Je vous ai présenté hier la philosophie du Théâtre du Peuple de Bussang, après en avoir retracé la fondation, tout en mettant l'accent sur la façon que l'on a de vivre le moment.
C'est un billet qu'il faut lire si on ne connait pas cet endroit si particulier. Il en donne en quelque sorte le mode d'emploi.
J'avais parlé de deux spectacles qui sont à l'affiche en ce moment, Macbêtes et Lady First.
La journée sera totalement shakespearienne avec Mon coeur pour un sonnet et Le Songe d'une nuit d'été.
Une idée toute estivale pour profiter pleinement des lieux : jumeler avec un Pique-Nique Insolite dans la clairière.
Pour accéder au contenu de ce billet, cliquez sur "plus d'infos" et pour voir les images plein écran il suffira d'ouvrir la première et les autres suivront.
Mon coeur pour un sonnet
C'est toujours Vincent Goethals, le directeur du Théâtre qui accueille le public, même dans cette petite salle appelée Camille de Saint-Maurice, en hommage à l'épouse du créateur du théâtre du Peuple, Maurice Pottecher.
Il aime y donner carte blanche. Cette fois c'est à Sébastien Amblard qui est artiste associé ici depuis 2012 (que l'on verra un peu plus tard dans le Songe) et à Aurélie Barré qui avait dansé le Sacre du Printemps l'an dernier à Bussang, qu'il a proposé de bâtir une création qui soit cohérente avec le sujet des Estivales 2016, le grand Shakespeare.
Il a joué sous la direction de Stuart Seide. Alors il connaissait tous les sonnets et a voulu construire un espace poétique en utilisant des extraits. Ainsi est née cette forme théâtrale et dansée autour des Sonnets de Shakespeare, qu'ils interprètent tous les deux, souvent en miroir.
Il est en blanc. Elle est vêtue de noir. Le spectacle commence sur la musique de Green Leaves, très représentative de la période baroque shakespearienne (qui a largement inspiré à Jacques Brel sa chanson Amsterdam). Il se déroule à la manière d'un puzzle, en juxtaposant des textes tout en joignant à la parole le geste de déplacer des tabourets. Et le spectacle progresse à l'instar d'une partie d'échecs.
Ces simples objets, tout de même faits spécialement (par les ateliers de l'Opéra de Metz) afin de garantir leur solidité et leur emboitement entrent dans la voiture du comédien qui dispose ainsi d'une scénographie facilement transportable.
Aurélie se dépouillera de ses vêtements pour libérer son corps, simplement habillée d'une robe blanche semée de fleurs rouges que l'on n'imagine davantage être une robe de demoiselle d'honneur d'un mariage à la campagne qu'une tenue pour danser. Et pourtant oui. Il suffit de quitter les chaussures à talons rouges qui font penser à celles que porte Judy Garland dans la Magicien d'Oz.
Les rôles peuvent s'inverser. Parfois l'acteur danse et la danseuse récite. Autant Sébastien est très à l'aise chorégraphiquement parlant autant Aurélie a une marge de progrès pour réussir à poser sa voix mais ce qu'elle fait sur scène est déjà remarquable et très intéressant. L'épisode chanté est très joli.
On aimerait que les morceaux choisis soient publiés car ils sont beaux. C'est quand mes yeux sont fermés que mes yeux voient le mieux. Comme c'est romantique !
On pense aussi à Charlie Chaplin agitant une rose dans les Lumières de la ville. On se souvient des musiques de Michel Legrand. Et on trouve que l'Histoire d'un amour interprétée par Dalida est finalement tout à fait raccord. Le piano ensuite installe une sorte de jeu de cache-cache. c'est Vincent qui l'a lui-même écrite.
Le choix de Benjamin Britten quand elle recule sur la jetée (imaginaire) est tout à fait opportun. Celui de Brahms l'est tout autant. Ce sont des bourreaux de travail et ils estiment que leur proposition doit encore évoluer. Il n'empêche que je l'ai trouvée fort intéressante, évoquant de nombreux moments qui appartiennent à ce que j'appellerais notre "inconscient artistique".
A 12 heures les mercredis, jeudis et vendredi du 4 au 26 août
Le Songe d’une nuit d’étéC'est un billet qu'il faut lire si on ne connait pas cet endroit si particulier. Il en donne en quelque sorte le mode d'emploi.
J'avais parlé de deux spectacles qui sont à l'affiche en ce moment, Macbêtes et Lady First.
La journée sera totalement shakespearienne avec Mon coeur pour un sonnet et Le Songe d'une nuit d'été.
Une idée toute estivale pour profiter pleinement des lieux : jumeler avec un Pique-Nique Insolite dans la clairière.
Pour accéder au contenu de ce billet, cliquez sur "plus d'infos" et pour voir les images plein écran il suffira d'ouvrir la première et les autres suivront.
Mon coeur pour un sonnet
C'est toujours Vincent Goethals, le directeur du Théâtre qui accueille le public, même dans cette petite salle appelée Camille de Saint-Maurice, en hommage à l'épouse du créateur du théâtre du Peuple, Maurice Pottecher.
Il aime y donner carte blanche. Cette fois c'est à Sébastien Amblard qui est artiste associé ici depuis 2012 (que l'on verra un peu plus tard dans le Songe) et à Aurélie Barré qui avait dansé le Sacre du Printemps l'an dernier à Bussang, qu'il a proposé de bâtir une création qui soit cohérente avec le sujet des Estivales 2016, le grand Shakespeare.
Des sonnets qui ouvrent de vastes horizons sur le monde, le temps, l’amour, la mort.Qui bousculent les genres, les sexes...Une exploration par le corps et la voix de ces sonnets pour qu’ils résonnent en chacun.Expressions de la pulsion d’Eros amenant des réflexions sur la procréation, la jalousie, le désir de possession ou encore les ravages du temps à partir de thèmes universels tels que l’amour et la mort, le beau et le bien. Entre esthétique et éthique, les sonnets bousculent les genres, les sexes et les étiquettes.Sébastien a rencontré Aurélie à la Popote (j'explique dans l'article précédent que cet ancien relais de Poste accueille l'équipe au complet pour déjeuner et dîner touts les jours en saison). Il a la passion du théâtre (mais il connait bien la danse dont il maitrise les bases). Elle a la passion de la danse (et commence à jouer au théâtre).
Il a joué sous la direction de Stuart Seide. Alors il connaissait tous les sonnets et a voulu construire un espace poétique en utilisant des extraits. Ainsi est née cette forme théâtrale et dansée autour des Sonnets de Shakespeare, qu'ils interprètent tous les deux, souvent en miroir.
Il est en blanc. Elle est vêtue de noir. Le spectacle commence sur la musique de Green Leaves, très représentative de la période baroque shakespearienne (qui a largement inspiré à Jacques Brel sa chanson Amsterdam). Il se déroule à la manière d'un puzzle, en juxtaposant des textes tout en joignant à la parole le geste de déplacer des tabourets. Et le spectacle progresse à l'instar d'une partie d'échecs.
Ces simples objets, tout de même faits spécialement (par les ateliers de l'Opéra de Metz) afin de garantir leur solidité et leur emboitement entrent dans la voiture du comédien qui dispose ainsi d'une scénographie facilement transportable.
Aurélie se dépouillera de ses vêtements pour libérer son corps, simplement habillée d'une robe blanche semée de fleurs rouges que l'on n'imagine davantage être une robe de demoiselle d'honneur d'un mariage à la campagne qu'une tenue pour danser. Et pourtant oui. Il suffit de quitter les chaussures à talons rouges qui font penser à celles que porte Judy Garland dans la Magicien d'Oz.
Les rôles peuvent s'inverser. Parfois l'acteur danse et la danseuse récite. Autant Sébastien est très à l'aise chorégraphiquement parlant autant Aurélie a une marge de progrès pour réussir à poser sa voix mais ce qu'elle fait sur scène est déjà remarquable et très intéressant. L'épisode chanté est très joli.
On aimerait que les morceaux choisis soient publiés car ils sont beaux. C'est quand mes yeux sont fermés que mes yeux voient le mieux. Comme c'est romantique !
On pense aussi à Charlie Chaplin agitant une rose dans les Lumières de la ville. On se souvient des musiques de Michel Legrand. Et on trouve que l'Histoire d'un amour interprétée par Dalida est finalement tout à fait raccord. Le piano ensuite installe une sorte de jeu de cache-cache. c'est Vincent qui l'a lui-même écrite.
Le choix de Benjamin Britten quand elle recule sur la jetée (imaginaire) est tout à fait opportun. Celui de Brahms l'est tout autant. Ce sont des bourreaux de travail et ils estiment que leur proposition doit encore évoluer. Il n'empêche que je l'ai trouvée fort intéressante, évoquant de nombreux moments qui appartiennent à ce que j'appellerais notre "inconscient artistique".
A 12 heures les mercredis, jeudis et vendredi du 4 au 26 août
A 15 heures dans la grande salle du mercredi au dimanche du 4 au 27 août
Guy-Pierre Couleau en avait le projet depuis deux ans. C'est d'ailleurs lui qui a suggéré à Vincent Goethals de consacrer l'édition 2016 des Estivales à Shakespeare. Qui ne rêverait pas de monter le songe à Bussang ? Un théâtre tout de bois qui fait penser au Globe londonien. Une pièce dans la pièce, jouée par des artisans, dans l'esprit voulu par Maurice Pottecher ! Un hymne à la nature qui justifie complètement l'ouverture du fond de scène sur les arbres ! Et l'horaire de 15 heures permet par exemple aux alsaciens de venir voir la création en faisant l'aller-retour dans la journée.
On jurerait que cela a été écrit pour un tel lieu. La traduction de Françoise Morvan et André Markowicz est fidèle et néanmoins proche de nous.
Je suis heureuse que la pièce annonce déjà une tournée (dont les parisiens profiteront en allant par exemple à Chatenay-Malabry (92) au Théâtre Firmin Gémier-La Piscine, lequel a conservé son nom d'origine, en hommage au fondateur du Théâtre National Populaire, 25 ans après Maurice Pottecher avec Buusang) mais je suis curieuse de savoir comment Guy-Pierre Couleau adaptera la scénographie à un espace clos et avec (peut-être, il n'a pas encore arrêté de décision) moins de comédiens.
Car ils sont vingt ici et personne n'est de trop. Professionnels et amateurs réunis, ce qui n'a pas été facile les premiers jours à entendre Jessica Vedel (Hermia), qui est devenue très vite admiratrice de leur investissement.
Qui ne connait pas l'histoire ? S'il le faut on fera quand même le pitch :
À Athènes, Thésée s’apprête à célébrer ses noces avec Hippolyte, la reine des Amazones. Dans la forêt avoisinante, Obéron, roi des fées, se dispute avec son épouse Titania, au sujet de leurs nombreuses conquêtes passées et présentes. Ajoutons deux couples d’amoureux contrariés – Hermia, qui est amoureuse de Lysandre mais promise à Demetrius, lequel est aimé d’Helena – et des artisans partis répéter une tragédie pour les noces de leur roi, sous la baguette du truculent Bottom.Tout ce petit monde finit par se retrouver dans la forêt, où les sortilèges d’Obéron, aidé par le lutin Puck, vont semer la confusion au cours d’une nuit dont personne ne saura vraiment si elle est un rêve, un jeu ou un fantasme.
Cela commence (et se termine) par des projets de mariage. D'abord tragiquement, avec le refus d’Hermia (Jessica Vedel) d’épouser Démétrius (Adrien Michaux) aimé d’Helena (Clémentine Verdier), et sa décision de s’enfuir avec Lysandre (Sébastien Amblard, qui par ailleurs interprète Mon coeur pour un sonnet) dans la forêt (oui, au début, pour les néophytes, il faut suivre ... et les choses ne vont pas s'arranger tout de suite. Elles vont même se compliquer grotesquement avec l'intervention des esprits, puis finalement tout est bien qui finit bien comme traditionnellement quand Shakespeare écrit une comédie.
C'est un enchantement que Guy-Pierre Couleau s'est attaché à rendre, sans abuser du décor, et c'est en cela que c'est magnifique : des jonchées de fleurs, des lumières lasers sautillantes de Laurent Schneegans, des costumes boticelliens (de Laurianne Scimemi) pour le monde de la forêt et des fées, résolument contemporains pour le reste, ...
... un masque de tête d'âne rarement autant réussi (de Kuno Schlegelmilch) pour Phil Pelote (François Kergourlay), devant interpréter Pyrame devant Thésée (Pierre-Alain Chapuis) et des maquillages enchanteurs (du même Kuno Schlegelmilch), notamment pour Rainer Sievert (Puck ou Robin Bon Garçon) que l'on ne s'étonne pas d'entendre en allemand, et pour cause.
La direction d'acteurs est serrée. Les comédiens ne se ménagent pas et c'est ce qui donne à la pièce toute sa vitalité. pour parvenir à concilier le corps et l'esprit comme dans une forêt japonaise comme me le dira Guy-Pierre Couleau.
Les spectateurs approuvent. C'est une comédie enchanteresse disait-on autour de moi à la sortie.
Selon la tradition de la convivialité propre à Bussang le kir de l'amitié a été partagé à l'issue du spectacle (en toute modération).
... un masque de tête d'âne rarement autant réussi (de Kuno Schlegelmilch) pour Phil Pelote (François Kergourlay), devant interpréter Pyrame devant Thésée (Pierre-Alain Chapuis) et des maquillages enchanteurs (du même Kuno Schlegelmilch), notamment pour Rainer Sievert (Puck ou Robin Bon Garçon) que l'on ne s'étonne pas d'entendre en allemand, et pour cause.
La direction d'acteurs est serrée. Les comédiens ne se ménagent pas et c'est ce qui donne à la pièce toute sa vitalité. pour parvenir à concilier le corps et l'esprit comme dans une forêt japonaise comme me le dira Guy-Pierre Couleau.
Les spectateurs approuvent. C'est une comédie enchanteresse disait-on autour de moi à la sortie.
Selon la tradition de la convivialité propre à Bussang le kir de l'amitié a été partagé à l'issue du spectacle (en toute modération).
Théâtre du Peuple - Maurice Pottecher
40 rue du Théâtre - 88540 Bussang
Tél : +33 (0)3 29 61 62 47 - info@theatredupeuple.com
Billetterie : +33 (0)3 29 61 50 48
Création au Théâtre du Peuple de Bussang
Tournée notamment auThéâtre Firmin Gémier / La Piscine, Antony les 3 et 5 mai 2017
Théâtre des Quartiers d’Ivry, Centre dramatique national du Val-de-Marne (qui s'appelle aussi Manufacture des oeillets) du 15 au 23 mai 2017
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Laurent Schneegans
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