Si vous avez envie de fédérer vos amis et/ou votre famille en les entrainant dans un musée passionnant je vous conseille le musée Carnavalet même s'il est immense et qu'il sera impossible de tout voir en une seule visite.
La muséographie a été entièrement revue après 4 ans de rénovation. On peut de nouveau le visiter depuis 2021. Et il a bien changé depuis ma visite de février 2016.
C'est "le" bon plan car les collections permanentes du musée sont gratuites et en accès libre, sans réservation. Vous pourrez entraîner avec vous des personnes qui ne sont pas fans d’expositions et de musées en leur promettant de vite repartir s’ils ne s’y sentent pas à l’aise. Et vous aurez du même coup fait une promenade digestive après les ripailles des fêtes de fin d'année.
Le musé Carnavalet est LE musée historique de Paris depuis l’archéologie jusqu’à presque nos jours. J'ai focalisé mon regard sur certaines pièces et contrairement à ce que j'ai fait pour le musée de la toile de Jouy (que je recommande très fortement) je ne vais pas beaucoup détailler le parcours, quitte à reprendre l'article ultérieurement.
Dans la cour, se dresse encore une statue de Louis XIV en pied qui est l'une des rares effigies monumentales du Roi-Soleil à avoir échappé aux destructions révolutionnaires.
La rue des enseignes reste émouvante. Il faut se rappeler qu’au Moyen-Age ces plaques et objets ne servaient pas seulement à indiquer le métier de l’artisan mais aussi à se repérer pour se rendre chez quelqu’un car les maisons n’étaient pas encore numérotées. Elles constituaient des repères visuels fort utiles. Et au XIX° elles participaient à colorer les rues bien plus qu’on ne se l’imagine à partir des photos en noir en blanc.
Peintes, sculptées, forgées ou émaillées (comme ci-dessus La Bonne Renommée), les enseignes peuvent être en bois, pierre, plomb, fer, céramique et même … en toile. Leurs formes sont variées, souvent inspirées par le message que l'on souhaite porter. Certaines comme la paire de ciseaux est facile à décrypter. D'autres se présentent sous forme de devinette ou de rébus.
L'enseigne-instrument de travail d'un marchand de "coco" est une des plus impressionnantes. Elle est en tôle de fer peinte, avec miroir, et des décors appliqués en alliage cuivreux. Elle était installée boulevard du Temple entre 1810 et 1830. Le coco est une boisson rafraichissante à base de réglisse et de citron additionnés d'eau.
Quant aux noms des rues, ils étaient parfois inscrits sur des plaques mais celles-ci ne sont devenues obligatoires à Paris qu'à partir du 30 juillet 1729.
Les affiches sur le thème des économies se multiplièrent pendant la Guerre. Elles incitaient à économiser le gaz, le pétrole, l'essence mais aussi à cultiver son potager. Le commanditaire est l'administration municipale de la capitale qui organise la propagande et la mobilisation sous la forme d'un concours de dessins sur le thème des économies. La plupart des "enfants" mis à contribution sont en fait des adolescents qui poursuivent leur scolarité au-delà du certificat d'études au sein des écoles primaires supérieures de la ville.
La Belle Epoque revit grâce aux décors particulièrement remarquables de la bijouterie de Georges Fouquet (1862-1957), située initialement située au 6 de la rue Royale, entre la place de la Concorde et la Madeleine et qui est tout à fait représentative du style Art Nouveau.
Le visiteur peut entrer dans la boutique et apprécier la beauté du moindre détail mais aussi sa fonctionnalité. Car les adeptes de l'Art Nouveau étaient autant soucieux de praticité que d'esthétisme. C'est le Tchèque Alfons Mucha (1860-1939), célèbre aussi notamment pour ses portraits de l'actrice Sarah Bernhardt, qui concevra les motifs floraux, tracera les lignes courbes et élégantes, la silhouette féminine qui est apposée sur la devanture, imaginera le mobilier, les mosaïques, les luminaires, les vitraux.
Créé en 1901 ce fabuleux décor sera démonté en 1923, et donné au musée Carnavalet par Georges Fouquet lui-même.
Gertrude Stein, une célèbre américaine venue vivre à Paris au début du XX° siècle travaillait sur cette table très simple. La reconstitution de son bureau permet de se rendre compte du cadre de vie de celle qui avait une influence très grande dans le monde de l'art puisque ses livres, et sa collection d'oeuvres, ont permis à des artistes comme Pablo Picasso ou Henri Matisse de se faire connaitre.
La chambre de Marcel Proust est un morceau de notre patrimoine littéraire. J’espère que son dos s’appuyait sur de gros oreillers quand il a écrit À la recherche dans ce lit dont la tête de cuivre semble inconfortable. Ce serait pour moi un supplice. Surtout quand on sait que l'oeuvre est composée de 7 tomes.
Les enfants sont sollicités par le musée pour dessiner et écrire des cartels évocateurs. Le jeune Baptiste a perçu ce lit comme une sorte de paradis.
Voici le portrait de Juliette Gréco (1927-2020), qu’on dirait être la grande soeur de Sophie Calle, la représentant au 26 ème gala de l'Union des artistes le 3 mars 1956, par Robert Humblot (1907-1962).
On apprend que la chanteuse était née à Montpellier, de parents séparés, et qu'elle a été élevée pat ses grands-parents maternels à Bordeaux. A leur décès en 1933 elle part vivre chez sa mère à Paris avec sa soeur ainée. En 1939, à 12 ans, elle est danseuse, "petit rat" à l'opéra Garnier.
Sa mère et sa soeur seront arrêtées et déportées pendant la Guerre. Elle se réfugiera chez la comédienne Hélène Duc à Saint-Germain-des-prés. Elle découvrira la vie artistique et intellectuelle bouillonnante des existentialistes dans les cafés du quartier et deviendra la muse de plusieurs artistes. Elle rencontre Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Miles Davis (qu'elle failli épouser). Puis elle commencera à chanter, et ne s'arrêtera que lorsqu'elle fera une tournée d'adieux en 2015-2016.
Cet aperçu est mince par rapport à l'immensité des collections; A chacun d'y suivre le parcours qui le mènera aux oeuvres qui le toucheront le plus.
Musée Carnavalet - 23 rue de Sévigné - 75003 Paris
Ouvert de 10 à 18 heures tous les jurs sauf lundi
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