Le titre du film, De Gaulle, est bref, quasi elliptique. Trop prometteur aussi car je m'attendais à un biopic complet, et surtout pas à la reconstitution de quelques mois d'une seule année, 1940.
Il est vrai qu'elle est charnière dans l'histoire de la France, et dans la sienne aussi, mais on ne peut pas résumer la vie d'un tel homme à ces quelques mois. Ni celle de sa femme d'ailleurs car elle a joué un rôle très important dans son parcours, et cela jusqu'à la fin.
Il est vrai qu'elle est charnière dans l'histoire de la France, et dans la sienne aussi, mais on ne peut pas résumer la vie d'un tel homme à ces quelques mois. Ni celle de sa femme d'ailleurs car elle a joué un rôle très important dans son parcours, et cela jusqu'à la fin.
C'est elle qui a posé les bases du rôle de Première dame, qui n'existait pas avant elle. Discrète, mais très impliquée. Dans cette époque en pleine évolution, elle est aussi bien ambassadrice de la mode française que "dame de charité". Cependant Yvonne de Gaulle restera la "femme de" et se tiendra souvent en retrait.
Étonnons-nous des soirs mais vivons les matins ... Guillaume Apollinaire apporte une certaine emphase à un scénario un peu brouillon ... comme l'affiche. peut-être a-t-il manqué une voix off ou les confidences d'un personnage qui aurait analysé le déroulement des événements plutôt qu'une succession de plans dont parfois la logique nous échappe.
On commence en avril 1940, à Colombey-les-Deux-Églises où on voit l'homme avec sa fille Anne, handicapée par une trisomie. Quand on sait combien elle comptait pour lui, on comprend ce choix qui démontre combien il pouvait être tendre. C'est pour son bien-être qu'il avait acheté la Boisserie, en pleine campagne.
Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Le 28 mai le colonel De Gaulle reçoit l'ordre de se replier alors que son unité combat à Abbeville.
C'est un homme de 50 ans dont la carrière militaire plafonne au grade de colonel. Ses théories ou ses écrits sur une guerre offensive face à l’Allemagne sont considérés avec condescendance voire mépris par l’ensemble de ses pairs, en dehors de Paul Reynaud qui est devenu Président du Conseil au printemps 1940, qui lui y est très attentif.
Le 6 juin 1940 on le voit à Paris. De colonel il est promu général, sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et veut infléchir le cours de l’Histoire. Pour cela on lui fait dire cette petite phrase qui sera déterminante : Croyez-moi la radio est une arme puissante (sous-entendu pour lutter contre le défaitisme). Il faut sauver la France.
Sa femme est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent. Leur maison sera pillée, ravagée, détruite. Mon enfance a été engloutie dit Yvonne qui se lance sur les routes de l’exode avec ses trois enfants. Évidemment, même les plus âgés d’entre nous ont toujours vu Yvonne De Gaulle âgée, et il est donc très étonnant de la voir jeune. C'est Isabelle Carré qui a la lourde mission de l'incarner. Même si j'aime beaucoup cette actrice, dont la sensibilité est immense, elle ne ressemble pas à l'idée qu'on se fait de tante Yvonne comme les français la surnommeront affectueusement.
Charles rejoint Londres le 9 juin alors que le président part pour Bordeaux et déclare Paris ville ouverte. Le 15 juin Pétain reconnaît la défaite.
Charles, lui, veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance, en s'appuyant sur le principe que la volonté est de la première des armes.
Le contexte géopolitique est confus. On observe une fusion historique entre l’Angleterre et la France mais la démission du président de la république Paul Reynaud et la nomination de Pétain en tant que chef du gouvernement va tout compromettre. Néanmoins De Gaulle reçoit 100 000 francs des fonds secrets du gouvernement et repart pour Londres où 3000 Français vivent alors.
Il s'appuie sur la fameuse analyse selon laquelle avoir perdu une bataille ne signifie pas avoir perdu la guerre. Churchill est son meilleur allié. Il est à fond "working on" (sur le coup).
Outre le fait qu'il est exaspérant de voir ces hommes refaire le monde dans une ambiance opaque en raison de la fumée de leurs cigarettes et cigares je suis déçue par cette réalisation très parcellaire en terme de temporalité, puisque l’on se situe sur quelques semaines en juin 40 et que de nombreuses questions resteront sans réponse sur la suite des évènements qui, même si on en connait l'issue, auraient mérité davantage. Je pense en particulier sur la nature des relations entre les anglais et les français.
Malgré sa stature de figure historique, De Gaulle n'avait encore jamais eu droit à son biopic au cinéma. Seule la télévision a mis en scène le personnage, notamment sous les traits de Bernard Farcy dans Le Grand Charles, Patrick Chesnais dans Je vous ai compris et Michel Vuillermoz dans Ce jour-là, tout a changé. L'interprétation de Lambert Wilson, qui cherche plus à évoquer qu'à imiter De Gaulle est tout à fait intéressante mais j'aurais préféré un "vrai" biopic.
En tout état de cause à l'heure où j'écris on parle plus de coronavirus que de politique et il est probable que ce film ne va pas connaitre le développement qu'on lui prédisait.
De Gaulle de Gabriel Le Bomin
Avec Lambert Wilson (Charles de Gaulle), Isabelle Carré (Yvonne de Gaulle), Olivier Gourmet (Paul Reynaud), Catherine Mouchet (Mademoiselle Potel), Pierre Hancisse (Geoffroy Chaudron de Courcel), Sophie Quinton (Suzanne Rerolle), Gilles Cohen (Georges Mandel), Laurent Stocker (Jean Laurent), Philippe Laudenbach (Le Maréchal Pétain), Alain Lenglet (Général Weygand), Philippine Leroy-Beaulieu (Hélène de Portes), Tim Hudson (Winston Churchill), Nicolas Vaude (Paul Boudoin) ...
Étonnons-nous des soirs mais vivons les matins ... Guillaume Apollinaire apporte une certaine emphase à un scénario un peu brouillon ... comme l'affiche. peut-être a-t-il manqué une voix off ou les confidences d'un personnage qui aurait analysé le déroulement des événements plutôt qu'une succession de plans dont parfois la logique nous échappe.
On commence en avril 1940, à Colombey-les-Deux-Églises où on voit l'homme avec sa fille Anne, handicapée par une trisomie. Quand on sait combien elle comptait pour lui, on comprend ce choix qui démontre combien il pouvait être tendre. C'est pour son bien-être qu'il avait acheté la Boisserie, en pleine campagne.
Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Le 28 mai le colonel De Gaulle reçoit l'ordre de se replier alors que son unité combat à Abbeville.
C'est un homme de 50 ans dont la carrière militaire plafonne au grade de colonel. Ses théories ou ses écrits sur une guerre offensive face à l’Allemagne sont considérés avec condescendance voire mépris par l’ensemble de ses pairs, en dehors de Paul Reynaud qui est devenu Président du Conseil au printemps 1940, qui lui y est très attentif.
Le 6 juin 1940 on le voit à Paris. De colonel il est promu général, sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et veut infléchir le cours de l’Histoire. Pour cela on lui fait dire cette petite phrase qui sera déterminante : Croyez-moi la radio est une arme puissante (sous-entendu pour lutter contre le défaitisme). Il faut sauver la France.
Sa femme est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent. Leur maison sera pillée, ravagée, détruite. Mon enfance a été engloutie dit Yvonne qui se lance sur les routes de l’exode avec ses trois enfants. Évidemment, même les plus âgés d’entre nous ont toujours vu Yvonne De Gaulle âgée, et il est donc très étonnant de la voir jeune. C'est Isabelle Carré qui a la lourde mission de l'incarner. Même si j'aime beaucoup cette actrice, dont la sensibilité est immense, elle ne ressemble pas à l'idée qu'on se fait de tante Yvonne comme les français la surnommeront affectueusement.
Charles rejoint Londres le 9 juin alors que le président part pour Bordeaux et déclare Paris ville ouverte. Le 15 juin Pétain reconnaît la défaite.
Charles, lui, veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance, en s'appuyant sur le principe que la volonté est de la première des armes.
Le contexte géopolitique est confus. On observe une fusion historique entre l’Angleterre et la France mais la démission du président de la république Paul Reynaud et la nomination de Pétain en tant que chef du gouvernement va tout compromettre. Néanmoins De Gaulle reçoit 100 000 francs des fonds secrets du gouvernement et repart pour Londres où 3000 Français vivent alors.
Il s'appuie sur la fameuse analyse selon laquelle avoir perdu une bataille ne signifie pas avoir perdu la guerre. Churchill est son meilleur allié. Il est à fond "working on" (sur le coup).
Outre le fait qu'il est exaspérant de voir ces hommes refaire le monde dans une ambiance opaque en raison de la fumée de leurs cigarettes et cigares je suis déçue par cette réalisation très parcellaire en terme de temporalité, puisque l’on se situe sur quelques semaines en juin 40 et que de nombreuses questions resteront sans réponse sur la suite des évènements qui, même si on en connait l'issue, auraient mérité davantage. Je pense en particulier sur la nature des relations entre les anglais et les français.
Malgré sa stature de figure historique, De Gaulle n'avait encore jamais eu droit à son biopic au cinéma. Seule la télévision a mis en scène le personnage, notamment sous les traits de Bernard Farcy dans Le Grand Charles, Patrick Chesnais dans Je vous ai compris et Michel Vuillermoz dans Ce jour-là, tout a changé. L'interprétation de Lambert Wilson, qui cherche plus à évoquer qu'à imiter De Gaulle est tout à fait intéressante mais j'aurais préféré un "vrai" biopic.
En tout état de cause à l'heure où j'écris on parle plus de coronavirus que de politique et il est probable que ce film ne va pas connaitre le développement qu'on lui prédisait.
De Gaulle de Gabriel Le Bomin
Avec Lambert Wilson (Charles de Gaulle), Isabelle Carré (Yvonne de Gaulle), Olivier Gourmet (Paul Reynaud), Catherine Mouchet (Mademoiselle Potel), Pierre Hancisse (Geoffroy Chaudron de Courcel), Sophie Quinton (Suzanne Rerolle), Gilles Cohen (Georges Mandel), Laurent Stocker (Jean Laurent), Philippe Laudenbach (Le Maréchal Pétain), Alain Lenglet (Général Weygand), Philippine Leroy-Beaulieu (Hélène de Portes), Tim Hudson (Winston Churchill), Nicolas Vaude (Paul Boudoin) ...
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