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mercredi 23 mars 2016

Benoît Dorémus en concert

Je ne connaissais pas cette salle des Trois Baudets, très agréable, créée à la fin des années 40 par Jacques Canetti, pour combler l’absence de salles parisiennes où les jeunes artistes, le plus souvent inconnus, pourraient facilement se produire devant un public.

Le vieux dancing délabré devint une extraordinaire pépinière de talents, particulièrement des auteurs-compositeurs-interprètes. Georges Brassens, Jacques Brel, Boris Vian, Guy Béart, Juliette Gréco, Raymond Devos, Serge Gainsbourg, Boby Lapointe, Henri Salvador ou encore Pierre Perret doivent beaucoup à l'endroit.

Avec le départ de Jacques Canetti en 1967, la salle devient un sex-shop puis un cabaret érotique, et une salle de concert pop/rock du milieu des années 1990 (L’Erotika) avant d'être réhabilitée par la Ville de Paris. Depuis janvier 2013 une nouvelle formule est lancée, sous l'égide de la société 3 Anes Prod et la direction d'Olivier Poubelle et Alice Vivier.

La programmation est très large avec plusieurs formules permettant vraiment aux artistes en devenir ou un peu plus expérimentés de se constituer un public. La salle de concert a été entièrement refaite. Sa capacité de 200 places assises garantit une certaine forme d'intimité. La salle de restaurant est complémentaire pour une séance en acoustique avec 130 personnes.
Benoît Dorémus s'y était déjà produit et il a choisi cette fois de confier la première partie à Jérémie Bossone.

Le chanteur ne manque pas d'humour. Il en faut pour occuper la scène alors que le public est venu pour un autre. D'ailleurs il a taggué sa guitare d'un "J'y suis toujours". Il commence par Rien à dire, et il faut du culot pour démarrer avec un tel titre.

Avec la Tombe, on pense à Adamo. La chanson à texte bascule brutalement dans le rock. Puis Scarlett, une chanson qui figurait déjà sur son deuxième album, Notre Jeunesse, sorti en 2008. Il la chante et  la joue avec humour quand besoin est. ses chansons sont interprétées comme de petites scènes de théâtre. Interchangeable ne sera pas sur le prochain qui sera nettement plus rock prévient-il.

Il termine avec Décomplexe, qui envoie, même sans batterie, pourvu qu'un peu de réverb donne de l'ampleur. On retrouve ces chansons dans son dernier album Gloires, enregistré il y a un an enregistré par le réalisateur Ian Caple (Bashung, Emilie Simon, Simple Minds, Cocoon…) et qui a reçu le coup de coeur de l'Académie Charles Cros 2015. Beaucoup d'autres récompenses saluent sa rage et sa plume.

Interrogé sur sa rencontre avec Benoît Dorémus il m'a confié que ce n'était pas Francis Cabrel qui les avait réuni même si, lui aussi, est passé par Astaffort. Ils se sont croisés dans le milieu underground, et surtout à Chantappart. Ils se sont aperçus qu'ils aimaient tous les deux Bob Dylan comme Eminem et "ça l'a fait" ...
Arrive Benoît Dorémus qui lui aussi commence avec une chanson où il avoue qu'il n'est jamais à l'aise nulle part. Il revendique le droit d'être un Existentiel :

Je n'ai que le potentiel (...)
Moi je voulais être un vrai dur (...)
Avec la musculature (...)
Je voulais me poser moins de questions.
Faisant allusion aux événements de Bruxelles il remarque que s'il y a des gens chez qui le coeur prend la tête il y en a d'autres dont on ne sait pas où il se cache et il nous dit être très touché qu'on soit ici, avec lui.

Il enchaine avec Aie ouille .... les sentiments c'est fatigant. La salle scande déjà le rythme en tapant des mains. On n'est pas propriétaire du coeur d'autrui. Les projecteurs se teintent de rouge pour Déjà, ma chère Laura. Le son m'a semblé plus âpre que sur l'album.
Voici Rien à t'mettre qu'il avait écrit pour Renaud (album Rouge sang en 2006). Et qu'ils avaient chanté en duo pour Taratata il y a trois ans. Le voilà parti dans la rétrospective. Voilà déjà 13 ans qu'il chante. Il résume son parcours et enchaine avec Dernièrement.
Rupture de ton avec Lire aux chiottes qu'il est surpris de voir reprendre par le public. Il reste seul en scène pour Ton petit adultère (sur une musique de Le Forestier). Et C'est bien pire sans, dans une ambiance très intime.
Suit Deux pieds dedans, mélancolique, de l'album 2020 (sorti en 2010). Une voix demande les Bulles (Album Pas en parler 2005) dans le public. Mais vous me réclamez une antiquité. Je ne la connais plus du tout.
Ses musiciens Cyril et Julien reviennent pour l'accompagner dans une balade en décapotable. Marque ton stop que j't'embrasse. Puis le titre phare du dernier album En tachycardie, 20 milligrammes.
J'écris Faux, Je Chante De La Main Gauche (Album jeunesse se passe) précède naturellement Bêtes à chagrin pour parler de la vie d'artiste ... et d'amour aussi.
Il chante la relativité avec La nuit des temps. Le public reprend avec lui le refrain de La femme de ma vie avant qu'on prenne Brassens en pleine poire. Je m'aperçois que les spectateurs connaissent les paroles par coeur. Je les regarde et j'ai l'impression d'assister à un play back.
On a entendu presque toutes les chansons du dernier album, En Tachycardie, sauf Comme un acteur sur fond vert si ma mémoire en me fait pas défaut. Je vous invite d'ailleurs à lire ce que j'avais écrit à la sortie de l'album. Je ne vais pas me répéter aujourd'hui. Il faudrait juste que j'ajoute le circonflexe accent (comme il me l'a fait remarquer) mais je ne vais pas le faire mentir.
Benoît Dorémus est différent en concert. Sa voix est bien affirmée. Sa présence fait oublier les autres chanteurs auxquelles on le compare. Il est vraiment lui-même. Le concert s'achève. Il nous mime qu'il sera là-haut, dans la salle du restaurant, d'ici 7 minutes pour boire un coup. Et surtout signer des pochettes parce que ses fans ne comptent pas le laisser partir sans lui avoir fait leur compliment.
La pression retombe. Pour le chanteur, un concert à Paris est une occasion de stress ... Même ici aux Trois Baudets, dans cette salle qu'il connait bien et dont il apprécie le son. Il y a un enjeu, une forte envie de bien faire, parce que les amis, la famille, et d'autres artistes sont là. Comme Renan Luce ce soir.
Après les Trois Baudets (Paris) les 23, 24 et 25 mars il sera au Triton (Les Lilas) le 23 mai, et puis à la Salle Jeanne d'Arc (St Etienne) le 23 mai, aux Arènes de Nîmes le 22 juillet, à l'Arrache Coeur (Avignon) le 6 et le 30 juillet 2016.

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