Je connais bien le musée Rodin que j'ai visité plusieurs fois, mais, et j’en sui la première surprise, je ne lui ai jamais consacré de publication ici. je vais aujourd'hui concentrer le propos sur une exposition consacrée à l’artiste britannique Antony Gormley qui y est accueilli pour la première fois, et cela jusqu’au 3 mars.
Autant dire qu’il ne reste que quelques semaines pour découvrir cette exposition inédite... d’un artiste qui depuis plus de 40 ans explore les relations de l’homme à l’espace qui l’entoure à travers le corps humain.
Intitulée Critical Mass, l’exposition se déploie dans tous les espaces du musée, jardin, salle d’exposition temporaire, galerie des marbres, collections permanentes.
Composée de soixante sculptures de taille humaine (même si je n’en ai compté que 45, tous des hommes au demeurant), l’installation principale occupe la salle d’exposition temporaire et le jardin. L’effet de nombre devient saisissant. Dans cette œuvre majeure, Gormley identifie douze positions fondamentales du corps humain, celles-ci ont été moulées cinq fois, puis placées dans différentes positions, recherchant des effets contradictoires et parfois absurdes, comme l’illustre la première photo que j’aurais envie de sous-titrer "La tête dans le mur".
On assiste à un empilement surprenant de corps comme s’ils avaient été jetés à terre. D’autres sont suspendus.
L’œuvre souligne la matérialité de la sculpture et celle du corps, selon les changements de position, de contexte, et de la prise de risques.
Dans le jardin du musée, rampant, accroupi, à genoux, debout, Critical Mass se déploie en une ligne de douze corps, bruts de fonderie, se dirigeant vers La Porte de l’Enfer de Rodin dans un élan dans lequel ils sont autant en déséquilibre qu’immobiles.
En complément, on trouve les Printed models (2023) qui ont servi à concevoir les grand format précédemment évoqués. Dans le couloir du premier étage sont positionnés 226 carnets de notes, comportant des croquis réalisés entre 1977 et 2019 qui, souvent évoquent le travail de Mesnager.
On peut voir également six Insiders dans la galerie des marbres et quatre sculptures qui dialoguent au cœur de l’hôtel Biron avec les chefs d’œuvres de Rodin, un vis-à-vis qui interroge le rapport de la sculpture au corps. Quand on regarde attentivement ce bronze ruissselant debout (intitulé Compact, 2017, 176 cm de hauteur, photo ci-dessus à droite) on finit par ressentir un appel poétique qui invite à en faire le tour.
Je m’interroge néanmoins sur ce qui pourrait se produire dans un siècle. S’il y avait un retour du réalisme, à la manière de celui de Rodin, pensez-vous que l’on ferait alors aussi facilement dialoguer les oeuvres avec celles d’Antony Gormley ?
J’ai profité de cette visite pour admirer une nouvelle fois les oeuvres principales de Rodin, aussi bien dans le musée comme les mains de La Cathédrale (1908) que dans les jardins où se trouve, je le signale en raison de la gentillesse de l’accueil qui y est prodigué, un salon de thé joliment baptisé Augustine.
A propos de cette oeuvre majeure il faut signaler qu'il s'agit de deux mains droites (donc de deux personnes différentes) qui n'ont pris ce titre de Cathédrale qu'au moment où Rodin publia son ouvrage éponyme en 1914. Initialement on parlait d'Arche d'alliance. A la réflexion il est vrai qu'on peut considérer que les courbes ascendantes des doigts évoquent les lignes architecturales gothiques qui, d'ailleurs, fascinaient le sculpteur.
Ces mains font partie d'une grande série car Rodin a souvent représenté cette partie du corps humain. Pour preuve, on aperçoit derrière, à gauche, Le secret, taillé dans le marbre en 1909 par son assistant Louis Mathet.
La précision et la délicatesse de l’orpheline alsacienne de marbre blanc (non photographiée) est toujours stupéfiante.
Il faut aussi souligner l’intérêt de visite ce musée pour y voir des œuvres ayant appartenu au sculpteur comme trois splendides Van Gogh dont Le Père Tanguy (ci-dessous), un Renoir typique mais peu représenté, et un tableau de Monet peint à Belle-Ile-en-Mer.
Critical Mass d’Antony Gormley
Du 17 octobre 2023 au 3 mars 2024
Musée Rodin 37 rue de Varenne - 75007 Paris
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h 30 - Fermé le lundi
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