Je n’aurais probablement pas découvert Un jour j’ai été heureux avant la rentrée de septembre s’il ne m’avait pas été proposé par Netgalley.
Frédéric Louis Gustave Hermel (Comme il se présente p. 22) est né à Arras en 1970. Après trente années passées à Madrid comme correspondant de presse, il vit désormais à Paris. Il est l’auteur du best-seller Zidane et de C’est ça la France !.
Un jour, j’ai été heureux est donc son troisième livre mais le premier qu’il revendique comme roman.
Un jour, j’ai été heureux est donc son troisième livre mais le premier qu’il revendique comme roman.
Juillet 2002, Brooklyn. Première nuit d’amour avec Allison. Je me souviens de la moiteur de la ville, de nos souffles saccadés, du bruit du ventilateur, des chansons de Madonna qui tournaient en boucle, témoins de nos caresses nocturnes, de l’urgence de s’aimer.
Avril 2022, Paris. Je comprends enfin combien, alors, j’ai été heureux. Dix-sept ans que je ne l’ai pas vue, que je n’ai pas entendu son accent américain si troublant me susurrer des mots d’amour. Pourtant, d’elle, je n’ai rien oublié. Et si le vrai bonheur, c’était ça, notre capacité, immédiate ou tardive, à déceler les moments qui comptent ?
Les aller-retours constants entre les années sont inconfortables. J’ai été très agacée aussi par l’aspect donneur de leçon du personnage principal, copie conforme de l’auteur, et pour cause puisque c’est lui, qui reconnaît d’ailleurs sa difficulté à contrôler sa grande gueule (p. 93).
Et comme il insiste en confiant qu’il vivait très mal les reproches depuis toujours (p. 95) comment juger ce qui l’a conduit à perdre celle qui était (est ?) la femme de sa vie ? Sachant que tout est vrai je ne me sens pas très légitime pour donner un avis, du moins sur le fond de l’histoire. Peut-être aurais-je été plus à l’aise s’il s’était agi d’une véritable fiction parce que je ne me serais pas sentie ligotée par la vérité historique.
Il m’a manqué un petit quelque chose pour adhérer au propos. Je suis donc perplexe au moment de le chroniquer. D’autant qu’il est -je le reconnais très volontiers- formidablement bien écrit. Et que le plus minuscule détail semble juste. J’ai vérifié : la Cerveceria Monje existe bel et bien à Madrid (p. 68).
Ce qui est gênant c’est que le récit tergiverse entre histoire d’amour, confession, fresque socio-historique et auto-biographie. La profusion des dialogues est également dérangeante. L’impudeur s’infiltre au fil des pages. On se sent indiscret entre deux personnes qui n’ont pas réussi à être durablement heureuses ensemble.
Le principe de dire qu’il faut savoir reconnaître le bonheur quand on le vit n’est pas nouveau. Il correspond exactement à plusieurs articles que j’ai déjà écrits, comme par exemple celui des trois kifs par jour. Cette affirmation n’est en aucun cas une justification. J’ai eu le sentiment de lire l’histoire d’un ratage, ce qui n’a pas manqué de provoquer une déflagration de tristesse.
On aimerait que ce soit le personnage mais c’est Frédéric Hermel lui-même qui avait prévenu Allison je suis marié à ma solitude et je n’avais pas vraiment l’intention de divorcer (p. 58). Il revendiquera plus tard son éternel chemin de célibataire (p. 75). Alors que cherchent-il aujourd’hui avec ce livre ? Une confession ou une revendication ? A moins qu’il ne s’agisse d’une mise en garde pour nous, pauvres pêcheurs, a priori autant incapables que lui à reconnaître le bonheur ?
L’auteur a depuis ses jeunes années pris l’habitude de choisir un morceau musical pour chaque évènement de la vie (p. 20). C’est un peu systématique mais les références sont agréables, quoique souvent prévisibles, et avoir joint à la fin des QR codes pour accéder à la bande originale du livre est excellente.
Un jour j’ai été heureux de Frédéric Hermel, Fayard, en librairie depuis le 3 mai 2023
Lu en format numérique de 120 pages
Lu en format numérique de 120 pages
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