Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles avaient "cartonné" au Théâtre Michel et c'est un vrai bonheur de les voir resurgir sur la scène du Lucernaire. La reprise a eu lieu ce soir devant une salle bondée et enthousiaste comme au premier jour.
Le trio a emballé le public que deux rappels n'ont pas réussi à rassasier.
Emmanuel Quatra (Jean-Edouard chemise verte), Benoît Urbain (Jean-Christophe, chemise orange) et Laurent Prache (Jean-Marc, chemise bleue) sont trois larrons qui s'en racontent de bien bonnes, et à nous aussi par la même occasion.
Les auteurs, Frédéric Rose et Vincent Jaspard ne craignent pas de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Avec eux il ne faut pas s'étonner de trouver Verlaine assis sur les marches de l'escalier (à croire qu'ils ont chassé l'inspiration auprès des statues du jardin du Luxembourg), de danser avec un prototype d'un genre indéfini, mi-femme/mi-homme, de nous apprendre la technique du regard qui en dit long, de percevoir des martiens clandestins ou de prendre des cours de cuisine sous l'eau. Si vous ne me croyez pas ... laissez tomber !
Le moins qu'on puisse dire est que Benoit, Laurent comme Emmanuel servent le texte en sourcillant à peine. On leur achèterait bien un morceau d'arc-en-ciel pour enjoliver notre quotidien.
Les jeux de mots fusent. Les jolies formules aussi : des fois, c'est tant pis dans la vie. Comme les définitions bien senties : l'immobilité morbide à remplir une grille de mots croisés ... Et les métaphores plus poétiques : Le ciel est une grande toile. On démonte. On roule et on range ... pour le laver.
Les sketchs s'enchaînent apparemment sans queue ni tête et pourtant il y a une logique sous-jacente, dans laquelle on se laisse happer progressivement, grâce à une mise en scène efficace signée Laurent Serrano et qui ne laisse aucune place à un quelconque temps mort.
Le numéro de marionnettes de Laurent Prache est remarquable. On ne regarde que ses mains et soudain apparait un garçon qui tente une manœuvre d'approche pour séduire la belle, assise sur un banc public. Le comédien ne se sert que de 4 doigts pour raconter toute la scène en gros plan.
Les intermèdes musicaux sont souvent époustouflants. Emmanuel Quatra ressuscite un Summertime Blues plus estival que l'original interprété par Eddie Cochran. Et tous ensemble nous font une jam comme Aznavour en 1962. On reconnaitra aussi une version très moderne de Laisse tomber les filles que chantait France Gall.
Et les élans me direz-vous ? Ils arriveront un peu par hasard ... puisqu'il n'y a que lui qui fait bien les choses.
Je ne sais pas être différent de ce que je suis, dit l'un d'eux. Il y a des gens faits pour agir, d'autres pour commenter les choses et c'est ce que nous faisons.
Ils le font à la perfection. Leur spectacle est certes décalé et loufoque mais il fait du bien. On passe avec eux un drôle de bon moment.
Les élans ne sont pas toujours des animaux faciles
Du 24 août au 6 novembre
A 21 heures du mardi au samedi, 19 heures le dimanche
Au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs - 75006 Paris
01 45 44 57 34
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