Si quelques heures permettent de faire beaucoup de choses c’est insuffisant pour combiner les découvertes de nouveaux domaines, avec des entretiens avec ceux qu’on connait déjà (et dont je tiens à suivre les nouveautés), quelques discussions avec les amis et connaissances qui sont sur le salon eux aussi, d’assister à disons deux master-class, de participer à une dégustation collective et, comme si ce n’était pas déjà suffisant, d’accepter de se rendre aux soirées privées, ce qui est avouons-le, très agréable, et qui plus est instructif. Bien entendu en consommant avec modération.
Compte tenu de ces paramètres j’ai opté pour cette édition de venir chacun des trois jours, en programmant des temps de pause. Et je ne regrette pas, même si j’ai dû faire l’impasse sur des régions entières (comme l’Alsace à mon grand regret, mais j’ai longuement parlé de ses vins dans le passé) parce que Wine Paris est immense.
Je suis heureuse d'avoir pu participer à une master-class passionnante, dirigée par Victor Ulrich, directeur France Riedel intitulée L'expérience des verres de vin Riedel qui démontre combien le contenant est déterminant dans l'appréciation du breuvage.
Egalement cette autre, sur l'association entre Comté et les vins du Jura animée par Philippe Troussard MOF 2015 Sommelier des Caudalies qui m'a fait regretter de ne pas connaitre davantage les vins de sa région. Je poursuivrai la découverte à la prochaine occasion.
Par contre je ne me suis pas attardée cette année dans l’espace Be Spirits parce qu’il faut faire des choix. J’ai néanmoins été voir qui était présent en matière de Tequila ou Mezcal puisque mes séjours réguliers au Mexique m’en apprennent chaque fois davantage sur l’alcool fait à partir de l’agave.
De toute la gamme de Mezcal Sentir, créée en 2016 à Oaxaca, j'ai préféré le Tepeztate, très aromatique et bien équilibrée, avec des saveurs fruitées, florales et minéralesavant une finale légèrement huileuse avec des nuances de réglisse.
La 1800 serait la troisième tequila la plus vendue dans le monde, en toute logique puisqu’elle est produite par l’énorme groupe Jose Cuervo dont j'ai d'ailleurs visité les installations lorsque j'étais à Tequila. Sa couleur provient du temps de conservation en fûts de chêne américains et français. La Cristalino, limpide, a presque un goût sucré, évoquant la guimauve, peu commun pour cette boisson.
Si je ne demande jamais combien vaut une bouteille avant dégustation (car je ne veux pas être influencée et ce n’est pas l’étiquette que j’achète mais le contenu) je suis de plus en plus sensible au juste prix. Quand un domaine travaille en bio, présente d’excellents vins et les commercialisent en dessous de 10 euros j’ai vraiment envie de le féliciter et de l’aider à se faire connaître. Je ne mentionnerai pas les prix mais j’en tiens compte.
Sans entrer dans les détails on peut tout de même signaler que le raisin de champagne s’achète 7 à 8 euros le kilo et qu’il faut entre 1,2 et 1,5 kilo pour obtenir le volume d’une bouteille. Sans compter le prix de tout le travail et de l’emballage. Il est donc inimaginable d’acheter un champagne de qualité en-dessous d’un certain prix, d’où le succès des mousseux de type Proseco dont le raisin s’achète à 40 centimes le kilo.
Je voudrais pointer quelque chose dont personne ne parle, à savoir l'importance de la relation qui s’établit (ou pas) avec celui qui présente le vin, force la dégustation (vous l’interrogez sur un nom de domaine, il ne l’a pas mais va insister lourdement pour vous détourner de votre objectif), ou confond votre passage avec une master-class (imposant de déguster 5 ou 6 bouteilles avant de vous servir le vin pour lequel vous êtes venue). Il y a de ce fait des rencontres qui confortent ou bouleversent l’opinion que l’on a d’un terroir ou d’une appellation et d’autres qui sont de vraies catastrophes.
Etant le roi des vins je vais commencer par "le" -que dis-je, "les"- champagnes pour lesquels plus de 300 maisons de champagne, vignerons et coopératives étaient attendus. Autant dire qu’il y a de quoi être … noyée. J’en ai sagement retenu 4. Cheurlin pour la découverte, Konrat pour la spécificité de leur positionnement, Chassenay d’Arce pour leur admirable travail en coopérative, Charpentier par fidélité et pour la typicité de leurs propositions.
Cheurlin est installé à Celles-sur-Ource, sur la Côte des Bars, pas très loin de la ville de Troyes. C’est une belle histoire familiale, Thomas Cheurlin ayant repris il y a un an le domaine à la suite de ses parents qui vendaient leurs bouteilles surtout dans le circuit CHR-cavistes. Il s’est attaché à créer une marque qui parlerait aux professionnels en se détachant de ce qui se faisait auparavant. Il est ressorti des discussions préalables avec les ministères et ambassades clientes de ses parents que la présence d’un cordon bleu-blanc-rouge, à l’instar de la collerette des MOF serait un signe distinctif très fort. Voilà pourquoi elle apparaît sur les bouteilles. On remarquera aussi une étoile évoquant la rose des vents qui fait lien avec l’histoire du vignoble quand la mer s’est retirée il y a 80 millions d’années en arrière.
Thomas a vite intégré le fait que le nom de Cheurlin, qui est son patronyme, pouvait prêter à confusion du fait qu’ils sont 5 ou 6 à le porter dans le village, et à exercer le même métier. Voilà comment est née Vaucelle qui est le nom de la plus petite parcelle du domaine et qui signifie vallon en vieux pâtois champenois. Ce récoltant-manipulateur travaille majoritairement en Pinot noir et blanc, et en Chardonnay. Il propose 6 cuvées, dont une éphémère et une prestige. Elles sont HVE et VDC (nouvelle certification champenoise) et seront prochainement certifiées bio.
Terre natale (à gauche) est un 100% Pinot noir, dont le côté nacré au breuvage est lié au sol jurassique coquillier. Il sera proposé sur une viande, un gigot ou une pintade en sauce.
Terre de nuances (à droite) est annoncé Blanc vrai, qui est le terme champenois pour désigner le Pinot blanc. Il accompagnera un poisson, par exemple un bar.
Konrat est une "petite" maison de Chatillon-sur-Marne, dans la vallée d’Epernay, dirigée par un couple très impliqué dans tout le processus avec qui j’avais fait connaissance au dernier Salon du fromage et des Produits laitiers à l’occasion d’une dégustation croisée fromages-champagnes.
Ils proposent des champagnes très particuliers en ultra petite production comme ce Millésime 2018 dont il n’existe que 418 bouteilles, vendues dans un coffret de chêne (à un prix qui intègre le temps du vieillissement) et qui pourra encore être conservé dix ans. S’il existe en caves des cuvées 2018 et 2019 les vignerons savent déjà qu’il n’y aura pas de millésimes 21, 22, 23 ni 24.
Cet extra-brut est obtenu à majorité de Chardonnay pour 70 % complété de Pinot noir et de Meunier. Son élevage s’est effectué à 70% en fûts de chêne, 20% en cuves inox, et 10% en amphores.
Il présente un nez gourmand de brioche et de pralines, avec à l'aération des notes d'agrumes mûrs que l’on retrouve en bouche avec une franche attaque et une finale texturée sur des notes boisées. S’il ne fallait retenir qu’un mot pour le caractériser ce serait celui de velours. Il accompagnera de toute évidence les poissons fumés mais aussi un vieux comté.

Il y a des chiffres qui méritent d’être rappelés. La Maison de Vignerons, Champagne Chassenay d'Arce, créée en 1956, rassemble 130 familles de vignerons exploitant 315 hectares de vignoble étendus sur 14 villages. Leurs cuvées sont présentes dans le circuit traditionnel en France et dans une trentaine de pays à l’export.
Aujourd’hui 7,7 hectares de leurs vignes sont certifiés en agriculture biologique, 71 % des exploitations sont certifiées Vignerons Engagés et 37 % HVE - Haute Valeur Environnementale - et VDC – Viticulture Durable en Champagne, les deux référentiels de certification environnementale. La coopérative agit concrètement pour l’environnement en appliquant de nouvelles initiatives depuis fin 2023 :
- Des coiffes plus courtes au profit d’un affinement visuel de la bouteille.
- Des emballages en carton kraft 100 % recyclé, marqués d’une couleur utilisant de l’encre à l'eau et constitués d'un seul intercalaire pour diminuer le volume de déchets.
- Le choix de ne plus commercialiser les bouteilles en étuis, à l’exception des cuvées Confidentielles qui gardent des coffrets, fabriquées en mono-matériau 100% recyclable.
Cinq nouveautés étaient présentées suite au travail de Romain Aubriot, le nouvel oenologue arrivé en 2022. Voici d'abord La sélection blanche, un blanc de blancs brut, composé à 90% de Chardonnay et 10% de Pinot blanc, décliné sur plusieurs vendanges, après vieillissement de deux ans en bouteille sur lies (dosage brut 6 g/l).
Le champagne Sélection qui est 100% Pinot noir (dosage brut 6 g/l) sera revendiqué Blanc de noirs.
La cuvée Expression rosée brut est désormais en bouteille verte. Le vin a une très belle couleur saumon et exprime une très légère amertume fort agréable. C'est le résultat d'un assemblage de 67% de Pinot noir, 28% de Chardonnay et 5% de Pinot blanc, lui aussi avec un vieillissement de 2 ans en bouteilles sur lies (dosage brut 10 g/l).
La gamme Caractères, qui n'existe qu'en monosépale demeure millésimée.
Parmi les Authentiques voici la Cuvée Audace 2017, qui est une année solaire, (dosage extra brut 5 g/l) dont la saveur à peine boisée surprend agréablement.
Enfin, le Ratafia champenois sort des fonds de placard pour entrer dans la cour des spiritueux dont la bouteille a pris tous les codes. Il a vieilli dans des fûts cigares en chêne de la forêt de Cunfin, dans l'Aube. Il est doux, aromatique, équilibré et pourra plaire aux nouvelles générations. D'abord embouteillé en 500 exemplaires il a très vite séduit la clientèle et va donc donner lieu à un nouvel embouteillage.
Celui-ci est composé de moût de raisin à 86% pinot noir, 10% Chardonnay et 4% Pinot blanc mais Romain travaille à isoler les cépages pour tenter une déclinaison dans l'avenir. Une illustratrice a été sollicitée pour expliquer le process de fabrication sur l'étui qui est réalisé à partir de restes de raisins écrasés.
Jean-Marc Charpentier a exprimé la volonté de faire de 2025 une année d’adaptation au dérèglement climatique. Avec des actions telles que le remplacement des pieds avec des portes-greffes et des cépages plus adaptés aux conditions climatiques, une taille de la vigne repensée… Il est persuadé que le salut viendra du développement de l’excellence qualitative et environnementale.
En cherchant à faire une "jolie" photo de la cuvée sans sulfites ajoutés j'ai compris que le vigneron s'était installé dans un stand en partage avec un autre domaine, celui du chablisien Julien Brocard.
C'est leur action en biodynamie qui les a rassemblés et j'ai -de ce fait- découvert les Chablis qui sont des vins qui, a priori, ne me séduisent pas.
Implanté sur 200 hectares à Préhy, dans l'Yonne, où se trouvaient des vignes depuis le XVI°, le Domaine Brocard a été fondé en 1974 et est celui qui offre le plus de diversité dans la région. Julien travaille depuis 15 ans dans la lignée de son père. Il est pionnier depuis 2004 de la biodynamie dans le Chablisien, à tel point qu'il est le plus grand producteur biologique de toute la Bourgogne, oeuvrant pour réintroduire du racinaire et favoriser tout ce qui va développer la biodiversité et alléger les sols durs qui ne filtrent pas suffisamment. Il pratique aussi depuis l'an dernier de la vitiforesterie, avec l'objectif de planter 10 000 arbres d'ici 10 ans. Mais aussi les jardins filtrants et le tressage des vignes qui n'arrête pas la sève et permet une ombre naturelle, tout en facilitant la circulation du vent.
Sa gamme se développe autour de 6 vins, avec un septième sans soufre, ce qui autorise à employer la métaphore des 7 lieux pour caractériser l'offre.
J'ai dégusté trois cuvées :
- La Boissonneuse, première cuvée parcellaire travaillée en biodynamie, sur des vignes de 12 hectares, juste à côté du domaine. On est dans la minéralité mais les fleurs blanches d'acacia st d'amandes sont bien présentes. Il est frais, citronné. La robe est très claire. C'est un vin léger et étonnant, surtout pour un millésime 2023 qui était une année très solaire.
- Le Chablis Premier Cru, Cote de Léchet, une zone très pentue sur la rive gauche exposée au nord. la robe est plus dorée. On sent davantage les fruits jaunes, voire exotiques, avec un peu de noix de coco. Il est plus tonique, plus puissant, on pourrait dire plus "chablisien".
- et enfin le Chablis Premier Cru Montée de Tonnerre, dont les vignobles très ensoleillés se trouvent dans la zone de prolongation des Grands Crus (qui se partagent entre 40 propriétaires). Il a séjourné en foudre pour un tiers ce qui amène de la rondeur un peu toastée et poivrée tout à la fois. il serait parfait sur des huiles et des coquilles saint-Jacques.
C'est toujours avec joie que je me rends à une invitation de Marianne, Michel et Jean Philippe Cros propriétaires du Domaine Saint Georges d'Ibry. Profitant de leur séjour sur Wine Paris ils proposaient de découvrir la dernière cuvée venant compléter leur gamme.
Elle a été vendangée avec le Floréal qui est un nouveau cépage, obtenu par hybridation, né du mariage de cépages déjà existants, sélectionnés pour leurs caractéristiques. Il est résistant aux principales maladies de la vigne (mildiou, oïdium) et permet de réduire de 90% l’utilisation des produits phytosanitaires. Les vignerons en avaient parlé l'an dernier et c'est un plaisir de constater que le projet est concrétisé à travers ce vin unique respectant à la fois les enjeux environnementaux et les attentes du consommateur. Comme ils ont eu raison de prendre l’initiative de planter deux hectares et demi !
On pourrait être un peu induit en erreur en ouvrant le carton de 6 bouteilles : chacune porte une étiquette différente, composant un bouquet printanier déclinant les deux mêmes fleurs dans une gamme de couleurs. Aucune n'est véritablement identifiable, évoquant pour moi la délicatesse des pétales de l'escholzia et la rondeur d'un trèfle champêtre.
Sous le label IGP Côtes de Thongue (car cette IGP, strictement géographique, n'a pas de contrainte de cépage), cette cuvée Floréal, millésime 2024, est donc la première du nom et elle est à la hauteur de la promesse. Nous l'avons découverte autour de charcuteries et de fromages régionaux mais elle aurait pu accompagner un plat de couteaux comme un dessert de type baba ou Paris Brest. Le vin est sec comme un Chardonnay, très parfumé comme un Viognier.
Ce vin blanc est fruité, surtout sur les fruits jaunes, alors que, dans la parcelle, les grains ont un goût un peu herbacé, presque muscat. Il est également festif. Le découvrir est plus qu'une dégustation, c'est une rencontre. Mais il ne doit pas faire oublier les autres vins de la gamme.
Je ne connaissais pas La Grande Vague qui est le rosé signature du domaine. Il provient de vignes poussant sur des sols de sédiments marins, calcaires, avec présence d’huîtres fossilisées et de graves. La vendange mécanique a lieu en fin de nuit. Egrappage avant pressurage, débourbage par le froid. Vinification en cépages séparés afin de favoriser l'expression aromatique de chacun. Fermentation en cuves inox thermorégulées pour favoriser la gourmandise, la fraîcheur et le fruit.
La robe est étonnamment très claire, ponctuée de reflets rose pâle. Le nez est délicat, dominé par les fleurs blanches, et la finale plus fraîche surprend avec des notes d'agrumes en particulier de pamplemousse. La bouche est vive. Il sera parfait sur les plateaux de coquillages et les huitres.
La cuvée Marianne 2021 demeure une valeur sûre. J'apprécie à chaque fois son parfum de violette, son extrême douceur et le soyeux des tanins. Aucun doute que l'élevage en amphore caractérise cette cuvée.
Beaucoup de consommateurs aiment partager la Cuvée des Amis qui est très porté sur le fruit mais je dois dire que j'ai été séduite par l'Ame des Pins. Je parle de ce vin et des accords que je suggère dans un article spécifique publié il y a quelques jours.
Dans mon souci d'approfondir mes connaissances, il y a celui de mieux comprendre les vins Corses qui avaient été presque une révélation pour moi l'an dernier. Il me reste beaucoup à apprendre sachant que 176 références étaient présentes.

Et plus tard le bleu Impérial, Bio, 100 % Cinsault, venant de 8 hectares de vignes sur des arènes granitiques, en coteau de 30% de déclivité. Sa robe est d'un beau grenat prononcé, aux reflets brillants. Le nez est concentré sur le fruité rouge très mûr, gelée de cassis, pruneau, cerise kirshée. La bouche est ample et généreuse, sur la liqueur de myrte, les tanins subtils structurant le milieu de bouche juteux. Son côté floral et rare.
Le Domaine Novella compte 20 ha en bio, avec une production répartie en rouge (40%), blanc (20%), rosé et muscat. Propriété familiale depuis 1920, le domaine se transmet de génération en génération, l’une des transmissions étant d’ailleurs en cours puisque Pierre-François Novella a récemment repris les rênes de l’exploitation. L’encépagement est résolument corse, avec en particulier le cépage endémique "biancu gentile" très peu répandu sur l’île de Beauté.
Baptisée Spartera (partage), ce monocépage en vin de France est issu d’une parcelle bien spécifique. Et en voici un autre du Domaine Canereccia 2023 de la plaine orientale, idéal sur un plateau de fromages.
Le Riserva Nustrale Quatuor Rouge est un vin riche et expressif, tannique mais aromatique, offrant une belle harmonie entre des saveurs de fruits rouges et noirs, tels que la cerise, la mûre et la prune. Des notes subtiles d'épices, d'herbes et de touches terreuses viennent enrichir sa complexité. Sa structure raffinée, soutenue par des tanins soyeux, lui confère une grande élégance, tandis que son acidité bien équilibrée apporte fraîcheur et vivacité. Cet assemblage de 4 cépages, Niellucciu, Sciaccarellu, Grenache et Syrah, est très réussi.
Le Corse-Figari AOP 2023 du Domaine Nicolai, situé à l'extrême sud de la Corse, est puissant, particulier mais rond.
La Cuvée Alfieri Polidori 2023 du Domaine San Micheli est un vin rouge en provenance de l'appellation Sartène. Cette région est réputée pour ses sols granitiques et son climat méditerranéen, offrant un terroir exceptionnel qui confère au vin une belle minéralité et des arômes de maquis. Le millésime 2023 promet une expression vibrante et aromatique, avec des arômes de fruits rouges, de cuir et de garrigue. En bouche, la structure est veloutée et les tanins bien intégré. Il sera parfait sur des plats, surtout régionaux, ou agneau rôti aux herbes de Provence qui rehausseront ses notes épicées et fruitées. C'est une belle surprise.

Pour terminer j'ai découvert le domaine Falcucci d'une vigneronne installée il y a 5 ans après avoir été oenologue. Elle a planté des vignes sur l'exploitation paternelle de clémentiniers, proches de la mer, sur un sol argilo-sableux avec héritage alluvionnaire. L'Entropie Rouge est issu d'un assemblage de Grenache à 50% et de Syrah à 50%. Les vignes produisant ces raisins, sont âgées de 8 ans.
La vendange est ramassée de façon manuelle, triée consciencieusement sur la parcelle et à la cave, afin de n'en sélectionner que le meilleur. Les raisins sont ensuite égrappés puis encuvés séparément. Le froid est alors maintenu pendant 24h afin de réaliser une macération pré-fermentaire. Les fermentations se déroulent en cuve inox thermo-régulée, à température moyenne. L'assemblage et la fermentation malo-lactique sont réalisés après pressurage. L'élevage s'effectue, quant à lui, en cuve inox sur lies fines.
La robe est d'un rouge pâle limpide, avec des reflets de rubis brillant. Au nez, on retrouve des notes de fruits rouges et de grenade, en s'associant à celles de viande fumée et de cuir. L'attaque en bouche se distingue par des tanins soyeux et de son côté confituré : de fraise cuite, de cerise noir... Le milieu de bouche offre, lui, des saveurs torréfiées et chocolatées, avec une pointe de romarin. La finale en bouche révèle une fraîcheur qui se caractérise par des arômes de réglisse et de menthe. Ce soupçon d'amertume me laisse penser que ce vin s'accorderait avec un plat d'artichauts.
Wine Paris a donné cette année davantage de visibilité aux vins étrangers dont la surface d'exposition augmente de 64% par rapport à l'édition précédente (sans parler de l'invité d'honneur l'Italie qui s'est déployé sur un bâtiment entier). Plusieurs sommeliers en devenir ont pu comprendre les différents terroirs et les challenges.
Je ne savais rien des vins autrichiens avant que Victor Ulrich ne me mette l'eau à la bouche avec le Grüner Veltliner qui est le cépage blanc autochtone le plus important de ce pays, exprimant une alliance piquante de fruit à noyaux (comme l'abricot) et de poivre blanc, complétée par une acidité harmonieuse, lui valant une réputation mondiale.
J'ai effectivement repéré ces caractériques dans ce vin de Nastl dont je reparlerai prochainement.
Par contre j'avais commencé à explorer les terroirs suisses lors d'une master-class dirigée par Paolo Basso il y a quelques mois et je voulais confirmer certaines opinions. J'avais sélectionné quelques domaines et ne m'attendais pas à être déçue …
Le Ligornetto 2022, un Merlot Ticino DOC (région du Tessin) présente un bel équilibre, n'est pas trop acide et révèle de jolis tanins.
De cette même région voici le Bianco Rovere 2023, lui aussi Merlot Ticino DOC, très surprenant, dont il serait impossible de déterminer le cépage au cours d'une dégustation à l'aveugle. La robe est très claire. Le nez fort expressif. La bouche légèrement boisée.
De cette même région voici le Bianco Rovere 2023, lui aussi Merlot Ticino DOC, très surprenant, dont il serait impossible de déterminer le cépage au cours d'une dégustation à l'aveugle. La robe est très claire. Le nez fort expressif. La bouche légèrement boisée.
Le Trentasei 2020 est un Merlot Ticino DOC tire son nom de son passage de 36 mois en barriques, plus exactement deux fois 18 mois en barriques neuves de chêne français. Il faut aimer l'astringence pour l'apprécier.
Enfin je souhaitais vérifier si j'apprécierais toujours autant les notes de caramel au lait de L'oeil de Perdrix (Pinot noir Neufchâtel AOC) qui m'avait tant séduite à l'ambassade de Suisse. Hélas le vigneron a lourdement incité en exigeant de commencer par un Chasselas non filtré 2024, présenté à l'envers pour suggérer qu'il faut remuer la bouteille, geste inhabituel pour le vin. Je veux bien croire que c'est le "vin des copains de tous les moments" mais je n'en garderai pas un souvenir impérissable.
L’Italie était le pays invité de Wine Paris. Je n’ai pas eu la disponibilité pour arpenter le hall 4 qui lui était dévolu mais j’ai gouté quelques bouteilles. A commencer par inévitablement un Proseco et ce fut le Sorelle Bronca, brut (bouteille de droite), un vin gastronomique "very dry".
Il fallait bien aussi élire un Chianti et ce fut celui de la cave toscane Torre a Cona,obtenu à partir de Sangiovese, élu vin de l'année. Il a une très belle jambe, pinot un peu, avec une saveur de poivre noir à la toute fin.
Si initialement les vins qui sont produits dans la région de l'Etna sont rouges celui-ci, dont les vignes se déploient sur la cote sicilienne orientale à Contrada Volpare, est un vin blanc, 100 % carricant, qui bénéficie du changement climatique. Il est inhabituel, très intéressant pur sa saveur de praline citronnée.
Mais ce sont surtout les huiles IGP des Pouilles qui ont eu ma faveur cette année grâce à leur distinction par le Gambero Rosso, en français "crevette rouge", qui est le plus important magazine italien consacré à l'alimentation et au vin. Fondé en 1986, le nom Gambero Rosso dérive d'une taverne de Pinocchio où le renard et le chat dînent. C'est dans un restaurant d'un autre nom que je les ai goutées et appréciées. S'ensuivit un article spécifique à lire ici.
Si Trump Winery, installé à Charlottesville, était éligible puisqu'il est un des meilleurs producteurs de "sparkling" virginien, j'ai deviné le soulagement que l'entreprise n'ait pas imposé sa présence.
Les déclarations présidentielles destinées à soit-disant protéger les viticulteurs américains va avoir des effets négatifs. En effet les bouteilles viennent d'Europe, du Mexique ou de Chine, les bouchons de liège sont portugais, les capsules sont françaises et le prix de revient va fortement augmenter. Il est possible que les mesures ne soient pas appliquées et reste en effet d'annonce mais on sent l'inquiétude. Quant aux vins français, une hausse de leur prix ne devrait pas beaucoup déranger le consommateur américain qui est habitué à acheter ses vins à un certain niveau.
J’avais l’an dernier découvert quelques vins de Virginie au cours d’un dîner donné à l'ambassade des Etats-unis en l'honneur de l'héritage viticole de la Virginie, le 12 février 2024, et j'étais heureuse de cette occasion de retrouver des exploitants avec qui j'avais sympathisé, notamment avec Matthieu Finot du domaine King Family Vineyards dont je voulais regoûter ce Sauvignon Blanc dont j'avais apprécié la richesse de sa texture, "creemy texture" comme dit son éleveur. Il présente une complexité nuancée, une acidité vive et des caractéristiques d'agrumes prononcées. Il ne fait aucun doute que le vigneron a été inspiré par les vins blancs de la vallée de la Loire. Je me suis promis de faire bientôt une association personnelle mets-vin avec lui.
J'ai profité de l'occasion pour tremper mes lèvres dans un verre de bulles virginiennes. Les bulles de ce vin pétillant 100% Chardonnay sont très fines comme on les apprécie en France et le nez évoque le litchi. On pourrait croire qu'il s'agit d'un champagne.
Barboursville est la propriété de la famille Zonin, qui produit du vin depuis des générations en Italie, et leur domaine est un des plus réputés de Virginie dont la cuvée Octagon un des vins phares de Virginie.
Je retrouve (photo de droite) ce vin qui m'a été offert à l'issue de ce fameux dîner, qui n'avait pas été servi au cours du repas, pas plus qu'il n'avait été proposé pendant la master-class qui avait eu lieu le lendemain à Winexpo. Si bien que je ne savais absolument rien de lui. Après l'avoir découvert ici je m'interroge sur l'association que je vais proposer, sans doute un plat avec de l’agneau, un navarin ou encore une pastilla.
Nascent est la déclaration déterminante du domaine dans un vin blanc d'assemblage, qui doit son inspiration aux réalisations d'Octagon dans les rouges. Il s'appuie sur les cépages aux succès les plus constants, confirmés dans les concours internationaux. C'est un assemblage de Viognier 65% Vermentino 29% Falanghina 6%. La fermentation s'opère dans de grands fûts de chêne autrichiens et des fûts de chêne français neutre.
Sa robe est jaune paille brillant. Au nez, des tonalités florales effusives et chaleureuses, du zeste de citron, du zeste d'orange confit, de la poire mûre, de l'anis et du pétale de rose. Son goût est très frais, puis arrivent des notes d'agrumes, de poire et de rose. On le servira sur un homard, des légumes rôtis et une sauce crémeuse, ou plus modestement un saumon poêlé.
Chateau Moricette est un domaine étonnant où les chiens sont les bienvenus, pourvus qu'ils soient bien élevés et tenus en laisse, ce qui est en parfaite cohérence avec leur présence sur les étiquettes. On y produit des vins blancs tranquilles ou effervescents secs, alcooliques et légèrement aromatiques (pomme verte et agrume).
Parmi les quatre vins rouges qui nous avaient été proposés conjointement pour savourer la viande se trouvait un Cabernet Franc 2013 de Rosemont Vineyards (81% Cabernet Franc, 12% Cabernet Sauvignon, 4% Petit Verdot, 3% Merlot) fort agréable avec ses arômes de cerise noire, de prune, de figue, de tabac, de cuir et de vanille, avec un soupçon de poivre blanc, enveloppés de tanins bien structurés et d'une finale douce et veloutée. Sa robe est d'un rubis profond. Le cabernet franc est l'un des cépages préférés des établissements vinicoles virginiens, car il met vraiment en valeur le climat et les conditions pédologiques uniques de cet Etat. Au domaine, les sols sont optimaux pour la culture d'un cabernet épicé et fruité qui se marie bien avec toutes les viandes rouges. Je l'apprécie toujours autant mais cela ne m'a pas empêchée de découvrir leur vermouth avec lequel j'ai, de retour chez moi, proposé un cocktail.
J'ai découvert ce vin par hasard, quelques minutes avant la fermeture de Wine Paris et j'ai été intrigue par la beauté (et la naïveté aussi) de la bouteille. Je l'ai servi avec des crevettes mais je ne pourrai pas dire que ce Girasole californien m'aura enchantée. on peut être Chardonnay et ne pas être exceptionnel.

Les 0%, ou proches de zéro, ne m'ont pas davantage convaincus même s'ils occupent un secteur qui ne cesse de progresser. Pour de multiples raisons. la première est que les codes se brouillent comme le prouvent ces cannettes de vin (véritable, et qui existent depuis 4 ans) à côté de bouteilles à 0%, de la même marque, remplies d’un breuvage qu’on ne trouvera pas en cannette. Autant vous dire que j’avais confondu l’un et l’autre …
Ce Péché mignon s’avère très sucré, surtout en blanc. C’est pour moi une déception. J’aurais aimé communiquer un bel enthousiasme pour ces vins sans alcool mais jusqu’à présent je n’en ai rencontré aucun qui présente les caractéristiques d’un vin.
Pourtant l'intention est louable. En particulier celle de Moderato, fondé par Fabien Marchand-Cassagne, Sébastien Thomas et le vigneron Vincent Pugibet pour tous celles et ceux qui aiment le vin mais veulent réduire leur consommation d’alcool, en blanc comme rouge et rosé.
Ces passionnés du vin et de la vigne sélectionnent des vins originaux de qualité avec de beaux arômes. Ils en retirent ensuite l'alcool en douceur pour préserver la structure et trouver l'équilibre parfait. Ne suscitent que 5° environ. Ils assurent que leurs vins, qui sont des cépages typiques du Bordelais et de la Gascogne, cabernet, merlot, tannat, sauvignons... ont de belles saveurs, du corps et du caractère. Je n'ai pas retrouvé les marqueurs habituels qui sont dans ma mémoire, ni dans le Chardonnay blanc, ni dans le Chardonnay rouge. Il faut sans doute se déshabituer et cela prend du temps mais je ne suis pas convaincue. Le prix de vente est élevé, tout de même entre 9 et 15 € la bouteille. Il s'explique par la complexité du travail de désalcoolisation mais à tout prendre je préfère soit consommer très peu soit opter pour un excellent jus de raisin comme ceux que propose Alain Millat.
Il y a par contre des promesses réussies. C'est encore au bureau de presse que je suis tombée sur la suggestion de Robert Wessman de faire une "expérience incroyable" … Cet islandais est tombé amoureux d’un coin de France où il a acheté en 2004 un château pas très loin de Bergerac qu'il avait découvert à l'occasion d'une balade à vélo. Il décida de créer une marque pour l’international en décalant les codes afin de recruter des consommateurs plus jeunes. Voilà entre autres pourquoi ses étiquettes sont noires, loin de nos codes mais typique des choix islandais. L'homme vise l'excellence à travers l’équilibre parfait et s'entoure des meilleurs spécialistes, comme
- Michel Rolland, sans doute l’œnologue le plus célèbre au monde, réputé maître dans la vinification et l’assemblage des raisins rouges Merlot et Cabernet.
- Philippe Faure-Brac, élu Meilleur Sommelier de France en 1988 et Meilleur Sommelier du Monde en 1992. Il a aidé Maison Wessman à assembler le millésime 2017 du Saint-Cernin Rouge N°1 qui a été nommé meilleur vigneron de l’année dans le Sud-Ouest de la France.
- Julien Viaud, meilleur Sommelier du Monde 2007. Il a travaillé avec Maison Wessman à l’assemblage du millésime 2018 du Saint-Cernin rouge N°1 et du millésime 2018 du Saint-Cernin blanc N°1.
Ses vins démontrent qu'il est possible de faire du très qualitatif, très haut de gamme avec une forte typicité. les raisins sont bien entendu récoltés à la main.
Le Château de Saint-Cernin, datant du XII° siècle, restauré en 1875 est situé à Saint-Cernin-de-Labarde, au coeur du Périgord Pourpre. Il a été acquis dans les années 2000 par Robert Wessman. Ce lieu de production de vin depuis des siècles avec des micro-parcelles de vignes exceptionnelles dans l’appellation Bergerac, offrait le potentiel idéal pour Robert Wessman et son épouse Ksenia Wessman qui ont entrepris de faire revivre et de réinventer l’ancien patrimoine viticole du domaine.
Outre un partenariat avec une maison de champagne, ils détiennent deux vignobles :
- Le Vignoble des Verdots à Conne-de-Labarde, sur un terroir composé d’argile, de calcaire et de silex. Il compte 19 hectares plantés en cépages blancs Sémillon, Sauvignon Blanc, Sauvignon Gris et Muscadelle, et 26 hectares plantés en cépages rouges Merlot, Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc et Malbec.
- 20 hectares de parcelles situées entre 400 et 450 mètres d’altitude en haute vallée de l’appellation Limoux, aujourd’hui internationalement reconnue pour ses Chardonnays. Son climat frais, humide et tempéré, avec des raisins à maturité tardive, apporte richesse, gras, longueur et fraîcheur aux vins.
Je goûte le Limoux 100% chardonnay, sans étiquette 2018, élevé sous le regard de Andreas Larsson, meilleur sommelier du monde. Après avoir utilisé des barriques bordelaises ils ont opté pour des bourguignonnes de 300 litres. La prochaine expérience s'effectuera avec des barriques du Jura avec l’objectif de progresser encore en finesse.
Ensuite le N°1 Saint-Cernin, vin du Périgord de très haute qualité, extrêmement distinctif, issu d’un assemblage de merlot et de cabernet sauvignon. Le secret de son caractère distinctif réside sans doute d’abord dans son terroir unique. Il est élaboré à partir de raisins rigoureusement sélectionnés dans des micro-parcelles d’exception, dans les terroirs très méconnus de Saint Cernin de Labarde et du plateau d’Issigeac tout en haut sur la couche calcaire la plus dense, recouverte d’à peine trente cm de terre. C’est dire combien les vignes souffrent mais font de la qualité. Avec pour conséquence la limitation de la production en volume mais la capacité à remporter le défi d'offrir le meilleur vin du monde. Ce vin est d'ailleurs traité comme un grand cru.
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