Il fallait bien que ça arrive un jour, je ne suis pas ressortie enthousiaste par le film surprise de l'AFCAE de janvier. Je ne dirai pas qu'il n'a pas de qualités mais ses travers m'ont exaspérée.
Je plébiscite le principe de ne pas connaitre le titre de l'oeuvre avant d'arriver dans la salle. Par contre, lorsqu'on est ainsi dans la plus grande des découvertes on est très sensible aux premières minutes.
Le trajet en voiture qu'effectue le personnage principal, dont il me semblait qu'il pouvait s'agir du profil d'Emmanuelle Devos, aperçu furtivement dans le rétroviseur, quand l'image s'affranchissait de la pénombre, m'a paru très long. Admettons que l'intention du réalisateur Joachim Lafosse était d'installer une forme d'angoisse. En plissant les yeux pour augmenter mes capacités de perception j'ai remarqué une discrète larme glisser le long de la joue de l'actrice.
La musique évoque celle que composait Michel Legrand au piano. Il se trouve que je reconnais By the Roes, and by the Hinds of the Field de Jóhann Jóhannsson qui est un compositeur islandais, habitué à produire de nombreuses œuvres pour le cinéma, le théâtre, la danse et la télévision depuis le début des années 2000. Figurant sur l'album Elegy for Lost Time (UMG Recordings, 2023), ce morceau apporte une touche nostalgique.
J'étais, je le répète, attentive pour comprendre le thème du film. Du coup, le nombre de plans tournés dans une voiture a fini par me donner une sensation d'étouffement. C'était sans doute voulu. J'ai quitté le cinéma épuisée d'avoir parcouru au moins 40% de la séance enfermée dans l'habitacle d'un quatre roues.
La plupart des plans, qu'ils soient en voiture ou dans la maison des protagonistes, se déroulent en faible lumière, voire dans l'obscurité et avec peu de dialogues. Paradoxalement, on compris vite que l'avocat et père de famille (Daniel Auteuil) cache un secret et comme on suit les actualités on devine qu'il s'agit d'événements inspirés de faits réels que nous avons suivis sur les écrans et que l'affaire qui est étouffée est une affaire de pédopornographie, en vertu du syndrome que je désignerai sous l'expression du pompier pyromane. Tel est effectivement le sujet de Un silence.
A partir de là, je n'ai plus du tout eu d'intérêt à savoir pourquoi il est attiré par les jeunes enfants, pourquoi sa femme Astrid le soutient totalement avant de le lâcher 25 ans plus tard, pourquoi son fils va mal (la réponse est tellement évidente) … Je saisis des bribes de paroles : Surtout tu dis rien à papa … Si toi tu lui expliques pas, je peux compter sur qui ? Qui ?
Si en tant que spectateur on ne me met jamais dans la confidence mon esprit s'échappe. Restent des interprétations excellentes, forcément, avec des acteurs qui jouent parfaitement la partition qu'on leur a donnée.
De ce réalisateur j'avais vu il y a deux Les intranquilles, que j'avais beaucoup aimé. Je devine le penchant de Joachim Lafosse pour l'intime et ses frontières. Et sa volonté à laisser le public conclure lui-même en ne révélant surtout pas de fin.
Un silence de Joachim Lafosse
Avec Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Matthieu Galoux, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte …
En salle le 10 janvier 2024
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