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mercredi 7 novembre 2012

Philippe Moisan expose pour la première fois et dans le cadre du Mois de la photographie

Il en va ainsi ... une alternance entre des sujets dont je sais qu'ils figureront pendant des mois parmi les plus lus du blog, comme ce que j'ai publié à propos de la collection privée des Billarant au Silo de Marines, ou encore les compte-rendus des expositions programmées à l'Espace culturel Vuitton, et puis des découvertes comme je peux en faire au Purgatoire, l'espace d'Alain Cirelli, ou comme ce soir Philippe Moisan qui présente pour la première fois une exposition personnelle.

Parallèlement à son activité de photographe professionnel dans l'univers du luxe il a accumulé une série de clichés qu'il a pris, mais je devrais écrire "qu'il a conçus" aux quatre coins de la planète, profitant d'un passage à Tokyo, Séoul, New-York ou Hong-Kong pour en saisir une bribe.

Contrairement à beaucoup, Philippe Moisan travaille à l'argentique avec un Fuji 6x9 et, ceci expliquant d'ailleurs cela, il n'appuie pas avec frénésie sur le déclencheur : « je shoote une photo, une seule. Mon sujet n’a pas le temps de rentrer dans une réflexion du pourquoi et du comment. Pas de pose. Neutre. L’absence donne de la puissance »

Il ne se situe cependant absolument pas dans l'univers de la photo prise sur le vif, comme ces photos dites « volées » où le personnage principal ne s'est pas douté un instant de se trouver dans le cadre. Il a au contraire la pleine conscience d'être au centre du cliché.
Philippe pratique souvent ce qu'on appelle au cinéma le plan « américain », cadrant le personnage à mi-cuisses, ce qui équilibre le rapport au décor. Dans la série « Titans » on trouvera un cow-boy, ce représentant de l'autorité qui contraste ainsi au centre d'une salle de machines à sous et ce jeune homme dans l'univers urbain qui est le sien.
Quoi qu'il en soit l'homme est souvent au centre du tirage, qu'il se déplace en groupe ou qu'il marche solitaire. Et quand Philippe Moisan aborde un paysage, la construction de l'image est très soignée en amont de la prise de vue. Lumière, cadrage et angles ont été pensés dans le moindre détail, ce qui ne le prémunit pas de certaines erreurs, frôlant parfois la photo « ratée » avec ce je ne sais quoi qui transforme la banalité en oeuvre d'art.
L’exposition réunit 90 tirages argentiques originaux (dont 9 tirages uniques) aux dimensions inhabituelles. Grands, moyens et petits formats s’assemblent autour de thèmes variés et généraux comme ci-dessus « Reflux ».
La sophistication des scénarios n'exclue pas la spontanéité ni l'humour. Beaucoup de photographes amateurs se retrouvent au coeur des vues qui nous sont données à regarder. Jusqu'à cinq dans le même tableau. On peut s'amuser à les chasser aussi comme un des Charlie de l'illustrateur Martin Handford, et le trouver là, en bas à gauche, au pied de la façade ... d'un immeuble dont le nom apparait si on y prête attention : Vuitton. Comme quoi le hasard ...
« Asphaltes » témoigne de son intérêt pour les automobiles, avec là encore un regard décalé par rapport aux clichés habituels. Il aurait pu choisir de grosses américaines, de véloces italiennes, mais sa préférée demeure la Renault 12.
Avec « Vertiges » il nous embarque dans les grandes capitales mais il sait aussi nous perdre dans la campagne ou en forêt avec une série au nom mélancolique, « Silences » ... révélant la faiblesse de la nature par rapport à la puissance humaine destructrice.
Ces deux arbres se sont évanouis depuis, sacrifiés sur l'autel de la rentabilité. Comme si quelques mètres carrés de blé supplémentaires étaient absolument nécessaires à l'agriculteur...
S'il ne cite pas ce peintre là parmi ceux qui ont exercé sur lui une influence artistique Philippe Moisan j'ai vu dans cette petite photo d'arbres de la série « Attentes » l'évocation d'une des nombreuses forêts de pins, d'hêtres ou de bouleaux peintes par Gustav Klimt qui a longuement arpenté les sous-bois de Buchenwald.

Chacun est libre d'interpréter à l'infini, preuve que l'artiste a débusqué l'universel dans le particulier. Je vous encourage à faire cette expérience.

Exposition du 8 au 17 novembre 2012 à la Galerie Joseph, 7 rue Froissart
Paris 3ème, M° Saint-Sébastien – Froissart. Entrée libre

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