Cela pourrait être une de ces affirmations que l'on fait au cours d'une soirée-jeu quand les participants doivent deviner si c'est vrai ou faux. Parce que je ne me sentais pas d'un niveau qui m'autorisait à m'inscrire à un tel concours. De plus il fallait tenir un blog culinaire et A bride abattue n'est pas strictement spécialisé dans le domaine. Il y a tant de talents sur la toile ... que je ne m'imaginais pas faire partie du lot.
Preuve à l'appui avec le sourire de Fanja sur cette photo, l'équipe de la Fédération Française de Cuisine Amateur est très sympathique et j'avais participé en tant que jury au premier championnat, le 7 décembre dernier (compte-rendu ici). Il me semblait "logique" de me placer dans la position du candidat pour vivre l'expérience différemment. Je prenais les choses sous l'angle du défi amusant. Et je n'ai pas regretté.
Le challenge consistait à préparer en une heure trente la recette la plus originale, la plus complète (au regard des ingrédients du panier-surprise), la plus appétissante, et sans doute la plus goûteuse. Je vous passe les difficultés techniques : la découverte de plaques à induction, d'un immense four vapeur réglable au degré près, le matériel inhabituel, la présence du public (nous étions sur un immense stand de la foire de Paris), le stress du bruit et de la course contre la montre, le souci de servir à la bonne température ...
Étant persuadée que je ne pouvais pas gagner j'ai choisi de profiter de l'instant. Les autres candidates (Karine, sur la gauche, Patricia sur la droite) étaient souriantes. Nous échangions assez tranquillement quelques impressions. Un animateur mettait de l'ambiance en nous interrogeant en direct sur la progression du travail. Le public semblait attentif et le jury désireux de savourer.
Les ingrédients imposés m'ont surprise : je n'avais jamais cuisiné de fèves fraiches. Pour le reste : escalope de veau, tagliatelles, carottes, courgettes et basilic .... je me demandais quoi faire de bon et d'original. Toute petite je détestais les courgettes. J'ai opté pour une déclinaison cru-cuit. La peau verte, épluchée en longues bandes et juste ébouillantée a donné naissance à une poignée de tagliatelles vertes. La chair, passée à la mandoline, et assaisonnée d'une vinaigrette de vinaigre de cidre-huile de sésame composait une salade rafraichissante.
M'accordant quelques secondes je suis allée découvrir les quatre bouteilles entre lesquelles il fallait choisir celle qui s'accorderait le mieux à la création. J'élimine le rosé, pourtant délicieux. Pas de Gigondas, trop puissant me semble-t-il. Je m'arrête sur un Sablet, un Cote-du-Rhône Village, issu d'un vignoble contigu à celui de Gigondas dans la partie nord des Dentelles de Montmirail.
Les carottes ont été cuites, écrasées au pilon (on prend ce qu'on a) et améliorées par un peu de crème fraiche. Pendant ce temps cuisait ce qui devait être un biscuit roulé. Nous avions des œufs, de la farine, du beurre et de la levure dans le fonds d'épicerie alors c'était un jeu d'enfant que d'en préparer une plaque. Mon idée était de le fourrer avec un hachis de basilic cru, pour réinterpréter les trop classiques associations de salé-sucré.
Le roulage a été fait trop tôt, trop vite ... toujours est-il que le gâteau s'est brisé et qu'au final c'était un triangle. Je suis restée sur cette forme en découpant à l'emporte-pièce deux autres morceaux. Le premier sur lequel j'ai posé la salade de courgettes (pour éviter que la sauce ne coule de façon disgracieuse). Le second en appui de la décoration.
Toujours parallèlement j'ai fait réduire du vinaigre balsamique pour obtenir un caramel. Cela devait permettre une touche de déco. J'ai testé la cuisson de quelques fèves à l'eau bouillante, ignorant tout de leur mode de cuisson. J'ai croqué, apprécié, et décidé de faire le reste à l'identique et de servir nature et croquant. J'ai salé la viande que j'ai poêlée. J'ai surpris un regard désapprobateur de Siméon, chargé, non pas de nous coacher mais de nous aider sur la manipulation des appareils électriques. Après je lui ai donné le "truc" appris en cours de cuisine auprès de Yannick Leclerc : saler la viande permet de conserver tout le suc parce que le sel forme une infime croute imperméable quand la viande est saisie. (portrait du chef le 15 février sur le blog)
J'ai découpé la viande en triangle elle aussi. Il n'y avait plus qu'à dresser. Et voici :
Une pincée de piment d'Espelette pour rehausser la salade. Un badigeon de caramel balsamique pour dorer la viande, en équilibre sur un bourgeon de basilic. Cette assiette était un vrai festival de saveurs. Puisqu'il fallait donner un nom à la recette ce fut Impromptu versaillais. Par association d'idées entre les fèves, le roi, Versailles (nous étions porte de Versailles), le palais, les fêtes, un ballet de Lully ne s'appelle-t-il pas l'Impromptu de Versailles ... et ce panier surprise était bien cela, avec ses surprises.
Le jury a apprécié. Le verdict est tombé, surprenant lui aussi. Je remportais la manche.
L'après-midi c'était la grande finale du Championnat des Blogs Culinaires de Paris, et c'est Calou du blog cesstra qui a été sacré grand champion ... Il avait préparé quelque chose de très appétissant et de fort réussi. Beaucoup plus sophistiqué que mes petits plats. Debout depuis 6 heures du matin, je n'avais plus assez d'énergie et d'imagination (le panier surprise de l'après-midi avait en commun les courgettes et les carottes avec celui du matin. Difficile pour moi de trouver quelque chose qui ne soit pas une reprise du matin). Cette fois nous devions réaliser un plat et un dessert. Il n'empêche que je me suis régalée le lendemain avec les restes d'un risotto aux champignons et aux asperges justes poêlées dont j'avais ramené une barquette.
En dessert mes étoiles au coeur n'ont pas convaincu le jury, trop simples comparativement aux autres assiettes. Je maintiens que c'est une recette ultra-simple qui peut faire le bonheur d'une famille en camping. Les pommes de terre sont cuites à l'eau bouillante, puis écrasées à la fourchette, mélangées avec du chocolat fondu, et moulées directement sur l'assiette dans un emporte-pièce en forme d'étoile. La grande était au chocolat noir. La petite au chocolat au lait. Si j'avais eu du chocolat blanc j'en aurais fait une troisième. La fraise était découpée elle aussi mais en forme de cœur. J'avais saupoudré d'un nuage de sucre glace, peu visible parce que le jury a voulu faire une pause et qu'entre temps le sucre a fondu. De minuscules morceaux de pomme de terre fondaient sous la dent. Le public, autorisé à goûter, a cru reconnaitre des morceaux de châtaigne. Une recette que je referai à coup sûr !
2 commentaires:
En tout cas, cette expérience avec Anne et toi en cuisine a été fort sympathique. Pas du tout compétition (ce que je redoutais un peu avant de m'inscrire) mais plutôt un franc moment de partage et de rigolade.
A bientôt sur la toile ou à l'occasion d'un salon. ;)
Ps : serait-il possible que tu ne cite pas mon nom dans ton billet (la FFCA m'a fait cette mauvaise surprise ...). L'auteur de cesstra.com, c'est Calou. Juste Calou ;)
Correction faite.
Et si je n'avais pas (pas encore)associé le lien avec le nom de ton blog c'est qu'il était mal orthographié. Ce que tu ne sembles pas avoir vu, l'annonce de ton nom a du te troubler trop. Voilà cela aussi est corrigé.
Du coup j'ai pu découvrir ton blog avec beaucoup de plaisir et d'appétit ! Merci.
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