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vendredi 25 décembre 2015

De Meudon à Istanbul, l'épopée de l'Orient-Express

Si vous avez manqué l'exposition qui a été présentée il y a quelques mois devant l'Institut du Monde Arabe voilà une occasion de voir quelques pièces d'exception et, qui plus est, sans faire la queue ni bourse délier puisque le Centre d'art et de Culture de Meudon est gratuit.

C'est une occasion à saisir, encore plus forte que les réductions des agences de voyage pour aller, certes en imagination, jusqu'à Istanbul, et revivre un peu l'épopée de l'Orient-Express.

Ces trains légendaires n'ont rien perdu de leur capacité à faire rêver.

Tout a commencé avec la création en 1876 d'une compagnie ferroviaire de luxe : la Compagnie internationale des wagons-lits par un homme d'affaires belge. A force de ténacité, Georges Nagelmakers concrétise son projet de train transeuropéen, et lance l'Orient-Express  le 4 octobre 1883. L'année suivante sa compagnie prend le nom de Compagnie des Wagons-Lits et des Grands Express Européens. Elle ouvrira dix ans plus tard plusieurs hôtels de luxe pour ses passagers.

L'Orient-Express sera le premier moyen de transport à abolir les frontières du vieux continent. Il parcourt une distance de 3186 km et traversera 7 pays (France, Allemagne, Autriche, Hongrie, Roumanie, Bulgarie et Turquie) en 81 heures et 30 minutes, ce qui représente tout de même 30 heures de moins qu'un train ordinaire.

L'Orient-Express sillonne l'Europe Centrale et les Balkans en passant par Munich, Vienne, Budapest et Bucarest afin de rejoindre les portes de l'Orient à Istanbul, à une époque où les frontières ne sont pas ouvertes comme aujourd'hui. Cela relève presque de l'épopée.
La construction du tunnel du Simplon permettra la création d'un itinéraire sud par Venise, Belgrade et Sofia. Et de nombreux trains de prestige vont désormais partir depuis la Côte d'Azur, comme en témoignent ces affiches. Celle de gauche a été réalisée en 1926 par Emile André Schefer.

Le Calais Méditerranée Express traverse la France du Nord au Sud à partir de 1886. Il est richement orné de marqueteries Art Déco. Les deux panneaux qui sont photographiés ici décoraient le dessus de la banquette lit des premières voitures métalliques type S (pour Steel) en 1922.
Les premières voitures métalliques bleues apparaissent sur la ligne cette même année 1922. C'est le directeur de la Compagnie qui a imposé cette couleur et les liserais or en mémoire de l'uniforme bleu nuit rehaussé de galons dorés qu'il portait lorsqu'il faisait son service militaire. Les clients vont finir par donner ce nom de Train Bleu à la ligne en 1946.
Un modèle réduit ouvert permet de voir l'agencement des cabines single, double ou triple d'une voiture lits type MU comme il y en avait encore en 1964.
Les trajets étaient si longs que le confort de la couchette était primordial. Et on peut voir grandeur nature un compartiment de voiture lit type Y de l'année 1930. C'est dans un compartiment de ce type qu'a été tournée la scène célèbre de James Bond Bons baisers de Russie avec Sean Connery.
Ces voitures lits, les plus nombreuses de la Compagnie, ont circulé sur la plupart des grands express. Le décor sobre reste malgré tout assez cossu avec des boiseries d'acajou. Pour la première fois  ces voitures étaient équipées d'un office dans lequel le conducteur pouvait préparer le petit déjeuner ou des collations sans avoir recours aux services d'une voiture-restaurant souvent éloignée. Le conducteur des Wagons-Lits, un par voiture (et non pas les contrôleurs) était un personnage important. Il dormait sur une banquette spartiate dans le couloir et était en charge de satisfaire aux moindres désirs de 10 à 20 voyageurs, nombre variant suivant le standing de la voiture. Il assurait les passages en douane pendant la nuit et servait les petits déjeuners ou réveillait les passagers avant de descendre.
Les silhouettes des personnages de la littérature et du cinéma qui ont participé à la construction de la légende de ce célèbre train sont toujours vivantes. On retrouve intacts les cabinets de toilette et meubles de lavabo, vaisselle et argenterie, malles de voyage ou menus du restaurant, affiches anciennes, documents de voyage mais on découvre aussi des anecdotes et des petites histoires liées à des passagers célèbres.
On découvre aussi le confort des wagons "ordinaires" qui témoigne quand même du luxe de l'époque. On s'y installerait volontiers pour prendre le thé et lire un bon roman. La vie à bord conjugue confort et raffinement.
Les menus sont composés de plats recherchés et accompagnés de vins prestigieux. Les trois voitures-restaurants sont autant appréciées pour la gastronomie que pour l'ambiance créée par René Lalique, Gérard Gallet ... qui fait du voyage une expérience unique.
L'Art Nouveau influence les arts de la table. On peut notamment voir de près une des premières assiettes aux armes de l'Orient Express et un vase de cristal gravé à l'acide Val Saint Lambert.
La table dressée dans le grand wagon du Simplon Orient Express Paris Belgrad Istambul, via Milano et Trieste (c'est ce qui figure sur la plaque) témoigne du faste et du luxe de ces Grands Express. On comprend qu'ils aient inspiré les écrivains comme Graham Geene, Paul Morand, Agatha Christie, et les cinéastes... Outre le James Bond précédemment cité on se souvient de Une femme disparait d'Alfred Hitchcock, L'espion qui m'aimait de Lewis Gilbert ou encore Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express de Herbert Ross.
Beaucoup de souvenirs sont exposés à Meudon, par exemple des objets témoins de la voiture restaurant 2419 D mise à disposition du Maréchal Foch pendant la première guerre mondiale, alors qu'elle avait sillonné l'Europe dans différents trains de luxe. En effet durant la guerre l'Orient-Express servira de train militaire. L'armistice a été signé dans cette voiture en 1918 avant qu'elle soit emmenée en Allemagne en 1940 puis détruite en 1944. (Celle qui est visible en forêt de Compiègne, à Rethondes est une voiture similaire de la même série.)

Après une interruption de 1939 à 1945 en raison de la guerre l'Orient-Express reprend du service mais le nombre de voitures de luxe chute en 1962. Le dernier départ pour Istambul aura lieu le 19 mai 1977.

Cependant la légende renait en 1983 quand un train portant ce même nom d'Orient Express est reconstitué par le britannique James Sherwood, avec du matériel d'origine restauré. Il assure un service régulier entre Paris et Venise sous la marque "Venice-Simplon-Orient-express" jusqu'en 2005. De son coté la Compagnie des Wagons-Lits est rachetée en 2003 par le groupe Accor. Elle restaure sept voitures et les met en service pour des voyages privés sous la marque "Pullman-Orient-express".

C'est à la générosité d'un collectionneur meudonnais que l'on peut approcher les fastes de ces trains de légende qui reliaient l'hôtel Royal-Bellevue à la compagnie internationale des Wagons-Lits et traversaient l'Europe entière dans un confort sans égal.

De Meudon à Istanbul, l'épopée de l'Orient-Express
Centre d'art et de culture
15 boulevard des Nations Unies - 92190 Meudon
Du jeudi 17 décembre 2015 au dimanche 27 mars 2016
Mardi au vendredi : 15h à 19h
Samedi et dimanche : 14h30 à 18h30
Entrée libre

1 commentaire:

Anonyme a dit…

une exposition extraordinaire, bien fait, avec de détails rare. bravo au collectionneur, qui a propose les object. J.K.

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