Comme j'avais été (positivement) secouée par Anima alors il était hors de question de louper Cosmos (texte publié aux Éditions L’Œil du Prince) la dernière création de Maëlle Poésy, écrite en collaboration avec Kevin Keiss en faisant plus que s'inspire de faits réels.
Certes, dans les années 1960 aux États-Unis, en pleine guerre froide, un programme clandestin baptisé Mercury 13 a sélectionné de jeunes femmes pilotes d’avion pour participer à des tests afin d’éprouver leur capacité à partir à la conquête de l’espace. Certes, leurs résultats ont été largement supérieurs à ceux obtenus par les hommes. Certes, la première Américaine (l'astronaute Sally Ride) ne s'envolera que le 18 juin 1983 alors que la Soviétique Valentina Terechkova fut la première femme au monde à participer à un vol spatial le 16 juin 1963, deux mois après l'annulation du programme Mercury 13. Je rappellerai d'ailleurs que ce sont les russes qui ont lancé le premier satellite au monde, un Spoutnik.
Mais il s'agit bien plus que de cela. Maëlle Poésy entretient un rapport particulier avec l'espace et avec l'art de la suspension. Voilà pourquoi elle travaille avec des artistes de cirque dites "Aériennes". Outre le rapport à l'espace et de facto à la prise de risque, elle s'attache aussi à fouiller le rapport au temps, et aux limites de tous ordres.
Les deux auteurs sont partis de faits réels, et du matériau recueilli en entretiens auprès de scientifiques qui s'est enrichi des témoignages des interprètes, trois comédiennes (Caroline Arrouas, Elphège Kongombé Yamalé et Mathilde-Edith Mennetrier – en alternance avec Juliette Savary) et deux artistes issues des arts du cirque (Dominique Joannon et Liza Lapert).
Si l'espace est d'abord tout blanc, le décor évoluera de multiples manières. Il en résulte un spectacle qui bouleverse les codes, Et je préfère vous donner à visionner cette bande-annonce plutôt que d'en raconter l'essentiel.
Créé en octobre dernier au Centre Dramatique national du Théâtre Dijon Bourgogne qu'elle dirige depuis 2021, Cosmos interroge sur la science, et sur la pratique du cirque qui tous deux modifient nos limites et no rapports à la réalité, et donc à nos rêves. Avec la conclusion évidente que tout est relatif, sauf le besoin de survie qui nous oblige à regarder le ciel, puisque c'est là qu'on peut lire à la fois le passé et le futur.
Le résultat surprend, enchante, parfois bouleverse, notamment quand la démonstration nous est faite que l'amour défie le temps.
On se rappellera aussi la phrase de Kennedy : nous choisissons d'aller sur la lune, non pas parce que c'est facile, mais parce que c'est difficile.
On méditera bien entendu sur la puissance (et les limites) de la passion rassemblant un groupe de personnes immergées dans un milieu qui leur est a priori défavorable. Ce qu'il faut de ferveur pour gagner la reconnaissance de ses pairs ! Le théorème de Marguerite, en ce moment au cinéma, en est une autre démonstration.
Cosmos de Kevin Keiss et Maëlle Poésy
Mise en scène Maëlle Poésy.
Avec Caroline Arrouas, Dominique Joannon, Elphege Kongombé Yamalé, Liza Lapert, Mathilde-Edith Mennetrier.
A L'Azimut - Théâtre La Piscine, Châtenay-Malabry les 24 et 25 janvier 2024Le spectacle sera ensuite accessible le 27 mars au Centre d'Art et de Culture de Meudon
Du 3 au 7 avril au Théâtre National de Strasbourg - TNS
et le 16 avril 2024 au Préau - Centre Dramatique National de Normandie - Vire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire