Le Projet Poutine avait déjà été présenté au printemps dernier aux Béliers parisiens puis en Avignon et le succès permet à cette pièce d'être maintenant à l'affiche du Théâtre La Bruyère.
Le sujet éminemment politique est intéressant et le texte de Hugues Leforestier sans nul doute documenté avec exactitude. Mais ... car vous avez deviné que j'ai une réserve, elle tient au traitement de l'oeuvre. Autant j'apprécie qu'on ouvre les yeux du public, autant je ne supporte pas qu'on me mette sous le nez des scènes d'horreur, lesquelles sont d'autant plus dures que l'homme politique est encore au pouvoir, ce qui me donne envie d'interroger l'auteur sur ses motivations.
Quand Anne-Laure Liégeois utilisait quelques images d'archives pour rappeler les exactions du couple Ceaușescu elle les intercalait avec d'autres extraits et surtout la mise en scène permettait un certain recul, offrant une analyse de l'ivresse du pouvoir. De ce fait Les époux était un spectacle, peut-être "engagé", mais d'abord et avant tout un spectacle.
Qui est Poutine, cet homme qui à 46 ans n'était qu'un fonctionnaire subalterne et totalement inconnu ? Aujourd'hui au sommet de son pouvoir, et parce que nul n'est à l'abri d'un retournement de l'histoire, il contraint son opposante principale, une procureure générale qu'il a connue par le passé, à dévoiler ce que serait un dossier à charge contre lui. Mais les choses vont prendre une tournure imprévue...
Le Projet Poutine s'apparente davantage au réquisitoire sans que le spectateur n'ait à aucun moment un doute quelconque. Sauf à être un total ignorant de la vie politique, la soirée ne nous apprend donc rien et ne remet pas en question notre point de vue. Poutine est un dictateur. On le savait. On en a une démonstration supplémentaire. Il ne faudrait pas d'ailleurs que nos applaudissements dédouanent notre conscience politique ...
Et les comédiens ? Ils auraient pu infléchir mon jugement. J'ai trouvé leur jeu lui aussi sans surprise. Et j'ai été dérangée par la constance de ton de Nathalie Mann, particulièrement enrouée ce soir, ce qui lui donne un coté masculin qui l'écarte du registre du charme. Certes elle est très émouvante dès qu'on la sent proche de basculer à quelques moments : quand elle est sur le point de reconnaitre qu'il pourrait être le père de son fils, et surtout quand il la menace odieusement de s'en prendre à ses parents pour la faire plier.
La scénographie est simple, presque caricaturale, un bureau de style Directoire comme en ont chaque sénateur de notre République française, avec une profusion de drapeaux, métaphores explicites de l'ascension au pouvoir et du nationalisme. les affrontements entre les personnages se jouent sur un fond lumineux bleu, blanc ou rouge ...
La pièce progresse, d'abord sur le solo du Prélude de la 1ère Suite pour violoncelle de J.S. Bach pour s'achever sur Urbain, une chanson du rappeur Basta, ... qui nous assure avoir débusqué un lever de soleil sous la coupelle de plomb.
Et je repense au très beau roman de Sophie Van der Linden, l'Incertitude de l'aube.
Et les comédiens ? Ils auraient pu infléchir mon jugement. J'ai trouvé leur jeu lui aussi sans surprise. Et j'ai été dérangée par la constance de ton de Nathalie Mann, particulièrement enrouée ce soir, ce qui lui donne un coté masculin qui l'écarte du registre du charme. Certes elle est très émouvante dès qu'on la sent proche de basculer à quelques moments : quand elle est sur le point de reconnaitre qu'il pourrait être le père de son fils, et surtout quand il la menace odieusement de s'en prendre à ses parents pour la faire plier.
La scénographie est simple, presque caricaturale, un bureau de style Directoire comme en ont chaque sénateur de notre République française, avec une profusion de drapeaux, métaphores explicites de l'ascension au pouvoir et du nationalisme. les affrontements entre les personnages se jouent sur un fond lumineux bleu, blanc ou rouge ...
La pièce progresse, d'abord sur le solo du Prélude de la 1ère Suite pour violoncelle de J.S. Bach pour s'achever sur Urbain, une chanson du rappeur Basta, ... qui nous assure avoir débusqué un lever de soleil sous la coupelle de plomb.
Et je repense au très beau roman de Sophie Van der Linden, l'Incertitude de l'aube.
Mise en scène Jacques Decombe
avec Nathalie Mann et Hugues Leforestier
A partir du 4 octobre 2016
du mardi au samedi à 19h15
Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 PARIS
Location : 01 48 74 76 99
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Laurencine Lot.
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