Je ne vais pas stupidement prétendre avoir découvert Beauvais mais il y a un peu de cela. Quand on vit en région parisienne on a tendance à délaisser les villes proches, comme Evreux aussi, alors qu'il y a tant à y voir et à y faire.
C'est à l'occasion des Photaumnales que je suis venue ici, pour enchainer 3 vernissages dans le même samedi en me promettant de revenir. Notamment parce que le patrimoine architectural est très intéressant, même si la cité a été majoritairement détruite par les bombardements de la seconde Guerre mondiale.
On peut y repérer de magnifiques murs à colombages avec des inclusions que je n'avais encore jamais vues nulle part ailleurs.
Datée de 1410 cette maison est la plus ancienne, encore relativement bien conservée. Installée originairement dans une rue au sud du centre ville elle a été démontée et remontée dans le jardin en bordure de la cathédrale où elle semble avoir toujours existé.
Construite en pans de bois et torchis, recouverte de tuiles plates elle est très représentative de l'habitat ancien régional jusqu'en 1940. le quartier de la cathédrale se composait de rues étroites bordées de telles maisons, donnant à Beauvais une allure moyenâgeuse qui fut très appréciée.
La Picardie est une région attachante et la ville de Beauvais ne manque pas de points d'intérêt. C'est notamment là qu'on fabrique les produits de beauté et les parfums Givenchy. Dans le domaine de la cuisine on sait un peu plus peut-être que l'usine Spontex y est installée.
Aujourd'hui je me limite à l'exposition Divines et Divas qui explore un thème original grâce à la photographie, la peinture, la sculpture et le costume de scène. Jean-Christophe Ballot, photographe, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, a ponctué le parcours permanent du MuDo-Musée de l’Oise de ses photographies contemplatives autour des sculptures et des sites lapidaires.
Il a d'abord fait une sorte d'audit de l'accrochage des collections permanentes avant de faire des propositions à partir des photographies qu'il possède en très grand nombre. Il a choisi 34 de ses oeuvres respectant le thème de l'éternel féminin. Car lorsque cet artiste photographie des sculptures il procède à la manière du studio Harcourt et on constate combien le résultat est différent de ce qu'on a l'habitude de voir.
Architecte D.P.L.G., diplômé de l’école nationale supérieure des arts décoratifs et de la FEMIS, Jean-Christophe Ballot partage son temps entre la photographie et les films documentaires. Il vit et travaille à Paris. Visiter l'exposition en sa compagnie fut source de belles découvertes et d'explications, simples mais très éclairantes.
La photographie permet de rapprocher l'art de la jeunesse en invitant à une déambulation poétique autour de divinités statufiées par les plus grands artistes. Il en présente les détails, les reliefs, le grain et la texture pour exprimer la sensualité des corps. Ces "divines" sont Diane, Vénus, nymphes et Niobides se retrouvent dans l’exposition temporaire et en constituent le fil conducteur.
On remarquera combien l'oeil du photographe guide le nôtre avec par exemple ce gros plan d'après Premier Secret confié à Vénus par François Jouffroy (1806-1882), visible au Musée du Louvre. On oublie que ce sont des statues ...
On regarde ensuite différemment cette Naissance de Vénus d'Henri Gréber, sculpteur né en 1854 à Beauvais que l'on peut voir à l'angle de la rue de la Frette au-dessus de la fontaine, mais seulement de face, alors qu'au musée le sujet semble animée au creux des flots.
Jean-Christophe Ballot aime véritablement la statuaire et joue avec la lumière fondamentalement sculpturale pour faire valoir texture et matière ; mais il peut aussi les emballer à la manière de Christo. En particulier avec ce tirage argentique lambda sur papier cartoline inspirée par une Diane au bain de Christophe Gabriel Allegrain (1710-1795) conservée au Musée du Louvre.
C'est la Nymphe Salmacis de François-Joseph Bosio (à gauche) qui a inspiré le cliché retenu pour l'affiche.
Au XIXème siècle, les destins des divas fascinent. La cantatrice en est l’incarnation charnelle. Celle-ci est alors élevée au rang de quasi-divinité, femme fatale ou vestale éprise d’impossible, objet de tous les fantasmes à la fin du siècle. Les costumes, créés pour des prima donna célèbres, figurent et personnifient ces divinités au début du XXème siècle.
Voici par exemple celui qui a été créé pour la Traviata à l'opéra national de Paris en 1998. Il fut porté par Patricia Racette qui interprétait Violetta.
Une œuvre d’Ange Leccia consacrée à Maria Callas poursuit le mythe jusqu’à aujourd’hui. Il a filmé un opéra retransmis par la RAI et a choisi de sélectionner les rushes en se concentrant sur le moment très intime où la cantatrice reprend sa respiration.
Autre grand plasticien et photographe contemporain, Vik Muniz, né à São Paolo en 1961, réinterprète ces mêmes thèmes à travers les stars du cinéma en employant habituellement des matériaux surprenants comme la confiture, la terre ... ou des diamants. C'est ce qu'il a choisi pour cette Louise Brooks, tirée de la série Pictures of Diamonds, en 2005.
Elle est présentée à coté de Bloody Marilyn (After Warhol), réalisée quatre ans plus tôt et qui apporte une éclatante touche de couleur dans une exposition essentiellement pensée en noir et blanc, pour ce qui est des photographies. Toutes deux illustrent le travail de l'artiste de recomposition d'images présentes dans l'inconscient collectif et retravaillées ici à partir de ketchup ou de diamants.
Le mythe de Salomé, héroïne fugitive du nouveau testament, a connu un succès prodigieux au XIXème siècle dans tous les arts, inspirant peintres, poètes et romanciers, à commencer par Flaubert.
Elle est évoquée par la tapisserie due au carton de Pierre-Amédée Marcel-Béronneau, commandé par les Gobelins en 1912, et exposé pour la première fois.
Le Mobilier National a prêté la tapisserie (1923-1930) qui est donc présentée juste à coté. Salomé danse pour Hérode en se dévêtant de ses sept voiles. Elle l'envoute et lui demande la tête de Saint Jean Baptiste, dont une photographie est présente sur le mur opposé, en association avec une vanité. On peut voir la tenue portée par Claire Motte à L'Opéra de Paris en 1954.
La mariée est une oeuvre de 2007 de Jean-Christophe Ballot évoquant cette fois un costume non pas d'opéra mais de ballet et bien entendu Salomé danseuse. Un lien se crée avec les peintures du musée pour faire apparaître la sensualité de la représentation féminine des séductrices ou l’angoisse de l’enlèvement ou de l’errance. Le temps suspendu, capté par ces photographies contemplatives, est l’élément fondamental du travail de l’artiste.
Le mythe d'Ariane est représenté au musée avec la sculpture de Jacques-Victor Dulau (1916-1973) la montrant triste et abandonnée, regardant s'éloigner Thésée.
On retrouve la photo de l'affiche coupée en deux en son milieu dévoilant, lorsqu'on coulisse le panneau, des fresques découvertes en 2014 lorsqu'il fut décidé de refaire le musée. Il s'agit d'une photo faite d'après Hermaphrodite endormi du Musée du Louvre.
Un second cliché recouvre partiellement une autre fresque. A signaler que cette exposition qui est programmée pour une longue période, marque l'ouverture à la photographie des collections du musée.
Le musée mériterait un article plus complet. Son grenier est magnifique, pour le moment peu exploité. On y aperçoit la ville sous un autre jour ...
C'est à l'occasion des Photaumnales que je suis venue ici, pour enchainer 3 vernissages dans le même samedi en me promettant de revenir. Notamment parce que le patrimoine architectural est très intéressant, même si la cité a été majoritairement détruite par les bombardements de la seconde Guerre mondiale.
On peut y repérer de magnifiques murs à colombages avec des inclusions que je n'avais encore jamais vues nulle part ailleurs.
Datée de 1410 cette maison est la plus ancienne, encore relativement bien conservée. Installée originairement dans une rue au sud du centre ville elle a été démontée et remontée dans le jardin en bordure de la cathédrale où elle semble avoir toujours existé.
Construite en pans de bois et torchis, recouverte de tuiles plates elle est très représentative de l'habitat ancien régional jusqu'en 1940. le quartier de la cathédrale se composait de rues étroites bordées de telles maisons, donnant à Beauvais une allure moyenâgeuse qui fut très appréciée.
La Picardie est une région attachante et la ville de Beauvais ne manque pas de points d'intérêt. C'est notamment là qu'on fabrique les produits de beauté et les parfums Givenchy. Dans le domaine de la cuisine on sait un peu plus peut-être que l'usine Spontex y est installée.
Aujourd'hui je me limite à l'exposition Divines et Divas qui explore un thème original grâce à la photographie, la peinture, la sculpture et le costume de scène. Jean-Christophe Ballot, photographe, ancien pensionnaire de la Villa Médicis, a ponctué le parcours permanent du MuDo-Musée de l’Oise de ses photographies contemplatives autour des sculptures et des sites lapidaires.
Il a d'abord fait une sorte d'audit de l'accrochage des collections permanentes avant de faire des propositions à partir des photographies qu'il possède en très grand nombre. Il a choisi 34 de ses oeuvres respectant le thème de l'éternel féminin. Car lorsque cet artiste photographie des sculptures il procède à la manière du studio Harcourt et on constate combien le résultat est différent de ce qu'on a l'habitude de voir.
Architecte D.P.L.G., diplômé de l’école nationale supérieure des arts décoratifs et de la FEMIS, Jean-Christophe Ballot partage son temps entre la photographie et les films documentaires. Il vit et travaille à Paris. Visiter l'exposition en sa compagnie fut source de belles découvertes et d'explications, simples mais très éclairantes.
La photographie permet de rapprocher l'art de la jeunesse en invitant à une déambulation poétique autour de divinités statufiées par les plus grands artistes. Il en présente les détails, les reliefs, le grain et la texture pour exprimer la sensualité des corps. Ces "divines" sont Diane, Vénus, nymphes et Niobides se retrouvent dans l’exposition temporaire et en constituent le fil conducteur.
On remarquera combien l'oeil du photographe guide le nôtre avec par exemple ce gros plan d'après Premier Secret confié à Vénus par François Jouffroy (1806-1882), visible au Musée du Louvre. On oublie que ce sont des statues ...
On regarde ensuite différemment cette Naissance de Vénus d'Henri Gréber, sculpteur né en 1854 à Beauvais que l'on peut voir à l'angle de la rue de la Frette au-dessus de la fontaine, mais seulement de face, alors qu'au musée le sujet semble animée au creux des flots.
Jean-Christophe Ballot aime véritablement la statuaire et joue avec la lumière fondamentalement sculpturale pour faire valoir texture et matière ; mais il peut aussi les emballer à la manière de Christo. En particulier avec ce tirage argentique lambda sur papier cartoline inspirée par une Diane au bain de Christophe Gabriel Allegrain (1710-1795) conservée au Musée du Louvre.
C'est la Nymphe Salmacis de François-Joseph Bosio (à gauche) qui a inspiré le cliché retenu pour l'affiche.
Au XIXème siècle, les destins des divas fascinent. La cantatrice en est l’incarnation charnelle. Celle-ci est alors élevée au rang de quasi-divinité, femme fatale ou vestale éprise d’impossible, objet de tous les fantasmes à la fin du siècle. Les costumes, créés pour des prima donna célèbres, figurent et personnifient ces divinités au début du XXème siècle.
Voici par exemple celui qui a été créé pour la Traviata à l'opéra national de Paris en 1998. Il fut porté par Patricia Racette qui interprétait Violetta.
Une œuvre d’Ange Leccia consacrée à Maria Callas poursuit le mythe jusqu’à aujourd’hui. Il a filmé un opéra retransmis par la RAI et a choisi de sélectionner les rushes en se concentrant sur le moment très intime où la cantatrice reprend sa respiration.
Autre grand plasticien et photographe contemporain, Vik Muniz, né à São Paolo en 1961, réinterprète ces mêmes thèmes à travers les stars du cinéma en employant habituellement des matériaux surprenants comme la confiture, la terre ... ou des diamants. C'est ce qu'il a choisi pour cette Louise Brooks, tirée de la série Pictures of Diamonds, en 2005.
Elle est présentée à coté de Bloody Marilyn (After Warhol), réalisée quatre ans plus tôt et qui apporte une éclatante touche de couleur dans une exposition essentiellement pensée en noir et blanc, pour ce qui est des photographies. Toutes deux illustrent le travail de l'artiste de recomposition d'images présentes dans l'inconscient collectif et retravaillées ici à partir de ketchup ou de diamants.
Le mythe de Salomé, héroïne fugitive du nouveau testament, a connu un succès prodigieux au XIXème siècle dans tous les arts, inspirant peintres, poètes et romanciers, à commencer par Flaubert.
Elle est évoquée par la tapisserie due au carton de Pierre-Amédée Marcel-Béronneau, commandé par les Gobelins en 1912, et exposé pour la première fois.
Le Mobilier National a prêté la tapisserie (1923-1930) qui est donc présentée juste à coté. Salomé danse pour Hérode en se dévêtant de ses sept voiles. Elle l'envoute et lui demande la tête de Saint Jean Baptiste, dont une photographie est présente sur le mur opposé, en association avec une vanité. On peut voir la tenue portée par Claire Motte à L'Opéra de Paris en 1954.
La mariée est une oeuvre de 2007 de Jean-Christophe Ballot évoquant cette fois un costume non pas d'opéra mais de ballet et bien entendu Salomé danseuse. Un lien se crée avec les peintures du musée pour faire apparaître la sensualité de la représentation féminine des séductrices ou l’angoisse de l’enlèvement ou de l’errance. Le temps suspendu, capté par ces photographies contemplatives, est l’élément fondamental du travail de l’artiste.
Le mythe d'Ariane est représenté au musée avec la sculpture de Jacques-Victor Dulau (1916-1973) la montrant triste et abandonnée, regardant s'éloigner Thésée.
On retrouve la photo de l'affiche coupée en deux en son milieu dévoilant, lorsqu'on coulisse le panneau, des fresques découvertes en 2014 lorsqu'il fut décidé de refaire le musée. Il s'agit d'une photo faite d'après Hermaphrodite endormi du Musée du Louvre.
Un second cliché recouvre partiellement une autre fresque. A signaler que cette exposition qui est programmée pour une longue période, marque l'ouverture à la photographie des collections du musée.
Le musée mériterait un article plus complet. Son grenier est magnifique, pour le moment peu exploité. On y aperçoit la ville sous un autre jour ...
Les Photaumnales sont organisées par le pôle photographique en Picardie, Diaphane, avec le soutien de nombreux partenaires institutionnels et internationaux. Il a pour vocation de présenter la diversité de l’image photographique, sur toutes les échelles du territoire.
D'autres expositions ont lieu à Beauvais, Clermont, Creil et Noyon. Très prochainement sur le blog vous pourrez lire le compte-rendu du vernissage de Love Stories au Quadrilatère et Les mille Briques d'Andrea Eichenberger à l'Ecume du Jour, toutes deux à Beauvais.
Divines et Divas
MuDo – Musée de l'Oise
Du 8 octobre au 20 mars 2017
1 rue du musée à Beauvais ~ Tél. : 03 44 10 40 50 ~
Tous les jours de 11h à 18h, sauf le mardi et jours fériés
commissariat de l’exposition :
Claudine Cartier, conservateur général du patrimoine assistée de Sylvain Pinta, attaché de conservation du patrimoine au MuDo-Musée de l’Oise.
Diaphane
16 rue de Paris - 60600 Clermont-de-l’Oise 09 83 56 34 41 www.diaphane.org
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