Il arrive qu'on me propose de rencontrer de jeunes auteur(e)s. J'ai toujours la prudence de demander à lire leur livre avant de donner une réponse définitive. Je ne serais pas à l'aise de vanter le travail de quelqu'un qui n'aurait pas provoqué en moi une émotion positive.
J'ai lu Tu comprendras quand tu seras grande quasiment à la vitesse de l'éclair (en ralentissant pour avoir le temps d'apprécier) et j'ai enchainé avec le premier roman de Virginie Grimaldi qui avait été précédemment publié chez City et que le Livre de Poche ressortait simultanément à la parution du second.
Deux coups de coeur ne peuvent pas être le fruit d'un hasard et j'avais la conviction que j'allais rencontrer une jeune auteure qui monterait, qui monterait ...
C'est en plus ce qu'on appelle une belle personne, modeste, sachant malgré tout goûter à juste titre le bonheur de son succès.
Tu comprendras quand tu seras plus grande
Le sujet n'est pas facile à traiter. Avant elle, Caroline Vié avait réussi à me faire rire avec Dependance Day, publié l'an dernier chez JC Lattès alors que ma mère venait de décéder. Virginie Grimaldi a réussi tout autant à rendre plutôt léger un livre dont l'essentiel se passe dans une maison de retraite, une MDR, pour employer le même raccourci (p. 83). Parce qu'elle a l'art de camper des personnages attachants avec une profonde humanité sans occulter leurs travers de comportement.
Le personnage principal, Julia, a fui sa réalité quotidienne sur un coup de tête (ou un énorme blues). Pour éviter la dépression elle fait acte de candidature aux Tamaris où elle découvrira que les pensionnaires ont bien des choses à lui apprendre, toute psychologue qu'elle est. Pour résumer on peut dire qu'elle y prendra une leçon de bonheur à commencer par Louise qui bien qu'atteinte de la maladie d'Alzheimer a une aptitude infinie pour cet état d'esprit.
Virginie a souvent entendu cette petite phrase, tu comprendras quand tu seras plus grande, de la bouche de son père et je pourrai en dire autant (alors que nous n'avons pas le même ... père). Chacune étions agacée de cette forme de suffisance des adultes à vouloir faire mystère des choses de la vie.
Le "secret" est tout simple (p. 72) : on reste des bébés toute notre vie. Avec les mêmes besoins, être aimé, rassuré, ne pas être seul, avoir toujours à manger et à boire (...) avoir à ses cotés une personne qui t'aime plus qu'elle-même.
J'ai coupé mes cheveux et des ponts, déclare Julia (p. 85) avant de se coincer les lombaires dans une désopilante séance de gymnastique (p. 111). Derrière le sérieux du propos il y a beaucoup de sensibilité mais aussi du second degré et de l'humour dans ce roman comme il y en avait dans la manière que Virginie Grimaldi avait (a toujours mais elle y écrit moins) de raconter sa vie dans un blog qui a connu un immense succès, "Femme Sweet Femme".
C'est ce qui fait que sa lecture est réconfortante. Si comme elle vous êtes sujet à la procrastination vous apprendrez que vous tentez ainsi de conjurer votre peur de la mort. Et si vous pensez vous aussi qu'on peut décider de ne plus aimer (pour ne plus souffrir) comme on peut décider de ne plus manger de sucre (p. 148) n'hésitez pas, il est urgent de vous plonger dedans.
Ce type de littérature mérite bien son label de feel-good (qui vous veut du bien). Et soyez convaincu(e) que la peur découle du passé et abime le futur.
Appliquez sans attendre le conseil (p. 409) de vous débarrasser de votre peur de vous-même, vous n'aurez plus peur de personne. Personne ne vous fera plus souffrir si vous croyez en vous.
Le premier jour du reste de ma vie
Je l'ai lu dans la foulée et j'ai été surprise de constater que le point de départ était déjà un burn-out même si le traitement est différent. On peut dire que le ton est plus léger dans celui-ci.
Il est cependant très abouti et rien ne permet d'y voir un "premier" roman. Sans doute parce que l'auteur avait une large et longue expérience d'écriture préalable, du fait de son blog. Elle consacre beaucoup de temps à écrire, à commencer par des listes dont elle est devenue spécialiste.
L'explication du titre arrive p. 189 qu'il faut entendre comme un serment épicurien. Il ne s'est pas imposé immédiatement à Virginie Grimaldi qui m'a confié que cette phrase l'avait amenée à récrire tout le livre. Ce n'est donc pas la première version qui a été imprimée. Quoiqu'il en soit la maitrise est au rendez-vous.
Je pourrais faire les mêmes compliments à son propos que ce que j'ai pointé plus haut. Il faut saluer le sérieux des descriptions. On jurerait que Virginie est allée en repérage dans chacun des pays que ses héroïnes visite au cours de ce tour du monde. Et puis la justesse avec laquelle Marie démonte (p. 182) le processus avec lequel Rodolphe tente de la manipuler est absolument parfait. Je n'ai pas été étonnée que l'auteure ait aimé l'écriture d'Agnès Ledig avec qui je trouve des affinités, notamment à travers Pars avec lui.
D'une manière générale les personnages semblent si réels qu'on a le sentiment qu'ils existent dans la vraie vie. Quel que soit son âge on peut connaitre des difficultés à vivre à deux. A 20 ans en masquant un romantisme effréné derrière un coeur d'artichaut, à 40 en étant trompée par son mari (qui ne la mérite pas), à 60 en ne sachant plus exprimer ses sentiments.
Les chansons de Jean-Jacques Goldman ponctuent à la perfection les principales étapes de la reconstruction du personnage principal. On redécouvre (p. 315) les paroles de Sache que avec l'envie de l'écouter en boucle les jours de cafard. encore que je vous recommande plutôt de glisser dans le lecteur DVD un des titres de sa liste des feel-good de la page 113.
J'ajouterais La famille Bélier, d'Eric Lartigau, 2014, Intouchables d'Olivier Nakache et d'Eric Toledano, en 2011 que vous connaissez forcément, mais aussi, moins médiatisé, Conversations with Other Women, réalisé par Hans Canosa en 2004 qui est d'une grande subtilité.
Deux Grimaldi d'un coup n'empêche pas d'espérer une prochaine ode à la vie et aux petits bonheurs.
Tu comprendras quand tu seras plus grande, de Virginie Grimaldi, Fayard, sortie en librairie le 4 mai 2016, publié en Livre de Poche en mai 2017
Le premier jour du reste de ma vie, de Virginie Grimaldi, City, 2015, publié en Livre de Poche en mai 2016. Prix E-crire Aufeminin 2014
J'ai lu Tu comprendras quand tu seras grande quasiment à la vitesse de l'éclair (en ralentissant pour avoir le temps d'apprécier) et j'ai enchainé avec le premier roman de Virginie Grimaldi qui avait été précédemment publié chez City et que le Livre de Poche ressortait simultanément à la parution du second.
Deux coups de coeur ne peuvent pas être le fruit d'un hasard et j'avais la conviction que j'allais rencontrer une jeune auteure qui monterait, qui monterait ...
C'est en plus ce qu'on appelle une belle personne, modeste, sachant malgré tout goûter à juste titre le bonheur de son succès.
Tu comprendras quand tu seras plus grande
Le sujet n'est pas facile à traiter. Avant elle, Caroline Vié avait réussi à me faire rire avec Dependance Day, publié l'an dernier chez JC Lattès alors que ma mère venait de décéder. Virginie Grimaldi a réussi tout autant à rendre plutôt léger un livre dont l'essentiel se passe dans une maison de retraite, une MDR, pour employer le même raccourci (p. 83). Parce qu'elle a l'art de camper des personnages attachants avec une profonde humanité sans occulter leurs travers de comportement.
Le personnage principal, Julia, a fui sa réalité quotidienne sur un coup de tête (ou un énorme blues). Pour éviter la dépression elle fait acte de candidature aux Tamaris où elle découvrira que les pensionnaires ont bien des choses à lui apprendre, toute psychologue qu'elle est. Pour résumer on peut dire qu'elle y prendra une leçon de bonheur à commencer par Louise qui bien qu'atteinte de la maladie d'Alzheimer a une aptitude infinie pour cet état d'esprit.
Virginie a souvent entendu cette petite phrase, tu comprendras quand tu seras plus grande, de la bouche de son père et je pourrai en dire autant (alors que nous n'avons pas le même ... père). Chacune étions agacée de cette forme de suffisance des adultes à vouloir faire mystère des choses de la vie.
Le "secret" est tout simple (p. 72) : on reste des bébés toute notre vie. Avec les mêmes besoins, être aimé, rassuré, ne pas être seul, avoir toujours à manger et à boire (...) avoir à ses cotés une personne qui t'aime plus qu'elle-même.
J'ai coupé mes cheveux et des ponts, déclare Julia (p. 85) avant de se coincer les lombaires dans une désopilante séance de gymnastique (p. 111). Derrière le sérieux du propos il y a beaucoup de sensibilité mais aussi du second degré et de l'humour dans ce roman comme il y en avait dans la manière que Virginie Grimaldi avait (a toujours mais elle y écrit moins) de raconter sa vie dans un blog qui a connu un immense succès, "Femme Sweet Femme".
C'est ce qui fait que sa lecture est réconfortante. Si comme elle vous êtes sujet à la procrastination vous apprendrez que vous tentez ainsi de conjurer votre peur de la mort. Et si vous pensez vous aussi qu'on peut décider de ne plus aimer (pour ne plus souffrir) comme on peut décider de ne plus manger de sucre (p. 148) n'hésitez pas, il est urgent de vous plonger dedans.
Ce type de littérature mérite bien son label de feel-good (qui vous veut du bien). Et soyez convaincu(e) que la peur découle du passé et abime le futur.
Appliquez sans attendre le conseil (p. 409) de vous débarrasser de votre peur de vous-même, vous n'aurez plus peur de personne. Personne ne vous fera plus souffrir si vous croyez en vous.
Le premier jour du reste de ma vie
Je l'ai lu dans la foulée et j'ai été surprise de constater que le point de départ était déjà un burn-out même si le traitement est différent. On peut dire que le ton est plus léger dans celui-ci.
Il est cependant très abouti et rien ne permet d'y voir un "premier" roman. Sans doute parce que l'auteur avait une large et longue expérience d'écriture préalable, du fait de son blog. Elle consacre beaucoup de temps à écrire, à commencer par des listes dont elle est devenue spécialiste.
Marie a tout préparé pour l’anniversaire de son mari : décoration de l’appartement, gâteaux, invités… Tout, y compris une surprise : à quarante ans, elle a décidé de le quitter. Marie a pris "un aller simple pour ailleurs". Pour elle, c’est maintenant que tout commence. Vivre, enfin.Elle a donc réservé un billet sur un bateau de croisière pour faire le tour du monde. À bord, Marie rencontre deux femmes qui, elles aussi, sont à la croisée des chemins. Au fil de leurs aventures, parfois loufoques, elles pleurent et rient ensemble, à la reconquête du bonheur. Leurs vies à toutes les trois vont être transformées par ce voyage au bout du monde.Dans un style différent Bruno Delesalle m'avait donné Le goût du large il y a quelques semaines et il me tarde de prendre la mer. Nul doute qu'on revient changé après une telle expérience.
L'explication du titre arrive p. 189 qu'il faut entendre comme un serment épicurien. Il ne s'est pas imposé immédiatement à Virginie Grimaldi qui m'a confié que cette phrase l'avait amenée à récrire tout le livre. Ce n'est donc pas la première version qui a été imprimée. Quoiqu'il en soit la maitrise est au rendez-vous.
Je pourrais faire les mêmes compliments à son propos que ce que j'ai pointé plus haut. Il faut saluer le sérieux des descriptions. On jurerait que Virginie est allée en repérage dans chacun des pays que ses héroïnes visite au cours de ce tour du monde. Et puis la justesse avec laquelle Marie démonte (p. 182) le processus avec lequel Rodolphe tente de la manipuler est absolument parfait. Je n'ai pas été étonnée que l'auteure ait aimé l'écriture d'Agnès Ledig avec qui je trouve des affinités, notamment à travers Pars avec lui.
D'une manière générale les personnages semblent si réels qu'on a le sentiment qu'ils existent dans la vraie vie. Quel que soit son âge on peut connaitre des difficultés à vivre à deux. A 20 ans en masquant un romantisme effréné derrière un coeur d'artichaut, à 40 en étant trompée par son mari (qui ne la mérite pas), à 60 en ne sachant plus exprimer ses sentiments.
Les chansons de Jean-Jacques Goldman ponctuent à la perfection les principales étapes de la reconstruction du personnage principal. On redécouvre (p. 315) les paroles de Sache que avec l'envie de l'écouter en boucle les jours de cafard. encore que je vous recommande plutôt de glisser dans le lecteur DVD un des titres de sa liste des feel-good de la page 113.
J'ajouterais La famille Bélier, d'Eric Lartigau, 2014, Intouchables d'Olivier Nakache et d'Eric Toledano, en 2011 que vous connaissez forcément, mais aussi, moins médiatisé, Conversations with Other Women, réalisé par Hans Canosa en 2004 qui est d'une grande subtilité.
Deux Grimaldi d'un coup n'empêche pas d'espérer une prochaine ode à la vie et aux petits bonheurs.
Tu comprendras quand tu seras plus grande, de Virginie Grimaldi, Fayard, sortie en librairie le 4 mai 2016, publié en Livre de Poche en mai 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire