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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 20 juin 2013

Visite de la Tour Jean sans Peur à proximité des Grands Boulevards

Je vous l'annonçais hier : nous allons grimper aujourd'hui au sommet de la Tour Jean sans Peur. Je l'ai découverte en faisant un périple sur les Grands Boulevards dont je vais vous parler pendant plusieurs jours tant il y a à voir ...

Si vous connaissez l'endroit vous allez me dire : c'est une bonne chose d'en parler, l'endroit est quasi secret. Si vous n'en avez jamais entendu parler, rassurez- vous, j'étais comme vous. Et pourtant je suis passée devant plusieurs fois sans la remarquer.

C'est Cyrille qui me l'a fait découvrir. Il pilote une des 40 voitures du parc, toutes de couleurs différentes, de 4 roues sous 1 parapluie qui propose des virées buissonnières en 2CV avec chauffeur.

Cela peut paraitre incongru et pourtant c'est vraiment un bon moyen pour voir Paris autrement. D'abord parce que la 2CV est mythique.  Il faut savoir que les banquettes s'enlevaient facilement. Pratique pour pique-niquer à la campagne !

Quand j'étais toute petite je m'imaginais partir en vacances au volant d'une dodoche ... quand je serais grande. Je suis devenue adulte et la 2 pattes, comme on l'appelait aussi, avait été détrônée par d'autres modèles. Ma mère adorait son pot de yaourt ... la fameuse Fiat 500, qui était la Smart de l'époque. J'ai préféré la fourmi, une Wolkswagen Polo qui n'avait que deux portes, ce qui permettait de remplir l'arrière à bloc pour les vacances. Ma fille se souvient encore de nos épopées dans "la voiture orange".

La 2CV avait l'inconvénient d'avoir des portes avant qui s'ouvraient à l'envers. Il valait mieux porter un pantalon, d'autant qu'on s'enfonçait dans les sièges et que s'en extraire était presque acrobatique pour les corps un peu enrobés. La souplesse de ses amortissements en faisait  une voiture extrêmement confortable et cette qualité se retrouve aujourd'hui avec plaisir. Vous le comprendrez quand vous passerez devant l'église Saint Germain des Prés : vous ne sentirez pas les pavés. Ses banquettes sont aussi agréables qu'un fauteuil de relaxation.

Les portes ouvrent désormais dans le bon sens. Les banquettes ont revêtu un habit rouge et les moteurs ronronnent. Le matériel est entretenu et en parfait état de marche, preuve que la Deuche est toujours solide, après 65 printemps.

On voyage donc dans le temps et dans l'espace. Avec un toit ouvrant, ou plutôt "décapotable" au moindre rayon de soleil. Par les temps qui courent c'est génial de profiter de cette climatisation naturelle. Le confort allié à la vue comme dans un bus à impériale.

On découvre Paris autrement. Et avec un guide qui vous racontera des anecdotes ou vous rappellera des vérités que vous avez oubliées, comme la dématérialisation de la Bourse en passant devant le Palais Brongniard, vidé de sa salle des marchés ...
Nous voici donc au pied de la tour. L'ascension des 144 marches m'effraie un peu mais très franchement cela se grimpe facilement avec une pause à chaque étage.

Ouverte au public en 1999, la Tour appartient à la Ville de Pais mais elle est gérée sans subvention par une association. Il faut l'imaginer 602 ans plus tôt. Le Palais des Ducs de Bourgogne couvrait alors une superficie de 1km2 témoignant d'une puissance supérieure à celle des Rois de France. 

La Tour est une tour de prestige et le surnom de "sans peur" est un qualificatif que Jean s'est lui-meême attribué après être sorti vainqueur d'une difficile bataille. Il prend comme symbole le rabot pour signifier sa détermination à son rival Louis d'Orléans dont l'emblème est un gourdin.
Les vitraux portent la fleur de lys de la famille royale et le lion de la flandre. Le rabot qui est l'emblème de Jean sans Peur est visible sur les vitraux de la chambre de l'écuyer et sur la décoration du mur des toilettes. L'édifice est un des premiers à disposer de latrines encastrées dans le mur, chauffées par la cheminée et disposant d'un véritable tuyau d'évacuation. Celles ci sont les plus anciennes visibles à Paris.
On voit sur les murs, et dans l'escalier, une vingtaine de marques différentes sur les pierres. Chaque atelier avait la sienne de manière à ce que leurs ouvriers, appelés tâcherons, soient payés au nombre de pierres posées. le contremaître n'avaient qu'à les compter tous les trois jours. Aucune contestation possible. 
La voute végétale du grand escalier, quasi intacte, à ceci près que la polychromie a disparu. Il faut imaginer les branches marron, les feuillages verts et le ciel bleu. C'est un chef d'oeuvre de sculpture, unique en France, également chef d'oeuvre d'héraldique qui nous place exactement sous la famille de Bourgogne. Le chêne (le père) part du point central et c'est le houblon (le fils) qui s'enroule autour de lui.

Trois végétaux y sont en effet représentés. D'abord le chêne, évoquant Philippe Le Hardi (le père de Jean sans Peur) , qui symbolise force, puissance et longévité. C'est aussi un hommage à Saint Louis rendant la justice sous un tel arbre. Ensuite le houblon, qui évoque Jean sans Peur qui devait choisir une plante représentative du Nord. C'est de plus en quelque sorte une plante "d'actualité" puisqu'elle commence alors à entrer dans la composition de la bière. La troisième est l'aubépine, évoquant sa mère, Marguerite de flandre et d'Artois, et bien sûr la blancheur, la pureté et le printemps.

Seul le Louvre dispose lui aussi d'un escalier de pierres à la même époque. Partout ailleurs ils sont en bois. Autre particularité avec la taille des ouvertures qui sont larges, signe de luxe.
Jean sans Peur fit assassiner son rival et cousin, duc de Bourgogne en 1407. Il entraîna la France dans la guerre civile entre les factions bourguignonne et armagnac (celle-ci cherchant à venger Orléans), qui se disputèrent alors la capitale et la régence. Ces troubles, conjugués à l’appel à l’Angleterre d’Henri V (de la part des deux parties), contribuèrent à relancer la guerre de Cent Ans.

Jean sans Peur fut assassiné à son tour en 1419, alors qu’il tentait une énième réconciliation avec les Armagnacs pour tenter de parer au péril anglais. Son fils, Philippe le Bon lui fera ériger un tombeau grandiose, visible aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Dijon.
La Tour Jean sans Peur propose un tarif  préférentiel dans le cadre du Pass "Promenons-nous sur les Grands Boulevards" pour visiter le monument et voir une intéressante exposition sur la fête au Moyen-Age. 4 roues sous 1 parapluie existe depuis dix ans et propose lui aussi une offre spéciale avec une réduction de 15% pour un départ devant le musée Grévin au 10 boulevard Montmartre, 75009 Paris.

Le principe est qu'un pass (non nominatif valable pour une personne) est délivré sur le premier site après achat d'un billet ou d'une prestation plein tarif. Vous pouvez aussi le télécharger en cliquant sur le logo ci-dessus. Il ouvre droit ensuite à des réductions chez tous les autres partenaires. Et ils sont nombreux !

Autres articles autour des Grands Boulevards :
Le roman de Tonie Behar Grands Boulevards chez JC Lattès, paru en juin 2013

Tour Jean sans Peur
20, rue Étienne Marcel - 75002 Paris, tel : 01 40 26 20 28 
site internet : www.tourjeansanspeur.com

4 roues sous 1 parapluie
22, rue Bernard Dimey, 75018 Paris, tel 01 58 59 27 82, site de 4 roues

1 commentaire:

Tonie Behar a dit…

Où se trouve donc cette tour Jean Sans peur tu me donne très envie de la visiter et d'en parler dans Grands boulevards 2 ;)
Très joli billet encore une fois ! Merci Marie claire !

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