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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mardi 25 février 2025

Une journée au Salon de l’Agriculture édition 2025

N’étant pas véritablement allée au Salon de l’Agriculture l’an dernier (j’avais juste entrevu un bâtiment en me rendant au très intéressant Salon des Fromages et Produits Laitiers) mon intérêt pour cette immense manifestation était de nouveau très vif.

D’abord, il faut rappeler que c’est un immense et formidable terrain de jeu(x) pour les visiteurs de tous âges et toutes origines comme pour les professionnels. Il comporte aussi une dimension d'apprentissage indéniable.

J’y ai consacré une journée en sachant pertinemment que je n’aurais pas l’occasion de pousser jusqu’au Hall 1, celui des animaux et des grands groupes. Tant pis. J’ai fait des choses très intéressantes. Et j’ai tout de même parcouru plus de 10 km, ce qui est une sorte d’exploit. Aller d’un bâtiment à un autre en coupant au court par l’extérieur était peu agréable en raison de la pluie. J’ai soudain compris pourquoi Aigle était partenaire de l’évènement en présentant à l'entrée du salon une botte Chambord géante de  6 mètres de haut et de près de 500 kg, soit dix fois plus grande que l'originale, fabriquée en France et à la main depuis 60 ans, dans l’usine de la marque à Ingrandes-sur-Vienne (86). Utilisée par de nombreux agriculteurs parce qu'elle est adaptée à un usage extérieur quotidien, elle est devenue un modèle icônique, best-seller de la marque.

En partenariat avec Groupama, Aigle proposait un jeu de piste à l'intérieur du SIA. Le but était de chercher toutes les bottes disséminées dans les allées pour tenter de remporter divers lots: 1 tenue complète (1 parka, 1 bonnet et 1 paire de bottes Chambord avec leur éponge lustrante), 10 paires de bottes Chambord et leur éponge lustrante ainsi que 20 casquettes. J'avoue avoir vite lâché l'affaire. On marche suffisamment sans ce défi. Et l'insolite ne manquait pas sur place.
Premières découvertes avec la Provence Côte d'Azur avec l'ail de Piolenc (que toute la journée on a confondu avec un poireau et qui est engagée dans une démarche IGP) et l'ail fumée, avec lesquelles je vais proposer plusieurs recettes dans les prochains jours. Avec peut-être, même si c'est surprenant, quelques-unes des premières fraises de Carpentras, une huile d'olive de Haute-Provence, et de la pomme Pink Lady (dont les sacs colorés colonisent littéralement les allées du SIA chaque année).
En passant en 2014 de 22 régions métropolitaines à 13 on a -je trouve- compliqué le repérage et perdu la spécificité territoriale. C'est manifeste sur le Salon de l'agriculture où il devient difficile de repérer un terroir en raison du gigantisme des espaces. Bien sûr, et il me semble que c'est une force pour elles, les régions Bretagne, Pays de la Loire, Provence Côte d'Azur, Corse (aurait-on pu oser y toucher pour la faire rejoindre la Provence ?) et l'Ile-de-France, la plus petite, n'ont pas été modifiées. La normandie et les Hauts-de France sont cohérentes.

Mais que penser de la Nouvelle Aquitaine qui en fusionne trois ? Six si on compare avec la carte des anciennes provinces françaises. Quelle cohérence peut-elle affirmer avec 12 départements et plus de 700 km du nord au sud ? Je ne pensais pas que la laiterie des Fayes qui produit l'excellentissime fromage blanc des Limousins (qui récolte le lait de 60 éleveurs dans un rayon de 60 km) se trouvait dans la même région que les Conserves Dupuy de Grand-Village Plage, sur l'ile d'Oléron, et que je vais prochainement visiter. Leur pâté de campagne est médaillé du concours agricole. Le Fagot, historiquement servi en traiteur par le boucher, avait besoin d'être ficelé, ce qui n'est plus nécessaire depuis qu'il est en verrine. L'entreprise peut toujours fabriquer ses spécialités (comme le très bon poulet au citron) en format terrine pour des repas rassemblant de nombreux convives.
Autant l'avouer : je me suis parfois égarée et il y a des départements que je n'ai jamais trouvés. Egalement des producteurs, comme Les pâtes du Vexin que j'ai pourtant goûtées à l'occasion d'une dégustation dans les allées. Il me semble que certains producteurs n'ont pas réussi à venir sur toute la durée du SIA et que donc la mention du numéro de leur stand n'était valable que certains jours. C'est ainsi que je n'ai pas félicités les producteurs du caviar d'Aquitaine enfin IGP depuis une dizaine de jours. J'avais fait un grand reportage sur le sujet en 2019.

Direction ensuite vers l’espace Grand Est, lequel justifie son nom puisqu'il s’étend sur 1 500 m² avec plus de 120 producteurs présents sur 62 stands de boutiques du terroir, des marques départementales et régionales, ainsi qu’un restaurant mettant à l’honneur les spécialités locales.

J'étais en bonne disposition pour tenter l'expérience immersive et inédite, "Dans le Noir" installée sur l'espace Grand Est. Il s'agissait d'une dégustation à l’aveugle de trois produits dont je n'ai reconnu qu'un seul, le fromage de Chaource (sans doute produit dans l'Aube car cette AOP est fabriquée aussi dans l'Yonne qui est en Bourgogne). Je n'avais jamais mangé de graines de chanvre écrasées et j'ai été étonnée que le jus de fruit pétillant servi soit de la pomme car j'aurais pensé qu'on nous aurait fait découvrir la rhubarbe avec le Crillon des Vosges de Michel Moine… Je me suis régalée un peu plus tard dans la soirée avec un autre producteur, en dégustant des plats très originaux et ô combien savoureux comme des Boulettes de sanglier au Riesling, un Parmentier de cerf à la choucroute et oignon confit, un Tartare de chevreuil à la moutarde et herbes fraiches. 
Cour Rheoum produit un nectar de rhubarbe sans alcool mais aussi plusieurs pétillants de rhubarbe et un ratafia à partir de leurs pieds de rhubarbe qui poussent … dans les Hauts-de-France.
Sur place, les visiteurs pouvaient aussi tenter leur chance pour remporter le livre de recettes Saveurs du Grand Est ou un tablier pour se mettre aux fourneaux et concocter des spécialités de la Région… Il se trouve que j'ai gagné les deux lots qui devraient prochainement m'être expédiés.

A propos de Dans le noir je voudrais signaler que 17 restaurants proposent aujourd'hui à travers le monde des repas en complète obscurité, à travers un menu adapté à la clientèle régionale, servis par un personnel non voyant. J'avais diné dans celui qui se trouve 51 rue Quincampoix, 75004 Paris et qui fut le premier. La soirée fut surprenante. J'imagine que, depuis, ces événements ont été encore perfectionnés. Il parait que 80% des clients des restaurants finissent par manger avec leurs doigts. D'où l'intérêt de bien se laver les mains, avant et après. J'ai aussi testé un massage dans le noir, par le même groupe il y a plus de douze ans. En tout cas je recommande.

J'étais très heureuse de retrouver des producteurs de Mayenne (Région des Pays de la Loire) où j'avais fait plusieurs jours de reportage qui avaient abouti à une trentaine d'articles. J'ai regoûté avec délice quelques spécialités des Goronnaises, entreprise récompensée du Prix d'excellence au concours de la Médaille agricole pour la qualité dans la régularité de ses productions. Tout est bon chez eux, les rillettes (dont un pot était toujours sur la table de ma grand-mère paternelle lorsque nous arrivions pour les vacances), le pâté de viande (non tartinable) sans colorant ni conservateur, la mousse de porc …jusqu'au saucisson à l'ail.
Direction Bourgogne, qui était la région cette fois de ma grand-mère maternelle. La Saône-et-Loire propose un espace accueillant. Parmi les spécialités du Centre Val-de-Loire j'ai retenu le gâteau de Pithiviers ultra-fondant de Gérard Bobet, le fondateur des Lutins gourmands, installé à Yèvre-le-Chatel, à 7 km au sud-est de Pithiviers. Comme vous pouvez le voir il ne ressemble pas à celui qui est proche de la galette des rois. Son établissement comporte aussi chambres d'hôtes et gites et oeuvre pour l'insertion professionnelle durable.
Si je n'ai pas trouvé les pâtes du Vexin du château d'Hazeville, par contre j'ai discuté avec la productrice de la Ferm'aux Pâtes où Caroline Petit-Vandevoorde fabrique chaque semaine 400 sachets de pâtes artisanales. 
J'ai revu avec plaisir Baptiste Carrouché, qui produit les très bons fromages de la ferme de la Tremblaye à La Boissière-Ecole avec un lait provenant d'un élevage de tradition et éco-responsable. Il était venu avec des Pavés de Paris un peu plus modestes que celui qui est sur cette photo.
Il présentait un très beau Bleu cendré au lait de chèvre, mais il produit aussi le premier bleu de vache issu de lait de Jersiaise, avec une croûte fleurie de couleur ivoire, et des marbrures grises. Il mérite qu'on aille à la ferme …
Le SIA c'est aussi des espaces collectifs, comme celui des Brasseurs de France où, parmi les 21 variétés au comptoir ce jour là, j'ai hésité entre une IPA de la Brasserie du Grand Paris (qui brasse à Saint-Denis depuis 2017) et la bière de Sentis, très maltée, mais pas très forte, à la saveur miellée très agréable. A consommer bien entendu en toute modération, ci-dessous dans un verre de forme "galopin".
Juste derrière, se trouvait le stand du SNBI, le Syndicat national des brasseries indépendantes, fort de 850 adhérents depuis 2016. Il a plusieurs victoires à son actif comme l'obtention de la dispense de licence de catégorie 3 (au moins 500 € par an) pour permettre aux brasseurs de faire déguster leur production sur leur exploitation à l'instar des viticulteurs. La mesure entrera en vigueur au 1er juillet prochain.
Ils militent aussi pour davantage de transparence sur l'étiquette. Tous les membres indiquent clairement le lieu de brassage. Parce qu'une bière marseillaise (au hasard) peut très bien être brassée en Tchèquie. Il est impératif de brasser sa propre bière et de mentionner où. Je goûte, sur le conseil de Cyril Hubert, la Duchesse de Lorraine, qui se caractérise par des saveurs de fruits secs, de caramel, de figue et de café mais aussi une forte amertume.
Enfin c'est encore l'occasion de découvrir des initiatives réjouissantes comme celle de Terres Innovantes qui est née de la volonté de jeunes agriculteurs de créer des évènements authentiques et accessibles leur permettant de dialoguer avec des citoyens souvent éloignés du monde rural et qui en ont une idée confuse.

En reconnectant l'urbain et la terre on peut espérer un changement dans les mentalités qui réduira le fossé qu'ils constatent entre le grand public et eux. Leurs principales actions se concrétisent autour de banquets conviviaux, ludiques, auxquels, via un formulaire en ligne, les habitants d'une ville (jusqu'à présent plutôt de taille moyenne) peuvent candidater à l'organisation. Plusieurs mécènes rendent les choses possibles. La communication visuelle a été réalisée par FormaBoom, un studio de design graphique fondé par Bérangère Perron et Quentin Guillaume. Les premières affiches ont été faites pour la rencontre avec les jeunes agriculteurs du Vaucluse le 19 juillet 2024 en Avignon. Y avait-il de l'ail de Piolenc au menu ?

Salon de l’Agriculture édition 2025
Du samedi 22 Février au dimanche 2 mars 2025
De 9 h à 19 h - Paris Porte de Versailles
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Dans le noir que je remercie

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