J'avais remarqué cette bande dessinée à la rentrée de septembre dernier mais je voulais, avant de m'y plonger, d'abord relire la version originale de ces Lettres d'amour de 0 à 10 telle que Suzie Morgenstern les avaient écrites en 1996.
Ce fut à l'époque un énorme succès, et l'ouvrage fut couronné de multiples récompenses.
Je n'aurais pas pensé qu'il soit adaptable en bande dessinée. Mais je ne suis pas bédéiste et je n'ai pas le talent de Thomas Baas dont les coups de crayon m'ont fait penser à Sempé.
Suzie Morgenstern n'avait pas voulu intervenir dans le travail de Thomas et comme elle a eu raison. On ignore si les deux (petites) exigences qu'elle a eues en amont étaient bien utiles à formuler mais sachez, pour l'anecdote, que Suzie tenait à ce que la grand-mère soit belle et que le bébé figure sur la couverture.
Ses voeux ont été comblés. Il y a bien entendu des lettres à l'intérieur de l'album, et c'est en utilisant des techniques de cinéma que l'auteur est parvenu à les inclure dans son chemin de fer.
Quand Suzie fait remarquer avec tant de justesse qu'on ne pose pas de question si on ne veut pas savoir la réponse (p. 28) Thomas donne toutes les réponses (p. 16-17).
De la même façon Suzie brosse d'Ernest le portrait d'un garçon de bonne volonté et de convictions, qui ne laisse pas tomber un autre être humain dans le besoin (p. 31) et Thomas le démontre en images (P. 18-19). Et ainsi de suite avec fluidité.
Suzie Morgenstern met admirablement en mots, et Thomas en images, le concept de résilience. Ernest, privé de parents depuis toujours, va découvrir la vie de famille et le modernisme, à commencer par l'ascenseur est le téléphone. La pétulante Victoire le poussera dans le grand bain de la vie où il apprendra à nager avant d'y entrainer sa grand-mère dont on assiste à une sorte de renaissance.
Que la réussite de la BD ne vous dispense néanmoins pas de lire (ou relire) le livre. Il contient de jolies pensées philosophiques. J'invite les parents à le partager avec leurs enfants et à en discuter. Par exemple de cette "petite" définition du sentiment (p. 61) : Aimer ce n'est pas toujours approuver.
Bien entendu, malgré son intelligence, le format de la bande dessinée n'est pas exhaustif et je vous incite à lire la recette du couscous, rédigée par Ernest (p. 78).
Il faut aider les enfants à effacer de leur lexique le mot "jamais" pour le remplacer par "première fois".
Lettres d'amour de 0 à 10 de Suzie Morgenstern et Thomas Baas, Rue de Sèvres, en librairie depuis le 23 octobre 2019
Ce fut à l'époque un énorme succès, et l'ouvrage fut couronné de multiples récompenses.
Je n'aurais pas pensé qu'il soit adaptable en bande dessinée. Mais je ne suis pas bédéiste et je n'ai pas le talent de Thomas Baas dont les coups de crayon m'ont fait penser à Sempé.
Ernest a 10 ans. Sa mère est morte le jour de sa naissance et son père a disparu. Sa vie avec sa grand-mère, prénommée Précieuse, n'a rien de très exaltant : école, goûter, devoirs et soupe. Sa seule distraction est d'essayer de déchiffrer une mystérieuse lettre que son grand-père a envoyée du Front pendant la guerre.La transposition est parfaite. J'ai relu le livre, puis la BD et je ne lui trouve aucun défaut, ni dans la trame narrative, car l'essentiel y est, et les dialogues sont d'une grande justesse, ni dans le casting des personnages.
Suzie Morgenstern n'avait pas voulu intervenir dans le travail de Thomas et comme elle a eu raison. On ignore si les deux (petites) exigences qu'elle a eues en amont étaient bien utiles à formuler mais sachez, pour l'anecdote, que Suzie tenait à ce que la grand-mère soit belle et que le bébé figure sur la couverture.
Ses voeux ont été comblés. Il y a bien entendu des lettres à l'intérieur de l'album, et c'est en utilisant des techniques de cinéma que l'auteur est parvenu à les inclure dans son chemin de fer.
Quand Suzie fait remarquer avec tant de justesse qu'on ne pose pas de question si on ne veut pas savoir la réponse (p. 28) Thomas donne toutes les réponses (p. 16-17).
De la même façon Suzie brosse d'Ernest le portrait d'un garçon de bonne volonté et de convictions, qui ne laisse pas tomber un autre être humain dans le besoin (p. 31) et Thomas le démontre en images (P. 18-19). Et ainsi de suite avec fluidité.
Suzie Morgenstern met admirablement en mots, et Thomas en images, le concept de résilience. Ernest, privé de parents depuis toujours, va découvrir la vie de famille et le modernisme, à commencer par l'ascenseur est le téléphone. La pétulante Victoire le poussera dans le grand bain de la vie où il apprendra à nager avant d'y entrainer sa grand-mère dont on assiste à une sorte de renaissance.
Que la réussite de la BD ne vous dispense néanmoins pas de lire (ou relire) le livre. Il contient de jolies pensées philosophiques. J'invite les parents à le partager avec leurs enfants et à en discuter. Par exemple de cette "petite" définition du sentiment (p. 61) : Aimer ce n'est pas toujours approuver.
Bien entendu, malgré son intelligence, le format de la bande dessinée n'est pas exhaustif et je vous incite à lire la recette du couscous, rédigée par Ernest (p. 78).
Il faut aider les enfants à effacer de leur lexique le mot "jamais" pour le remplacer par "première fois".
Lettres d'amour de 0 à 10 de Suzie Morgenstern et Thomas Baas, Rue de Sèvres, en librairie depuis le 23 octobre 2019
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