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samedi 14 septembre 2019

Hors normes, un film d'Eric Toledano et Olivier Nakache

Le 18 ème Festival Paysages de cinéastes s’est clôturé ce soir, à l’instar de celui de Cannes -mais oui tout à fait- par une projection du film d’Éric Toledano et Olivier Nakache Hors normes, après la remise du palmarès couronnant particulièrement Papicha.

Mounia Meddour a réalisé ce film en s'inspirant de faits réels qui se sont déroulés à Alger dans les années 90, rendant hommage à des jeunes filles qui voudraient vivre libres, coûte que coûte et malgré le danger, sans devoir quitter le pays qu'elles aiment. La sélection officielle concoctée par Carline Diallo, la Déléguée générale du festival, a respecté la contrainte de retenir uniquement des longs-métrages qui ne sont pas encore sortis en salle mais qui aussi avaient en commun, de célébrer une forte pulsion de vie quelle que soit la situation de crise.

On connaît Éric Toledano et Olivier Nakache pour Intouchables que j’avais découvert en avant-première il y a déjà huit ans. Ils n’ont peut-être pas tout à fait le sens de la fête mais ils ont complètement le sens du social.

Les réalisateurs portent ce film en eux depuis de nombreuses années. Ils connaissent le sujet et depuis longtemps les associations de Stéphane Benhamou et de Daoud Tatou dont le travail est salué dans le film. Les acteurs ont rencontré les personnages réels pour s'imprégner de leur vraie vie et la restituer. Éric Toledano et Olivier Nakache ont pris leur temps, rencontré beaucoup de personnes œuvrant auprès d’enfants autistes et de jeunes en difficulté, et essayé de se poser les bonnes questions à chaque étape. Le film explore ce qu’est la "norme", la "marge", et ce qui la définit.

Ce qui est très réussi avec Hors normes c’est qu’ils atteignent parfaitement l’objectif d’interroger sur ce qu’on appelle pudiquement "la différence". Eric et Olivier n'ont pas peur des mots. Chacun peut la voir au quotidien dans son école, son travail, dans la rue, dans le métro. Par contre les institutions, et je pense particulièrement à l’ASE et à la MDPH, sont loin de faire ce qu’il faut quand il faut. Ne commentez pas en pensant que je ne connais pas le sujet. Je me suis trouvée au cœur du réacteur pendant 18 ans, moins que Bruno et Malik, mais avec des cas lourds à gérer sans moyens. Espérons qu’un tel objet bousculera les consciences.

Ce que j’ai trouvé le plus "hors normes" ce ne sont pas tant les adolescents autistes mais Bruno (Vincent Cassel) et Malik (Reda Kateb, César du meilleur acteur dans un second rôle avec le film Hippocrate en 2015) qui, à travers leurs associations respectives, font le travail de terrain que les institutions ne devraient pas laisser tomber en vertu de la loi de 2005, laquelle est appliquée de façon déplorable.

Ce film a toutes les qualités d'abord parce que c’est un film et pas un documentaire, comme l'était Rain man en 1989. Le plateau a été ouvert à des autistes, des éducateurs, des personnels soignants. Il est porteur d’une énergie phénoménale, alliant l'émotion est le rire, toujours dans le respect, sans tenir compte de la couleur de la peau ou de la religion, avec un message très simple : laissez-nous exister.

La demande a été entendue des pouvoirs publics qui ont "à titre provisoire et exceptionnel" autorisé Le Silence des Justes à poursuivre son activité". Et j'ai remarqué dans le générique de fin que 5 % des bénéfices seront reversés aux associations. Sans être donneurs de leçon, Eric, Olivier, les comédiens, professionnels ou pas, et les techniciens, éclairent le grand public sur la transformation de la prise en charge des personnes qui ont ce grand trouble de la communication et sur la nécessité de leur rendre la vie normale.

J'ai été amusée de retrouver un début comparable à la course poursuite du premier plan d'Intouchables. Il se dégage de l'émotion mais aussi du rire dans de nombreuses séquences.

Sortie sur les écrans le 23 octobre 2019.

Le festival s'achève mais vous aurez eu la possibilité de voir aussi, hors compétition, trois autres longs métrages où l’enfance est à l’honneur : La vie scolaire de Grand Corps Malade, Ma famille et le loup et puis aussi l’histoire si touchante du jeune petit footballeur Théo dans Fourmi.

Merci à toute l'équipe du festival pour le travail accompli. Rendez-vous est donné aux spectateurs pour les sorties officielles prochaines, notamment sur les écrans du Cinéma Le Rex mais aussi du Sélect de la Ville d'Antony avec Ceux qui travaillent, Papicha, Fahim, bien entendu Hors normes ... et quelques autres.

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