La pièce fut scandaleuse. Il y avait de quoi choquer les esprits, surtout en 1907, en laissant entendre qu’avoir tué son père était un acte admirable, et qu’un parricide devait être traité en héros. Et pourtant c’est un chef d’œuvre. De la même façon que Joyce revisita Ulysse c’est le mythe d’Œdipe que Synge réinvente. Et dans une poétique superbe à laquelle la traduction de Françoise Morvan est d’une fidélité exemplaire. C’était déjà elle qui avait traduit Les noces du rétameur et La fontaine aux saints, que Guy Pierre Couleau avait présenté à Antony en mars 2010.
A l’instar des habitants des Iles d’Aran, situées à l’extrême ouest de l’Irlande, qui parlent un anglais imprégné de gaëlique, la traductrice offre un texte français avec un lexique élaboré et une syntaxe très bousculée qui donne de la musicalité aux dialogues qui roulent dans la bouche des comédiens.
On intègre très vite la formulation pourtant particulière remplaçant par exemple un « si c’était» par « même ce serait ».
La langue est au service de la légende, fantastique, recueillie par Synge au cours d’un de ses voyages. Le point de départ est le supposé meurtre du père. Mais écoutons avec attention Christy Mahon (Thomas Durand) : « J’ai juste levé ma bêche, lui d’un bloc a croulé devant moi comme un sac vide sans ouf (…) je l’ai enterré après ».
Le récit exalte les habitués du troquet et le jeune homme devient un sujet d’admiration dont toutes les femmes tombent amoureuses. Pour elles tuer son père signifie qu’il en a du cœur à vendre … et chacune a décidé de le gagner.La bravoure est un grand cadeau dans la vie solitaire. Chacun s’enflamme jusqu’à ce qu’apparaisse le papa, avec tout de même le crane fêlé, mais vivant. Le héros en devient beaucoup moins … héroïque. Mais il est plus que jamais baladin, c'est-à-dire un farceur.
Le décor est un espace qui n’est ni intérieur ni extérieur, propice à réveiller l’Irlande intérieure de chaque spectateur, en suggérant toutes les facettes de ce pays, rural et tourbeux, ses débits de boissons, ses villages en fêtes.
Pas de doute que le spectateur soit baladé dans cette histoire qui, comme le dit le personnage de Susan (Isabelle Cagnat) est du tonnerre et qui est interprété par une troupe d’acteurs tous également formidables.
Le baladin du Monde occidental de John M. Synge,
Mise en scène d’Elisabeth Chailloux
Au Théâtre des Quartiers d’Ivry du 3 au 30 novembre
Puis le 6 décembre à La Piscine de Chatenay-Malabry (92) et les 11 et 12 janvier à Fontenay-sous-Bois dans le cadre de Fontenay en Scènes.
A l’instar des habitants des Iles d’Aran, situées à l’extrême ouest de l’Irlande, qui parlent un anglais imprégné de gaëlique, la traductrice offre un texte français avec un lexique élaboré et une syntaxe très bousculée qui donne de la musicalité aux dialogues qui roulent dans la bouche des comédiens.
On intègre très vite la formulation pourtant particulière remplaçant par exemple un « si c’était» par « même ce serait ».
La langue est au service de la légende, fantastique, recueillie par Synge au cours d’un de ses voyages. Le point de départ est le supposé meurtre du père. Mais écoutons avec attention Christy Mahon (Thomas Durand) : « J’ai juste levé ma bêche, lui d’un bloc a croulé devant moi comme un sac vide sans ouf (…) je l’ai enterré après ».
Le récit exalte les habitués du troquet et le jeune homme devient un sujet d’admiration dont toutes les femmes tombent amoureuses. Pour elles tuer son père signifie qu’il en a du cœur à vendre … et chacune a décidé de le gagner.La bravoure est un grand cadeau dans la vie solitaire. Chacun s’enflamme jusqu’à ce qu’apparaisse le papa, avec tout de même le crane fêlé, mais vivant. Le héros en devient beaucoup moins … héroïque. Mais il est plus que jamais baladin, c'est-à-dire un farceur.
Le décor est un espace qui n’est ni intérieur ni extérieur, propice à réveiller l’Irlande intérieure de chaque spectateur, en suggérant toutes les facettes de ce pays, rural et tourbeux, ses débits de boissons, ses villages en fêtes.
Pas de doute que le spectateur soit baladé dans cette histoire qui, comme le dit le personnage de Susan (Isabelle Cagnat) est du tonnerre et qui est interprété par une troupe d’acteurs tous également formidables.
Le baladin du Monde occidental de John M. Synge,
Mise en scène d’Elisabeth Chailloux
Au Théâtre des Quartiers d’Ivry du 3 au 30 novembre
Puis le 6 décembre à La Piscine de Chatenay-Malabry (92) et les 11 et 12 janvier à Fontenay-sous-Bois dans le cadre de Fontenay en Scènes.
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