Mardi 16 et Mercredi 17 Janvier avait lieu le salon Museum Connections au Parc des expositions de la Porte de Versailles. J’avais étudié le dossier de presse et la liste des exposants en amont et j’avais noté un certain nombre de stands où je voulais recueillir des informations complémentaires.
Sur le plan de la superficie, le salon n’est pas très étendu. Pourtant je n’ai absolument pas pu faire, en une seule journée, tout ce que j’avais prévu. D’autant que je me suis laissée séduire par une conférence sur la Médiation sensible : pour une expérience émotionnelle des musées et sites patrimoniaux de presque une heure trente, certes intéressante, mais qui ne m’a pas appris grand chose puisque la médiation sensible, tout le monde en fait plus ou moins comme Monsieur Jourdain parlait en prose avant d’en connaître le terme. Et j’ai trouvé drôle que les slides des intervenants (pardon, diapositives) soient illisibles, même depuis le premier rang.
De toute façon, les musées ont beaucoup évolué, plutôt positivement, en proposant des programmes très qualitatifs, censés concerner une multitude de publics. De mon point de vue d’utilisatrice, il me semble que, peut-être à force de vouloir parler à tous, on ne sait plus faire simple. Et je suis persuadée que rien ne peut remplacer le "guide" humain qui, lorsqu’il est cultivé, passionné et capable de s’adapter à son groupe, nous laisse un souvenir impérissable en nous apprenant aussi quelque chose. C’est d’ailleurs ce qu’a bien compris le musée de Loctudy, qui fait vivre l’histoire de la conserverie, et dont la responsable, Kathleen Bouquet, intervenait dans cette conférence.
Ce carrefour m'a permis de faire brièvement connaissance avec la créatrice de Inclu&Sens dont il se trouve que j'avais énormément apprécié la bulle sensorielle qu'elle a installée au Musée de la Marine (et dont je parlerai très prochainement. Les photos ci-dessous donnent un aperçu de l'endroit).
Manifestement, la grande tendance est à l’interactivité tous azimuts, sous l’impulsion de starts-up innovantes et dont les promesses semblent infinies, en termes de langues, de formats, de durées … 116 exposants étaient répertoriés sous le label "TECH". Ils composaient l’essentiel des arrêts proposés en visite de presse. Le souci fut que leur présentation, et c’est un paradoxe, était si complexe que je n’ai pas été capable, pour aucune, d’en estimer l’intérêt et la plus-value du premier coup d’œil alors que je me sens compétente pour jauger la lisibilité d’un cartel sans même devoir prendre le temps de le lire.
Bien entendu, je me suis promis de revenir voir dans la journée les trois ou quatre de ces jeunes entreprises qui m’ont néanmoins semblé apporter un vent de fraicheur. Comme celle qui travaille en réalité augmentée sur le hangar Y de Meudon, mais j’ai été "happée" par autre chose au cours des heures qui ont suivi. Surtout par la personnalité de quelques exposants (prouvant que c’est bien le facteur humain qui est prépondérant) qui, systématiquement me détournait de ma recherche des stands dont j'avais pourtant bien noté le numéro, sage précaution car plusieurs exposants sont notés à un nom différent sur le livret guide de visite.
C'est la raison pour laquelle je n'ai jamais retrouvé Quatrium ni Aglaé dont le concept de végétal luminescent m'avait interpelée. Ayant noté les références des stands, et après avoir passé en revue tout le catalogue depuis, j'ai vu que la première société figurait à la lettre C comme Clarte-Lab et la seconde au U sous le nom de USKA dans le catalogue. Je me promets de faire des investigations pour en savoir davantage sur leurs propositions. Tout comme de ce que fait Tonwelt qui a notamment développé une visite pour la Cité du vin.
En tout cas, j'ai malgré tout eu le temps de rassembler les coordonnées d'entreprises vraiment intéressantes comme Ask Mona qui utilise l'intelligence artificielle pour faire parler les oeuvres d'art.
Cette tendance capitale à introduire le numérique dans les parcours de visite fera très probablement l'objet d'un article spécifique même si je pense que laisser un mur d’images à portée de main sans aucune explication n'aura jamais autant de puissance que le recours à l'humain.
Une autre catégorie était majoritairement représentée, sous le diminutif de SHOP. En effet les établissements culturels, au sens large, ont tous un espace boutique et là encore il y a eu une amélioration considérable en terme de niveau de qualité et de pertinence de proposition. Je citerai par exemple (encore une fois) le Musée de la Marine qui propose ce duo poivrière-salière de Qualy.
Mais aussi des torchons du modèle Sardine de Valérie Leroux, tissées par Moutet.
Fondée en 1874, à Orthez, Tissage Moutet est un fabricant français, qui travaille dans le respect de la tradition et des normes sociales et environnementales et dont j'ai souvent parlé sur A bride abattue. Leurs torchons sont de grande qualité et ils ont eu des idées novatrices comme par exemple en 2015 avec leurs para-tapas. Cette mini serviette de 15 x 20 cm (dont vous avez un exemple ci-dessous à droite) ravit les gourmands qui souhaitent préserver la planète mais sans se salir les doigts.
On voit combien le bâtiment de l'Opéra peut faire l'objet d'un graphisme élégant. Je pourrais mentionner la Comédie Française où l'on trouve des objets très particuliers qui sont porteurs de sens.
Olivia Giacometti, qui est un nez reconnu, a composé 5 senteurs évoquant les Coulisses, les Ateliers, la Blanchisserie et les Réserves de ce théâtre prestigieux, mais aussi le Fauteuil de Molière.
Stefania di Petrillo a quant à elle imaginé la collection "Housses de scène" en s'inspirant de celles que les tapissiers de la Comédie-Française emploient pour protéger et inventorier les meubles de scène. L'ensemble se décline en pochettes et sacs de toile sonne à l'identique de celle utilisée par l'atelier. On peut ainsi acquérir un sac, une housse d'ordinateur ou de tablette, un étui à lunettes ou même un plaid.
La catégorie Shop rassemble des entreprises qui ont grandement l'habitude des salons et qui ont une antériorité de communication leur permettant d'être vite repérée. Mais elles aussi ne figurent pas toujours sous le même nom sur leur stand et dans le livret de visite. Comme les Baumes du Hibou qui sont enregistrés sous le nom de Le secret naturel et que je pensais s'appeler Anna &Chatelard en les confondant avec Les savons de Marseille.
J'avais photographié ce panier dans l'espace Pop-up Store qui, organisé autour de six tendances, pointait 65 produits d' entreprises qui donnaient franchement envie qu'on les rencontre. Par exemple Fourmi, mais le temps m'a fait défaut.
Il est logique qu'on passe du temps en premier lieu sur les stands dont on a noté le nom la veille de notre venue. C'est ainsi que j'ai discuté avec Arminé et Frédéric Kombadjian de Sacasalades qui, en plus de leur gamme de sacs antigaspillage lance un nouvel accessoire qui permet la cuisson à l’étouffée. Baptisé Cap-Couv, ce sous-couvercle en coton nid d’abeille, donc absorbant, se fixe sur le couvercle habituel de la casserole ou du faitout dont il rend le couvercle pratiquement hermétique. Le procédé est efficace pour prolonger la cuisson alors que le feu est éteint, mais aussi utile pour cuire à l’étouffée ou encore maintenir les aliments au chaud en diminuant de 40 %* à 50 % la consommation d’énergie liée au temps de cuisson. Je vais les tester … et en reparler.
J'ai également été heureuse de revoir l'équipe des Anis de Flavigny dont la marque s'inscrit dans des souvenirs d'enfance et dont j'ai noté les multiples progressions.
Le but était aussi de faire des découvertes. S'il y a un grand choix dans des produits somme toute classiques comme les savons (même si parfois c'est très réussi comme ci-dessous) par Les savons de Simone.
Ou encore davantage dans les sacs que l'on trouve dans tous les niveaux de gamme. J'en reçois des dizaines chaque année et je deviens suis assez légitime à donner un avis. Cela fera l'objet d'une publication spécifique. Je citerai malgré tout ici, d'une part Brodelec parce que c'est une entreprise installée près d'Orléans, dans une région qui m'est chère, où la confection et l'impression sont 100% françaises, la plupart en coton recyclé.
Ils font notamment des sacs plus petits, d'un format idéal pour y glisser un petit carnet de notes et le smartphone, tellement facilement subtilisante dans un grand sac porté à l'épaule qu'on n'a guère envie de courir le risque. Et puis ce sont aussi eux qui impriment le sac pour la boutique du château de Cheverny que je connais très bien.
Evidemment Indispensac qui, outre le fait que ce soit ce fabricant qui ait remporté le marché du sac de Museum Connections, a des valeurs perma-industrielles que je partage complètement. Créée par les salariés des Tissages de Charlieu, près de Roanne, c’est une intra-entreprises qui s’est lancée en 2015 avec une première commande symbolique, basée sur le recyclage de pulls et jeans usagé, de 20 000 sacs distribués lors de la COP 21.
En mars 2020, face la pénurie sans précédent de masques chirurgicaux, l'entreprise démontre que la désindustrialisation de l'industrie textile française (majoritairement en Chine et en Inde) n'est pas une fatalité et produit 15 millions de masques lavables et accessibles en terme de prix qui offre aussi l'avantage d'une économie de 34 000 Tonnes de Co2 et la préservation de 400 emplois sur cette période.
Depuis, Indispensac continue à fabriquer, en France des sacs et packaging textiles accessibles, éco-responsables, socio-responsables et créatifs. Par exemple pour Auchan avec ce cabas clamant "je suis inoubliable".
Century Box Mainetti soigne les sacs (surtout en papier) que la société conçoit (comme par exemple pour le musée de la toile de Jouy dont j'ai reconnu le style). C'est une maison qui compte.
Il aurait fallu que je parle un peu des stylos, même si on entre cette fois dans une catégorie plus promotionnelle que "objets vendus en boutique de musée". Ce n'est pas évident de disposer d'un outil scripteur qui glissera aussi vite que souhaité sur le papier et qui ne vous lâchera pas en plein interview après quelques jours d'usage. Dream Act fait fabriquer, en Espagne, de véritables Bic, garantis 100% sans dérivé pétrochimique (hormis la cartouche d'encre, cela va de soi). Il est bon de savoir que si à l'inverse tout ce qui est métal viendra de Chine mais que les "4 couleurs "sont faits en France.
C'est mentionné en relief sur le stylo et on peut le vérifier sur celui (aux couleurs très originales) fait pour le salon et que j'utiliserai avec grand plaisir dès que je lui aurai trouvé un ruban assorti, en piochant dans ma réserve glanée chez Mokuba, pour ne pas risquer de me le faire subtiliser.
Dream Act a pour promesse de sélectionner des objets médias utiles et respectueux de la société et de l'environnement. La photo ci-dessus est prise sur l'envers d'un carré de papier biodégradable contenant des graines de tomates … que je mettrai en terre le moment venu.
D'autres objets ont retenu mon attention. Ainsi les boites à musique de Belle Lurette qui associe musique et design aux goûts de ses clients … en ayant bien du mal à les orienter vers une autre partition que celle de La vie en rose, son best-seller
Ou encore Oli&Carol qui présente, en collaboration avec le Mouvement Bauhaus, 4 jouets durables en caoutchouc naturel, interactifs et éducatifs pour bébés et enfants. Ils sont basés sur la géométrie et l'abstraction, s'efforçant de combiner l'esthétique avec la fonction quotidienne. L'objectif est de rapprocher l'art des enfants tout en les initiant aux couleurs et formes de base qui les entourent.
Cette entreprise espagnole a fait des anneaux et objets de dentition sa grande spécialité dont voici quelques exemplaires représentatifs de leur style.
J'ai beaucoup aimé aussi les serre-livres de Novellix en tôle d'acier, même si la fabrication n'est pas française, mais suédoise. On ne peut pas être toujours chauvin tout de même. C'est avant tout une maison d'édition spécialisée dans la nouvelle afin d'encourager la lecture par une expérience plus accessible que le roman.
Je vais terminer avec un produit alimentaire qui, lui aussi, peut devenir source de communication. Il s'agit des thés de la maison de thé indépendante et familiale Tea&Cie, installée à Vannes depuis 2003. Leur objectif est de traduire un message en émotion réelle ou imaginaire.
Leurs clients sont des salons de thé, des épiceries fines ou des musées, comme celui de la Toile de Jouy (dont je vous recommande la visite) qui décidément est indirectement présent ici. C'est logique quand on connait la diversité et la qualité de sa boutique.
J'ai voyagé avec Soleil d'Orient, d'après le nom d'un vaisseau de Louis XIV. Stéphan Masquelin a mélangé thé vert et thé noir avec des épices douces et des agrumes. Il m'a vivement intéressée en m'apprenant que la Bretagne ferait au printemps prochain sa première récolte de thé.
En conclusion un salon dont le thème est très intéressant, qui présente effectivement de quoi inspirer l'expérience culturelle et touristique de demain, où l’on est bien accueilli, mais qui a encore une marge de progression en terme de signalétique (comment se fait-il après 29 éditions qu’on cherche plusieurs minutes un stand dont on a pourtant la bonne référence en termes de lettre et de numéro ?) et dont j'ai, photo à l'appui, totalement adopté le sac.
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Article illustré par une photo d’un groupe de bâtiments du Papalote Museo del Niño ouvert depuis 1993 à Mexico qui est pour moi un très bon exemple de combinaison entre fond et forme. Situé à Mexico, dans le secteur de Chapultepec, ce musée est axé sur l'apprentissage, la communication et le travail en commun à travers des expositions interactives sur la science, la technologie et l'art pour les enfants.
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