Anny Duperey est un peu de notre famille. On la connait pour l’avoir lu ses livres et l’avoir vue jouer au cinéma, à la télévision, au théâtre, et même parfois dans la vie quotidienne.
Je l’ai croisée dans l’escalier du Lucernaire alors qu’elle montait (ou descendait ?) de sa loge et la conversation s’est engagée en toute spontanéité sur le travail de son amie Pascale Bordet dont les oeuvres sont accrochées sur les murs. Elle vient d’écrire le texte de présentation d’une exposition qui va bientôt avoir lieu. A ne pas manquer parce que cette costumière, toujours vêtue de blanc, et qui adorait tant la couleur, était une très grande dame, et une formidable aquarelliste.
Plus tard, Annie entre comme par effraction sur le plateau pour relire les lettres qu’elle a envoyées à ses Chers enfants. Elle les partage avec nous, en toute logique, puisque nous appartenons un peu à sa famille nous aussi.
Comme elle dans la vraie vie, son personnage porte de longs pendants d’oreilles et un peignoir de soie avec de grandes poches pour y enfouir les maisons. Comme elle, cette maman a deux enfants, mais les points communs s’arrêtent là. Elle écrit à sa fille Géraldine, et surtout à son garçon, Darius, dont le prénom revient plus fréquemment. Il faut dire qu’il occupe une place particulière que l’on découvrira plus tard.
Derrière elle, le fond d’écran est rouge vif, s’accordant avec les propos : On écrit et parfois ça dérape mais je suis toujours aimante.
Elle souffre de la solitude, ayant perdu un mari irremplaçable, qui fut pourtant encombrant, se plaint de vieillir un peu plus chaque dimanche et râle contre les répondeurs qui la privent d’un échange vivant avec sa progéniture. Ne pouvant leur parler en direct, elle leur a écrit des courriers où elle se révèle impatiente, suspicieuse, amère, larmoyante, … les qualificatifs ne manquent pas et composeront le puzzle de toutes les facettes de sa personnalité.
On peut lire quelques bribes par dessus son épaule tandis qu’elle trace les lignes de sa grosse écriture ronde si reconnaissable (finalement voici un troisième point commun). Je ne vais pas vous les raconter, pour ne rien gâcher de votre plaisir à les découvrir. Car il y a de la fantaisie, de la malice, de l’émotion, et même de la colère à partager avec elle.
Par le biais d’un mapping intelligemment conçu et de quelques vidéos nous allons prendre le train avec elle pour Ouistreham dont elle nous donnera une autre vision que celle de Florence Aubenas dans son livre qu’il faut absolument lire si ce n’est déjà fait. Plus de dix ans après sa publication il reste d’une actualité insensée sur la précarité, surtout pour les femmes. J’espère qu’il vous « titillera » vous aussi.
Les ponctuations musicales sont très réussies, sans surprise quand on sait qu’elles sont l’œuvre de Roland Romanelli qui fut longtemps l’accordéoniste de Barbara, pour qui il écrivit une chanson où il est (aussi) question de lettre … Vienne.
Derrière une approche légère on découvre des prises de position sociales et politiques qui interrogent le spectateur. Et c’est très bien ainsi. Qui parmi nous, ce soir là, pouvait imaginer qu’il soit possible d’être accusé de délit de solidarité ? Je ne vous donne pas le contexte, pour ménager l’effet de surprise.
Cette femme va pour nous rajeunir un moment, nous faire rire, nous attendrir, et même pédaler sur ordonnance sur un vélo d’appartement (cette fois le point commun est entre elle et moi) pour maintenir sa forme et continuer à donner ses leçons de vie, modestes mais si justes.
On la sent amère quand elle confie que voir nos enfants vieillir pendant qu’on décline, c’est la double peine. On ne peut que la comprendre et suivre son conseil de nous aimer tels que nous sommes, le plus possible et très longtemps.
Mes chers enfants est un spectacle touchant. A voir en cette rentrée pour prendre de bonnes décisions. Je n’ose invoquer son succès (il a été créé il y a quelques mois, dans un autre théâtre et a déjà rencontré son public). Je pourrais me tromper, à l’instar des critiques dont elle fait remarquer qu’ils n’ont pas toujours raison puisqu’ils ont encensé son dernier roman (tiens donc, son personnage publie aussi des livres, quatrième point commun) et ce serait dommage.
Mes Chers Enfants de et mis en scène par Jean Marboeuf
Avec Anny Duperey
Musique Roland Romanelli
Lumière Laurent Béal
Son Laurent Chassaigne
Création vidéo Baptiste Magnien
Décor Pascal Chatton
Images additionnelles Julie Marboeuf
Musique Roland Romanelli
Lumière Laurent Béal
Son Laurent Chassaigne
Création vidéo Baptiste Magnien
Décor Pascal Chatton
Images additionnelles Julie Marboeuf
Du 23 août 22 octobre 2023
Rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 1er septembre 2023 à l’issue de la représentation.
Rencontre avec l’équipe artistique le vendredi 1er septembre 2023 à l’issue de la représentation.
Relâche le 17 septembre 2023.
Du Mardi au Samedi à 21h, le Dimanche à 18h
Au Lucernaire - 53 rue Notre-Dame-des-Champs - 75006 Paris
Au Lucernaire - 53 rue Notre-Dame-des-Champs - 75006 Paris
Réservations au 01 45 44 57 34
Et ne manquez pas l’exposition permanente des Merveilleuses, de Pascale Bordet sur les murs du théâtre.
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