Quel sentiment étrange que la lecture de J’ai hâte d’être à demain de Sandrine Sénès qui me donne le sentiment d'avoir partagé avec elle la même chope de bière que celle que nous tend régulièrement Philippe Delerm.
Les vignettes de "la plus belle des Sandrine" se dégustent avec gourmandise.
Elle photographie, avec ses mots, les actes clichés de notre époque. Son regard sur le comportement maniaque de faire des selfies (p. 23) illustre bien notre hasardeuse quête de bonheur.
Elle a raison de pointer que les gens seuls n'ont pas toujours été seuls, pas plus que les vieux (ne sont pas nés vieux). Elle distille un second degré qui s'envole, léger au-dessus des tracas quotidiens, et retourne les convenances à propos du premier venu.
Elle nous parle du monde dans lequel nous valsons, entre maladresse et audace, sans avancer masquée, en osant le vrai "je" et nous sommes surpris de revivre, à travers ses textes, des situations que nous avons tous plus ou moins expérimentées et que l'on croyait uniques. Il y a beaucoup de scènes de baiser et elles occupent une place importante dans la prose de cette championne des retournements de situation.
Elle laboure le champ de la solitude sans désespérer que quelqu’un l’aime quelque part en secret (parce que c'est tout de même plus facile que d'être aimée de près ...). Comme elle a raison de fustiger la dysorthographie d’amoureux potentiels, en nous confiant ses pensées désespérées mais pas du tout désespérantes.
Elle nous offre les confidences de manœuvres de drague invisible et nous offre, comme un feuilleton, les compliments de Babar.
Sandrine dévide parfois de longues phrases qui résument très exactement ce qu’est le Syndrome de Stockholm (p. 104). Elle ne cache pas sa passion névrotique pour les chats, ne demandant qu’à la partager, preuve qu’elle n’est pas égoïste pour deux sous.
Elle partage avec nous ce "sirop de la rue" (p. 70) que je croyais être une expression propre à une auteure dont j'avais découvert le premier roman.
Il est probable qu'elle soit dans le vrai en croyant (p. 150) que les hommes ont peur des femmes qui n’ont pas eu d’enfants. Comme si ces femmes là n’était pas capable d’aimer (...) en dépit de l'opinion de sa cousine Béa qui avec trois gamins à charge, sans garde partagée, a un tout autre avis sur la question.
Suivons son conseil d'enlacer un arbre pour apaiser et réparer les petites douleurs du quotidien (p. 115) mais je suggérerais d'éviter l'acacia et ses épines.
Sandrine Sénès est comédienne et autrice de séries pour la télévision. Elle a longtemps écrit et joué ses "seules en scène" à travers la France ou en pays francophones. Son premier livre, composé lui aussi de textes courts, Je regarde passer les chauves, a été publié en 2016 en Belgique, chez Quadrature.
J'ai hâte de lire son prochain opus comme d'aller la voir dans un de ses spectacles.
J’ai hâte d’être à demain de Sandrine Sénès, chez l'Iconoclaste, devait être en librairie le 1er avril 2020, sortie repoussée au 17 juin
Les vignettes de "la plus belle des Sandrine" se dégustent avec gourmandise.
Elle photographie, avec ses mots, les actes clichés de notre époque. Son regard sur le comportement maniaque de faire des selfies (p. 23) illustre bien notre hasardeuse quête de bonheur.
Elle a raison de pointer que les gens seuls n'ont pas toujours été seuls, pas plus que les vieux (ne sont pas nés vieux). Elle distille un second degré qui s'envole, léger au-dessus des tracas quotidiens, et retourne les convenances à propos du premier venu.
Elle nous parle du monde dans lequel nous valsons, entre maladresse et audace, sans avancer masquée, en osant le vrai "je" et nous sommes surpris de revivre, à travers ses textes, des situations que nous avons tous plus ou moins expérimentées et que l'on croyait uniques. Il y a beaucoup de scènes de baiser et elles occupent une place importante dans la prose de cette championne des retournements de situation.
Elle laboure le champ de la solitude sans désespérer que quelqu’un l’aime quelque part en secret (parce que c'est tout de même plus facile que d'être aimée de près ...). Comme elle a raison de fustiger la dysorthographie d’amoureux potentiels, en nous confiant ses pensées désespérées mais pas du tout désespérantes.
Elle nous offre les confidences de manœuvres de drague invisible et nous offre, comme un feuilleton, les compliments de Babar.
Sandrine dévide parfois de longues phrases qui résument très exactement ce qu’est le Syndrome de Stockholm (p. 104). Elle ne cache pas sa passion névrotique pour les chats, ne demandant qu’à la partager, preuve qu’elle n’est pas égoïste pour deux sous.
Elle partage avec nous ce "sirop de la rue" (p. 70) que je croyais être une expression propre à une auteure dont j'avais découvert le premier roman.
Il est probable qu'elle soit dans le vrai en croyant (p. 150) que les hommes ont peur des femmes qui n’ont pas eu d’enfants. Comme si ces femmes là n’était pas capable d’aimer (...) en dépit de l'opinion de sa cousine Béa qui avec trois gamins à charge, sans garde partagée, a un tout autre avis sur la question.
Suivons son conseil d'enlacer un arbre pour apaiser et réparer les petites douleurs du quotidien (p. 115) mais je suggérerais d'éviter l'acacia et ses épines.
Sandrine Sénès est comédienne et autrice de séries pour la télévision. Elle a longtemps écrit et joué ses "seules en scène" à travers la France ou en pays francophones. Son premier livre, composé lui aussi de textes courts, Je regarde passer les chauves, a été publié en 2016 en Belgique, chez Quadrature.
J'ai hâte de lire son prochain opus comme d'aller la voir dans un de ses spectacles.
J’ai hâte d’être à demain de Sandrine Sénès, chez l'Iconoclaste, devait être en librairie le 1er avril 2020, sortie repoussée au 17 juin
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