Entre Cyrano et Alceste mon coeur balance. Je connais par coeur une grande partie de chacune des deux pièces. Je joue (trop souvent pense mon entourage) dans la vraie vie ce rôle d'Alceste et cela me vaut parfois des désagréments mais comme lui je ne veux pas changer.
Il est difficile de me surprendre avec ce texte et pourtant c'est ce que Claire Guyot a réussi ultra brillamment avec toute son équipe. En sortant du Vingtième Théâtre, je suis autant enthousiaste que j'ai pu l'être après le Don Juan d'Anne Coutureau à la Tempête.
Je sens que je vais encore mettre un 10 sur 10 sur le site du Balcon qui reprend mes chroniques. Et je parie qu'un théâtre va bientôt reprogrammer cette mise en scène qui ne peut pas s'arrêter comme ça le 8 mai prochain.
Une telle intelligence se doit d'être remarquée et approuvée.
Il ne faut pas croire qu'installer Molière dans un décor moderne (qui fonctionne très bien, on peut féliciter le décorateur Jean-Michel Adam) et faire porter aux comédiens des vêtements contemporains (très bon choix de la costumière Nadia Rémond qui par exemple habille Célimène en tailleur pantalon, code masculin s'il en est) suffisent pour installer la pièce dans une forme d'actualité. Ce sont les partis pris de mise en scène et la formidable interprétation des comédiens qui sont essentiels.
J'ai retrouvé l'atmosphère intrigante des cabinets ministériels ou des antichambres des grandes collectivités territoriales. L'affrontement entre utopie et raison est éternel. Alceste fait l'éloge de la franchise et dénonce flatteries, injustices, fourberies et trahisons en feuilletant la presse. Philinte le met en garde contre toute vélléité : le monde par vos soins ne changera pas.
Le "conseiller technique" est manifestement en train de peaufiner un discours politique reprenant l'idéologie qui fera gagner le candidat qu'il soutient. En 2016, sa "plume" est désormais électronique. Le chef de cabinet signe des parapheurs. Et quand le téléphone sonne l'un comme l'autre peut mimer un "je ne suis pas là" peu honnête ...
Alceste clamera tout au long de la soirée son intransigeance face au pouvoir et à ses compromissions. Son indignation et sa souffrance font craindre le pire. Molière aurait écrit la pièce hier son héros fera un vrai burn-out. Mais pour son bien, ou pour un mal de plus, il tombe amoureux de Célimène, la jeune et jolie veuve du Président.
Il va tenter de la convaincre de l'accompagner dans sa quête de rédemption pour un monde plus juste et plus honnête, mais vous connaissez la pièce ...
Que dire pour vous convaincre ? Molière est décidément une valeur zénitale. La qualité du texte demeure intact. La violence des propos ne s'est pas flétrie.
Whisky, coke et petites pépés, téléphones portables, ascenseurs, sac de sport ... tout cela n'est qu'accessoires permettant de transposer l'univers du XVII° jusqu'à aujourd'hui. Il n'y a là rien de racoleur comme pouvait l'être un autre Misanthrope sur une scène nationale, chantant à tue-tête un standard rock en fracassant des chaises.
Claire Guyot nous révèle un "Misanthrope" réellement politique. Ses acteurs sont prodigieux et le combat entre vérité et hypocrisie est universel. C'est dans cette version là (même si le texte n'a pas bougé d'une virgule) qu'il faut montrer Molière aux lycéens.
Alceste clamera tout au long de la soirée son intransigeance face au pouvoir et à ses compromissions. Son indignation et sa souffrance font craindre le pire. Molière aurait écrit la pièce hier son héros fera un vrai burn-out. Mais pour son bien, ou pour un mal de plus, il tombe amoureux de Célimène, la jeune et jolie veuve du Président.
Il va tenter de la convaincre de l'accompagner dans sa quête de rédemption pour un monde plus juste et plus honnête, mais vous connaissez la pièce ...
Que dire pour vous convaincre ? Molière est décidément une valeur zénitale. La qualité du texte demeure intact. La violence des propos ne s'est pas flétrie.
Whisky, coke et petites pépés, téléphones portables, ascenseurs, sac de sport ... tout cela n'est qu'accessoires permettant de transposer l'univers du XVII° jusqu'à aujourd'hui. Il n'y a là rien de racoleur comme pouvait l'être un autre Misanthrope sur une scène nationale, chantant à tue-tête un standard rock en fracassant des chaises.
Claire Guyot nous révèle un "Misanthrope" réellement politique. Ses acteurs sont prodigieux et le combat entre vérité et hypocrisie est universel. C'est dans cette version là (même si le texte n'a pas bougé d'une virgule) qu'il faut montrer Molière aux lycéens.
Le Misanthrope vs Politique
d’après Molière jusqu'au 8 Mai
du jeudi au samedi à 21h30 - dimanche à 17h30
Vingtième Théâtre
7 rue des Plâtrières, 75020 Paris
Téléphone : 01 43 66 01 13
Mise en scène et adaptation : Claire Guyot, assistée d’Anne Rondeleux
Avec : Julie Cavanna, Pierre Margot, Emmanuel Lemire, Edgar Givry, Nastassja Girard, Benoit Du Pac, Denis Laustriat, Annick Roux.
Coréalisation Vingtième Théâtre et La Vallée des Arts
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