Quand Julie Andrieu a voulu enregistrer les premières émissions de la nouvelle formule elle se trouva fort dépourvue. Elle puisa donc des candidat(es) dans le vivier des blogs culinaires.
Voilà comment de cuillère en marmite, je me suis retrouvée à endosser à bride abattue la casaque de la maitresse de maison qui ne sait pas faire cuire … non pas un œuf mais du bœuf, enfin presque.
Le principe de l’émission est qu’un quidam (une personne normale, ordinaire) soumette un problème à un chef qui le lui résoudra en un tour de main grâce à son talent. Tout cela bien entendu devant les caméras après un minimum de préparation.
Paradoxalement il était plus simple de démarrer la série des tournages avec des personnes à l’aise en cuisine et qui ne soient pas non plus effrayées par l’imposant dispositif d’un plateau d’enregistrement.
La première émission sera diffusée demain avec un quidam masculin, et la seconde mardi avec un quidam féminin, qui se trouve être moi-même ici présente. Autant vous dire que je suis perplexe parce que je n'ai rien vu de la future émission.
Ce que je peux vous dévoiler ce sont quelques dessous pas très chics de cette aventure.
Quelques minutes sont consacrées au portrait de l’invité. Une équipe de journalistes m’a donc suivie toute une matinée, et pas n’importe laquelle puisque c’était le jour de la publication des résultats du BAC auquel mes deux enfants se présentaient. J’ai d’ailleurs semé les quatre hommes un petit moment sur le chemin qui allait au marché (fastoche : j’étais à vélo et eux en voiture. Ce me fut facile de bifurquer sur un trottoir le long d’un sens interdit).
Rassurée par le succès de mes « bouts de choux » j’ai repris la direction des halles. On m’a demandé de commenter les étals de mon fournisseur d’olives, de mon fromager et de mon marchand de fruits et légumes. Des amies m’ont surprise en pleine action et cela ajouté une note fort sympathique à cet instant. D’autant que leurs jeunes enfants étaient tout excités à l’idée de « passer à la télé ».
Retour à la maison, toujours à bicyclette, avec travelling, moi pédalant le plus possible dans le caniveau, et l’équipe roulant le moins possible au milieu de la route, fenêtre ouverte, caméra à l’épaule. J’appréhendais la montrée de la dernière côte car les courses pesaient diablement lourd sur le porte-bagages.
J’ai commenté le retour de marché, enfilé un de mes magnifiques tabliers de cuisine (je les coupe dans des chutes de tissus d’ameublement) et répondu aux questions que le journaliste me posait. Une fois en le regardant dans les yeux. Une seconde fois, à l’identique mais en fixant l’objectif de la caméra. Et puis une troisième fois « par sécurité » parce que j’étais son premier sujet et que la production ne lui avait pas encore donné le style de l'émission …
Et si on recommençait ? Vous entrez par la porte, depuis le jardin , avec un bouquet d'herbes aromatiques à la main. D'accord !
(sauge) (sarriette) (menthe citron)
L'équipe a eu envie de se transporter carrément dans le jardin qui était alors aussi une friche sauvage envahie de hautes herbes, de papillons et d’oiseaux. J’avais ouvert mon atelier de mosaïque pour qu’on ne reste pas confinés dans la cuisine et enfilé cette fois ma blouse de travail, maculée de taches.
Puis j'ai sorti mon carnet de cuisine qui, en quelque sorte est l’ancêtre du blog. On m'a demandé de soumettre mon problème au chef en l’imaginant en face de moi : pourquoi donc mes cakes ne montent-ils pas bien haut dans le moule alors que je fais tout comme il faut en suivant les multiples recco de l’illustre pâtisser Pierre Hermé, dont les conseils étaient collés dans mon cahier sous la recette, photo à l’appui ?
Le plus difficile fut de convaincre un de mes enfants de donner son point de vue sur mes «talents culinaires». Vous apprécierez le résultat à l’antenne. Au final l’équipe (de FR3 Lorraine …, comme s’il y avait des hasards) était très contente de ses provisions : plus d’une heure de bobine dont on ne garderait que trois minutes. La matinée était passée comme une lettre à la poste.
Seconde étape à Bordeaux une ou deux semaines plus tard. Je ne vais pas revenir sur l’atmosphère de la ville, le tempérament de ses habitants, les découvertes que j’y ai faites. Je les ai racontées longuement dans le blog du lundi 20 au vendredi 24 juillet : une semaine entière de chroniques. (Pour les lire, cliquez sur Juillet dans la colonne de droite à coté de l'article)
Voici donc le tournage proprement dit. Première surprise on a changé (non pas ma chanson comme le pleurait Dalida avec Look what they done to my song) mais mon horaire, ma problématique, et puis aussi le chef.
J’avais potassé la question. Je connaissais sa bio sur le bout de la fourchette. Et voilà que je me retrouve à devoir mitonner un sauté d'agneau comme en Provence à coté de quelqu’un dont je ne sais rien. Ajoutez à cela quelques déboires bordelais (sur lesquels je me suis suffisamment épanchée le mois dernier), la fatigue, une canicule de plomb, le stress du réalisateur que j’entendais râler suite à un énorme retard, bref, je craque. La maquilleuse lâche ses pinceaux en disant qu’on ne peut pas bosser sur un visage défait.
C’est alors que la magie « Julie Andrieu » opère à plein régime. Cette jeune femme est un peu comme la marraine d’un conte de fées. Son apparition métamorphose la moindre citrouille. Quand sa voix douce vous demande de faire « comme si » vous ne pouvez qu’accepter d’endosser le rôle de la cruche qui ne sait pas qu’on farine la viande avant de la faire dorer. Sa sérénité est immédiatement contagieuse. Impossible de continuer à faire la tronche de cake. Et je me suis faufilée sur le plateau où, telle une minuscule souris, j'ai suivi le déroulement de l'enregistrement précédent pour m'imprégner de l'ambiance, et prendre quelques photos.
Nous étions dans la vraie cuisine d'un membre de l'équipe. Le décor, comme vous pouvez en juger, était très raffiné. Le seul inconvénient c'était l'étroitesse des lieux pour les techniciens qui ont du se coincer dans l'escalier pour avoir le recul nécessaire.
La régie s'était organisée dans un minuscule bureau.
Si les plats sont démarrés face caméra il va de soi qu'on ne peut pas attendre que la cuisson prenne tout le temps qu'il lui faut. Il existe donc ce qu'on appelle une doublure cuisine qui officie avant pour faire gagner de précieuses minutes. C'est Jean-Christophe, depuis son camion-cuisine stationné devant la maison. Et je vous jure qu'il avait du mérite de travailler à 45 degrés à l'ombre.
J’avais pour moi de ne pas avoir peur du tournage proprement dit. J’ai déjà été invitée dans des émissions de télévision. La machinerie ne m’impressionne pas. Le nombre des techniciens non plus. Une fois le morceau avalé, je me suis glissée dans la peau du personnage en remarquant non sans surprise que Julie elle aussi faisait « comme si » les conseils que la chef donnait à l'antenne étaient nouveaux pour elle. Alors ce que Julie fait je peux bien l’accepter de bon cœur moi aussi !
La chef, Flora Makula, avait l’accent méditerranéen et la sympathie immédiate.
Je fus avantageusement maquillée et coiffée, gentiment entourée par une équipe souriante, et complimentée après chaque « coupez ». C’est peu dire que je fus finalement très à l’aise. J’espérais que la quatrième candidate loupe son train et pouvoir revenir devant les caméras qui m’avaient totalement apprivoisée.
L’épisode a été vite bouclé. Le concept de l’émission semblait prometteur. La pression se relâchait sur le plateau. Ils allaient pouvoir enchainer avec le troisième candidat, puis la quatrième (qui observait depuis un moment). Car on tourne en une journée de quoi alimenter une semaine.
Il restait malgré tout, pour être « raccord » à reposer « «la » question face caméra car on couperait au montage mes atermoiements sur le cake enregistrés par FR3 Lorraine à la maison. Julie, décidément toujours gentille, m’a promis de me donner une recette qu’Yves Alléno, le célèbre chef du Meurice, venait de lui transmettre.
C’est Kévin, l’adorable assistant réalisateur qui nous a tiré le portrait en extérieur, et nous avons déjeuné ensemble sous une grande tente, dans le jardin, au bord d’une piscine très tentante.
J'aurais vraiment aimé retourner en centre ville où je n'avais pas eu le temps la veille de faire toutes les photos dont j'avais besoin. Il fallut patienter quelques heures plus tard, les pieds dans l'eau fraiche du bassin turquoise. (La stagiaire chargée des transports était littéralement débordée. On craignait des orages pour le lendemain et elle avait une montagne de courses à faire avant de reprendre sa fonction de taxi).
Je suis repartie in extremis pour ne pas louper mon train, emportant « ma » recette de sauté d'agneau comme en Provence dédicacée par Flora et Julie.
Elle sera probablement un jour en ligne sur le blog. On peut la suivre pendant quelques semaines en regardant la re-diffusion de l'émission ici.
Quant à vous vous pouvez aussi poser votre candidature pour participer à l'émission en écrivant à : cotecuisine09@gmail.com
7 commentaires:
IL faut absolument que tu demandes le DVD de l'émission car j'ai peur de ne pas pouvoir le voir mardi et mon magnétoscope à K7 est tellement vieux qu'il n'obéit qu'à l'instantané. C'est la renommée !
On me l'annoncé. Tant mieux parce que mardi je serai au travail et pas devant la télé.
Quant à la renommée sera-t-elle bonne ou mauvaise ?
J'ai hâte de te voir ne pas savoir fariner un morceau de veau... Et finalement, que faut-il faire pour que le cake lève ?? Je serai devant mon poste demain, promis !! Et je tâcherai de te l'enregistrer... sur une vieille K7 video... sans garantie !
Finalement l'émission est visible sur le site de FR3.
Si c'est la recette qui vous intéresse le plus ouvrez la page
http://regions.france3.fr/cote-cuisine/?page=fiche_recette&id=1186
et ensuite vous pouvez regarder le portrait-reportage du chef ... ou le mien.
Autre solution : aller sur le site de Coté cuisine où l'épisode s'affiche aujourd'hui en première page (demain en seconde, et ainsi de suite)
http://regions.france3.fr/cote-cuisine/
tu as du bien t'amuser et bien cuisiner shaina kiss
Hello ! Moi aussi j'ai fait semblant de n epas savoir cuire le poisson en participant à l'émission ! Mais au moins ma problèmatique a été respectée et j'ai tout de même appris 2 ou 3 trucs avec un chef extra.
Bon, pour le cake : mon truc pour qu'il lève bien est de ne pas trop travailler l'appareil, et surtout de l'enfourner le plus vite possible pour ne pas que la levure ne travaille trop avant cuisson...
J'espère que ça te sera utile ! ;)
ça y est je t'ai vu sur le site de France3 !
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