Mardi 30 janvier dernier, avait lieu la cérémonie du Prix d’Excellence, au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, en présence de Marc Fesneau, et de Jean-Luc Poulain, Président du CENECA, et d’ Olivier Alleman, Commissaire Général du CGA.
Les médailles qui distinguent la qualité d’un produit pour une année donnée. Ils furent en 2023, 5 123 produits et vins sur 14 418 en compétition a avoir été distingués.
Depuis l’an 2000 un Prix d'Excellence est attribué aux lauréats des 3 dernières éditions du Concours Général Agricole consécutives. Elle récompense donc le travail, l’engagement et les valeurs dans chacune des catégories représentées, témoignant de l'excellence mais aussi de la régularité du savoir-faire de nos régions.
Il n’y a rien de subjectif dans l’attribution. Cette "compétition de la compétition" s’organise en additionnant les points attribués : 5 points pour une médaille d’or, 3 points pour une médaille d’argent et 1 point pour une médaille de bronze. La somme est ensuite divisée par le nombre de produits présentés. Le Prix d’Excellence revient au producteur ayant obtenu le meilleur score dans la catégorie concernée.
Cette année, 37 producteurs français (15 pour les vins, 22 pour les produits, leur liste exhaustive figurant à la fin de l'article) sont distingués comme étant "les meilleurs parmi les meilleurs" vignerons, apiculteurs, ostréiculteurs, éleveurs … qui auront désormais - et c’est une nouveauté- auront la possibilité d’apposer le logo du Prix d’Excellence sur leurs produits primés conjointement à la médaille du Concours Général Agricole, de manière à repérer encore mieux les produits du terroir, comme on peut le voir sur les bouteilles ci-dessous de vins IGP Coteaux de Glanes.
Même si quelques jours se sont passés depuis cet événement, on se souvient du contexte tendu entre le monde agricole et le gouvernement. Le ministre ne pouvait pas remettre les trophées sans prendre la situation en considération. Je peux le dire, il m’a épatée en abordant franchement la problématique agricole.
Il a dénoncé trente ans de malaise agricole, de normes en taxes, arcanes administratives qui pourtant ne dissuadent pas 80% des agriculteurs de continuer à exercer leur métier.
Il a rendu hommage à toutes ces femmes et ces hommes qui travaillent avec les saisons, les sols, dans le respect de l'environnement, conjuguant tradition et modernité, prêts à assurer la transmission de leurs valeurs. Ce sont eux qui sont garants de la diversité géographique des savoir-faire et dont l'action met en valeur l'identité paysagère des territoires. La passion est louable mais elle ne doit pas devenir un sacrifice.
Le ministre a conscience que les agriculteurs ne peuvent pas croire à des injonctions contradictoires. Il faut répondre à ces incohérences par de vraies simplifications en réduisant la sédimentation réglementaire accumulée depuis des années et parvenir à une cohérence européenne car la crise n'est pas "que" française.
Face au cri de détresse poussé par les agriculteurs, il n’est désormais plus possible de détourner le regard. Mais si une réponse doit être apportée à leurs revendications économiques et normatives, le mal-être qui s’est emparé de la profession va bien au-delà de ces variables d’ajustement : les agriculteurs français souffrent d’un manque criant de considération. Il est donc important que les médias s'intéressent toute l'année aux difficultés agricoles.
Depuis 150 ans, le Concours Général Agricole est une boussole. Il récompense les producteurs qui sont les fers de lance de notre fierté agricole. Les consommateurs ne s'y trompent pas en privilégiant les produits primés, en démontrant qu'il n'est pas indispensable d'aller au bout de la planète pour acheter équitable.
Il a ajouté que le Premier Ministre devrait prochainement faire une annonce. Une crise est un cri qu'on n'a pas entendu. Le défi sera de faire entrer les agriculteurs dans le droit commun et de résoudre la question de la rémunération. Ce sera l'affaire de l'ensemble de la chaine alimentaire.
En reconnaissant qu'il aurait fallu dire tout cela plus tôt, et surtout agir, les paroles du ministre traduisaient un intérêt sincère et la volonté de faire avancer positivement la situation.
Ensuite chacun des 37 producteurs primés a été appelé. La remise des trophées fut longue, ponctuée d’une présentation, du rappel des médailles et de remerciements. Elle s’est déroulée dans le salon emblématique Sully, dont le plafond de bois à caissons est décoré d'allégories qui ont été sculptées entre 1885 et 1887.
La salle est ornée de fresques monumentales peintes par Paul Sinibaldi (élève de Cabanel) en 1898 et 1901. Elles représentent le Commerce, l'Industrie, et l'Agriculture, symbolisée par une jeune semeuse avançant dans un champ labouré par deux paires de bœufs blancs et d'une cheminée monumentale surmontée deux sculptures allégorique en l'honneur du commerce et de l'agriculture.
Voici une courte vidéo pour restituer l'ambiance, sur laquelle j'apparais furtivement.
Les discours furent condensés et touchants, ponctuant très souvent une histoire de famille, avec une transmission au fils ou à la fille, parfois la reprise par l'épouse après le décès du conjoint, un démarrage très jeune dans le métier ou une reconversion réussie, et une certaine occurrence des récompenses, preuve que c'est bien le travail qui est récompensé et que la médaille n'est pas le résultat d'un coup de chance.
En tant que petite-fille d’agriculteurs (comme mes cinquante cousins) je regrette qu’aucun d’entre nous n’ait pris la succession de ses parents et j'ai été sensible à constater une majorité d'affaires familiales parmi les récipiendaires. Il y avait aussi de grosses structures, comme Paysan breton, numéro 2 français en beurre moulé, qui réunit 2000 exploitations. Ou encore les Caves Carod qui oeuvrent pour la clairette de Die.
La reconnaissance du Concours général agricole est atout pour les producteurs : l’obtention d’une médaille est synonyme d’une augmentation des ventes de 18 à 40% (source : site Internet du Concours général agricole). Elle constitue un sésame à l’export car les médailles sont reconnues hors de la France, y compris aux États-Unis et au Canada, les feuilles de chêne sont particulièrement recherchées. A fortiori pour le Prix d'Excellence.
On aurait pu croire le jury sur parole mais chacun apprécia la dégustation qui eut lieu ensuite dans la longue galerie adjacente, où l'on pouvait noter une statue d'Antoine Parmentier réalisée en 1887 par Adrien Étienne Gaudez et des portraits des ministres et secrétaires d'État à l'Agriculture.
Je ne sais pas comment fut attribué l’emplacement de chacun, mais en tout cas, les producteurs n’étaient pas positionnés dans un ordre logique. Néanmoins, parfois, une boisson se trouvait pile au bon endroit pour qu’on réalise un accord met-vin heureux. Le service fut assuré par les élèves de l'école Ferrandi,. L'établissement dispense une formation du BTS au Bachelor, en cuisine, pâtisserie et salle, également une formation continue, et une dimension internationale, au sein des mêmes locaux, en plein coeur de Paris.
Voici quelques photos de ce moment très convivial. Avec, pour commencer Eloise Baylac, du Domaine du Grand Comté Michel Baylac qui élève un armagnac fort aromatique. Il manque beaucoup de producteurs. Il était impossible de tous les immortaliser, mais leur liste est en fin d'article.
Franchement, chacun méritait une mise en avant. Je ne pouvais malgré tout pas réaliser 37 photos avec mises en situation. En voici quelques-unes. Il y en aura d’autres dans les jours prochains avec les produits que j’ai ramenés.
Les rillettes de Sébastien Dubourg (37) que j'associerai avec le miel de lavande et le vin Dune, tous primés
Le vin jaune Château-Chalon, AOP, du Domaine Le Chateley (39)
L'huile de noix du Moulin de Veyssière (24), labellisée Périgord AOP
La confiture ananas-passion-vanille et la confiture Trio d'agrumes de La Fabrique de confitures d'Ile-de-France (94)
Isabelle Mangeot, du Domaine Régina (54) qui fait une excellente Cuvée du bâtisseur
Le 60e Salon international de l’agriculture se tiendra du samedi 24 février au dimanche 3 mars 2024 à Paris Expo, Porte de Versailles à Paris. Il s’agit de la plus grande foire agricole de France, en taille, ouverte au grand public. 615 000 visiteurs s’y sont rendus l’an passé.
Les médailles d’or, d’argent et de bronze des produits y seront décernées pour le nouveau millésime. Durant cette période, on pourra suivre chaque soir sur le site du Concours général agricole la liste des produits médaillés du jour.
Liste des lauréats des Prix d'Excellence du Concours Général Agricole 2024 (les liens sont ajoutés lorsque je leur ai consacré un article en particulier, par exemple autour d'un plat en particulier)
▶ AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
Salaisons Du Velay (43) – Charcuteries (salaisons sèches)
Bergerie des 2 Savoie (73) – Fromages frais et fondus, yaourts, laits fermentés et desserts lactés Fromagerie Bouchet (74) – Laitiers Affineurs
Stéphane Masson (73) – Fromages
Caves Carod (26) – Vins Vallée-du-Rhône
La Cave du Prieuré (73) - Vins Savoie-Bugey
▶ BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
Trichard Jean-François (71) – Vins Beaujolais
Domaine Virot (71) – Vins Bourgogne
Domaine Frédéric Lambert (39) – Vins Jura-Franche-Comté
▶ BRETAGNE
Ets Courcoux (22) – Cidre et poirés
Le Guen Chaumard (22) – Produits de l’Aquaculture ( huîtres)
Aïta (29) – Beurres, crème desserts lactés
▶ CENTRE-VAL DE LOIRE
La Microbrasserie de Chandres (28) – Bières
Charcuterie Sébastien Dubourg (37) – Charcuteries (cuites et à cuire)
▶ CORSE
Domaine Fiumicicoli – SCEA Terra Corsa (20) – Vins Corse
▶ GRAND EST
Nicollet Gérard et Fils (68) – Vins Alsace
Domaine Régina (54) – Vins Lorraine
▶ GUYANE
Rhums Saint-Maurice (97) – Rhums et Punchs
▶ HAUTS-DE-FRANCE
Bernard et Éric Figuet (02) – Vins Champagne
▶ ÎLE-DE-FRANCE
La Fabrique de Confitures (94) – Confitures et Crèmes
▶ NOUVELLE-AQUITAINE
La distillerie Merlet et Fils (17) – Apéritif
Moulin de la Veyssière (24) – Huile de noix
Arrivé Jean-Guy Et Bruno SAS (17) – Mistelles
La Ferme de Gagnet (47) – Mistelles
Cabannes Joël et Benoit (40) – Rillettes et magrets séchés
Barre Gentillot (33) – Vins Bordeaux
▶ OCCITANIE
Domaine du Grand Comte Baylac Michel (32) – Eaux de vie
La Drosera Gourmande (12) – Foie Gras
Le Moulin d’Uzès – Huilerie Richard (30) - Produits oléicoles
La Gourmande Foie Gras Jacquin (46) – Volailles
Sabledoc (30) – Vins Languedoc-Roussillon
SCEA P Nouvel (81) – Vins Sud-Ouest
Les Coteaux de Glanes (46) – Vins Sud-Ouest
▶ PAYS DE LA LOIRE
Le Galichet (85) – Jus de fruits
Petard Bazile (44) – Vins Val-de-Loire et Centre
▶ PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR
Les Ruchers des Maures (83) – Miels, hydromels et chouchens
Domaine de l’Allamande (83) – Vins Provence-Alpes-Côte d’Azur
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