Je n'avais pas lu Par amour au moment de la rentrée littéraire alors que j'aime énormément Valérie Tong Cuong.
J'appréhendais de l'ouvrir en raison du thème. Petite fille, j'ai tant entendu de confidences de mes grands parents à propos de ces terribles années, et j'ai tellement compris combien ma mère a eu son enfance bouleversée à cause de la Seconde Guerre Mondiale que j'ai du mal à me plonger dans un roman qui traite de cette période, du 10 juin 1940 à septembre 44, sans que les souvenirs ne fassent écran.
J'appréhendais de l'ouvrir en raison du thème. Petite fille, j'ai tant entendu de confidences de mes grands parents à propos de ces terribles années, et j'ai tellement compris combien ma mère a eu son enfance bouleversée à cause de la Seconde Guerre Mondiale que j'ai du mal à me plonger dans un roman qui traite de cette période, du 10 juin 1940 à septembre 44, sans que les souvenirs ne fassent écran.
Il m'est donc difficile de donner un avis objectif sur le roman. Je sais qu'il s'appuie sur l'histoire familiale de l'auteure et cela impose le respect. Le traumatisme fut inimaginable pour quiconque n'a pas été touché de près ou de loin, ce qui oblige à reconnaitre l'importance et la nécessité d'un devoir de mémoire mais j'avoue que j'aimerais qu'on me parle d'autre chose.
Ceci posé le roman de Valérie est un chef-d'œuvre de construction. Il est intéressant de l'avoir conçu sur un mode semi-choral de manière à toujours relancer l'intérêt du lecteur en changeant de point de vue. Et puis il se déroule au Havre que je devais (enfin, car c'était un projet conçu de longue date) visiter. Des soucis de santé m'ont contrainte à renoncer au séjour. C'était un signe pour voyager avec le livre, ... et le film d'Aki Kaurismäki, sorti en septembre 2011.
J'ai revu les images de bombardements telles que nous les montre le Mémorial de Falaise. La Seconde Guerre mondiale a fait plus de 35 millions de civils. Vous avez bien lu, 35 millions. Le Calvados en particulier a vu en moyenne près de la moitié de ses constructions détruites ... par les bombes alliées, ce qui est encore plus difficile à admettre, évidemment. Comme l'explique Jean (p. 105) à propos de l'occupation de son établissement scolaire : les Anglais visaient les Boches et des Boches on en avait plein le bâtiment. A force de bombarder Le Havre (plus de 800 bombes en un an) la ville fut détruite à 70%. Il est certain que c'est terrible.
L'auteur pointe que Par amour, n’importe quel être humain peut se surpasser. On tient debout, pour l’autre plus encore que pour soi-même. Cette maxime a valeur universelle. Connaissant tout cela, ce qui m'a émue dans le roman de Valérie ce furent les pages consacrées aux enfants. Le repas d'anniversaire que le jeune garçon pensait naïvement pouvoir enrichir de quelques patates tourne au drame, et on comprendra pourquoi à la fin du livre. J'ignorais que la Croix Rouge avait envoyé des gamins en Algérie, occasionnant des séparations difficiles même s'il est vrai qu'ils y furent en sécurité. Le passage sur la découverte de l'amertume des olives est insolite.
Et puis j'avais oublié la recrudescence de la tuberculose et l'effroi que cette maladie provoquait alors. Pour le reste, je trouve qu'on lit un peu trop souvent des phrases du type : si j'avais alors pu me douter que ... (p. 68) La dernière fois, nous étions encore pleins d'orgueil, de confiance et d'espoir : nous étions invincibles. Comment peut-on se tromper à ce point ?
Que l'un des protagonistes fasse semblant de se conformer aux exigences ennemies pour masquer ses activités de résistance, est assez banal. Et même si les enchainements de situation sont dramatiques on peut deviner comment tout finira. A l'exception peut-être de l'explication du mutisme de la petite Lucie.
L'écriture est juste, sans sensiblerie excessive, à hauteur d'homme (si je m'autorise à reprendre l'expression de l'auteure, parce qu'elle est très juste). Elle démontre la complexité de la guerre sans prendre parti et son remarquable travail de documentation est à saluer.
Valérie Tong Cuong est née en 1964. Elle a fait des études de littérature et de sciences politiques. Après avoir travaillé huit ans dans la communication, elle a décidé de se consacrer complètement à l'écriture. Elle a écrit de nombreux romans dont les très remarqués L'Atelier des Miracles et surtout Pardonnable-Impardonnable que je recommande sans aucune réserve. Par Amour est son 11ème roman.
J'ai toujours autant d'aller au Havre, pour voir la reconstruction pilotée par Auguste Perret, le même architecte qui bâtit la Comédie des Champs Elysées dont je visiterai les coulisses dans quelques jours.
Ceci posé le roman de Valérie est un chef-d'œuvre de construction. Il est intéressant de l'avoir conçu sur un mode semi-choral de manière à toujours relancer l'intérêt du lecteur en changeant de point de vue. Et puis il se déroule au Havre que je devais (enfin, car c'était un projet conçu de longue date) visiter. Des soucis de santé m'ont contrainte à renoncer au séjour. C'était un signe pour voyager avec le livre, ... et le film d'Aki Kaurismäki, sorti en septembre 2011.
J'ai revu les images de bombardements telles que nous les montre le Mémorial de Falaise. La Seconde Guerre mondiale a fait plus de 35 millions de civils. Vous avez bien lu, 35 millions. Le Calvados en particulier a vu en moyenne près de la moitié de ses constructions détruites ... par les bombes alliées, ce qui est encore plus difficile à admettre, évidemment. Comme l'explique Jean (p. 105) à propos de l'occupation de son établissement scolaire : les Anglais visaient les Boches et des Boches on en avait plein le bâtiment. A force de bombarder Le Havre (plus de 800 bombes en un an) la ville fut détruite à 70%. Il est certain que c'est terrible.
L'auteur pointe que Par amour, n’importe quel être humain peut se surpasser. On tient debout, pour l’autre plus encore que pour soi-même. Cette maxime a valeur universelle. Connaissant tout cela, ce qui m'a émue dans le roman de Valérie ce furent les pages consacrées aux enfants. Le repas d'anniversaire que le jeune garçon pensait naïvement pouvoir enrichir de quelques patates tourne au drame, et on comprendra pourquoi à la fin du livre. J'ignorais que la Croix Rouge avait envoyé des gamins en Algérie, occasionnant des séparations difficiles même s'il est vrai qu'ils y furent en sécurité. Le passage sur la découverte de l'amertume des olives est insolite.
Et puis j'avais oublié la recrudescence de la tuberculose et l'effroi que cette maladie provoquait alors. Pour le reste, je trouve qu'on lit un peu trop souvent des phrases du type : si j'avais alors pu me douter que ... (p. 68) La dernière fois, nous étions encore pleins d'orgueil, de confiance et d'espoir : nous étions invincibles. Comment peut-on se tromper à ce point ?
Que l'un des protagonistes fasse semblant de se conformer aux exigences ennemies pour masquer ses activités de résistance, est assez banal. Et même si les enchainements de situation sont dramatiques on peut deviner comment tout finira. A l'exception peut-être de l'explication du mutisme de la petite Lucie.
L'écriture est juste, sans sensiblerie excessive, à hauteur d'homme (si je m'autorise à reprendre l'expression de l'auteure, parce qu'elle est très juste). Elle démontre la complexité de la guerre sans prendre parti et son remarquable travail de documentation est à saluer.
Valérie Tong Cuong est née en 1964. Elle a fait des études de littérature et de sciences politiques. Après avoir travaillé huit ans dans la communication, elle a décidé de se consacrer complètement à l'écriture. Elle a écrit de nombreux romans dont les très remarqués L'Atelier des Miracles et surtout Pardonnable-Impardonnable que je recommande sans aucune réserve. Par Amour est son 11ème roman.
J'ai toujours autant d'aller au Havre, pour voir la reconstruction pilotée par Auguste Perret, le même architecte qui bâtit la Comédie des Champs Elysées dont je visiterai les coulisses dans quelques jours.
Par amour de Valérie Tong Cuong chez Lattès
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