Quel bonheur de retourner au Musée d'Orsay, cette fois pour une exposition temporaire, sans repasser par les collections permanentes dont vous retrouverez un aperçu ici.
Elle est organisée par l’Établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie de Paris et le musée Van Gogh d’Amsterdam qui l'a présentée du 12 mai au 3 septembre 2023, pour marquer son 50e anniversaire. Elle s’appelle sobrement Van Gogh à Auvers-sur-Oise, Les derniers mois.
Aucune exposition n’avait encore été consacrée exclusivement à ce stade final, pourtant crucial, de la carrière de Van Gogh (1853-1890). Durant les deux derniers mois de sa vie, du 20 mai au 29 juillet 1890, à Auvers-sur-Oise, près de Paris, le peintre a produit le nombre phénoménal de 74 tableaux (soit plus d'un par jour) et 33 dessins, parmi lesquels des œuvres iconiques comme Le Docteur Paul Gachet, l'Eglise d'Avers-sur-Oise ou encore Champ de blé aux corbeaux.
Riche d’une quarantaine de tableaux et d’une vingtaine de dessins, l’exposition met en lumière cette période dans un propos thématique : premiers paysages figurant le village, portraits, natures mortes, paysages de la campagne environnante. Elle présente aussi une série, unique dans l’œuvre du peintre, des tableaux absolument éblouissants d’un format allongé en double carré.
Je veux insister sur la qualité des éclairages conçus par le studio 10–30, Léopold Mauger qui a effectué un travail remarquable, dépassant de loin tout ce que j'ai vu jusque là.
Arrivé à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890, Vincent Van Gogh y décède le 29 juillet à l’auberge Ravoux des suites de sa tentative de suicide deux jours plus tôt en se tirant une balle dans la tête en plein champ. Bien que le peintre n’ait passé qu’un peu plus de deux mois dans le village, cette période voit un renouveau artistique, avec un style et un développement propres, marqués par la tension psychique née de la nouvelle situation mais aussi par la création de quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre.
Tous les tableaux présentés ici étant de Van Gogh, je ne mentionnerai donc pas son nom dans chaque légende. Le premier est très connu. C'est le Portrait de l'artiste, 1889, huile sur toile, Don Paul et Marguerite Gachet, 1949, appartenant au Musée d’Orsay. Ce tableau, réalisé à Saint-Rémy en septembre 1989, est l’avant-dernier de ses 43 autoportraits, peints ou dessinés. Il fait pendant au fameux portrait du Docteur Gachet, peint en juin 90 (non photographié).
Cadré en buste, l'artiste se présente en veston, et non avec l'habituelle vareuse de travail. Tout concentre l'attention sur le visage. Ses traits sont durs et émaciés, son regard cerné de vert paraît intransigeant et anxieux. La teinte dominante, vert absinthe et turquoise clair, trouve son contrepoint dans sa couleur complémentaire, l'orangé feu, de la barbe et des cheveux. A l'immobilité du modèle s'opposent les courbes ondulantes de la chevelure et de la barbe, qui trouvent un écho amplifié dans les arabesques hallucinatoires du fond.
Durement éprouvé par les différentes crises subies à Arles puis dans l’asile de Saint-Rémy, Van Gogh se rapproche de Paris et de son frère Theo pour trouver un nouvel élan créatif. Le choix d’Auvers tient à la présence du Dr Gachet. Médecin homéopathe s'intéressant à la chiromancie, sa véritable passion le portait vers les arts. Il entretenait des relations avec une multitude d'artistes, parmi lesquels Manet, Monet, Renoir et Cézanne. C'est donc naturellement que Van Gogh se présenta chez cette personnalité originale au lendemain de son internement à Saint-Rémy-de-Provence, sur les conseils de son frère Théo. Spécialisé en psychiatrie, il aida de son mieux Vincent à vaincre ses angoisses tout en lui offrant un confort matériel propice à l'épanouissement. Malgré son dévouement, il ne pourra empêcher le geste irrémédiable de Van Gogh, qui devait bientôt se donner la mort.
Il aura été son médecin, un ami, un frère, et l’encouragea à travailler l’eau-forte. Lui-même était graveur, sous le pseudonyme de Paul Van Ryssel et ses gravures sont exposées dans la salle bleue.
Van Gogh s’était installé au centre du bourg, dans l’auberge Ravoux. Il se jeta dans le travail pour oublier son mal être. On sent la nervosité et la rapidité des traits dans ses dernières toiles. On pourra admirer des tableaux peu connus, superbes, souvent étonnants, rarement signés. Comme celui-là :
Pieta d’après Delacroix, venue d’Amsterdam, peinte en septembre 89.
Les vaches (d'après Jordaens) 1890, huile sur toile, Lille, Palais des Beaux-Arts, dépôt du musée d'Orsay
Ce tableau est un exercice d'inteprétation d'après une gravure du Dr Gachet de 1873, d'après des croquis dessinés dans les salles du musée de Lille devant "Etudes de vaches" de Jacob Jordaens (1593-1678) Gravure donnée en même temps que la toile de Van Gogh)
Comme Van Gogh aime en faire depuis son internement à Saint-Rémy, la composition reprend une gravure de Gachet. Il l'exécute rapidement, conserve les maladresses de dessin de son modèle et lui donne des couleurs audacieuses, animées par une touche enlevée. Il y ajoute le motif du corbeau et des fleurs.
Chaumes de Cordeville à Auvers-sur-Oise, fin mai-début juin 1890, Huile sur toile, Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1954
Le 10 juin, Van Gogh mentionne "deux études de maisons dans la verdure", un terme qui décrit bien la dominante verte de celle-ci. Le tracé sinueux de toutes les lignes enflamme la composition dans une vision très nerveuse de ce paysage pourtant paisible. le cadre original, récemment redécouvert, est exposé dans la salle de médiation. Il a été reproduit pour encadrer cette oeuvre. Sa couleur vert pâle accompagne la tonalité d'ensemble.
A propos de ce tableau il est expliqué plus loin que le cadre a été fabriqué sur les indications de Van Gogh et qu'il a été retrouvé dans le grenier de la maison du docteur Gachet. Pourtant depuis son acquisition en 1954 et jusqu'à ces jours-ci il était encadré comme on nous le montre ci-dessous à gauche :
Le peintre attachait une grande importance à l'encadrement de ses peintures, qu'il évoque à de nombreuses reprises dans sa correspondance. Contrairement au cadre doré et sculpté dans lequel le tableau a été présenté jusqu'à présent, ce cadre d'origine présente une baguette plate et simple, de couleur unie, qui met en valeur les couleurs, la touche et le relief du tableau.
C'est sur ce modèle que d'autres tableaux provenant eux aussi de la collection Gachet, notamment l'église d'Avers, ont été pourvus de nouveaux cadres, afin de respecter les choix de l'artiste.
Fermes à Anvers-Sur-Oise, Fin mai- début juin 1890, Huile sur toile
Helsinki, Finnish National Gallery, Ateneum Art Museum, Antell Collections
Cette vue du village est longtemps passée pour inachevée, à cause du ciel traité en larges touches bleues, posées sur le blanc de l'apprêt de la toile, figurant les nuages. Mais, ce traitement "inversé" du ciel est l'une des expérimentations les plus spectaculaires de l'artiste à Anvers. Acquis en 1993, ce tableau est la première toile de Van Gogh entrée dans une collection publique.
Maisons à Anvers-sur-Oise, 9-10 juin 1890, Huile sur toile
Toledo (Ohio), Toledo Museum of Art, acquis avec les fonds de la dotation Libbey, don d'Edward Drummond Libbey.
Van Gogh apprécie à Auvers le mélange de maisons traditionnelles en chaume -qui lui rappellent le "Nord" et de maisons bourgeoises modernes. Il en souligne ici l'harmonieuse cohabitation : "Je trouve presqu'aussi joli les villas modernes et les maisons de campagne bourgeoises que les vieux chaumes qui tombent en ruines". On pourrait penser au peintre et dessinateur suédois Carl Larsson.
Maisons à Auvers-sur-Oise, 9-10 juin 1890, Huile sur toile
Boston, Museum of Fine Arts, legs de John T. Spaulding
Un escalier à Auvers-sur-Oise, Fin mai - Mi-juin 1890, Huile sur toile
Saint-Louis, Saint Louis Art museum, acquis en 19355
Ferme, Fin mai - mi-juin 1890, Huile sur toile, Amsterdam, Van Gogh Museum
Ce tableau appartient aux "études" faites par l'artiste à Anvers. Il lui servira de préparation à un tableau plus grand au format double carré (présenté dans la dernière salle de l'exposition). L'artiste était soucieux de distinguer ces toiles préparatoires de ses oeuvres possiblement montrables au public, les "tableaux" proprement dits.
Un espace de médiation a été conçu autour du thème de la couleur en mouvement. On peut d'ailleurs poser la question de savoir si Van Gogh voyait "correctement". On nous expliquera pourquoi certaines couleurs ont évolué dans le temps.
On va jusqu'à faire l'expérience de retirer les couleurs et d'éclairer le tableau en lumière rasante pour mettre en valeur la touche très énergique du peintre et les jeux de relief qu'elle crée. On peut alors explorer l'épaisseur de la peinture et les traces du pinceau, le dessin en ondulations dont les couleurs renforcent l'énergie.
La palette du peintre évolue à Auvers : "Je vois des violets davantage où ils sont". Dans cette région moins ensoleillée que la Provence, il perçoit mieux les ombres mais les paysages étant plus verdoyants, sa peinture s'oriente vers une dominante verte-bleue. Il montre une attirance particulière pour les différentes nuances de bleu et choisit d'ailleurs cette couleur pour certains dessins.
On peut aussi voir aussi la palette que le docteur Gachet lui prêta le dimanche 29 juin 1890, parce qu'il avait oublié la sienne, alors qu'il voulait achever le Portrait de Mademoiselle Gachet au piano, qu'il avait commencé la veille.
L'église d'Auvers-sur-Oise, vue du chevet, 1890, huile sur toile, H. 93 ; L. 74,5 cm avec cadre H. 110 ; L. 92,3 cm, Achat avec le concours de Paul Gachet, fils du docteur Paul Gachet, et la participation d'une donation anonyme canadienne, 1952, Musée d’Orsay
Ce tableau est le seul que Vincent Van Gogh a consacré à l'église d'Auvers. Cette église, construite au XIIIe siècle dans le premier style gothique, flanquée de deux chapelles romanes, devient, sous le pinceau de l'artiste, un monument flamboyant qui semble prêt à se disloquer sous une pression venue du sol et des deux chemins qui l'enserrent. Si l'on compare ce tableau avec les Cathédrales de Claude Monet, peintes peu de temps après, on mesure ce qui sépare la démarche de Van Gogh de celle des impressionnistes. Les moyens plastiques utilisés annoncent cependant le travail des fauves et des peintres expressionnistes. On remarque l’église un peu violacée qui se dresse un peu de guingois sur un ciel caractéristique d’un bleu profond.
Champs près d'Auvers-sur-Oise, fin Mai- mi Juin 1890, huile sur toile, Vilel de Genève, musée d'Art et d'Histoire (MAH)
A Auvers, Van Gogh exécute des études rapidement brossées, dans un format proche du carré pourtant peu propice au paysage. Elles sont parfois presque monochromes, avec de grands premiers pans sans véritable motif et une touche toujours très marquée. elles témoignent de sa soif d'explorer de nouvelles propositions expressives.
Dans le jardin du docteur Paul Gachet, 27 mai 1890, huile sur toile, H. 73 ; L. 52 cm avec cadre H. 90,8 ; L. 69,7 cm, Don Paul Gachet fils, 1954
La toiel appartient aux premières peintures d'Auvers. Exécutée dans le jardin du docteur Gachet, elle conserve un écho de certains paysages du sud : cyprès élancés et torturés, vue plongeante semblable à celle qu'offrait sa chambre à Saint-Rémy. l'artiste y voit des "plantes du midi". Il confère à ce modeste coin de jardin la dimension d'un espace complexe et vivement animé.
Jardin à Anvers-sur-oise, 18-20 juin 1890, huile sur toile, collection particulière
Le tableau représente une vue du jardin du peintre Daubigny, auquel Van Gogh a consacré quatre toiles. Dans cet espace clos, sans horizon, il varie sa touche de façon spectaculaire, associant des traces de brosse en forme de points, de bâtonnets détachés ou serrés, alignés ou tournoyants, selon les massifs qu'il représente délimités par des contours appuyés, dans une vision que lui inspire l'art japonais.
Auvers-sur-Oise, carte postale du quartier de l'Eglise entre 1880 et 1910.
Il n’y avait alors que 2000 habitants
Roses et renoncules, 1890, huile sur toile, H. 51,7 ; L. 52,0 cm., Paris, musée d'Orsay, don Paul Gachet fils, 1954
Ce tableau est très révélateur du désaccord chromatique provoqué par la décoloration de la laque rouge, à base d’éosine, qui se dégrade à la lumière. Les renoncules bleues étaient violettes, et le fond plus mauve. Néanmoins, la composition sophistiquée de la toile conserve toute sa force. Elle inscrit en effet dans un strict carré un bouillonnement de rondeurs qui contrastent avec les diagonales fortes de la table et du vase japonisant.
La salle est presque entière entièrement consacrée aux bouquets et aux études de plantes. Il peindra neuf matières mortes à Auvers dont un très étonnant épi de blé, une branche d’acacia, un marronnier en fleurs.
Deux fillettes, 1890, huile sur toile, H. 51,2 ; L. 51 cm avec cadre H. 69,2 ; L. 68,7 cm, Don Paul Gachet fils, 1954
Ce double portrait de fillettes non identifiées existe en deux versions, comme le Jardin de Daubigny ou Le docteur Paul Gachet. Le tableau s’est décoloré par la disparition du carmin laqué présent dans els chairs, une partie des robes et les toits des maisons à l’arrière-plan. Cette toile témoigne de l’intérêt du peintre pour le portrait d’enfant, ravivé par al naissance de son neveu Vincent le 31 janvier.
Adeline Ravoux, 22 juin 1890, huile sur toile, collection particulière
Vincent a peint à trois reprises la fille de son aubergiste, âgée de 12 ans, mais elle n’a posé qu’une seule fois. Les deux variantes exposées à côté du premier tableau illustrent tant la difficulté de l’artiste à trouver des modèles que sa soif d’explorer des variations sur un même thème. Le portrait moderne est une de ses passions. Adeline est le seul portrait où la signature apparait en rouge avec force. Il est dans des dominantes de bleus comme les deux autres.
Portrait de jeune femme, 24–29 juin 1890, huile sur toile, Otterlo, Kröller-Müller Museum
Carnet de croquis de Paris–Auvers sur Oise, 1890, 142 pages, dont 84 avec des croquis, notes et taches, craie et crayon sur papier, Amsterdam, Van Gogh Museum
Ce carnet de notes quadrillé, utilisé comme carnet de croquis, est l’un des quatre subsistant, et le seul de sa période française. Plus qu’à demi rempli de griffonnages, aux sujets très divers, d’une notation fugace à une idée de tableau, il montre mieux qu’aucune œuvre l’œil toujours en alerte du peintre. Certaines pages, précocement détachées, sont entrées dans les collections nationales avec la collection Gachet.
A droite, Tête de jeune homme, coiffé d’un grand chapeau et Femme élégante de dos, portant une robe à carreaux, issus du même carnet de croquis, mine de plomb sur feuillet de carnet initialement quadrillé très jauni à tranche rouge et coins arrondis.
Champ de coquelicots, 14 juin 1890, Huile sur toile, la haie, Kunstmuseum Den Haag
On est surpris de voir que Van Gogh a lui aussi immortalisé un champ de coquelicots. Il semble revenir à ses recherches pointillistes des années 1886–87, affirmant radicalement la planéité et jouant du contraste vigoureux entre deux couleurs complémentaires, le rouge et le vert. Le traitement du ciel en touches bâtonnets, de couleur contrastée, les stries des tiges de luzerne, nettement dessinées au milieu des coquelicots, font de cette toile un exemple spectaculaire de ses expérimentations sur un sujet banal.
Deux femmes à traversant, vers le 1er juillet 1890, huile sur papier, San Antonio, McNay Art Museum (Texas)
Cette étude de paysage est atypique dans la production d’Auvers, qui compte peu de figures. Peinte sur une grande feuille de papier, elle mêle technique graphique et peinture, et prépare sans doute une toile au format double carré.
Van Gogh a eu recours à ce format en double carré à 13 reprises parmi les 74 peints à Auvers : 12 paysages et un portrait en hauteur d’un format allongé de 50 cm sur 1 m unique dans son œuvre et nous nous voyons pour la première fois 11 de ces tableaux rassemblés côte à côte. On a envie de s'asseoir et de plonger littéralement dans les peintures mais les banquettes sont prises d’assaut par un public abondant.
Cet ensemble est d’autant plus significatif qu’il s’agit d’un format choisi délibérément par l’artiste et non d’un format commercial, et qu’il comprend ses trois derniers tableaux. Leur réalisation s’étale sur un peu plus d’un mois, entre le 20 juin et la mort du peintre : il ne s’agit pas d’une série peinte dans un jet créatif, mais d’une recherche pensée, reprise, approfondie. Vise-t-elle à former un ensemble décoratif constituant une longue frise, ou était-ce la base d’un projet d’exposition personnel comme l’évoque Van Gogh, le 10 juin 1890 ? Ces toiles révèlent assurément des explorations plastiques d’une grande liberté et ne sont pas, pour certaines, et en particulier le tableau ci-dessous, sans évoquer Gustav Klimt, lequel est postérieur à Van Gogh et a pu s'inspirer de son art.
Sous-bois avec deux personnages 20–22 juin 1890, Huile sur toile, Cincinnati Art. Museum
Van Gogh, décrit ce tableau dans une lettre du 2 juillet : un sous-bois, des troncs de peupliers violet, qui perpendiculairement comme des colonnes traversent le paysage.
Il ne mentionne pas le couple amoureux, dernière occurrence de ce motif qui hante comme un regret l’œuvre du peintre. Ici, pas d’horizon, l’espace est clos, chaotiquement rythmé par les peupliers. La géométrie des troncs, soulignée par leur contour noir, s’oppose au bouillonnement des herbes et des fleurs. Manifestement ce tableau prouve qu’il aurait eu encore beaucoup de choses à nous montrer.
Ferme près d’Auvers sur Oise 25–26 juillet 1890, Huile sur toile, Londres, Tate Museum.
Le tableau est daté de la toute fin de la période auversoise grâce a une note d’Andries Bonger, beau-frère de Theo, qui en parle comme d’une "dernière esquisse". La touche parfois sommaire, des aplats sans touche apparente et le ciel non travaillé indiquent qu’il n’a pas été achevé. Cas unique dans cet ensemble de doubles carrés, il en existe deux études de petit format, montrant que le peintre est parti de motifs réels, puis a recomposé l’ensemble en le situant dans un paysage dégagé.
Pluie, Auvers-sur-Oise, 18 juillet 1890, Huile sur toile, Cardiff, Amgueddfa Cymru National Museum, Wales
Point de vue en surplomb, horizon très haut, resserrement chromatique aux seuls bleu-violet et jaune, masses rabattues sur le plan de la toile, et lignes très graphiques de la pluie : le tableau tend vers la simplicité d’une estampe japonaise. Ce motif de pluie, déjà traité par Van Gogh, dans une autre toile semble étroitement lié à son idée de l'art japonais et perdure à Auvers, comme une référence esthétique importante. Il n'en demeure pas moins très surprenant.
Pour finir, la dernière salle retrace les liens entre Van Gogh et la littérature et le cinéma en projetant plusieurs extraits. La littérature s’est emparé de sa vie dès 1934, mais c’est le cinéma qui a été l’agent le plus puissant de la transformation en mythe de la figure de l’artiste, en s'intéressant particulièrement à la période d’Auvers-sur-Oise, sur laquelle plane l’élément dramatique par excellence, le suicide du peintre. Vincente Minelli tire d’un best-seller d'Irving Stone, Lust For Life (1936), la matière du premier film de fiction sur le peintre, incarné par Kirk Douglas, dont le titre français est La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956). Mais c’est un cinéaste peintre de formation, Maurice Pialat, qui a fait de la période d’Auvers la matière de tout un film, pourtant sobrement intitulé Van Gogh (1991) comme si tout le peintre s’y résumait.
Du 03 octobre 2023 au 04 février 2024 Réservation très fortement recommandée en raison de la forte affluence dans l'exposition, en particulier le mardi (jour de fermeture du Louvre)
Musée d'Orsay - Esplanade Valéry Giscard d'Estaing - 75007 Paris
Mardi au dimanche 9h30 - 18h
Nocturne le jeudi jusqu'à 21h45
Fermé tous les lundis, les 1er mai et 25 décembre
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