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dimanche 16 octobre 2016

Toute première fois à l’espace 22 Visconti en parallèle de la FIAC

Il y a la FIAC ... et il y a quelques initiatives parallèles vers lesquelles j'ai tendance à m'orienter parce que le rôle d'un bloggueur est précisément de débusquer l'inédit et pas de parader dans les manifestations officielles qui n'ont pas besoin qu'on parle davantage d'elles.

Toute première fois appartient à cette catégorie, comme le Prix Hors concours dont j'ai été juré. C'est une exposition imaginée par par Francesca Napoli, commissaire d’exposition indépendante et historienne d’art et Armelle Leturcq, co-fondatrice de la revue Blocnotes et du magazine Crash, avec Frank Perrin, photographe et artiste, ayant eu l'idée de ce lieu indépendant.

Le point de départ est double : aller où personne ne va, et montrer ce que peu ont le plaisir de regarder… Cela se passe à l’Espace 22 Visconti, dans la rue du même nom, laquelle entretient des rapports amoureux avec le monde artistique.

A elle seule, la rue Visconti vaut qu'on y déambule le nez en l'air.  Des tableaux y sont accrochés. Elle a connu la mort de Racine et le peintre Eugène Delacroix y résida pendant près de 10 ans. Nombreux sont les artistes à intervenir dans les parages encore aujourd'hui.
Honoré de Balzac avait installé une imprimerie au numéro 17, avec une garçonnière à l'étage. L'atelier du 22 est un peu secret. C'est un très bel espace sous verrière d'où pend Ethra Sonando (2005-2016) de Jorge Peris, réalisé in situ pour l'occasion. A intervalles réguliers on entend son (vrai) chien exprimer un rêve ...
 
Une fontaine en métal zingué, Fontana con agenda, de Francesco Arena (2008), au pied de 16 rua da Picaria de Côme Clérino. En face, une photographie devenue légendaire. En 1962, Christo y dressa son Rideau de fer (photo de Jean-Dominique Laj) composé de bidons de fer qui barraient toute la rue en référence au Mur de Berlin, à l'occasion d'une exposition à la galerie Drouin.
Il avait choisi cette rue aussi pour son étroitesse mais on sait qu'il aurait préféré le faire à new York. La photographie, jamais montrée, figure parmi les oeuvre choisies par les commissaires.
Six ans plus tard, Buren applique ses lignes verticales sur un mur, abandonnant définitivement son atelier. il fait imprimer du papier affiche rayé et réalise en avril 1968 ses premiers travaux in situ sous forme d'affichages sauvages. La rue Visconti est un des 200 lieux investis par l'artiste à ce moment là.
Plusieurs maquettes de Julio Le Parc des années 1997-2000, dont aucune ne fut réalisée comme celle-ci qui aurait du se dresser sur une dizaine de mètres de hauteur.
Au sol, quelques photographies de Frank Perrin pas encore accrochées, de Into Donald's Head, un gâteau représentant Donald Trump, réalisé pour les cent ans du Cabaret Voltaire et qui fut bien entendu rageusement dévoré le 11 septembre 2016. D'autres lui répondent sur un mur voisin.
Distacco de Gianni Motti, 1978, en français décalage, qui a fixé un moment décisif dans sa démarche aristique. Il travaillait dans un café jusqu'à ce qu'il se décide à faire un geste décisif, immortalisé par la photographie.
Sven Sachsalber travaille jusqu'à l'épuisement. Il avait placé une aiguille dans une botte de foin au palais de Tokyo. Cette fois ce sont à cinq tableaux par jour qu'il s'est astreint pour cette premièe oeuvre en peinture.
J'aime beaucoup cette très grande photographie de Saverio Lucariello (1992), habilement placée de manière à ce qu'à trois reprises je pense que l'homme se trouvait debout derrière moi tant le cliché semble se confondre avec le mur et la poutre. Une de ses terres cuites fait fasse, rappelant que Bernard Palissy a travaillé dans cette rue qui fut le refuge des protestants. Le jardin public (le plus petit de Paris !) sis au numéro 8 porte d'ailleurs son nom en hommage.
Enrique Ramirez a repris l'hymne mexicain en se filmant jouant au saxophone avec en surimpression les mots Justice, Vérité, Que cela ne se reproduise pas, en mémoire à 48 membres de minorités morts pendant une manifestation en 2015.
Paolo Giardini a conçu une série sur des arbres en découpant des illustrations de magazines pornographiques. On devine le pliage d'origine des pages découpées et épinglées comme des insectes.
Alessandro Piangiamore a joué avec l'expression 2 et seulement 2, Due solo due, qui était un slogan publicitaire vantant des lentilles. Il décline la photo en 7 couleurs, qui sont celles d'un iris. Son travail est ici très différent de ce qu'il présente habituellement.
Emanuele Lo Cascio a dessiné en 2013 à l'encre des portraits de Marx et Engels sur les semelles d'une paire de chaussure que l'artiste a portées. Elles me font penser aux statues monumentales des deux hommes que l'on peut voir cote à cote à Berlin Spandauer Strasse. 
Elisa Sighicelli a conduit une réflexion sur le coté plastique de la photo. Cette fois elle est partie d'une feuille A4 photographiée de manière dramatique dans son studio. Elle n'a fait qu'une pliure mais l'oeuvre dégage la tridimensionalité.

On termine avec un oeuvre non intime. Klaus Weber a adressé un certificat pour que les commissaires réalisent elles-mêmes l'oeuvre Bin of plenty avec une vraie poubelle de la Ville de Paris et de la pâte à pain en débordement.

La quarantaine d’artistes internationaux, toutes générations confondues, présentés au 22 Visconti sont rassemblés autour de la thématique originale : présenter une oeuvre qui a marqué leur carrière d’artiste à travers le prisme de la "première fois". En ne montrant que des oeuvres inédites, cette initiative place sur un pied d'égalité les spécialistes comme les néophytes. Ce n'est pas son moindre intérêt.

Toute première fois
Espace 22 Visconti
75006 Paris
Du 16 au 31 octobre 2016

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