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dimanche 15 septembre 2013

Les perroquets de la place d'Arezzo d'Eric-Emmanuel Schmitt chez Albin Michel

J'avais écrit que les 75 premières pages m'avaient beaucoup plu et que j'étais heureuse que le livre en compte 750. Une fois arrivée au bout je me dis que l'auteur aurait pu en écrire 7500 ou même 75 000. Son flux est intarissable et l'homme a la plume facile.

Plume d'un perroquet au demeurant, brillant, mais qui à force d'aser en devient lassant.

Ou plume de perruche qui jabote à longueur de pages. Je n'ai pas de penchant pour ces animaux qui ont envahi (sur ce point l'auteur a vu juste) les jardins de nos paysages où ils règnent en prédateurs tonitruants. Dans quelques années les merles auront disparu de nos jardins. Leurs trilles si élégantes aussi.

Je me suis souvent demandé si Eric-Emmanuel Schmitt a fait l'expérience de garer sa voiture dans un quartier fréquenté par ces volatiles. Ce n'est jamais de bonne augure. La première fois, j'ai cru qu'on avait déversé un seau de peinture sur la carrosserie. Depuis, j'ai en permanence dans mon coffre un rouleau d'essuie-tout et 3 bouteilles d'eau. Car il faut bien cela pour venir à bout des dégâts qu'ils infligent en quelques secondes.

Je n'ai aucune tendresse particulière pour ces oiseaux là.

Eric-Emmanuel Schmitt a-t-il cherché à jouer de la métaphore avec les humains ? S'il a voulu nous servir un roman-feuilleton à clés, celles-ci sont grossières. Toute ressemblance entre le personnage de Zachary Bidermann et un homme politique aux moeurs scandaleuses ne peut pas être fortuite. Et ce n'est qu'un exemple. On devinera aussi sa propre personnalité dans Baptiste qui, lorsqu'il cite des extraits de ses ouvrages les emprunte ... tout simplement ... à des livres écrits par l'auteur lui-même.

Ce n'est pas parce que l'action est décalée en Belgique qu'elle en devient plus drôle. On sait tous ce qui est arrivé à DSK. Il n'y a donc aucune fébrilité à lire les pages qui sont une décalcomanie de ses comportements.

A-t-il cherché à nous faire vivre les contes des mille et une nuits revus avec une modernité contemporaine ? On nous promettait "une encyclopédie des désirs, des sentiments et des plaisirs, bref le roman des comportements amoureux de notre temps." 

Sur le plan érotique l'auteur peut prendre des leçons auprès de EL James dont le Cinquante nuances de Grey est autrement plus érotique.

L'auteur affectionne le thème de la gémellité et du dédoublement. Il y a souvent des psychés et des portraits dans ses oeuvres. Les personnages ont une double, voire une triple identité, comme Les deux messieurs de Bruxelles, ou la Femme au miroir que j'avais autrement préféré, et qui a reçu le Prix du roman historique en 2011. Ce dernier opus n'échappe pas à la règle qui commence à s'user depuis Un homme trop facile, montée l'hiver dernier au théâtre.

Chaque habitant de la place d'Arezzo a reçu, au début du roman, une enveloppe avec ces quelques mots : "Simplement pour te signaler que je t'aime. Signé : tu sais qui."

Cet auteur est forcément unique puisque la missive est identique en tous points à chaque fois. Cette histoire de corbeau qui est une colombe est ultra mince et j'avais découvert depuis belle lurette quelle était la colombine en question. Ce n'est pas que ce roman soit déplaisant ou qu'il se lise mal. Il s'avale comme les kilomètres d'une autoroute qui mène tout droit au bord de la mer ... c'est -à-dire vers rien. Sur scène on appelle le genre "théâtre in the round" ... et l'histoire tourne un peu en rond ....

Eric-Emmanuel Schmitt est pourtant un écrivain pour qui j'ai le plus grand respect. Il nous a habitué à des sujets plus profonds. Se serait-il égaré depuis quelque temps sur les routes de la reconnaissance et des honneurs ?

Les perroquets de la place d'Arezzo d'Eric-Emmanuel Schmitt chez Albin Michel, en librairie depuis le 22 août 2013, code ISBN 9782226249722

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