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lundi 27 août 2012

Lampedusa de Maryline Desbiolles


Il n'y a pas que les adultes qui sont abreuvés de livres à la rentrée. Les jeunes ont droit à leur lot de nouveautés. Et parmi elles, le tout petit livre de Maryline Desbiolles, relativement peu connue comme auteur "jeunesse" même si elle a déjà publié Aïzan dans la collection Medium de l'Ecole des loisirs il y a six ans.

La ville de Nice constituait le décor de l'histoire. C'est encore elle, cette fois le quartier Pasteur, au bord de la route longeant le Paillon, où la famille va migrer, précisément rue Joseph-Gazan.

Une famille amputée du père, qui aura auparavant du quitter le quartier des Traverses, à proximité des Bassins, où se trouvait l'appartement de la maison aux volets verts, à une vingtaine de kilomètres dans l'arrière-pays niçois. Sur une colline embaumant les genêts, à l'orée d'une forêt de pins. A proximité d'une allée de cèdres menant à une chapelle ancienne avec vue sur la mer. Le lecteur n'en saura guère plus.

Par contre Lampedusa lui sera décrite par le menu alors que la narratrice n'y a mis les pieds qu'en rêve. Il lui aura suffit de voir par hasard quatre pêches peintes par Chardin, le peintre de la lumière, pour que resurgisse le souvenir de l'île du rêve et du chagrin, ce qui à la lettre près est presque le nom du peintre.

On retrouve l'amour de Maryline Desbiolles pour la peinture (elle a publié les Draps du peintre en 2008 au Seuil), capable de nous recopier, juste pour le plaisir, et en avant-goût  d'un menu de noces, les titres des tableaux du maître, spécialiste des natures mortes (page 23). L'auteur aime les mots et leur musique, nous faisant observer que les Anglais désignent le genre sous le terme de still life, comme si les objets étaient animés d'une vie silencieuse, tout à fait comparable au souvenir qu'elle a de Lampedusa.

Une île de rêve au large de la Sicile. Pour sa mère qui pensait y aller en vacances et profiter des plages de sable blanc. Pour les immigrés qui comptaient y faire halte sur la route de la liberté, quand leur rafiot de fortune ne coulait pas avant.

Le chagrin ne fut pas tant de ne pas y aller mais de voir s'écrouler la vie quotidienne et de se trouver déracinée dans son propre pays. Heureusement qu'il y a des rencontres qui changent tout. Ce sera Madame Goiran, la voisine veuve et philosophe par obligation. Il y a ceux qui ont perdu un proche et les autres. Toi et moi savons quelque chose qu'ils ne savent pas encore.(page 39)

Ce sera aussi Fadoun, l'indocile somalienne qui danse sous la pluie, oiseau migrateur venu de très loin.

Entre les souvenirs bien réels attribués à la vieille dame et les questions de la petite fille d'autrefois le lecteur ressent l'ambivalence entre les grandes et les petites choses. Ce livre est mince mais il ne faut pas s'y fier, le propos ne l'est pas.

Lampedusa de Maryline Desbiolles, Illustration de couverture de Rascal, collection Médium (pour les 12 à 16 ans), Ecole des loisirs, 77 pages, 6,50 € 
A paraître le 30 Août 2012

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