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mercredi 21 juin 2023

Le palais du roi Minos de Knossos

Venir à Héraklion sans visiter le musée archéologique serait stupide Ensuite on ne saurait zapper le site de Knossos puisque nous avons vu d’admirables reconstitution de fresques. Le désir de voir les choses in situ devient très fort.

Knossos ne se trouve qu’à 5 km du centre ville. On peut s’y rendre facilement en bus (n° 2) qui passe toutes les vingt minutes à proximité du musée. Le ticket coûte 2 € (il faut l’acheter au kiosque avant) et le trajet dure environ 20 minutes.

Quand on se rappelle de l'immense maquette vue au musée, on est surpris par le site, qui semble très enterré. Le palais a été dressé sur une éminence artificielle, dominant la vallée de Kairatos. Le dénivelé de terrain a été pleinement utilisé par l’architecte de l’époque, avec deux plans : l’aile à l’est est à un niveau inférieur à celui de la cour centrale et du reste de l’édifice. On saisit pourtant immédiatement l’ampleur du domaine, et cela d’autant plus qu’on sait que le palais du roi Minos et du Minotaure témoigne que les Minoens avaient tout inventé, de la pratique religieuse aux techniques agricoles en passant par les organisations politiques, militaires, sociales et le mécénat culturel.

Il faut dire aussi que désormais l'entrée est discrète. On a fermé l'accès par la voie royale bordant le théâtre, le long de la cour de l'agora (voir une des dernières photos de l'article) qui avait le mérite de permettre d' accéder à la fameuse façade occidentale décorative que l'on voit en illustration sur tous les guides (ci-contre).

Les premières traces de vie à Knossos remontent à 7000 av. J.-C. Alors que toute l’Europe vivait encore dans une civilisation protohistorique, les Crétois construisaient déjà des palais magnifiques et hiérarchisaient la société pour rendre le pouvoir total et légitime.

Pendant plus de 3 000 ans, les premiers habitants du site ont lentement perfectionné les outils en pierre et leur mode de vie, essentiellement tourné vers l’élevage et les cultures. Même s’il ne reste que peu de vestiges des maisons de briques, nous sommes assez bien renseignés sur la vie de ces premiers Crétois qui, peu à peu, acquirent la maîtrise de certains métaux.

Le premier palais, construit au milieu des maisons, a été édifié entre 3500 et 1900 av. J.-C., au nord-est du site. Il est très peu conservé car c’est sur ses ruines que s’est élevé l’édifice suivant. Doté de 1 300 pièces, il était le centre de toutes les activités politiques, religieuses, commerciales et culturelles de l’Etat. Il fut entièrement détruit vers 1700 av. J.-C., sans doute à la suite d’un incendie ou d’un tremblement de terre. Un nouveau palais plus grand et plus élaboré coïncidant avec l'apogée de la civilisation minoenne fut alors édifié sur les ruines du précédent.
Knossos est le plus impressionnant des palais minoens (22 000 m²) avec 1 300 pièces reliées par des couloirs autour d'une cour principale, 5 étages et un impressionnant propylée (entrée monumentale soutenue par 4 piliers). Il compta jusqu'à 15 000 habitants. Il est indispensable de faire appel à un guide agréé pour tenter d'en comprendre les principaux secrets.

Il était sophistiqué, avec des systèmes de drainage et des quarts enfoncés dans la terre, des maisons luxueuses d’une hauteur de cinq étages et des fresques ornant les murs. Finalement, il a lui aussi été frappé par un tremblement de terre et abandonné vers 1600 avant J.-C.

Par la suite les activités se sont organisées autour du palais, sans que celui-ci ne soit cependant reconstruit. Ses ruines acquirent un caractère sacré et c’est à cette époque que naquit sans doute le mythe du labyrinthe dans les dédales du site largement endommagé.

Selon la tradition, Dédale, le talentueux architecte, construisit à Knossos un palais immense et compliqué (appelé aussi labyrinthe) à la demande du roi Minos qui voulait y enfermer le Minotaure, homme à tête de taureau. Ce monstre, qui se nourrissait de chair humaine, était né de l’union de la reine Pasiphaé (la femme du roi Minos lui-même) avec un taureau blanc envoyé par Poséidon. Tous les neuf ans, les Athéniens devaient livrer sept garçons et sept filles pour satisfaire son appétit. Thésée, après avoir séduit Ariane, la fille de Minos, réussit à tuer le Minotaure et sortit du palais en vainqueur grâce au fameux fil d’Ariane qui lui permit de retrouver son chemin dans le labyrinthe.
Le symbole en est la double H. On remarque sur la photo que la partie droite est une reconstitution. Il faut à cet égard souligner l’énormité des restaurations (plus ou moins réussies et souvent controversées).
En 67 av. J.-C., Knossos devint romaine. Les envahisseurs apportèrent des perfectionnements techniques comme un grand aqueduc. Comme le reste de la Crète, Knossos fut ensuite tour à tour byzantine, arabe, vénitienne puis turque, et devint au fil du temps le petit village oublié de Makrys Tichos tandis que Candie (Héraklion) se développait à seulement quelques kilomètres.

Le premier à s’intéresser au site de Knossos fut un Crétois, Minos Kalokairinos, marchand à Héraklion qui entama les travaux de fouilles en 1878. Les propriétaires turcs refusèrent de vendre le site aux archéologues du monde entier attirés par sa découverte. L’Américain Stillman, l’Allemand Schliemann et le Français Joubin échouèrent dans leurs tractations. Il fallut attendre la libération de la Crète en 1898 afin que le site devienne propriété de l’Etat et que l’Anglais Arthur Evans achète le site avec ses propres fonds, en 1899. Il y travailla sans relâche pendant plus de 40 ans. C'est la statue de son buste qui nous accueille.

En quelques années, Evans mit au jour le palais, puis confia à des collaborateurs la tâche de reconstituer le site du mieux possible. Jusqu’à sa mort, en 1941, Evans œuvra à rendre à Knossos sa splendeur passée et rédigea une longue synthèse de ses recherches dans un ouvrage de référence en six tomes qui constitue l’un des plus importants travaux portant sur la civilisation minoenne.

Après sa mort, Anglais et Grecs unirent leurs efforts pour continuer les recherches et la reconstitution du site qui se poursuivent jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, la reconstruction d’Evans est contestée par certains archéologues. Il n'empêche que grâce à lui les tablettes d’argile miraculeusement retrouvées sur le site ont permis le déchiffrage de l’écriture linéaire B, composée d’une centaine de signes phonétiques équivalant chacun à une syllabe, et qui serait à l’origine de la langue grecque. Le contenu de ces tablettes relève surtout d’une minutieuse comptabilité de Knossos sans donner d’autres indications que des chiffres sur la vie du palais.
Le palais de Knossos, centre de pouvoir le plus important de la période minoenne, est un vaste ensemble non fortifié, organisé autour d’une grande cour centrale rectangulaire de 45 sur 23 mètres. Étant dépourvu de remparts le palais se développe ensuite vers l’extérieur dans un mouvement centrifuge que rien ne contrarie grâce à une technique de puits de lumière et courettes intérieures, permettant éclairage et ventilation.
Pour nous, néophytes on peut les confondre avec des puits à offrandes.
Les plafonds de bois étaient enduits de plâtre et peints. Les murs intérieurs étaient recouverts d’un enduit à la chaux et souvent ornés de fresques réalisées à base de pigments naturels. Les sols étaient pavés de dalles de gypse mais les puits de lumière ne l’étaient pas car cette matière est soluble dans l’eau. Il fallait alors avoir recours au calcaire. On remarque que les blocs de gypse visibles en extérieur, malheureusement fort dégradés par les pluies, ressemblent à des draps. 

A l’ouest on a découvert, au niveau du sous-sol, des entrepôts avec encore d’immenses jarres d’argile contenant les réserves d’huile et les denrées alimentaires et sous le plancher des coffres de pierre renfermant des objets précieux. Dans la partie occidentale de l’édifice étaient construits de vastes magasins où l’on accumulait, dans d'autres immenses jarres, pithoi, les récoltes et les richesses des minos.
La salle du trône, en pierre, reconstituée à l’identique, et son vestibule tout à côté, sont visibles (en tendant le cou) après avoir descendu quelques marches. On peut la photographier en passant le bras entre deux barreaux mais pas la traverser. Il est difficile de voir, mais elles sont magnifiques, les fresques de griffons sans ailes qui ornent les murs. Ce sont des reproductions proches des originales qui sont aujourd’hui conservées dans le musée archéologique d’Héraklion. 
La vasque de pierre provient des alentours. Pour Evans il s'agit du trône de pierre du roi Minos et donc du plus vieux trône d’Europe. C'est peut-être la raison du choix de ce modèle pour la cour de justice de La Haye. En tout cas il est situé ici car la terre se déplaçant autour du soleil il se trouve que cet astre arrose le trône de sa lumière et le met en évidence.

Face à lui, un grand bassin accessible par quelques marches servait probablement à se purifier avant les cérémonies. L’hydraulique était de pointe : un réseau d’égouts drainait l’eau des pluies torrentielles ainsi que les eaux usées. L’eau des sources arrivait jusqu’au palais par une série de salles de bains ou de postes d’eau par d’étonnants systèmes de tuyauterie en terre cuite permettant l’adduction et l’évacuation des eaux, alimentant des salles de bains avec baignoires, avec eau chaude et sous pression, et parfois même toilettes. 

Comme il n’y avait pas de foyer fixe, on utilisait, en cas de besoin, des braseros. Les toits en terrasse étaient soutenus par des colonnades que l’on a voulu médianes afin d’imposer des portes latérales. 
Le corridor de la procession doit son nom aux fresques qui en ornaient les murs. Des centaines de figures de musiciens, porteurs d’offrandes, prêtres et prêtresses composaient la double procession qui convergeait vers une femme, sans doute une déesse, une prêtresse ou la reine du palais. Le corridor débouche sur les propylées où se dressent de gigantesques cornes doubles, comparables à celles de taureaux, symboles de la religion minoenne.
Les appartements royaux se trouvaient de l’autre côté de la cour, dans la partie orientale. On trouve au-dessus de la porte, la superbe fresque des dauphins, l’original étant également conservé au musée d’Héraklion.
Au-dessus se trouvaient les salles des cérémonies, accessibles par un petit escalier de dix-huit marches. En bas on accède au sanctuaire principal du palais composé de trois pièces importantes : le vestibule des cryptes à piliers, une pièce qui contient une immense jarre et la chambre du trésor du sanctuaire. C’est ici qu’ont été découverts de très précieux objets comme les déesses aux serpents, aujourd’hui au musée archéologique d’Héraklion et les tablettes d’argile contenant des inscriptions en linéaire B.
La maison de la Douane est l'endroit le plus emblématique mais, elle aussi n'est visible que de loin, et après avoir fait parfois une longue queue aux heures d'affluence.
Par contre il est possible d'arpenter la Maison des Fresques, au nord-ouest, ornée d'œuvres d'art sur les murs, et la Villa de Dionyos, une résidence privée décorée de précieuses mosaïques. 
Sans oublier, bien sûr, de célèbres œuvres d’art comme la fresque du Saut au-dessus du taureau (ci-dessous) et celle des dauphins qui sautent, décorant le mégaron de la reine.
Dans la partie nord-ouest se trouve le théâtre, séparé du bâtiment du palais qu’Homère évoque dans l’ Iliade. L'entrée principale se faisait par cette voie royale, le long de la cour de l'agora (ci-dessous).
On termine la visite sans avoir la réponse à la question de savoir si le palais de Knossos et son incroyable dédale de pièces avaient bien inspiré le célèbre mythe du Minotaure. Les rares nuages effilochés qui strient le ciel restent muets. C'est à nous de démêler mythe et réalité.
N'oubliez pas de visiter également le Musée archéologique d'Héraklion en centre ville si vous ne l'avez pas fait auparavant.
Le Palais de Knossos est accessible en voiture ou en taxi (compter 12 €) en 15 mn environ au départ d’Héraklion (6 km). Sinon, avec le bus n° 2 dont le départ est au musée archéologique d’Héraklion.

Accès à certaines salles limité. En saison, de 8h à 20h. Entrée 15 €. Réduit : 8 €. Vente en ligne : www.etickets.tap.gr
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Article écrit suite à une mission d’affaires regroupant des acheteurs spécialisés en produits alimentaires, grossistes et distributeurs et quelques journalistes, coorganisé par l’ambassade de Grèce en France avec la participation du Bureau économique et commercial afin de promouvoir le programme européen pour les produits AOP et AOC de Crète.

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