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mardi 8 novembre 2011

Dans le vif, de Marc Dugowson, mis en scène par Paul Golub à Antony (92)

Depuis qu'une infime quantité d'amiante a été découverte dans l'ancien plafond du théâtre Firmin Gémier d'Antony, les travaux de rénovation sont perturbés. Une reconstruction aura lieu, mais dans un endroit qui n'est pas complètement arrêté, et si le planning des représentations programmées dans cette salle pour 2011/2012 n'est pas bousculé c'est au prix de beaucoup d'efforts car l'équipe a du chercher pour les spectacles des point de chute conformes aux besoins des artistes comme des spectateurs.

Le premier est le Gymnase du COSOM, 100 avenue Adolphe Pajeaud, toujours à Antony (d'autres pourront être transférés dans les villes voisines).

A quelques jours de la célébration du 11 novembre l'équipe a la sensation de livrer sa propre bataille pour être prêt à temps et présenter ce soir la première création de la saison. Cela se sent et c'est touchant.

De l'habilleuse au technicien, des comédiens au staff administratif, en passant par les ouvreuses qui s'activent à plier les programmes avant l'arrivée des spectateurs, chacun est à son poste.

Jusqu'au bar bien campé dans ses buts.

Le public sera peu surpris de découvrir le tour de passe-passe dans quelques minutes. Il faut dire qu'avec le festival Solstice l'habitude est prise depuis longtemps de suivre des spectacles "hors les murs".

Paul Golub est un metteur en scène avec lequel la structure entretient des relations très étroites. Il a en effet déjà présenté, dans la grande salle de la Piscine, la Puce à l'oreille de Feydeau, et dans un contexte qu'on peut qualifier de moins réjouissant, Mystère Poe en 2003, l’Illusion Comique de Corneille en 2004, un Siècle d’industrie de Marc Dugowson en 2005 puis Nuits à Bagdad de Mohamed Kacimi en 2008.

C'est aujourd'hui une nouvelle pièce de Marc Dugowson qu'il a travaillée en revenant au thème de la guerre qui était déjà présent dans la création de 2008. Dans le vif a pour cadre le premier conflit mondial et nous jette sous les yeux un univers qui bascule à travers l'histoire de Jules-Etienne Scornet dont la naissance en 1890 dans un champ sera saluée par un hennissement de cheval qui étouffe le dernier souffle de sa mère.On ne peut pas dire que cet enfant soit venu au monde sous les meilleurs auspices. Son père le premier ne croit pas en ce fils, né par les pieds et dont la tête (forcément) va de travers. On l'exhorte à étudier pour devenir prêtre. On l'enverra à la guerre avec la même fougue. Aura-ton un jour un regret ?

Le scénario n'offre aucune surprise pour nous qui connaissons les évènements. Il est probable cependant que les collégiens ont besoin d'un texte fort comme celui qu'a écrit Marc Dugowson pour réaliser la cruauté et l'absurdité de cette époque où la vie d'un homme ne comptait guère. Où la plus grande horreur a sans doute été de faire basculer définitivement les conflits dans le monde industriel. Et pourtant, et c'est une des forces de l'écriture de la pièce, l'envie de vivre est constante, jusqu'au bout. Cette œuvre a obtenu le grand prix de la littérature dramatique en 2005.

Les costumes sont très travaillés, dans un esprit de réalisme et avec un beau souci du détail. Le décor est plus évocatif d'un non-lieu qui se fissure, signifiant somme toute que personne n'aurait du s'y trouver.
Le spectacle réussit aussi bien à faire revivre les combats que la vie quotidienne, dans les tranchées, et à l'arrière. Les années se suivent dans un crescendo de violence qui n'exclut pas une humanité tout à fait palpable. Qui se souviendra ? interroge un des soldats ...

Chacun. Toujours. Et c'est probablement pour cette raison que le public a tant salué la performance des comédiens ce soir.

Une exposition didactique éclaire d'autres aspects comme la place des femmes et des enfants. la solidarité, les progrès que la médecine doit à la guerre, en particulier la chirurgie de la face. L'espace librairie ouvre d'autres perspectives.Et puis, sur une idée de Paul Golub et avec la participation de chansonniers, tous les spectateurs qui auront pris un billet pourront assister à 20 heures, dimanches 13 et 20 novembre, au Cabaret de la Grande Guerre tel qu'il aurait pu se dérouler un soir de 31 décembre 1917.

Paysans et ouvriers oublieront le temps d'une soirée qu'ils sont des soldats pour devenir comédiens, chanteurs, marionnettistes. Les numéros seront probablement maladroits, mais toujours émouvants avec en filigrane, le vœu de voir la guerre se terminer au plus vite.

Un souhait qui ne sera pas accompli avant deux ans.

Dans le vif sera donné jusqu'au 20 novembre. Tous renseignements sur le site du théâtre pour les jours et les horaires.

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