
Le nouvel album du pianiste et compositeur libano-français, commence par de délicates notes de flute sur Réfractions (piste 1) auxquelles répond le piano puis plus timidement le violoncelle.
Le dialogue se noue ensuite, rejoint par l'oud. Nous sommes néanmoins clairement dans le registre musical du "classique". L'album a été conçu en quatre binômes, et en adoptant la structure du contrepoint, ce qui explique sans doute sa fluidité. On s'aperçoit à peine que nous sommes passés d'un morceau à un autre. Il aura fallu que le tempo de Fluctuations (piste 2) s’accélère un peu pour qu’on le remarque. Ensuite le ralentissement final à partir de 4 minutes 30 permet cette fois de comprendre qu’il va s’achever.
Voici donc un second tandem avec Azur (piste 3) et Alizé (piste 4). De fait l'oud s’impose en majesté sur Azur et nous fait réaliser qu'on a basculé dans un autre registre. Peut-être aussi parce que cet instrument est moins familier à nos oreilles. Quant à Alizé, c’est un morceau complètement différent. On y perçoit de la joie, une pointe de mélancolie et quelque chose d’entrainant, comme une danse.
Les premières notes du pêcheur solitaire (piste 5) m’ont laissé croire que c’était une reprise de La chanson des vieux amants (1967), si bien interprétée par Jacques Brel lorsqu’il promet :
Mais mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amourDe l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais.
J’ai aussi reconnu sur Anima (piste 7) à 2 ' 06 (et 4' 42) quelques accents de l'hymne anglais.
On adore Il Vento (piste 8) qui donne son nom à l'album et qui semble être la synthèse de tout ce qui précède en nous invitant lui aussi à danser.
L’ensemble nous fait penser tour à tour aux couleurs orientales d'un Anouar Brahem, aux ambiances éthérées d'un Tigran Hamasyan ou encore à la poésie d'un Claude Debussypour peu qu'on accepte de fermer les yeux pour se laisser emporter par la magie de ces compositions uniques.
Wassim Soubra est né à Beyrouth. Initié au piano dès l’âge de 4 ans, il quitte le Liban en 1974 en raison de la guerre civile et s’installe en France, où il poursuit des études de droit. Diplômé en 1978, il retourne à Beyrouth, où sa passion pour la musique et le piano prend un tournant décisif. En 1980, il est admis au Conservatoire de musique de Boston, marquant le début d’un parcours musical prometteur.
Deux ans plus tard, il s'installe à Paris pour approfondir ses études de piano à l’École Normale de Musique, où il obtient en 1986 une licence en pédagogie pianistique. Parallèlement, il se forme à la danse et explore l’art du mouvement pendant dix ans, une expérience qui enrichit sa pratique musicale. C’est dans ce cadre qu’il découvre l’improvisation, un terrain fertile pour son évolution en tant que compositeur..
Wassim Soubra poursuit ensuite sa formation en composition musicale à la Schola Cantorum de Paris sous la direction de Pierre Doury et Michel Merlet. Il y étudie le contrepoint, l’harmonie et l’orchestration, perfectionnant ainsi sa maîtrise des codes de la musique classique occidentale, tout en y intégrant les sonorités et traditions orientales.
Il écrit pour le piano solo, des trios, des quatuors et des quintettes, mais aussi pour des œuvres plus vastes comme des opéras et des oratorios. Il utilise la grammaire musicale classique pour tisser des récits ancrés dans la mythologie, traduire les échos de son enfance et créer des paysages sonores culturels alliant traditions et modernité dans une harmonie captivante. Ses compositions, marquées par un dialogue subtil entre Orient et Occident, se distinguent par leur mélodies pures qui plongent la musique classique aux confins de la musique du monde avec une large richesse narrative.
Artiste de scène accompli, il présente ses œuvres en solo ou en collaboration avec des ensembles prestigieux, se produisant dans des lieux et festivals renommés à travers le monde : le Palais de l’UNESCO à Paris, le Cadogan Hall à Londres, le Festival de Baalbek au Liban, le Festival de musique arabe de Montréal, ou encore le Festival de l’Union européenne à Paris.
Wassim Soubra s'est fait connaître du grand public au début des années 2000 avec son projet Bach to Beirut qui rendait hommage à la musique de J.S. Bach sur des consonances orientales (piano, oud, percussions). S'ensuivit un album de piano solo produit par l'Institut du Monde Arabe (Sonates Orientales) qui lui ouvrit les portes des grandes salles de concert.
Il Vento de Wassim Soubra
Sortie le 13 juin 2025 en digitalLe musicien va jouer plusieurs morceaux de l’album dans un lieu intimiste, ce samedi à 15h au Studio de Meudon au 37 rue d’Arthelon à Meudon.
Concert le 3 décembre 2025 en l’église Saint Julien le Pauvre de Paris
Les 5 et 6 décembre dans le grand auditorium de Clamart