Jean Gourmelin avait déjà été exposé à Meudon, dans l'ancien centre culturel et au musée. Il a été à l'honneur dans le forum-mezzanine du Centre Pompidou en 2008. Le CAC ne voulait pas être en reste plus longtemps.
Il ne fut pas tout de suite auteur, illustrateur et créateur des costumes. Formé aux Arts décoratifs et à la Grande Chaumière, il avait commencé une carrière de dessinateur en papiers peints chez Nobilis, avant de rejoindre le maître verrier Max Ingrand, réalisant notamment des vitraux au château de Blois, à Amboise, et pour les cathédrales de Rouen et Saint-Malo, et cela pendant presque vingt ans.
Sa carrière de dessinateur de presse l'a mené chez Pilote, Elle, le Figaro, le Matin de Paris, les Lettres françaises, Hara-Kiri, Connaissance des Arts, France-Soir, et surtout le Point.
Son univers nous est familier. D'abord parce que ses dessins traitent souvent de problèmes très humains, comme l'identité, l'écrasement, la pensée... Il revisite les mythes, en particulier celui de Newton avec un dessin intitulé Guillaume Tell (n°5).
Il s'amuse de proverbes, comme les murs ont des oreilles (n°8 - 1984) ou de comptines comme je te tiens, tu me tiens par la barbichette ...
On pense à Marx Ernst, Giacometti et surtout Folon dont les hommes volants sont indissociables des débuts et fins de programme sur Antenne 2, qui ne s'appelait alors pas France 2. En regardant le dessin n°46 intitulé pas à pas c'est le générique de Vie privée, vie publique de Mireille Dumas que l'on croit voir défiler.
Plus loin surgit un penseur qui évoque la sculpture de Rodin. Et l'anneau de Moebius dans quelques dessins. Alors qu'on se pense influencé par le film d'Eric Rochant on tombe sur un dessin qui ne laisse plus aucune place au doute en raison de son titre : le slip de Moebius (vitrine 7).
On sent l'artiste prêt à entrer en campagne. Fumer tue, il le démontre avec un croquis dans la première vitrine. Ses tableaux ont tous en commun de traiter des sujets sérieux avec un regard de surréaliste.
Juste avant la salle d'exposition une grande vitrine recense quelques couvertures des livres qu'il a illustrés dans la collection Folio. Le 1984 de George Orwell, la Métamorphose de Kafka, la Nausée de Sartre. Il a publié Pour tuer le temps, et le Hasard, chez Balland.
Il travaillait essentiellement en noir et blanc. Les rares oeuvres colorées sont des projets de décor comme on le voit sur la photo ci-dessus (oeuvre n° 29).
Luce Gourmelin, l'épouse de l'artiste, pétillante et élégante (mention spéciale pour ses chaussures en serpent, assorties à un pull fin sous une veste d'homme) s'est exprimée sur le vif pour dire sa joie de voir une rétrospective aussi complète. Sa carrière est représentée, depuis les débuts sans occulter des choses plus particulières comme les décors qu'il a conçus pour le Golem en 1967.
Elle se souvient de leur arrivée à Meudon, en 1957, par le "petit train" qui préfigurait le futur RER. Son beau-père les avaient prévenus : si tu passes par Meudon, arrête-toi un peu, c'est très joli. ... Ils ne sont pas repartis.
Jean Gourmelin arpentait toutes les rues. Disparu en 2011 à 90 ans, il était connu de tous et les meudonnais seront heureux de revoir dans une vidéo qui complète l'exposition cet extraordinaire génie touche à tout, comme l'a qualifié ce soir Denis Larghero, maire adjoint délégué à la culture.
Jean Gourmelin, Rétrospective, Centre d’art et de culture, du 18 avril et 19 mai 2013
15 boulevard des nations Unies, 92190 Meudon,
du mardi eu vendredi de 15 à 19 heures
samedi et dimanche de 14 h 30 à 18 h 30
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