Lise a enchanté avant-hier le public de la petite (mais de plus en plus connue) salle de concert nichée sous le théâtre de la Piscine de Chatenay-Malabry (92).
La programmation du Pédiluve est très variée : musique du monde, classique, jazz, soul ... et je ne pourrais pas rendre compte de toutes les facettes. J'avais tout de même fait un focus sur la soirée pop folk de The Rodeo et sur le rockeur Lionel Melka. Ayant eu la chance de rencontrer Lise alors qu'elle commençait tout juste à échafauder l'enchainement de son futur spectacle je pressentais que cette soirée serait un moment d'exception.
Ceux qui l'ont découverte ce soir auront été surpris par sa fragilité apparente. Ce petit bout de femme s'est posé sur la scène avec la délicatesse d'un oiseau, mettant d'emblée les mains dans le piano pour une longue introduction qui a immédiatement captivé le public. Chacun est tombé sous le charme de cette chanteuse, aux allures de jeune fille, dont la maitrise force l'admiration.
Il faut savoir qu'elle joue de cet instrument depuis qu'elle est toute petite et qu'elle aurait pu se diriger vers une carrière de pianiste classique si elle avait pu surmonter ses défauts (c'est elle qui le dit avec humilité). Sa manière de jouer est par contre un atout pour la chanson et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Elle avait disposé des miroirs sur pieds pour que de partout on puisse suivre l'ensemble des manipulations sur les instruments. Et il y en a eu de multiples. Comme par exemple en pinçant une paire de cordes pour obtenir deux notes, répétées en sample à l'infini, et colorer avec une immense simplicité la première partie de Moon Child, avant de poursuivre au clavier.
Elle extirpe des sons incroyables de son piano dont elle est capable de jouer de diverses manières. Elle travaille aussi avec sa voix sur une gamme très large, s'élevant dans des aigus très osés, comme sur le titre Paris, utilisant la voix parlée pour le Bal des autos, associant à des effets visuels comme une boule lumineuse pour Ice lady.
Lise est d’apparence sophistiquée. Sa tenue de scène est à ce titre très originale, en parfaite cohérence avec sa passion pour les fripes et le vintage. Elle s’exprime toutefois avec tant de douceur et de modestie qu’elle reste d’un naturel confondant. Elle dialogue avec le public entre ce qu’elle désigne comme des « petites » chansons. Il n’y a rien d’ostentatoire dans son spectacle et lorsqu’elle nous dit qu’elle va interpréter un texte que Dominique A lui a écrit (quasiment en hommage puisqu’il venait d’entendre la maquette de son premier disque) on ressent le bonheur qu’elle éprouve à ce moment là.
Elle chante Le cycle, les mirages d’une voix pure sans aucune fioriture :
Elle chante en anglais comme en français, passant d'une langue à l'autre avec la même facilité qu’elle a eu de vivre alternativement en France et sur le continent américain pendant de longues années. C’est sa manière de se livrer tout en s’abritant. Les paroles révèlent néanmoins beaucoup ses pensées intimes, avec une distance toute relative, et toujours une grande poésie ... nous confiant par exemple qu'elle aime la nuit voir de la lumière aux yeux grands ouvert des immeubles.
Elle lit beaucoup, aime les beaux textes, adore les mots, écrit ses chansons (sans refuser les beaux cadeaux … comme je l'ai précisé plus haut). Musicalement, elle prend de la distance avec ses influences classiques, n’hésitant pas à triturer son instrument dans tous les sens, pouvant le frapper (n’allez pas croire tout de même qu’elle le maltraite), caresser ses cordes avec un balai emprunté à un batteur à la fin de J'aime bien rouler la nuit, en pincer deux, en scotcher plusieurs autres pour en tirer des sons qu’on attribuerait à un banjo …
Elle interprète alors Thinking of thinking (une chanson dont elle a composé la musique, sur des paroles de Claudette Jocelyn Stern) d’une voix facétieuse en l’inscrivant aussitôt dans une ambiance ragtime.
Son coté un peu expérimental s’exprime avec une grande musicalité. Et elle s’y entend pour associer le public. C’est bien la seule artiste que je connaisse qui encourage les spectateurs à allumer leur téléphone portable pour y chercher un son qui évoque les grillons. Et chacun d’en jouer au signe qu’elle nous fait de la main, alternant avec le tintement de nos clés en guise de clochettes, nous improvisant accompagnateurs pour lui offrir un moment « cool comme dans ses rêves ».
Lise adore les reprises, quelle travaille avec sa personnalité. Where is my mind (des Pixies) et surtout Pimp de 50 Cent sont assez exceptionnels. On comprend mal qu’avec un tel talent elle puisse ressentir le Trac, même si elle nous le chante avec un humour décapant en jouant avec les mots pour conjurer la trouille. Elle a fait suffisamment d’auditions pour savoir que le trac n’a n'a jamais tué personne et que le pire se résume à quelques égratignures narcissiques. Comme quoi on peut sembler calme et souffrir d’anxiété.
Elle adore les mots et s’y entend pour camper des ambiances. Paris est un collage de morceaux de textes lui rappelant la France, qu’elle a réalisé alors qu'elle en était éloignée. Le thème du voyage transpire dans plusieurs titres. Comme aussi avec ce poème d’Apollinaire, L’émigrant de Landor Road, qui nous emporte le chapeau à la main …sous des arbres pleins d'oiseaux muets.
Un petit volatile écoute sans broncher la jeune chanteuse, pianiste et poète. Je mesure l'ampleur du travail accompli depuis notre précédente rencontre. Lise est une artiste perfectionniste. Elle maitrise désormais ls mise en scène sans perdre son naturel, faisant bien plus que donner un tour de chants.
Elle aime le décalage comme en témoigne l'apparition d'un lapin Duracell, plutôt facétieux qui, après quelques cascades sera confié à un spectateur, le temps de terminer la reprise de Why don't you do right (de Peggy Lee) en le regardant les yeux dans les yeux tandis qu'il continuait de battre le tambour.Elle se passionne pour tout ce qui , de loin ou de près, fait penser à un piano. Sa dernière découverte est une autoharp qu'elle situe entre piano, à cause des cordes, et accordéon, à cause des boutons. Sa délicatesse accompagnait les paroles sensibles de Tourne, invoquant des odalisques du soleil et quelques derviches assassines, justifiant de protéger son cœur sous vide.
Nous étions enveloppés de musique et de belles lumières, goutant chaque surprise avec naturel. Jusqu’à l’arrivé de Cali, un grand ami, avec qui la chanteuse a déjà interprété le Grand jour devant de grandes assemblées. Ce soir nous étions une poignée et le duo était particulièrement réussi.
C’était un grand soir et il nous fallut Dors, jolie berceuse, pour accepter de repartir dans la nuit faire de doux rêves.
Tout en préférant les concerts où on voit les gens Lise a reconnu avoir un facebook et un myspace alors allez y faire un tour si vous ne la connaissez pas encore, ne serait-ce que pour y trouver les dates de ses prochains concerts.
Le Pédiluve se trouve dans l'enceinte du Théâtre La Piscine récemment reconstruit 254 avenue de la Division Leclerc, à Chatenay-Malabry (92).
Les jeudis soirs à 20 heures les musiques se déclinent sur tous les tons : classique, soul, chanson, jazz ... à 8 € la place. Le Bar ouvre ses portes à 19h00 pour une restauration légère ( un plat chaud, un dessert et une boisson pour 5 € ).
Lieu intime, convivial, trait d'union avec le passé nautique de l'équipement, il est devenu désormais une salle de concert de 80 places qui compte en région parisienne. Renseignements et réservations au 01 41 87 20 84 ou sur le site de la structure.
La programmation du Pédiluve est très variée : musique du monde, classique, jazz, soul ... et je ne pourrais pas rendre compte de toutes les facettes. J'avais tout de même fait un focus sur la soirée pop folk de The Rodeo et sur le rockeur Lionel Melka. Ayant eu la chance de rencontrer Lise alors qu'elle commençait tout juste à échafauder l'enchainement de son futur spectacle je pressentais que cette soirée serait un moment d'exception.
Ceux qui l'ont découverte ce soir auront été surpris par sa fragilité apparente. Ce petit bout de femme s'est posé sur la scène avec la délicatesse d'un oiseau, mettant d'emblée les mains dans le piano pour une longue introduction qui a immédiatement captivé le public. Chacun est tombé sous le charme de cette chanteuse, aux allures de jeune fille, dont la maitrise force l'admiration.
Il faut savoir qu'elle joue de cet instrument depuis qu'elle est toute petite et qu'elle aurait pu se diriger vers une carrière de pianiste classique si elle avait pu surmonter ses défauts (c'est elle qui le dit avec humilité). Sa manière de jouer est par contre un atout pour la chanson et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Elle avait disposé des miroirs sur pieds pour que de partout on puisse suivre l'ensemble des manipulations sur les instruments. Et il y en a eu de multiples. Comme par exemple en pinçant une paire de cordes pour obtenir deux notes, répétées en sample à l'infini, et colorer avec une immense simplicité la première partie de Moon Child, avant de poursuivre au clavier.
Elle extirpe des sons incroyables de son piano dont elle est capable de jouer de diverses manières. Elle travaille aussi avec sa voix sur une gamme très large, s'élevant dans des aigus très osés, comme sur le titre Paris, utilisant la voix parlée pour le Bal des autos, associant à des effets visuels comme une boule lumineuse pour Ice lady.
Lise est d’apparence sophistiquée. Sa tenue de scène est à ce titre très originale, en parfaite cohérence avec sa passion pour les fripes et le vintage. Elle s’exprime toutefois avec tant de douceur et de modestie qu’elle reste d’un naturel confondant. Elle dialogue avec le public entre ce qu’elle désigne comme des « petites » chansons. Il n’y a rien d’ostentatoire dans son spectacle et lorsqu’elle nous dit qu’elle va interpréter un texte que Dominique A lui a écrit (quasiment en hommage puisqu’il venait d’entendre la maquette de son premier disque) on ressent le bonheur qu’elle éprouve à ce moment là.
Elle chante Le cycle, les mirages d’une voix pure sans aucune fioriture :
Je connais déjà cette route insensée qui tourne sur elle-même et qui me fait danser. Des mirages m'attendent et j'y retournerai, je tomberai encore dans les mêmes filets, les mêmes bras qui errent … Et je retrouverai et la mer intranquille, et la route insensée, elles me verront venir inquiète et inchangée …Le titre a pu être ajouté in extremis en bonus sur l’album sorti en juin dernier, entre une série de dates dans la minuscule salle parisienne des Déchargeurs et la scène des Francofolies.
Elle chante en anglais comme en français, passant d'une langue à l'autre avec la même facilité qu’elle a eu de vivre alternativement en France et sur le continent américain pendant de longues années. C’est sa manière de se livrer tout en s’abritant. Les paroles révèlent néanmoins beaucoup ses pensées intimes, avec une distance toute relative, et toujours une grande poésie ... nous confiant par exemple qu'elle aime la nuit voir de la lumière aux yeux grands ouvert des immeubles.
Elle lit beaucoup, aime les beaux textes, adore les mots, écrit ses chansons (sans refuser les beaux cadeaux … comme je l'ai précisé plus haut). Musicalement, elle prend de la distance avec ses influences classiques, n’hésitant pas à triturer son instrument dans tous les sens, pouvant le frapper (n’allez pas croire tout de même qu’elle le maltraite), caresser ses cordes avec un balai emprunté à un batteur à la fin de J'aime bien rouler la nuit, en pincer deux, en scotcher plusieurs autres pour en tirer des sons qu’on attribuerait à un banjo …
Elle interprète alors Thinking of thinking (une chanson dont elle a composé la musique, sur des paroles de Claudette Jocelyn Stern) d’une voix facétieuse en l’inscrivant aussitôt dans une ambiance ragtime.
Son coté un peu expérimental s’exprime avec une grande musicalité. Et elle s’y entend pour associer le public. C’est bien la seule artiste que je connaisse qui encourage les spectateurs à allumer leur téléphone portable pour y chercher un son qui évoque les grillons. Et chacun d’en jouer au signe qu’elle nous fait de la main, alternant avec le tintement de nos clés en guise de clochettes, nous improvisant accompagnateurs pour lui offrir un moment « cool comme dans ses rêves ».
Lise adore les reprises, quelle travaille avec sa personnalité. Where is my mind (des Pixies) et surtout Pimp de 50 Cent sont assez exceptionnels. On comprend mal qu’avec un tel talent elle puisse ressentir le Trac, même si elle nous le chante avec un humour décapant en jouant avec les mots pour conjurer la trouille. Elle a fait suffisamment d’auditions pour savoir que le trac n’a n'a jamais tué personne et que le pire se résume à quelques égratignures narcissiques. Comme quoi on peut sembler calme et souffrir d’anxiété.
Elle adore les mots et s’y entend pour camper des ambiances. Paris est un collage de morceaux de textes lui rappelant la France, qu’elle a réalisé alors qu'elle en était éloignée. Le thème du voyage transpire dans plusieurs titres. Comme aussi avec ce poème d’Apollinaire, L’émigrant de Landor Road, qui nous emporte le chapeau à la main …sous des arbres pleins d'oiseaux muets.
Un petit volatile écoute sans broncher la jeune chanteuse, pianiste et poète. Je mesure l'ampleur du travail accompli depuis notre précédente rencontre. Lise est une artiste perfectionniste. Elle maitrise désormais ls mise en scène sans perdre son naturel, faisant bien plus que donner un tour de chants.
Elle aime le décalage comme en témoigne l'apparition d'un lapin Duracell, plutôt facétieux qui, après quelques cascades sera confié à un spectateur, le temps de terminer la reprise de Why don't you do right (de Peggy Lee) en le regardant les yeux dans les yeux tandis qu'il continuait de battre le tambour.Elle se passionne pour tout ce qui , de loin ou de près, fait penser à un piano. Sa dernière découverte est une autoharp qu'elle situe entre piano, à cause des cordes, et accordéon, à cause des boutons. Sa délicatesse accompagnait les paroles sensibles de Tourne, invoquant des odalisques du soleil et quelques derviches assassines, justifiant de protéger son cœur sous vide.
Nous étions enveloppés de musique et de belles lumières, goutant chaque surprise avec naturel. Jusqu’à l’arrivé de Cali, un grand ami, avec qui la chanteuse a déjà interprété le Grand jour devant de grandes assemblées. Ce soir nous étions une poignée et le duo était particulièrement réussi.
C’était un grand soir et il nous fallut Dors, jolie berceuse, pour accepter de repartir dans la nuit faire de doux rêves.
Tout en préférant les concerts où on voit les gens Lise a reconnu avoir un facebook et un myspace alors allez y faire un tour si vous ne la connaissez pas encore, ne serait-ce que pour y trouver les dates de ses prochains concerts.
Le Pédiluve se trouve dans l'enceinte du Théâtre La Piscine récemment reconstruit 254 avenue de la Division Leclerc, à Chatenay-Malabry (92).
Les jeudis soirs à 20 heures les musiques se déclinent sur tous les tons : classique, soul, chanson, jazz ... à 8 € la place. Le Bar ouvre ses portes à 19h00 pour une restauration légère ( un plat chaud, un dessert et une boisson pour 5 € ).
Lieu intime, convivial, trait d'union avec le passé nautique de l'équipement, il est devenu désormais une salle de concert de 80 places qui compte en région parisienne. Renseignements et réservations au 01 41 87 20 84 ou sur le site de la structure.
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