mauvais goût.

La réalisatrice pointe ce qu'il y a d'universel dans les craintes accompagnant l'arrivée d'un enfant. Surtout la jalousie, inéluctable, et qui peut faire exploser le couple. Rien ne s'obtient sans effort et sans remise en question, surtout s'il faut en plus faire le deuil de l'enfant idéal à cause d'une erreur typographique.

Tout est bien qui finira bien ... sur l'air de Here you come again, interprété par Dolly Parton, qui insufflera un regain d'optimisme juste avant le générique de fin. Regardez-le jusqu'au bout : il apporte la réponse à la question de savoir si la famille est en bonne voie de recomposition. Guettez le petit chien tant souhaité et voyez s'il gambade à côté des personnages. On sort requinqué de cette projection.

Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

mardi 16 juin 2009

YUKI et NINA de Hippolyte Girardot et Nobuhiro Suwa

Les parents de Yuki partagent le même point de vue : ils ne s'entendent plus assez pour continuer à vivre ensemble. Cet accord est un paradoxe pour l'enfant qui ne comprend décidément pas le monde des adultes. Yuki fait pourtant des efforts. Elle propose à sa mère de prendre en charge un des deux sacs de provision si c'est "trop lourd". Belle symbolique !

On écoute avec elle l'avis de la mère de sa meilleure amie, Nina, déjà divorcée. et on se demande comment les choses pourraient bien s'apaiser. Parce que le plus insupportable c'est la séparation entre Yuki et Nina par les milliers de kilomètres qui mettent à distance la France et le Japon puisque Yuki devra accompagner sa mère dans son pays d'origine.

Alors les deux petites filles vont concevoir des stratagèmes pour tenter la réconciliation impossible. Les parents résisteront tout en s'efforçant d'aider les enfants à passer le cap.

Yuki et Nina est un film ancré dans une réalité que l'on regarde comme on écouterait un conte. La forêt n'y est pas tout à fait la forêt des songes mais c'est tout de même le lieu dont on sortira grandi. Hippolyte Girardot a coécrit et réalisé le film avec un cinéaste japonais ne parlant pas davantage français que lui la langue nippone. Tout fut donc plus long, très réfléchi. Ils ont écrit un scénario pudique, économe de dialogues, réussissant à traduire la rébellion enfantine et les émotions en évitant les pleurs et les cris et en sollicitant l'imaginaire. Un premier long-métrage réussi, personnel et prometteur qui a bien sa place dans la compétition du festival Paysages de Cinéastes de Châtenay (92).

Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

lundi 15 juin 2009

les Contes de l'âge d'or

Ces jours-ci c'est cinéma/cinéma. Ce soir je découvrais enfin un film en compétition dans le cadre du festival Paysages de cinéma de Châtenay (92) avec un film présenté lors du festival de Cannes 2009, dans la catégorie "Un certain regard".

Les contes de l'âge d'or, ce sont ce qu'on appelle des "légendes urbaines", un genre que j'affectionne particulièrement et dont, en France, des conteurs comme Yannick Jaulin ou Pépito Matéo sont des spécialistes reconnus. (lire par exemple les billets du 15 octobre dernier, ou encore du 16 décembre et 6 fevrier 2009 )

Un policier reçoit un porc vivant comme cadeau de Noël et pense que le gazer serait la meilleure façon de le tuer sans faire de bruit, pour ne pas réveiller ses voisins affamés ... Un photographe a pour mission de rendre Ceausescu aussi grand que Valéry Giscard d'Estaing en visite officielle ... Ordres et contre-ordre arrivent en cascade dans un petit village retenu pour célébrer la gloire du communisme.

La Roumanie des années 80 a subi 15 ans durant un régime totalitaire où l'humour était le seul moyen de survie psychique de tout un peuple soumis à la logique perverse d'une dictature. Les situations sont vraies quoique tragiques, quasi-surréalistes, toujours délirantes. Tout le monde survit en volant l'Etat. Il faut bien obéir aux ordres du Parti même s'ils sont illogiques et absurdes. Les gens semblent abattus, pourtant au fond d'eux, ils sont en vie. Ce qu'ils désirent, c'est aimer et être aimés.

C'est Cristian Mungiu, lauréat de la Palme d'Or de Cannes en 2007 avec "4 mois, 3 semaines et 2 jours", qui a produit ce film à sketchs composé de cinq histoires courtes conçues par cinq réalisateurs différents. Les légendes partagent le même état d'esprit, ont une structure narrative semblable et s'inscrivent dans le même contexte historique. C'est instructif et distrayant.

CONTES DE L'AGE D'OR Un film de Cristian Mungiu, Iona Uricaru, Hanno Höffer, Razvan Marculescu, Constantin Popescu
Avec Alexandru Potocean, Teo Corban, Emanuel Privu, Avram Birau, Paul Dunca, Viorel Comanici, Alexa Ion Sapdaru, Virginia Mirea, Diana Cavaliotti, Radu Iacoban, Vlad Ivanov
Durée : 1h58 - Sortie nationale 30 décembre 2009
Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

dimanche 14 juin 2009

UN SI BEAU VOYAGE de Khaled Ghorbal

Un an après sa mort, voici que Farid Chopel revient sur les écrans pour le festival Paysages de cinéma de Châtenay (92) avec Un si beau voyage, dans un rôle qui a posteriori s'avère tristement prémonitoire, un peu à l'instar de Bourvil dans le Cercle rouge.

Farid Chopel
était un artiste comique, capable de formidables extravagances. Il fut l'interprète "fou" des publicités Perrier de Jean-Baptiste Mondino, et il avait multiplié trop d'excès dans les années 1980. Il faisait alors rire les spectateurs des Aviateurs, un spectacle qu'il jouait avec son partenaire Ged Marlon.

Après des débuts dans le théâtre gestuel expérimental, épanoui dans des one-man-shows, ce fils d'immigrés kabyles était abonné aux rôles secondaires au cinéma, que ce soit dans les comédies (Sac de nœuds, de Josiane Balasko, La Vengeance du serpent à plumes, de Gérard Oury...), ou dans des films d'auteur (Jane B. par Agnès V., d'Agnès Varda, La Chair, de Marco Ferreri, Gravida, d'Alain Robbe-Grillet). Khaled Ghorbal fait de lui, pour la première fois, la vedette d'un long métrage qui a été achevé en juin 2007. Tout le monde ignorait alors sa maladie, ce qui rend le film encore plus bouleversant.

Portant avec élégance une petite moustache et d'une chevelure bien fournie Farid Chopel incarne la dignité d'un homme dont la situation de double exilé - en France comme en Tunisie - évoque, avec une cruelle justesse, la solitude inextricable de l'individu face à la mort. Il joue ici sur un registre radicalement différent de celui de ses one-man-show. Il en est méconnaissable.

Mohamed, dit Momo le plus beau, a été ouvrier dans le bâtiment. Aujourd'hui prématurément retraité, il vit au rythme lent imposé par la maladie sans jamais faire de concessions à son code de l'honneur. On découvre un homme sage et de bons conseils pour ses amis, toujours prêt à rendre service. Qui continue à vivre en célibataire dans le foyer de travailleurs où il a passé l'essentiel de son existence, et on le voit longuement occupé par des tâches ménagères qu'il effectue sans état d'âme.

Et puis le destin s'emballe : la maladie progresse, le directeur du foyer ne peut plus couvrir sa présence "illégitime". L'homme suit la préconisation du médecin de rentrer au pays.
Bande-annonce:
Plus d'infos sur ce film
Après Paris, la grande ville, le bruit, les scènes de marché, ce seront les paysages tunisiens puis le désert à perte de vue que le réalisateur filme toujours en longs plans séquence. Autant le dire : c'est un film qui laisse le temps au temps, d'autant plus que celui-ci est compté.

Le réalisateur réussit particulièrement à montrer que la vie n'est pas binaire. Il y a mille petits signes prouvant qu'il faut se méfier de caricaturer : c'est un dessin de poulbot qui décore le mur de sa chambre. Sa spécialité culinaire est la paella et il l'aime avec du chorizo, même si c'est du porc. Il vit en foyer mais il porte toujours une chemise propre et fraichement repassée. Il invite ses amis au restaurant pour leur faire découvrir la tête de veau. Et le livre qui l'émeut n'est pas le Coran.

Khaled Ghorbal n'oppose pas la ville à la campagne, les hommes aux femmes, les autochtones aux immigrés. Bien au contraire. Momo va souvent se promener sur les quais de la Seine où il goute une tranquillité comparable à celle qu'il va retrouver dans le désert. Il est séparé de sa femme mais toujours amoureux et on comprend que les liens sont indéfectibles de part et d'autre. Il suffit d'un échange de quelques mots et de silences pour qu'elle comprenne. Le dernier cadeau qu'elle lui fait l'accompagnera jusqu'au bout.

Momo est un sage qui nous emmène très loin. On sort transformé de ce film qui rappelle la Balade de Narayama. On comprend que l'exil n'est pas lié à la géographie et qu'il faut beaucoup de courage pour choisir sa vie comme sa mort.

Film français de Khaled Ghorbal avec Farid Chopel, Assumpta Serna, Abdelhafid Metalsi. (2 h 17.) Sorti depuis le 18 mars 2009 (actuellement au cinéma Hautefeuille à Paris) il est prévu qu'il revienne à l'affiche du Rex en septembre prochain.

Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

samedi 13 juin 2009

AMERRIKA, film écrit et réalisé par Cherien DABIS

La France sera le premier pays au monde à sortir ce film mercredi prochain. Il appartenait à la sélection officielle de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Il a été projeté hier soir en avant-première et en ouverture du Festival après une interview de la réalisatrice par le critique Charles Tesson. Résumons un peu l'histoire :
Mouna est une femme enthousiaste et optimiste. Malgré un divorce qui reste pénible tout irait bien si la vie quotidienne n’était pas si stressante. Elle habite au cœur des territoires occupés et il n’est pas rare de mettre deux heures pour faire les quelques kilomètres séparant son lieu de travail du domicile qu’elle partage en famille. Maman d’un adolescent, elle aimerait pour lui un meilleur avenir. Le rêve parait possible quand arrive enfin au courrier une autorisation d’émigrer. Ils partent pour les USA, rejoindre sa sœur, déjà bien installée dans l’Illinois.
Trouver un emploi de comptable similaire à celui qu’elle a quitté s’avère impossible : les Etats-Unis, sont désormais en guerre contre le « diable » Saddam, l’hospitalité n’est plus ce quelle était … et de nouveaux préjugés vont être difficiles à combattre.
Amerrika sur CineMovies.fr
Les parents de Cherien Dabis ont immigré aux États-Unis juste avant sa naissance. Née dans le Nebraska, elle a grandi dans l’Ohio, tout en retournant chaque été en Jordanie. Jamais assez américaine pour les Américains, ni assez arabe pour les Arabes elle a le sentiment d'être apatride. La question des racines est "naturellement" au cœur de ses interrogations, la conduisant à faire un film personnel qui n'est pas pour autant autobiographique.

Malgré la méfiance des producteurs la réalisatrice a voulu tourner en Cisjordanie parce qu'il y a peu d'images de cette région (même si c'est le pays qui a servi de cadre à Indiana Jones). Elle a tenu à la filmer à la manière d'un documentaire, avec de longues focales, et à témoigner du conflit militaire qui handicape la vie des habitants. On voit donc l'héroïne enfermée dans sa voiture, derrière un mur. On vit avec elle le stress du check point (reconstitué plus vrai que nature). Les plans s'élargissent sur de très lents panoramiques quand elle décide d'émigrer.

Le choix de ce film pour ouvrir le Festival était opportun car les paysages portent l'histoire. Esthétiquement, le contraste est très fort : d’un côté, la palette de tons chaleureux propres à la Cisjordanie avec le vert de la sauge, le rouge des minéraux et les bruns du désert ; de l’autre, l’incroyable mélange des rouges saturés, des bleus et blancs arides d'une petite ville du Midwest en hiver.

Un film tout en délicatesse et en nuances, toujours sur la retenue, oscillant entre un optimisme béat et un non pessimisme absolu. Il nous offre de beaux portraits de femmes, mais les hommes ont aussi de beaux rôles et les comédiens sont tous très justes. Amerrika tord le cou aux clichés : ce n'est pas parce qu'on est palestinien qu'on est terroriste, ni parce qu'on est jeune qu'on est forcément intolérant. Il démontre que des cultures différentes peuvent vivre en bonne intelligence, et même s'entraider.

C'est aussi une leçon de courage, faisant mentir le préjugé selon lequel un arbre déraciné ne pourrait plus repousser. On apprend qu' "échec et mat" est une expression d'origine arabe signifiant "le roi est mort". Mais ce qui est beau dans cette partie-là c'est que tout le monde y gagne.

Le film sera reprojeté au Rex dimanche soir. Il sera de nouveau à l'affiche de ce cinéma en juillet.

Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

vendredi 12 juin 2009

Ouverture de la 8ème édition de Paysages de Cinéastes

C'était un roi de France qui avait ajouté le qualificatif "Malabry" à Châtenay (92) en raison de l'irrégularité de sa topographie et des intempéries qu'il y subissait quand il venait y chasser. Mais la ville ne méritait pas son nom ce soir car le temps était doux, l'air presque tiède. Les oiseaux étaient joyeux, la pelouse infinie et pas une feuille des arbres remarquables ne bougeait.

La Vallée aux loups aménagée par Chateaubriand composait un cadre grandiose. Cet homme était un fou de botanique. Savez-vous que le saule bleu pleureur qu'il a ramené du Liban (visible dans l'arboretum) est l'ancêtre de tous les saules bleus pleureurs existants au monde ? Un arbre dont l'envergure est comparable à la superficie d'une cour d'école ...

L'écrivain a ramené de ses voyages des arbres extraordinaires qu'il plantait pour les générations futures et nous pouvions savourer ce bonheur d'être là, et qui plus en qualité d' "invités" (la soirée d'ouverture était gratuite sur réservation dans la limite des places disponibles). Impossible de trouver un écrin plus grandiose à ce festival de cinéma associant les paysages à la toile.

Frédérique Bruyas nous a lu des récits de voyages de Chateaubriand dans lesquels il compare le paysagiste à une femme qui ferait de la dentelle.

Il y eut bien entendu les discours officiels de circonstance. Nous avons appris combien le concept de Vallée de la culture s'incarnait sur trois pôles, dont le premier est à Châtenay avec la Vallée aux loups, (avec le parc de Sceaux et les jardins du musée Albert Kahn). Cette année le pays à l'honneur du festival est l'Inde. Un pays avec lequel le département entretient des relations régulières depuis qu'Albert Kahn a reçu Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature en 1913. Le Musée Albert-Kahn présente d'ailleurs actuellement sa collection unique d'autochromes dans le cadre de l'exposition Infinitivement Indes.

Nous avons aussi suivi le parcours de lumière imaginé par Marianne Piquet, qui nous promena dans le parc à la tombée de la nuit, nous incitant à faire halte à cinq stations.

Et puis, chaises, transats et plaids nous ont accueillis pour suivre le film Amerrika dont je rendrai compte demain.
Pour connaitre tous les horaires et le programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

jeudi 11 juin 2009

Prix littéraire et dépression

Le verdict sera annoncé le 20 juin prochain. Nous saurons alors lequel des dix livres de la sélection aura obtenu le Prix du roman des lecteurs d'Antony (92). Voici pour ceux qui voudraient connaitre les livres en lice et relire les résultats du prix de l'an dernier le lien qui les conduits vers les articles en question (le 9 janvier 2009 et le 14 juin 2008). Cette année j'aurais (presque) tout lu, en tout cas je n'ai fait l'impasse sur aucun ouvrage. Et j'en ai lu suffisamment de pages, quand je ne les ai pas terminés, pour juger en mon âme et conscience.

Cet entrainement me sera profitable parce que l'an prochain il y aura bien davantage de livres au pied de mon lit (c'est surtout très tôt le matin, que je lis, avant de partir travailler, et la difficulté à refermer temporairement l'ouvrage est un paramètre précieux). Je viens d'apprendre que ma candidature était retenue pour rallier le jury du prix littéraire des lectrices de ELLE : 28 livres à lire et à noter entre fin juillet 2009 et mi-avril 2010. Il y aura 10 romans, 9 documents et 9 policiers. Il est vraisemblable que plusieurs titres se retrouveront dans la future sélection d'Antony sinon je n'arriverai pas à fournir. Surtout s'il me prend l'envie de lire pour mon seul plaisir un roman détente ou un ouvrage spécialisé.

Je vais le vivre comme une belle expérience.

Pour l'heure je m'interroge sur ma difficulté à lire dans la continuité Best love Rosie de Nuala O'Faolain sur lequel je pariais en décembre dernier avant même de savoir qu'il allait concourir.

Je n'arrive pas à finir le livre de Nuala, sans doute en raison de ce que je sais de l'auteur. C'est son dernier livre, écrit avant l'issue tragique de sa maladie. Tant que je ne l'ai pas lu je mets en quelque sorte sa disparition à distance. Je suis actuellement très présente dans un hopital et même si l'atmosphère y est très "vivable" je dois subir l'influence des lieux et ne pas être neutre dans mon approche. Cela ne veut pas dire que Best love Rosie ne soit pas un bon livre. Ce n'est pas celui qui me convient présentement.

Il contient néanmoins des préceptes judicieux pour maîtriser la dépression qui, sans me concerner directement, ne peuvent que faire du bien à tout le monde. Notre société manquant parait-il de sagesse il peut être prudent de communiquer ces conseils à titre préventif :

1- M'appliquer à exploiter mes forces et non à expier mes faiblesses.
2- Me demander chaque jour "de quoi ai-je besoin ?" et faire un pas pour satisfaire ce besoin.
3- Faire une liste d'activités réjouissantes et en pratiquer une par semaine.
4- Admettre que je ne sais pas.
5- Savoir dire NON, à moi-même parfois, et aux autres bien plus souvent.

Rien de bien original me direz-vous, et c'est vrai. Encore faut-il les appliquer, et les appliquer tous. Pour ma part il y en a un qui représente un énorme travail ... Encore une chance que je ne sois pas dépressive !

Qu'est un bon livre ? Il me revient une définition de Geneviève Patte, fondatrice de la Bibliothèque de la Joie par les livres, la première bibliothèque pour enfants au monde, conçue grâce au mécénat (Schlumberger je crois) qui oeuvre toujours dans la Cité de la Plaine à Clamart (92), mais sous le nom de petite Bibliothèqie ronde.

Un bon livre, disait-elle, c'est le livre qu'il faut à l'enfant au bon moment. La phrase dont je me souviens était en anglais : the right book for the right people at the right time. Il s'agit donc de "bon", non dans un sens moralisateur, mais plutôt dans le sens de la nécessité, marquant en quelque sorte une rencontre.

Ma définition personnelle du "bon livre" c'est d'être parvenu à me modifier, ou à infléchir même un tout petit peu ma trajectoire de vie. Dans ce sens il y en a un qui a provoqué de la réflexion. J'aurais manqué quelque chose si je n'avais pas été en contact avec lui. (cliquer sur sa couverture ouvria le billet correspondant). Et ce sera mon critère au moment du vote, sans que cela ne signifie que les autres aient été "mauvais".

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