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jeudi 5 avril 2012

Le bon melon Philibon arrive de Guadeloupe avec un label IGP


Je l'ai reçu aujourd'hui et il a une allure de primeur alors qu'en réalité ce melon est en fin de récolte ... Non, je ne suis pas en train d'écrire un nouveau poisson d'avril. Ce fruit est arrivé directement de Guadeloupe où il est cueilli de décembre à mai alors que c'est de juin à octobre qu'on le trouve sur les marchés de la métropole.

Réglons tout de suite la question de la consommation dite de saison. Je suis la première à être choquée qu'on importe des pommes d'Amérique du Sud alors qu'on a pléthore de variétés chez nous. Je ne suis pas davantage tentée par des fraises du Chili en hiver. Il se trouve que la production antillaise est transportée sur des vols réguliers passagers qui, avec ou sans ces melons, décolleraient quand même. On m'a rapporté que les producteurs prennent en charge le supplément de kérosène, mais le poids de ce chargement est finalement très faible par rapport à l’ensemble. Quant au bilan carbone, il est supérieur lorsque des fruits ou des légumes effectuent, en février et mars, un voyage de 4 500 km en camion depuis le sud marocain, par exemple.
Le melon de Guadeloupe est donc un contre-exemple. Et doublement parce qu'il est cultivé en culture "raisonnée", un terme avec lequel il va falloir que les consommateurs se familiarisent. Cela signifie qu'il pousse en pleine terre (donc pas sous des serres chauffées avec une énergie non renouvelable), sans traitement autre que naturel (comme par exemple on le fait pour certains légumes avec de bonnes coccinelles pour manger les méchants pucerons), qu'il est récolté à la main (donc sans machine) et bien entendu à maturité. Il ne stationnera pas dans des chambres froides et quittera l'ile le jour même.

Toutes ces qualités lui ont permis l'attribution du label IGP, il y a un tout petit peu plus d'un mois. Après la fraise du Périgord, la clémentine de Corse ou la bergamote de Nancy le melon de Guadeloupe est donc une Indication Géographique Protégée qui couronne une trentaine d'années de travail d'une quinzaine de producteurs. Au fil du temps le melon a pu devenir la troisième production de l'ile, après la canne à sucre et la banane, avec un volume annuel d'à peu près 6000 tonnes, dont un tiers seulement est consommé localement.

C'est le type Charentais qui a été planté sur les sols calcaires et argileux de Guadeloupe dans les années 80 à l'initiative de Joel Boyer dont le père était producteur à Moissac. Ce melon donc la peau lisse, parcourue de larges sillons. Il est rond, ferme et lourd. Il est expédié mur à point, ni trop, ni pas assez et c'est une vraie surprise de sentir son parfum en avril. J'imagine que l'effet aurait été encore plus saisissant en décembre, ce qui devrait donner des idées aux chefs qui sont de plus en plus conscient de l'exigence de leurs clients de déguster des plats faits avec des produits de saison.

Sur son île, on le consomme parfois arrosé de citron vert, j'ai choisi de lui adjoindre quelques gouttes de vinaigre, un vinaigre très particulier, le "douceur d'antan" que Martin Pouret prépare comme autrefois selon la méthode orléanaise, sans additif, totalement naturellement, après une année en fut de chêne. Avec quelques feuilles de basilic c'était sublime.
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul j'avais ce soir là des beignets de crevettes qui m'avaient été donnés l'après-midi par des amis ... ne croyant pas si bien faire.

Le lendemain, second melon ... avec de véritables acras cette fois et une sauce pimentée qui m'a poussée à consommer le melon tel que, pour calmer le feu du plat.
Le melon est un de mes fruits préférés. Je me suis régalée avec cette chair douce, pas trop sucrée dont j'ai appris depuis qu'elle est riche en vitamine C et en potassium. Elle contient aussi du carotène, ce qui est plus évident puisqu'elle a la couleur orange typique de cette molécule dont les effets bénéfiques vont bien au-delà de nous bronzer le teint. Elle réduit les risques d'artériosclérose, de cancer et des maladies d'oeil. Que de bonnes raison pour manger sans modération le melon en toute saison, ou presque !


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