Ce fut une des grandes surprises de la seconde rentrée littéraire de l'année 2015 mais je n'avais pas eu le loisir de le lire, même si de nombreuses personnes me le recommandaient.
Les vacances arrivaient à point nommé pour m'inciter au moins ouvrir ce livre. J'ai fait bien davantage, le dévorant en un temps record.
On pourrait croire ( et on aurait d'ailleurs raison) que le sujet du livre est la reconnaissance de l'altérité, de l'orientation sexuelle, de l'inclinaison homosexuelle en l'occurrence, mais il s'agit plus largement de la possibilité, ou non, de se développer sans subir la pression du milieu d'origine.
J'ai pensé à Annie Ernaux pour la similitude d'analyse. Certes, c'est la Normandie qui est sa toile de fond alors que celle d'Edouard Louis est la Picardie. Elle situe ses premiers livres dans les années 60 tandis qu'il commence son roman en 1990. Mais on observe chez l'un et l'autre un décalage semblable entre un mode de vie fruste et un désir d'élévation suscité par la poursuite des études.
On retrouve aussi l'expression de sentiments douloureux, un mélange de honte, de mépris, et malgré tout d'amour pour le milieu familial, ou du moins une forme de tendresse. Et on approuve Edouard Louis : On ne s'habitue jamais à l'injure. (Page 16)
On partage avec le jeune homme le poids de sa différence et ses aspirations. On comprend comment sa vie a pu devenir si compliquée. Sa difficulté à trouver sa place tout en demeurant tel qu'il est est touchante. Parce qu'on le sent authentique derrière l'image de garçon heureux qu'il s'échine à donner de lui, l'image d'un fils bien élevé dont la mère pourrait être fière même si c'est pas un dur comme le père aurait voulu. Sans doute aussi parce qu'il démontre que ce n'est ps un challenge impossible.
Édouard Louis a 21 ans. Il a déjà publié Pierre Bourdieu: l'insoumission en héritage (PUF, 2013). En finir avec Eddy Bellegueule est son premier roman.
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