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vendredi 9 mai 2008

NANCY en Mai : La Maison dans le Parc

Chronique nancéenne numéro 9 :

J'avais repéré ce restaurant dès son ouverture il y a presque un an mais je n'avais pas pu m'y rendre parce que ses jours d'ouverture ne correspondaient pas jusque là à mes séjours à Nancy.

Cette fois ce fut possible d'y déjeuner (avouons que le menu, servi uniquement au déjeuner, et qui change chaque semaine, est à un prix plus abordable que la carte du soir) . Et puis j'aime bien l'atmosphère paisible des restaurants le midi. On se sent un peu hors du temps, style "qu'il est doux de savourer un bon repas quand tout s'agite autour de vous" que je ne retrouve jamais le soir quand la salle est bondée, les serveurs agités et que l'attente des plats sollicite un peu trop ma patience.


La Maison dans le Parc
est une adresse discrète qui se niche derrière l'Opéra, à quelques pas de la flamboyante place Stanislas. La porte d'entrée s'ouvre sur une allée pavée très lumineuse, qui dessert une salle intime, bon poste d'observation des allers et venues de la rue Sainte Catherine, et sur une seconde, plus vaste, qui donne sur le jardin.





Mais nous aurions pu opter pour l'alcôve, entre bar et cuisine, sorte de Stammtish revue et corrigée. (C'est le nom qu'on donne dans les restaurants alsaciens à la table d'hôtes, une longue table rectangulaire attribuée en priorité aux habitués qui viennent dîner en groupe) Et depuis, on peut aussi s'installer sur la terrasse ... dans le parc évidemment, lequel parc est une annexe privative de la Pépinière.

La décoration se veut chic et contemporaine. Sobre et classique. Dans des harmonies de blanc/noir/ taupe (nom élégant pour signifier gris beige). Cela pourrait être froid s'il n'y avait quelques touches de couleurs vives : ces fauteuils mandarines dans l'alcôve, la brique rouge des anciennes fortifications à l'extérieur, les photophores rouge cardinal dans la grande salle. Une couleur qui rappelle le verre de Murano.

Les formes sont carrés (les dalles des ardoises, les lustres, les tables, les dos des sièges) ou rectangulaires. Cela pourrait être raide s'il n'y avait une ponctuation de quelques rondeurs avec les vases et les photophores. Même les verres conjuguent les formes. De la ligne Open up de Mikasa ... les mêmes que je verrai le lendemain chez une amie nancéenne. Des verres qui s'adressent à des connaisseurs. Le site du fabricant a d'ailleurs quelques belles pages avec des conseils à destination des fervents d'oenologie.

Les couleurs sombres tranchent avec la vinothèque si lumineuse. La couleur écarlate du Dom des Pasquiers flamboie dans les verres de dégustation.

L'escalope de foie gras poêlée à la rhubarbe est un petit délice. On m'explique la recette. Je reste prudente : comme s'il me suffisait de découper de petits bâtonnets, de les arroser d'un sirop épicé au poivre de Setchouan, de les laisser confire toute une nuit pour parvenir à reproduire cette douceur à mon retour avec la rhubarbe de mon jardin ...

Le tartare de saumon, espuma d'avocat parait simple lui aussi. C'est méconnaitre la difficulté de la technique qui nécessite un siphon et une cartouche de gaz spécial pour éjecter l'émulsion en un nuage de mousse plus légère qu'une Chantilly. Tout à fait dans la tendance actuelle plutôt moléculaire.

Pour suivre, nous avions choisi une dorade royale nage safranée, petits légumes printaniers, qui s'accordait très bien avec le Macon Solutré. Dire que nous n'avons même pas eu alors une pensée pour les célèbres "grimpeurs" de la non moins célèbre roche.

Le filet de canette au pamplemousse, purée de patate douce n'était pas moins réussi. Il a réussi la prouesse de régaler quelqu'un qui m'avait toujours dit ne pas aimer la patate douce, un légume que j'adore ...

Le repas sera marqué l'alliance réussie des contraires. Par le mariage des paradoxes. L'équilibre fragile du verre à vin contraste avec la solide robustesse du verre à eau. La rusticité du pain de campagne s'accorde avec l'onctuosité des sauces. Le chemin de table en fine toile blanche adoucit la noirceur du bois exotique.

Depuis ma table, je peux observer les gestes des cuisiniers qui officient de l'autre coté de la petite cour intérieure. Une cuisine délicate et savoureuse, légère et parfumée, dans un restaurant qui soigne les détails. Jusqu'au savon au thé vert retenu pour les toilettes.

En dessert, la coupe glacée tiramisu nougatine arriva en même temps que le millefeuille de framboises Chantilly chocolat ivoire glace violette. L'architecture est ultra-simple mais il fallait oser : des disques de nougatines (donc légers) intercalés entre deux étages de mousse au chocolat blanc parsemée de quelques framboises. La glace à la violette est une base de crème anglaise avec ... quelques gouttes d'extrait de violette. Attention néanmoins au dosage pour qui voudrait imiter l'artiste !

La maison dans le parc, 3 rue sainte Catherine, 03 83 19 03 57

1 commentaire:

Sha a dit…

Là j'en suis... sans mots.
Cela fait quelques temps déjà que je veux tester ce resto, habitant à deux pas (mais mon entourage n'est pas forcément attiré par cette cuisine). C'est exactement cette ambiance et ces propositions là qui me plaisent...

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