
Je suis revenue en veillant cependant à ne pas commettre les mêmes erreurs que l’année dernière. J’avais passé beaucoup de temps à suivre une conférence (intéressante au demeurant) au détriment de rencontres interpersonnelles sur des stands. J’ai donc davantage ciblé les entretiens cette année une fois effectuée la visite de presse.
Je ne me suis pas attardée sur les stands que j’avais visités en 2024 et de ce fait son compte-rendu est en quelque sorte complémentaire au présent article.
C’est le genre d’endroit où je cherche à débusquer des tendances et c’est amusée que j’ai découvert les couleurs du sac de cette édition, totalement raccord avec un pull Chacok conçu probablement dans les années 80, tout autant qu’avec les couleurs de la garde-robe imaginée par Bina Daigeler pour les actrices du dernier film de Pedro Almodovar que j’ai chroniqué hier.

Tous deux sont conçus et fabriqués par Indispensac dont les valeurs perma-industrielles méritent d’être rappelées. Créée par les salariés des Tissages de Charlieu, près de Roanne, c’est une intra-entreprise qui s’est lancée en 2015 avec une première commande symbolique de 20 000 sacs distribués lors de la COP 21.
En mars 2020, face la pénurie sans précédent de masques chirurgicaux, l'entreprise avait démontré que la désindustrialisation de l'industrie textile française (majoritairement en Chine et en Inde) n'est pas une fatalité et produit 15 millions de masques lavables et accessibles en terme de prix qui offraient aussi l'avantage d'une économie de 34 000 Tonnes de Co2 et la préservation de 400 emplois sur cette période.
Depuis, Indispensac continue à fabriquer, en France, des sacs et packaging textiles accessibles, éco-responsables, socio-responsables et créatifs, notamment pour de grands distributeurs comme Auchan (et je reconnais souvent leurs sacs dans la rue) toujours à partir d’un recyclage de pulls et jeans usagés dont on comprend le processus avec les échantillons placés dans des bocaux à divers stades.
La question des sacs, ou tote-bags, peu importe leur dénomination est un sujet très vaste. J’ai consacré un article donnant des pistes de réemploi ici. Je ne vais pas les reprendre aujourd'hui. Mais je citerai Brodelec où la confection et l'impression restent 100% françaises, la plupart en coton recyclé et qui avait pensé à un « goodie » vraiment pertinent, une pochette pouvant servir de housse à un IPad que je serai fière d’utiliser.

A l’origine Filt 1860 était une coopérative de paysans Normands fondée en 1860 à Saint Sylvain, près de Caen. Les moyens de fabrication ont commencé à être mécanisés en 1910, et les premières expériences à l’export commencent dès 1925. On devine le drame de la Seconde Guerre Mondiale après le bombardement de la ville de Caen. L’usine fut détruite.
La production reprit en 1948 après beaucoup d’efforts et de volonté de reconstruction. A cette période, environ 30% de la production est destinés à l’export, environ 50 ouvriers et plus d’une centaine travaillent à domicile. L’entreprise est présente dans plusieurs secteurs d’activités : La mytiliculture, le loisir, le rangement, l’agroalimentaire, la chasse...
Depuis les années 2000, et sous la direction de Jean-Philippe et Catherine Cousin, elle fabrique toujours à Mondeville (Calvados) les filets iconiques de nos grands-mères, légers, robustes, pratiques et extensibles, mais encore des filets de cuisson, de portage, des filets de rangement, des sacs à pommes de terre, des filets de tennis, des porte-bébés, bien sûr des hamacs et aussi des cordons. Et signe parfois des collaborations pour d’autres marques en déclinant le produit-phare en ajoutant par exemple une sangle en cuir tanné.

On m’a raconté le déménagement, épique.. avec un cortège de 18 semi-remorques progressant à la queue-leu-leu, portant des mastodontes de métiers à tisser théoriquement indéplaçables. L’ourdissage, une machine comportant une multitude de bobines de fils et qui permet de les dérouler pour préparer le tissage, mesurait à lui seul 18 m de long !
Il existe aussi dans le textile une branche « vestimentaire » non négligeable à travers les chaussettes. La variété du catalogue de MuseARTa est impressionnante avec 450 modèles. On les trouve dans de multiples musées, monuments, librairies et … tous les musées Guggenheim. Le nom de l’œuvre figure sur l’étiquette, par exemple Le chat noir de Théophile-Alexandre Steilen. Ce peintre suisse a réalisé cette affiche en 1896 pour promouvoir le fameux cabaret parisien. Les admirateurs de Frida Kahlo sont très chanceux avec un choix entre -au moins- six propositions.
Quand textile et créativité se combinent on obtient des créations dont on comprend qu’elles soient sélectionnées par les boutiques des grands musées. Comme ce que fait le laboratoire de plis ÊKÔ dont le credo est de transformer des déchets textiles en objets design. Les anciens kakémonos et les bâches publicitaires des musées ou lieux culturels se métamorphoseront en créations plissées, témoins de leurs événements passés. Ils deviennent des objets décoratifs élégants, au design raffiné, comme ces enveloppes pour cacher des vases sommaires ou ces sacs de soirée qui se plient dans la poche.
A propos de vase, on peut citer cette sculpture en papier de Mediterraneo qui a de nombreux modèles tous pliables et qui fait partie des objets sélectionnés par Hélène Genter pour les mettre en valeur dans la boutique éphémère du salon qui pointe les tendances.
En reprenant mes notes, je m'aperçois que j'ai davantage été attirée par cette catégorie d’objets et, sans compter ceux dont j'ai parlé l'an dernier comme Belle lurette, qui a toujours de nouvelles boites à musique, c’est dans la partie « Boutiques » que j’ai passé davantage de temps.
Outre le textile, l’offre est marquée par deux grands courants :
- L’écologique, avec par exemple la proposition de Hironwoods, une vieille papeterie située à 8 kilomètres d’Arbois à Cramans, qui, depuis vingt ans, imprime des cartes sur des lamelles de bois. L’équipe peut exécuter des commandes particulières comme elle l’a fait avec des dessous de verre pour le Palais de Tokyo.
Les agendas et le matériel de bureau n’échappent pas à la tendance et j’y suis sensible en tant que très grande consommatrice de carnets de notes. Voici, ci-dessous celui qu’imprime Anomali pour la National Gallery et beaucoup d’autres organismes :
J’avais l’an dernier pointé les stylos garantis 100% sans dérivé pétrochimique de Dream Act. Cette fois j’ai retenu le 19, fabriqué en France en plastique recyclé, qui est un thermomètre porte-photo répondant aux directives gouvernementales de 1978 correspondant aux normes en matière d'énergie. Il est recommandé de maintenir une température de 19°C, et cet appareil, conçu par XOOPAR et Eric Berthès, permet de connaitre la température d’une pièce à la décimale prêt tout en posant le regard sur une image qui fait plaisir.
L’entreprise propose aussi un parfum d'intérieur solide fait main, à suspendre par exemple dans une automobile, 100 % naturel et végétal, zéro déchet, fabriqué en France et coulé à la main, avec ou sans coffret.
Il y a toujours un grand choix dans des produits somme toute classiques comme les savons (même si parfois c'est très réussi comme ci-dessous) par Les savons de Simone (à gauche) ou les Savons Le Chatelain (à droite) fabriqués par Le Secret Naturel qui est créateur et fabricant de cosmétiques naturels, certifiés biologiques en Provence, depuis 2002. Leurs produits sont fabriqués artisanalement, à Bollène, au carrefour Drôme/Ardèche/Gard/Vaucluse avec des ingrédients qui sont choisis avec soins, selon leurs propriétés, leur origine et leur qualité.
Les Baumes du Hibou demeurent leurs best-sellers, formulés avec 100% d’ingrédients d’origine naturelle et minimum 87% d’ingrédients biologiques. Chacun contient une synergie d’huiles essentielles spécifiques associée à des huiles végétales, et permet de soigner un petit problème du quotidien (à partir de 7 ans) tel que coups et bleus, vitalité musculaire, hiver tranquille, soin des pieds, apaise piqûres, sommeil paisible.
Ou des grands classique comme le fameux Rubik’s Cube de Magic Concept avec lequel je fais le lien avec le roman Fantastique histoire d’amour qui prouve combien cet objet est encore source d’intérêt.
L’entreprise a développé d’autres cubes comme ce Magic Cube qui peut se déplier. Mais Mona Lisa demeure à reconstituer en plusieurs couleurs comme l’est classiquement le Rubik’s cube.
J’ai été attirée par le Renard Nordique d’ESNAF TOYS, une entreprise bulgare qui conçoit des animaux sont conçus en alliant jeu, design et durabilité. Ils sont en bois et fabriqués à la main. Sorte de puzzle en trois D, ils s’assemblent par magnétisme.
Au-delà des collections principales, dont la dernière, Birdies, célèbre la beauté des oiseaux l’entreprise propose également des produits sur mesure, créés par leur équipe d'architectes et de designers s’adaptant à une institution. Par exemple une maquette en bois d’un bâtiment, un produit inspiré d'une exposition permanente ou en cours, ou encore lié à un évènement particulier.
- L’alimentaire, avec par exemple Delaunay-Léveillé qui propose des boites métalliques (remplies de gâteaux, chocolats ou berlingots, car on y met ce qu’on veut). L’impression aux allures vintage vante une destination touristique comme le Mont-Saint-Michel, une ville comme Orléans, un personnage historique comme Frida Kahlo. La maison fabrique à Guérande et travaille avec une biscuiterie bretonne qui lui fait des Punchs, une variété très ancienne de galette bretonne, reconnaissable entre toutes à la tache de jaune d’œuf sur le dessus. C’est très classique mais élégant et comporte un aspect affectif non négligeable.
Le chocolat est un produit récurrent. Les Nicettes se présente comme un artisan de gourmandises au service des hôtels. Nicette est le prénom de l’arrière-grand-mère d’un des associés, actuel artisan-caramélier Laurent Lavis, qui fabriquait dans sa cuisine des caramels, selon la recette normande, donc sans beurre, qu’elle vendait sur le marché dans une boite de Livarot. Laurent réalise toujours la recette originale à partir de sucre et de crème fraîche, sans colorant, additif ou glucose.
L’entreprise s’est spécialisée dans l’ultracourt personnalisation, en particulier pour des hôtels de prestige, sans exiger de minimum de commande. Elle travaille avec des délais courts et pratique une flexibilité remarquable. Les boites sont fabriquées en Italie ou en Turquie mais ils font eux-mêmes leurs moules, qui peut représenter un monument, et les chocolats sont coulés dans leur atelier versaillais. J’ai gouté. C’est délicieux, loin du chocolat souvent basique de ce type de produit. Logique car on est dans l’univers du luxe.
La Maison Bonange, elle aussi installée à Versailles, crée des tablettes de chocolat en Mona Lisa, Toutankhamon ou en reprenant des œuvres de Paul Klee ou Paul Ranson tout en respectant scrupuleusement l’œuvre originale, pour des illustrations gourmandes à partager. Ils sont parmi ceux intemporels des boutiques de musées, pour repartir avec un souvenir accessible, et intégrer un peu de culture dans le quotidien.
Leur série inspirée des toiles de Jouy est d’une grande gourmandise. A l’intérieur la tablette de chocolat noir 70% est moulée élégamment et de manière originale. aussi produits à Versailles, avec une grande variété de saveurs : géraniums, bergamote, verveine citronnée, agrumes, menthe poivrée ou gingembre.
Bientôt un emballage reprenant le portrait de Marie-Antoinette, dont on connait tous la passion pour le chocolat, sera en vente au château de Versailles. Et puis on retrouvera cette entreprise sur la scène de l’anniversaire des 60 ans du grand magasin Le Printemps.
De l’alimentaire à la cuisine il n’y a qu’un pas. Avec les couteaux du Coq français, installé à Thiers qui est la capitale de la coutellerie française. La marque est la grande spécialiste du couteau de poche et est réputée pour la découpe laser de la lame et des pièces, la trempe des aciers, le polissage, le brossage, le satinage, la gravure laser sur les deux faces du manche, l’assemblage manuel, le polissage du manche, l’affilage des lames. Les couteaux sont personnalisables au-delà du choix du bois, ce qui se traduit en de nombreuses collections. Il en existe aussi pour des usages particuliers, comme le Champignon, le P’tit Coq destiné aux enfants, une gamme de couteaux de cuisine, et une diversification en sommellerie.
Ou ces marque-pages métalliques faits par Ma Langue au Chat
Le but était de faire des découvertes mais j’ai regretté de ne pas reprendre la conversation de l’an dernier avec Oli&Carol (je les reverrai à Maison & Objet), Novellix dont j’avais admiré les serre-livres en tôle d’acier, les thés de Tea&Cie, installée à Vannes depuis 2003, et dont j’attendais avec intérêt de goûter la premier récolte de thé breton.
J’ai aussi regretté de ne pas retrouver les exposants répertoriés sous le label "TECH " et avec qui je n’avais pas eu le temps d’approfondir la discussion l’an dernier, comme celle qui travaille en réalité augmentée sur le hangar Y de Meudon, Quatrium, Aglaé dont le concept de végétal luminescent m'avait interpelée, ou Tonwelt qui a notamment développé une visite pour la Cité du vin.
Il semblerait que l’aspect numérique se soit renforcé, tout en ciblant plus finement les décideurs institutionnels. Certes les journalistes sont des visiteurs aguerris mais ils se rendent dans les musées comme le feraient d’autres utilisateurs, si bien que je n’ai pas été très touchée sur cette édition par cette catégorie d’exposants. J’ai malgré tout été convaincue de l’avantage de l’IA pour fédérer l’intérêt d’adolescents ou compléter les connaissances de visiteurs plus pointus.
Ask Mona, dont j’avais fait connaissance l’an dernier et qui utilise l'intelligence artificielle pour faire parler les oeuvres d'art est présent uniquement en boutique.
Je n’ai pas été convaincue par Mémoire & Émotion au creux de l'oreille : se remémorer 39-45 grâce à des bornes d'écoute par conduction osseuse que la ville de Grenoble a mis en place avec la société Losonnante parce que les bornes imposent de se pencher et donc de se couper du monde environnant. En fin de compte les écouteurs (certes plus classiques) sont tout autant efficaces.
Avec plus de 6200 visiteurs attendus, 380 exposants et une cinquantaine de conférences Muséum Connections aura bruissé de toutes parts au cours de cette nouvelle édition. Rendez-vous pris pour les 13 et 14 janvier 2026 pour la 30ème édition. Ce sera peut-être l’occasion pour Xmas-Logo (dont un exemple est visible sur ce sapin, en bas à droite) de créer un boule de Noël en verre avec une impression particulière.
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