La 21ème édition du Festival Paysages de Cinéastes s’est ouverte en ce doux soir d’été dans le parc enchanteur de la Maison de Chateaubriand où, faute de Covid ou de mauvais temps, nous avions été privé depuis quatre ans d’une projection en extérieur. On comprendra qu’elle fut très appréciée.
Nous avons appris pendant les discours d’usage que le thème du sport avait été choisi pour 2023 afin d’honorer les prochains Jeux Olympiques qui seront marqués par le passage de la flamme olympique à Châtenay-Malabry.
Parmi les membres du jury on compte le chatenaisien Léo Fontaine dont le premier long métrage, Jeunesse, mon amour sortira le 3 avril 2024 aura la ville en toile de fond. Pour marquer la vente de la maison de ses parents, Dimitri organise une dernière fête avec sa bande du lycée qu’il n’a pas revu depuis plusieurs années. Parmi eux, Lila et Matt, désormais en couple, ont une annonce à faire. Entre non-dits, rivalités et tensions amoureuses, les retrouvailles seront explosives.
Carl Segaud, le maire de Châtenay a insisté sur la volonté de la municipalité de pratiquer une tarification raisonnée de manière à ce que le cinéma n’y soit pas un luxe pour des privilégiés.
Nous avons ensuite suivi un spectacle exceptionnel de danse hip-hop par la Compagnie No Mad avec quatre danseurs et une danseuse : Mehdi Slimani, Diana de Paoli, Timour Aydogan, Steven Sanchez Da Costa
Fervent acteur, défenseur et passeur de la culture hip-hop, Mehdi Slimani s’est retrouvé tout d’abord embarqué dans diverses aventures artistiques, qu’il vit et expérimente toutes pleinement et sans retenue. Elles constituent les ressources de son parcours et de sa formation qu’il définit comme «socio-didactique» : interprète pour différentes compagnies danse/théâtre (collaborations avec Arpad Schilling, Stéphane Fortin, Hervieu/Montalvo, Philip Boulay, Zaza Disdier…), artiste de rue à travers le monde, danseur pour des artistes phares (Akhenaton, La Brigade, Doc Gynéco…), compétiteur de battles nationaux et internationaux, artiste chorégraphique pour des productions de grande envergure (notamment Les Dix Commandements/Kamel Ouali), formateur et professeur pour de nombreuses écoles de danse.
Refusant le cantonnement des performances de rue aux scènes les plus prisées en passant par les plateaux télés, il partage son esthétique avec une grande générosité et le public a ovationné la performance qui alterna les solos et les chorégraphies de groupe.
Ensuite la soirée s’est poursuivie avec la projection en plein-air et en avant-première du dernier film de Michel Gondry, Le Livre des solutions, avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, Vincent Elbaz, Camille Rutherford … qui avait été présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2023.
Marc (Pierre Niney), cinéaste bipolaire et parano, ne peut tolérer de voir retoqué par les producteurs son film en cours, dont les extraits entrevus peuvent en effet laisser craindre le pire. Accompagné de sa monteuse (Blanche Gardin), il embarque tous les rushes chez sa tante (Françoise Lebrun), dans les Cévennes, pour boucler le film selon ses souhaits. Il s’évertue plutôt à en différer la finalisation, en lançant incessamment de nouveaux chantiers, qui sont autant de dérivations et d’impasses, tour à tour comiques et inquiétantes.
Tout ne fonctionne pas comme le personnage le souhaiterait car, et c’est une évidence une fois qu’on l’entend : une idée, par définition, c’est du jamais vu. Mais on avance avec lui dans la progression du film qu’il est en train de monter. On progresse d’une idée à une autre, toutes notées dans son cahier.
L’équipe est hébergée par une vieille dame extrêmement bienveillante, formidablement interprétée par Françoise Lebrun avec un naturel proche du documentaire.
Il y a des trouvailles farfelues qui font mouche, comme la scène d’enregistrement de la musique du film. Il y en a d’autres avec un guest improbable mais je ne vais pas la spoiler.
Je n’avais pas vu le dernier film de Michel Gondry, Microbe et Gasoil, qui est sorti en 2015 mais j’avais exprimé quelques réserves sur L’écume des jours, malgré d’énormes qualités. Les observations que je faisais n’ont pas lieu d’être pour Le livre des émotions que j’ai pu aimer sans réserve. Certes, le scénario est foisonnant et il est probable que Marc soit l’alter-ego du réalisateur dont il partage les tourments et l’inventivité. Mais le résultat est jouissif et surtout plein d’amour.
Moi qui suis adepte de la formule selon laquelle il n’y a pas de problème mais juste une solution qu’on ignore, je ne peux qu’encourager le public à aller voir ce film qui prône le fait que chaque problème a sa solution … et vice versa d’ailleurs. je reviendrai plus en détail sur ce film d’ici 48 heures.
Demain, la compétition de longs-métrages internationaux sera ouverte, avec uniquement cette année cinq premiers films, qui célèbrent la diversité du cinéma, ce qui est particulièrement osé de la part de Carline Diallo, la programmatrice du festival et directrice du Rex de Chatenay-Malabry qui a bien raison de souligner que chaque grand réalisateur a un jour été un novice plein de craintes. Elle nous a habitués à des choix audacieux et pertinents. On a hâte de découvrir ceux de cette année.
Il y aura bien entendu aussi pendant cette semaine, du 8 au 15 Septembre 2023 une compétition de films à destination du jeune public et une compétition de courts-métrages. Trois jurys, ainsi que le public détermineront le palmarès :
· Le Grand Jury, composé de professionnels
· Le Jury de la Jeunesse, composé de cinéphiles entre 12 et 20 ans,
· Le Jury des Femmes, en collaboration avec les associations locales partenaires du projet « Femmes & Cinéma ».
Ils remettront comme d’habitude 7 Prix : Le Prix de la Jeunesse, Le Prix des Femmes, Le Prix du Public pour les longs-métrages et le Prix du Public pour les courts-métrages, Le Prix des scolaires pour les courts-métrages et deux Prix dotés : le Prix du Public pour la compétition jeune public et le Prix du Grand Jury. Le palmarès sera annoncé le vendredi 15 septembre au Rex, où sera projeté encore en avant-première Une année difficile, réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache, avec Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant, Mathieu Amalric, Grégoire Leprince-Ringuet.
Ce duo de réalisateurs avait déjà réjoui le public du Rex avec notamment Hors-normes qui avait été présenté en clôture du 18ème festival paysages de cinéastes. Après avoir abordé le handicap avec ce film et Intouchables, ils s’attaquent au surendettement dont il vont parler à leur manière et avec humour.
Avec une ouverture et une clôture avec une comédie, la 21e me édition de Paysages de cinéastes devrait nous faire du bien.
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