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mercredi 13 septembre 2023

Les jardins de Versailles

A Versailles il faut distinguer le Château, la Galerie des Carrosses, le Parc et les Jardins ainsi que le Petit et le Grand Trianon. Bref, il y a beaucoup à voir et une journée entière n’y suffit évidemment pas.

Je dois à Antony M. et à Florence C. de m’avoir entraînée dans le Parc et les Jardins, un après-midi d’eaux musicales et je les en remercie. Je suis bien entendu loin d’avoir tout vu mais j’espère que ces photos un peu différentes de celles qui sont souvent publiées vont donneront envie de vous y promener.

Dès 1661, Louis XIV lance le vaste chantier de la création de son domaine de Versailles. L’aménagement des jardins se fait de manière concomitante à la transformation et aux agrandissements du Château, pendant plus de quarante ans. Le Roi-Soleil est très impliqué dans la création de ses jardins et suit de près les projets de son jardinier, André Le Nôtre. Ce dernier, en charge d’un chantier pharaonique, dompte les bois et les marécages environnants, et nivèle les terrains pour faire du petit jardin de Louis XIII un immense jardin à la française.

Ce style, très prisé au XVIIe siècle, découle de la mode du jardin à l’italienne. La symétrie traduit la domestication de la nature par l’homme. L’architecture végétale comme le programme sculptural et les agencements hydrauliques concourent à faire de ces écrins de fêtes et lieux de promenade, le reflet du pouvoir royal. Louis XIV aimait beaucoup ses jardins et ses promenades ont fait l’objet de nombreuses représentations, comme celle peinte par Étienne Allegrain en 1688.

Les guérites qui marquent les entrées de la Porte Saint-Antoine et de l’Allée des Matelots ont dû être utilisées mais elles sont aujourd’hui vides. Je leur trouve malgré tout un charme certain et j’aime accéder aux jardins par ces endroits. 

Mais si on arrive par le château et la cour des Princeson peut observer en contrebas les motifs du parterre du Midi, et au loin la pièce d’eau des Suisses, qui s’étend de l’autre côté de la Route de Saint-Cyr.
Le parterre Sud offre un nouveau point de vue, cette fois sur le parterre de l’Orangerie et ses motifs tout en volutes. L’art de la taille des topiaires (buissons), ifs aux formes géométriques, s’y déploie encore aujourd’hui comme sous Louis XIV. Il en existe 700 dans les jardins de Versailles, de 67 formes différentes !
Composé de quatre pièces de gazon et d’un bassin circulaire, le parterre de l’Orangerie s’étend sur pas moins de trois hectares. Sous Louis XIV, il était orné de quelques sculptures aujourd’hui au musée du Louvre.
On peut admirer le reflet du palais dans le bassin central. L’atmosphère est totalement différente. Construite par Jules Hardouin-Mansart en 1684, l’Orangerie abrite près de 1 500 arbres en caisses, orangers du Portugal, d’Espagne ou d’Italie, citronniers, lauriers-roses, palmiers et autres espèces, comme les grenadiers ci-dessous à droite. Certains arbustes ont jusqu’à plus de 200 ans. Ils sont conservés l’hiver dans le bâtiment mais se déploient l’été sur son parterre. L’Orangerie n’est pas accessible en visite libre, seulement en visite guidée.
Il faut laisser ses pas poursuivre jusqu’au grand escalier, si majestueux, bordant un jardin cette fois sauvage, qu’on n’imagine pas trouver à Versailles.
On y voit des anémones du Japon ployer devant d’odorants buissons de roses …
… comme de longues agapanthes bleues côtoyer des orpins carmins. L’ensemble est bucolique à souhait.
On remonte alors vers le Château en empruntant ce grand escalier qui est -je crois- celui que Maïwen grimpe à toute vitesse dans Jeanne du Barry
On est alors au pied de la galerie des Glaces, face au parterre d’Eau qui se compose de deux grands bassins rectangulaires sur lesquels la lumière se reflète comme sur un miroir parce que pour Le Nôtre, la lumière est un élément du décor, au même titre que la verdure. Il équilibre donc dans ses compositions les masses d’ombre et de clarté.

Plusieurs fois modifié, cet ensemble ne reçut sa forme définitive qu’en 1685. Le décor sculpté fut alors conçu et dirigé par Charles Le Brun : chaque bassin est cantonné de quatre figures de bronze figurant les fleuves et les rivières de France : La Loire et Le Loiret (par Thomas Regnaudin), Le Rhône et La Saône (par Jean-Baptiste Tuby), La Seine et La Marne (par Étienne Le Hongre), La Garonne et La Dordogne (par Antoine Coysevox) ; auxquelles s’ajoutent quatre nymphes et quatre groupes d’enfants disposés sur les grands côtés.
La Loire, groupe en bronze 1685-89 de Balthasar Keller (1638- 1702) 
d'après Thomas Regnaudin (1622-1706)
Nymphe et enfant au trident, groupe en bronze 1685-89 de Balthasar Keller (1638- 1702) 
d'après Thomas Regnaudin (1622-1706)
En se plaçant dos au château, on fait face à la Grande Perspective dessinée par André Le Nôtre qui se découvre au fur et à mesure qu’on avance en direction du Grand Canal avec ses effets d’optique et de surprise caractéristiques : le bassin d’Apollon, le Tapis Vert et enfin le parterre et le bassin de Latone, achevé en 1689 (restauré en 2013), par Jules Hardouin-Mansart, accessible par l’escalier central ou les rampes latérales, et qui est l’une des pièces maîtresses de la Grande Perspective. 
Si les sculptures des héros et dieux de l’Antiquité ont une visée décorative, elles permettent également de transmettre des messages, notamment aux membres de la Cour. Louis XIV s’identifie à Apollon, dieu du soleil et des arts, qu’il met en scène à travers les statues des jardins. Le groupe de marbre sculpté de Latone et ses enfants dominant batraciens et paysans de plomb doré, illustre un épisode de l’enfance d’Apollon, relaté par Ovide dans le livre VI des Métamorphoses. Latone, mère d’Apollon et de Diane, décidée à protéger ses enfants contre les injures des paysans de Lycie qui les empêchaient de se désaltérer. Elle demanda à Jupiter de la venger, ce qu’il fit en transformant les Lyciens en grenouilles et en lézards.
Le groupe central en marbre, sculpté par les frères Marsy, représente donc Latone et ses enfants. Il était, lors de la création du bassin en 1668, placé sur un rocher et entouré des six figures de paysans en train de se transformer, tandis que vingt-quatre grenouilles étaient disposées sur la plate-forme de gazon entourant le bassin. La déesse regardait alors vers le Château. Cet aménagement fut modifié par Jules Hardouin-Mansart entre 1687 et 1689. Le rocher fit place à une pyramide de marbre et le groupe de Latone regarde désormais vers le Grand Canal. Le bassin de Latone se prolonge par un parterre où sont placés les deux bassins des Lézards. 
Nous voici au bord de l’Allée royale qui constitue l’axe est-ouest majeur du jardin. Appelée aussi « Tapis vert », en raison de la bande de gazon qui se déroule au milieu. Elle mesure 335 mètres de long sur 40 mètres de large. Son tracé date de Louis XIII, et ne faisait alors que 15 mètres de large, mais Le Nôtre la fit élargir à 45 et en adoucit la pente en la scandant de douze statues et douze vases, placés par paires symétriques.

Sous Louis XVI, on ajoute à sa bordure d’ifs et de charmilles un alignement de marronniers. Du côté de l’amphithéâtre de Latone, l’entrée de l’allée est marquée par deux admirables groupes du sculpteur Puget que Louis XIV, grand amateur du talent du sculpteur, y avait fait placer : Milon de Crotone (1682) et Persée délivrant Andromède (1684). Il s’agit aujourd’hui de moulages, les originaux étant conservés au Louvre.

En se plaçant dans l’axe de la Grande Perspective depuis la terrasse, on peut observer depuis le « point de vue du Roi » et en tournant simplement la tête, les quatre bassins des Saisons : Flore (printemps), Cérès ( été), Bacchus (automne) et Saturne (Hiver).

Je n’ai eu le temps que de voir en détail le bassin de Saturne mais c’est d’abord le bosquet de la Girandole que l’on croise au début du Tapis vert quand on l’emprunte en tournant le dos au château.
Ce bosquet, avec celui du Dauphin qui lui correspond au nord, compte parmi les premiers aménagés par Le Nôtre, dès 1663. Traités en salles de verdure, ils possèdent tous deux une salle centrale ornée d’un bassin, mis en place en 1669. Au sud, la margelle du bassin est ornée, en 1682, d’un décor de roseaux dont les jets convergent vers le centre de la pièce d’eau, où une lance d’eau jaillit d’une corbeille de fleurs en métal peinte au naturel.

La forme de cette lance, qui rappelle celle d’une girandole, a donné son nom à la fois au bassin et au bosquet. Le bassin disparaît vers 1760. Quant au bosquet lui-même, comme celui du Dauphin, il fut supprimé lors de la replantation du jardin en 1775-1776 et remplacé par un vaste espace planté de tilleuls disposés en quinconce. En 2000, les deux bosquets et leurs bassins ont été rétablis dans leur état d’origine.

Si les parterres constituent des espaces ouverts et accessibles, les bosquets sont de petits salons de verdure, dissimulés par des palissades végétales et qui se laissent découvrir au détour d’une allée. Au nombre de quatorze à Versailles, ces jardins clos, tous différents les uns des autres, servaient d’écrin aux divertissements royaux. Contrepoint à la stricte régularité du tracé général des jardins, leur décor et leur forme différaient et ils avaient pour effet de surprendre le visiteur par leur diversité. André Le Nôtre créa la plupart, mais quelques-uns furent modifiés par Jules Hardouin-Mansart. Cependant, en raison de leur entretien coûteux et difficile, beaucoup se détériorèrent rapidement et disparurent dès le XVIIIe siècle. Un des plus célèbres, le Labyrinthe, fut détruit lors de la replantation des jardins en 1775-1776. D’autres comme les Bains d’Apollon furent transformés dans le goût anglo-chinois très en vogue sous le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette. 

À mi-chemin du Tapis vert, en tournant à gauche dans l’allée de l’Hiver on arrive au bassin de Saturne.
Il évoque l’hiver, avec une statue en plomb doré, réalisée elle aussi par François Girardon. Les jardins de Versailles n’abritent pas moins de 400 statues, ce qui en fait le plus grand musée de sculptures en plein air au monde ! De marbre dans les allées, les sculptures sont souvent de plomb doré ou de métal dans les bassins qu’elles décorent. Loin des formes géométriques de leurs pendants végétaux, ces sculptures, commandées par Louis XIV et réalisées par les plus grands artistes de son temps, mettent en scène de nombreux personnages de la mythologie gréco-romaine, identifiables grâce à leurs attributs. 
Encore quelques pas et nous sommes au bassin du Miroir qui donne sur cinq allées scandées par quatre statues antiquisantes, dont celle d’Apollon, et fait aujourd’hui face au Jardin du Roi.

Au risque de me répéter il n’est pas possible de tout voir. Versailles compte plus de 30 bassins plus ou moins célèbres, qui comportent chacun des jets d'eaux et participent au même titre que les 50 fontaines du jardin au magnifique spectacle des grandes eaux musicales de Versailles alimentées par 45 kilomètres de canalisation et dont voici un aperçu :
L'extrait est bref mais il permet de se rendre compte de l'ambiance. Nous entendons le Te Deum Laudanus, FCB.001 : IV. Sanctus Dominus Deus Sabaoth. Toutes les musiques des Grandes eaux sont d'ailleurs rassemblées dans un CD.

Sous Louis XIV, le bassin du Miroir se trouvait à l’extrémité d’une grande pièce d’eau appelée l’Île d’Amour, ou Île Royale, sur laquelle avaient lieu les essais des maquettes de navires de guerre et qui avait à l’origine une fonction de drainage des terrains de ce secteur du jardin. Non entretenue pendant la période révolutionnaire, elle se transforma peu à peu en marécage et fut supprimée en 1817 sur ordre de Louis XVIII et remplacée par le Jardin du Roi.
C’est un jardin clos, conçu sur le modèle des jardins à l'anglaise, avec une pelouse ombragée d'arbres rares et ornée de parterres en mosaïculture. Beaucoup de ces arbres ont hélas disparu lors de la tempête de 1999. Subsiste malgré tout un gigantesque platane à feuilles d'érable. Témoin de la venue de Louis-Philippe à Versailles, il est un des tout premiers plantés lorsqu'il est décidé de combler l'île royale.

Si nous remontons de quelques mètres nous tombons sur la Colonnade, construite à partir de 1685 par Jules Hardouin-Mansart pour remplacer un bosquet créé par Le Nôtre en 1679.
C’est un péristyle circulaire de plus de quarante mètres de diamètre qui s’appuie sur trente-deux pilastres -tous en marbre du Languedoc- servant de contreforts aux arcades que soutiennent trente-deux colonnes ioniques qui alternent entre marbre bleu turquin, brèche violette et marbre du Languedoc. Cette discrète polychromie contribue à faire ressortir la blancheur du marbre de Carrare employé pour les arcades et les vases de la corniche.

Le décor sculpté des écoinçons représente des Amours s’adonnant à la musique ou à des jeux champêtres. Sous vingt-huit des trente-deux arcades, dont les clés d’arc sont ornées de masques de divinités marines ou agrestes, des fontaines jaillissantes se déversent dans une goulotte qui entoure le péristyle. Au centre, le bassin d’origine a été remplacé dès 1696 par le groupe sculpté par Girardin (1677-1699)L’Enlèvement de Proserpine par Pluton.

On quitte les jardins par le bassin d’Apollon mais sans voir l’imposant dieu, chargé par Jupiter d’apporter la lumière du soleil à toutes les contrées de la Terre, sortir de l’eau agrippé à son char, tiré par quatre chevaux, entouré de quatre tritons soufflant dans des conques … pour cause de restauration. Le bassin d’Apollon illustre une fois encore le mythe solaire utilisé pour la splendeur du roi Louis XIV. Néanmoins, même sans cet ensemble somptueux la vue sur le château est juste époustouflante.
Le bassin d'Apollon marque la limite des jardins avant le Parc par la grille de la Petite Venise et je vous mets en garde de vérifier ses horaires de fermeture liés au programme des Grandes Eaux.
Quand elle est ouverte, elle permet soit de sortir par la Porte des Matelots soit de rejoindre les châteaux de Trianon et le Domaine de Marie-Antoinette, après dix bonnes minutes de marche à pied dans le Parc. 
Une grande partie du Parc est resté à l'état quasi sauvage. Des chevaux s'y ébattent et il est difficile, en les regardant, d'imaginer que nous sommes en pleine zone urbaine.
Versailles se mérite et offre l’opportunité de faire de l’exercice. Evidemment, il conviendra d'admirer le Grand Canal avant de se lancer à la découverte du Parc, dont il me reste beaucoup à voir.
Je n’ai pas vu non plus le bain des Nymphes de Diane, la Pyramide ni le parterre Nord, pas plus que je n’ai remonté l’allée d’Eau dite « des Marmousets » jusqu’au bassin du dragon et le bassin de Neptune. Celui-ci compte 99 jets d’eau qui constituent un extraordinaire ensemble hydraulique, typique du savoir-faire des fontainiers de Versailles confrontés au défi de l’acheminement de l’eau jusqu’au 55 bassins et fontaines et permettre de produire encore aujourd’hui un spectacle créé sous Louis XIV, celui des Grandes Eaux. Il m’a également manqué du temps pour aller jusqu’au bosquet du Théâtre d’Eau, l’un des plus riches conçus par Le Nôtre à Versailles, accueillant une scène et des gradins entourés de complexes jeux d’eau jusqu’à sa destruction par Louis XVI. En 2011, un concours fut lancé pour lui donner un nouveau souffle. Le projet retenu est celui du paysagiste Louis Benech, associé à l’artiste plasticien Jean-Michel Othoniel, qui invite le visiteur à une promenade dansante, inaugurée en 2015. Trois sculptures fontaines en perles de verre reprennent les chorégraphies mises en écriture par Raoul Auger-Feuillet pour Louis XIV.
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L'accès au Parc est gratuit pour les piétons et cyclistes de 7 h à 20 h 30
 et il est ouvert tous les jours. La galerie des Carrosses est en accès libre (ouverture les week-ends et durant les vacances de Noël). L'accès aux Jardins est gratuit pour tous les visiteurs, tous les jours, sauf les jours des Grandes Eaux et Jardins Musicaux et ils sont ouverts de 8 h à 20 h 30
. Ces jours là, seuls les enfants de 0 à 5 ans ne paient pas d’entrée.

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