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vendredi 14 septembre 2012

Carte blanche à Alain Mazars sur la Chine pour Paysages de cinéastes

J'inclurai le film Last train home, programmé sous l'étiquette Paysages d'histoire car il a en commun avec ceux de la carte blanche de se dérouler également en Chine dont je rappelle que c'est le pays à l'honneur pour cette 11ème édition de Paysages de cinéastes qui se déroule au Rex de Châtenay-Malabry (92).

Il est beaucoup question de la Chine sur le blog depuis quelques semaines (depuis l'exposition au Quai Branly, en passant par la visite de Fu de Cha) mais il me semble qu'il y a tant à découvrir que nous ne sommes pas près de connaitre parfaitement ce pays qui est un véritable univers.
Last train home, dont le titre français, Le Dernier train, rend moins bien compte de la signification du message, retrace la plus grande migration annuelle vécue en Chine puisque près de 130 millions de travailleurs urbains se lancent à l'assaut des gares pour retourner vivre la Fête du Printemps auprès de leur famille restée à la campagne.

Les exigences de la nouvelle économie chinoise forcent les populations rurales à quitter leurs villages pour aller travailler dans les usines, parfois à plus de 2000 kilomètres. Ce documentaire pointe la dureté de la réalité de ces travailleurs migrants qui, en plus ont parfois peu d'espoir de parvenir à rejoindre leur région natale car les services de transport peinent à satisfaire toutes les demandes. C’est une véritable marée humaine qui se déverse dans les gares. Nombreux sont ceux qui dorment dans les stations ferroviaires ou grimpent par les fenêtres des wagons pour se trouver une place dans les trains bondés.

Les Zhang se font les représentants de ce drame social. Le documentariste Lixin Fan les a suivi pendant trois ans, brossant un portrait humain et bouleversant de cette famille déchirée par les changements. Séparés de leur fille devenue elle aussi travailleuse migrante, les parents rêvent d’une odyssée de réconciliation pour le Nouvel an chinois. La violence des rapports avec leur fille est à la limite du soutenable. L'éclatement de la famille semble la conséquence malheureuse de leurs sacrifices.

Le contraste est frappant entre le vert de la campagne et la noirceur de l’atmosphère urbaine, embuée par la pollution. On y voit des travailleurs sans aucune sécurité de l’emploi, ni de prise en charge de frais de maladie. Il nous montre des bébés qui dorment dans les usines. On mange beaucoup et il est vrai que l'importance accordée à la nourriture est une réalité chinoise.

Le réalisateur est parvenu à concevoir un documentaire qui prend des allures de fiction en réussissant à insérer des séquences évoquant les rêves. A la toute fin on remarque combien la crise financière mondiale de 2008 a frappé le peuple chinois de plein fouet.
Being Bicycle, film du réalisateur chinois Wang Xiaoshuai, a obtenu l'Ours d'argent - Grand Prix du Jury - à la 51e Berlinale de 2001 et les deux acteurs principaux, Li Bin et Cui Lin, ont reçu le Prix du meilleur Jeune Acteur.

L'action se déroule à Pékin, dans un cadre essentiellement urbain. Guei (Cui Lin), un adolescent de seize ans originaire de la campagne, reverse à son entreprise une partie de son salaire de coursier, pour rembourser le un magnifique VTT couleur argent avec lequel il travaille. Au cours d'une de ses courses, le vélo lui est volé. Le jeune homme part à sa recherche. Mais Jian (Li Bin), le nouveau propriétaire qui l'a acheté aux puces avec de l'argent dérobé à son père, ne l'entend pas de cette oreille. Pour chacun le vélo représente un enjeu vital. Une solution est-elle possible ?

Beijing Bicycle traduit une réalité chinoise avec une narration tendue du début à la fin malgré une dramaturgie minimaliste. On retrouve une des premières caractéristiques de la société chinoise avec la contrainte de devoir migrer depuis la campagne pour trouver du travail en ville. Il faut savoir que près de la moitié des pékinois sont des migrants.

Pour ce garçon venu de la campagne qui n’a même pas les moyens de se payer un sweat neuf (il doit se contenter d'un vieux pull, toujours le même, marqué par l’usure) le vélo est un outil de travail indispensable. L'objet est un élément initiatique et de séduction pour le second garçon qui se trouve dans une position plus avantageuse. C'est un étudiant  dont la famille connait moins de soucis financiers.

Beijing Bicycle est le premier film d'un ensemble de six longs métrages de réalisateurs originaires de Beijing (Pékin), Taipei (Taiwan) et Hong Kong. Il s'inscrit dans le projet, "Contes de la Chine moderne", par lequel Peggy Chiao, productrice et scénariste, souhaite montrer un nouveau regard sur l'évolution de la Chine sous différents régimes politiques. Elle a donc participé à l'écriture du scénario et le montage 

Le film aurait presque eu sa place dans la catégorie Paysages d'histoire car bien que récent, il nous montre une ville qui a déjà beaucoup changé depuis le tournage. On y voit moins de vélos, et le réseau des petites ruelles autours des pâtés de maison  a probablement disparu comme on le remarquera à propos de Shanghai dans Apart together. Alain Mazars nous fait observer que le vélo aujourd’hui, même en Chine, n’impressionnerait plus autant. Peut-être un scooter … les coursiers devant effectuer leurs livraisons à mobylette.

Ce n'est pas complètement certain parce que le vélo demeure, me semble-t-il, un objet symbolique et mythique (alors que la mobylette exige d'avoir de l'argent pour l'alimenter en essence) d'autant que le déplacement s'effectue sans bruit et donc en assurant une forme de secret. En outre il dispense de toute autorisation de type permis de conduire. C'est le premier moyen de transport un peu rapide qui, dès l'âge de 3 ans, pour les enfants du monde entier est une conquête de liberté. Et si les jeunes pékinois qui veulent faire des démonstrations n’investissent pas des terrains vagues au pied des immeubles mais des tours en construction ce sont les mêmes figures que celles qui sont déployées dans nos cités. Qu'il leur serait impossible de faire avec des engins motorisés.

Wang Xiaoshuai dépeint bien les classes sociales et les rapports entre patron et employés. L'entreprise équipe ici chaque coursier d’un VTT haut de gamme et d'une casquette où le logo fait penser à un drakkar. Vous serez les pigeons voyageurs des temps modernes, leur promet-on.

La caméra place parfois notre regard au ras du sol, nous montrant une forêt de roues. Certains transportent sur leur vélo des quintaux de marchandises. On voit un attelage fragile, qui verse sous le poids d’un matelas d’un lit de deux personnes.

On notera bien sûr un bel hommage au Voleur de bicyclette de De Sica même si, à croire le réalisateur, fervent admirateur d’Antonioni, c’est Blow up qui l'a sans doute davantage marqué. Il a repris à son compte le principe d'instaurer une distance par rapport à l’action en plaçant la violence hors champ. On comprend que le jeune a atterri dans un camion de farine, qu’il a frappé la tête de son rival mais on ne voit pas les incidents se produire.

On songe aussi à Ozu, ce réalisateur japonais qui filmait des paysages entourant les personnages et lui aussi toujours beaucoup de trains.



Robert Chantegris (Alain Bashung) revient en Chine, en 1977, un an après la mort de Mao Tse Tung, et après en avoir été expulsé vingt-sept années plus tôt. Il est accompagné de sa fille, Blanche, envoyé comme instituteur dans une communauté de coopérants français. Les Chinois n'ont alors pas le droit de parler aux étrangers mais une jeune acrobate, Lune d'automne, parvient à entrer en contact avec le français lors de mystérieux rendez-vous. Il apprendra trop tard qu'elle est sa fille. Ma Soeur chinoise est un film sur la mystification du réel et les faux-semblants, dans une Chine qui a toutes les apparences d'un labyrinthe enchanté mais piégé. Réalisé par Alain Mazars, dont c'est le second long métrage de fiction tourné en Chine, avec Alain Bashung, Jean-François Balmer, Ru Ping, Li Heling... sorti en salles en novembre 1994. Il nous donne à voir de magnifiques paysages et nous fait toucher une autre facette, peut-être plus onirique, de ce pays encore secret par de nombreux aspects.

Pour tout savoir de la 11 ème édition, horaires et programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/

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