Le titre du spectacle, Do not feel the trolls, pourrait être traduit en français par Ne nourrissez pas les monstres mais je préférerais dire Ne coupez pas des morceaux de bois pour vous faire battre.
C’est la troisième année que le Théâtre Victor Hugo (de Bagneux-92) programme un festival consacré à la progression du virtuel, d’où l’intitulé Virtuel.hom[me] où la déformation du suffixe habituel com se veut optimiste.
Pourtant année après année, les réseaux sociaux sont, pour les femmes et les hommes de théâtre, une source d’inspiration de plus en plus sombre, comme s’ils se sentaient un devoir de lanceurs d’alerte. Le principe d’anonymat rendu possible sur les réseaux sociaux est-il compatible avec des relations dites humaines ?
Il faut bien entendu dénoncer le cyber-harcèlement, qui est totalement condamnable, ce spectacle en fait la preuve. Mais il démontre aussi combien l'addiction aux réseaux sociaux est une vraie pathologie, surtout quand on cherche par tous les moyens à s'attirer de la sympathie, ce qui peut créer de la jalousie et encourager des comportements de harcèlement. D'où mon interprétation du titre Ne coupez pas des morceaux de bois pour vous faire battre. Autrement dit allez de façon mesurée sur les réseaux sociaux.
Marie-Lise Fayet, la directrice du théâtre a fait confiance à une compagnie norvégienne de théâtre gestuel, le Krumple Theatre (qui était déjà venu à Bagneux il y a quelque temps), et dont le spectacle a été créé dans leur pays en janvier 2016 mais qui n’avait encore jamais été joué en France.
C’est la troisième année que le Théâtre Victor Hugo (de Bagneux-92) programme un festival consacré à la progression du virtuel, d’où l’intitulé Virtuel.hom[me] où la déformation du suffixe habituel com se veut optimiste.
Pourtant année après année, les réseaux sociaux sont, pour les femmes et les hommes de théâtre, une source d’inspiration de plus en plus sombre, comme s’ils se sentaient un devoir de lanceurs d’alerte. Le principe d’anonymat rendu possible sur les réseaux sociaux est-il compatible avec des relations dites humaines ?
Il faut bien entendu dénoncer le cyber-harcèlement, qui est totalement condamnable, ce spectacle en fait la preuve. Mais il démontre aussi combien l'addiction aux réseaux sociaux est une vraie pathologie, surtout quand on cherche par tous les moyens à s'attirer de la sympathie, ce qui peut créer de la jalousie et encourager des comportements de harcèlement. D'où mon interprétation du titre Ne coupez pas des morceaux de bois pour vous faire battre. Autrement dit allez de façon mesurée sur les réseaux sociaux.
Marie-Lise Fayet, la directrice du théâtre a fait confiance à une compagnie norvégienne de théâtre gestuel, le Krumple Theatre (qui était déjà venu à Bagneux il y a quelque temps), et dont le spectacle a été créé dans leur pays en janvier 2016 mais qui n’avait encore jamais été joué en France.
La soirée commence gentiment comme une conférence donnée par une jeune fille qui se présente comme étant bloggeuse. Elle s'appelle Lisa et vient à 14 ans de publier son autobiographie. Le personnage étonne, habillée de blanc et de noir avec des allures de chatte sortie droit d'un album de manga. Pendant les remerciements d’usage on perçoit qu’un spectateur ne se sent pas très bien, tousse beaucoup et finit assez vite à se singulariser par un comportement inadapté et hostile. L’adolescente conserve son calme avec maitrise mais peu à peu la situation dérape.
Lisa joue le rôle d'une australienne devenue star grâce au compte qu’elle avait ouvert sur Myspace (ancêtre de facebook) et qui a commencé à susciter des jalousies qui se sont traduites par des insultes qu’on qualifierait de gratuites : t’es moche. J’espère que tu vas crever en enfer.
On peut penser aux hurlements des conducteurs bien à l’abri dans leur voiture et se défoulant en plein embouteillage. Quand on s’adresse à quelqu’un qu’on ne connait pas en chair et en os l’être humain peut perdre son sang-froid et devenir odieux sans s’en rendre compte. C’est encore plus vrai sur Internet où l'anonymat permet cette forme de harcèlement se multiplie et s’appelle trolling.
La jeune fille a bien tenté de désamorcer le processus en posant une parole claire et en répondant aux menaces. Celles-ci n’ont fait qu’empirer. Sa maison a été vandalisée et elle a reçu des menaces de mort.
Elle explique comment les faits se sont enchainés. En quoi la solitude et le besoin de reconnaissance l'a menée à se forger une identité via les réseaux sociaux. Jusqu'à avoir 25 000 amis en trois mois, en acceptant toutes les demandes sans discernement. Des balles en forme de smiley et de coeur se déversent sur le plateau.
Le spectacle bascule alors dans une autre forme de théâtre, correspondant davantage à la spécialité du Krumple et c'est là que cela devient plus intéressant. La comédienne se mue en un robot mimant des tutoriels beauté.
L'amour qu'elle a jusque là suscité se mue en haine et en déchaînements de toutes sortes, j'allais écrire de toutes forces. C'est une histoire vraie qui a inspiré à la compagnie cette plongée dans le trolling. On peut penser qu'ils ont été inspirés aussi par l'univers des légendes scandinaves où les trolls sont des monstres ou des esprits vivant dans une forêt magique et symbolisant toutes nos pulsions.
Ils sont présents sur scène. On ne cherche pas à compter combien. Parce qu'on est entièrement mobilisés par ce qui se joue sur le plateau, entre langage visuel et expression corporelle, avec un sens aigu du tragique qui nous questionne sur nos nouveaux modes de vie.
Avec humour et poésie aussi et on reconnait la musique de la chanson que Line Renaud interprétait en 1953, Combien pour ce p'tit chien dans la vitrine ? mais dans sa version anglaise How Much Is That Doggie In The Window ...
Il y a de quoi s'inquiéter : Tinder, Snapchat, Instagram, Meetic, Twitter, Facebook... tous appellent l’amitié, l’amour, les échanges, les (faux) débats dans lesquels la possibilité d’anonymat est la règle commune et admise par tous les utilisateurs. Un principe peu compatible avec des relations dites humaines. Le festival nous donne dix jours pour y réfléchir ensemble. C'est un moment essentiel.
Do not feel the trollsElle explique comment les faits se sont enchainés. En quoi la solitude et le besoin de reconnaissance l'a menée à se forger une identité via les réseaux sociaux. Jusqu'à avoir 25 000 amis en trois mois, en acceptant toutes les demandes sans discernement. Des balles en forme de smiley et de coeur se déversent sur le plateau.
Le spectacle bascule alors dans une autre forme de théâtre, correspondant davantage à la spécialité du Krumple et c'est là que cela devient plus intéressant. La comédienne se mue en un robot mimant des tutoriels beauté.
L'amour qu'elle a jusque là suscité se mue en haine et en déchaînements de toutes sortes, j'allais écrire de toutes forces. C'est une histoire vraie qui a inspiré à la compagnie cette plongée dans le trolling. On peut penser qu'ils ont été inspirés aussi par l'univers des légendes scandinaves où les trolls sont des monstres ou des esprits vivant dans une forêt magique et symbolisant toutes nos pulsions.
Ils sont présents sur scène. On ne cherche pas à compter combien. Parce qu'on est entièrement mobilisés par ce qui se joue sur le plateau, entre langage visuel et expression corporelle, avec un sens aigu du tragique qui nous questionne sur nos nouveaux modes de vie.
Avec humour et poésie aussi et on reconnait la musique de la chanson que Line Renaud interprétait en 1953, Combien pour ce p'tit chien dans la vitrine ? mais dans sa version anglaise How Much Is That Doggie In The Window ...
Il y a de quoi s'inquiéter : Tinder, Snapchat, Instagram, Meetic, Twitter, Facebook... tous appellent l’amitié, l’amour, les échanges, les (faux) débats dans lesquels la possibilité d’anonymat est la règle commune et admise par tous les utilisateurs. Un principe peu compatible avec des relations dites humaines. Le festival nous donne dix jours pour y réfléchir ensemble. C'est un moment essentiel.
Par le Collectif Krumple
Jeudi 30 novembre, vendredi 1er décembre, samedi 2 décembre 20h30 et dimanche 3 décembre à 17h
Théâtre Victor Hugo
14 Avenue Victor Hugo, 92220 Bagneux - 01 46 63 10 54
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