Personne n'en parle. Et pour cause : voilà une nouveauté qui n'est pas encore "dans les bacs" ... ceux des libraires. Mais je parie que très vite le livre de Claudie Pernusch figurera dans leurs coups de coeur.
Il m'est arrivé samedi matin et je n'ai pas mis 24 heures à m'en rassasier. Ce n'est pas la couverture qui m'a donné envie de l'ouvrir : franchement on aurait pu faire mieux que ce ballon aux couleurs de sucre d'orge échoué sur un rivage trop calme pour être honnête.
La quatrième de couverture annonçait une "émouvante comédie de moeurs, vive et fine, grave et légère (...) un homme obligé d'affronter la réalité".
Le nom de l'auteure m'était inconnu. Et pourtant elle avait écrit une dédicace personnelle qui je l'avoue m'a interpelée ... comme la lettre qu'une petite fille adresse à celui qui n'est pas encore vraiment son papa mais qui peut-être ...
Comment savoir si l'impromptu est un grain de sable dans une existence qu'on a mis tant de temps à forger pour la rendre parfaite ? Pépite ou pacotille ? D'un point de départ qui pourrait être mièvre (l'enfant qui tombe du ciel) Claudie Pernusch a réussi à faire un roman dans lequel on se glisse avec bonheur.
Le livre est écrit à la première personne, et au masculin. Difficile de juger pour moi qui suis une femme mais j'ai eu l'impression que Paulin existait bel et bien. J'ai suivi ses états d'âme et je n'ai pas eu envie un instant de l'abandonner, même si j'avais compris qu'il avait tout de même un très bon ami, Bruno, et surtout sa compagne Lena pour le soutenir.
Je reviens donc d'un week-end à Soulac-sur-Mer et pendant que les parisiens vivaient une météo excécrable je me suis régalée de plats simples, d'une soupe de légumes, de langoustines et de fraises. Une soupe oui mais avec une fragrance acide et fleurie : poireaux, fenouil, rivaux en lutte pour un match nul dans mon vieux fait-tout (p. 88). Ne me dites pas que cela ne vous fait pas envie !
Je connaissais le pauillac. J'ai découvert (avec modération) un château-beychevelle. Je me suis soulée d'air frais et de résine de pin, et j'ai encore du sable dans les cheveux.
Le talent de Claudie Pernusch est de réussir à écrire aussi bien comme un homme que comme une fillette d'une dizaine d'années. Elle a publié en littérature jeunesse, ceci explique sans doute en partie cela. Du coup les mots sonnent justes et on y croit. Je le disais plus haut, d'un point de départ un peu "bâteau" elle parvient à construire un excellent suspense.
L'écriture, vous l'aurez compris, est très panoramique. Les tournures sont belles. Le rythme a quelque chose de maritime. Çà secoue, vous emporte et vous laisse souffler avant de recommencer. Il y a une ponctuation d'adverbes qui permet de pénétrer la pensée de ce papa en devenir : Je me sens nul. Alors. Alors je réfléchis. Et plus je réfléchis, plus je me demande si avant l'arrivée de Lena ma vie ne reflétait pas l'échec total. (p. 75)
Si j'avais un jardin j'y aurais placé des agapanthes, pour la beauté du nom et la gracile fragilité apparente de ses tiges aux hampes bleues. J'ai toujours rêvé d'un avenir qui m'apparaisse plus bleu que ces fleurs devant ma chambre. Alors, en voir surgir une potée (p. 193) ne pouvait pas me rendre insensible.
Une visite surprise de Claudie Pernusch, Belfond, mai 2013
1 commentaire:
J'ai beaucouop aimé "Une Visite surprise".Claudie Pernusch fait des portraits merveilleux de ses personnages et de la ville de Soulac-sur-Mer, vivement évoquée. Y-a-t-il d'autres romans par cet auteur? Elle m'a rendu dépendant avec sa "Visite surprise"!
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